la corruption de la fiancée (deutéronome,
xxii, 23-27), l' union avec une esclave
(lévitique, xix, 20-22), la fraude de la jeune
fille déflorée qui se présente comme vierge au
mariage (deutéronome, xxii, 13-21), la sodomie
(lévitique, xviii, 22), la bestialité
(exode, xxii, 19), la prostitution
(lévitique, xix, 29), et plus spécialement
la prostitution des filles de prêtres (ibid.,
xxi, 19), l' inceste, et le lévitique
(ch. Xvii) ne compte pas moins de dix-sept cas
d' inceste. Tous ces crimes sont, de plus, frappés
de peines très sévères : pour la plupart, c' est
la mort. Ils sont déjà moins nombreux dans le droit
athénien, qui ne réprime plus que la pédérastie
salariée, le proxénétisme, le commerce avec
une citoyenne honnête en dehors du mariage, enfin
l' inceste, quoique nous soyons mal renseignés sur
les caractères constitutifs de l' acte incestueux.
Les peines étaient aussi généralement moins
élevées. Dans la cité romaine, la situation est à
peu près la même, quoique toute cette partie de la
législation y soit plus indéterminée : on dirait
qu' elle perd de son relief. " la pédérastie, dans la
cité primitive, dit Rein, sans être prévue par la
loi, était punie par le peuple, les censeurs ou le
père de famille, de mort, d' amende ou d' infamie. "
il en était à peu près de même du stuprum ou
commerce illégitime avec une matrone. Le père avait
le droit de punir sa fille ; le peuple punissait
d' une amende ou d' exil le même crime sur la plainte
des édiles. Il semble bien que la répression de
ces délits soit en partie déjà chose domestique
et privée. Enfin, aujourd' hui, ces sentiments n' ont
plus d' écho dans le droit pénal que dans deux cas :
quand ils sont offensés publiquement ou dans la
personne d' un mineur, incapable de se défendre.
La classe des règles pénales que nous avons
désignées sous la rubrique traditions diverses
représente en réalité une multitude de types
criminologiques distincts, correspondant à des
sentiments
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collectifs différents. Or, ils ont tous, ou
presque tous, progressivement disparu. Dans les
sociétés simples, où la tradition est
toute-puissante et où presque tout est en commun,
les usages les plus puérils deviennent par la
force de l' habitude des devoirs impératifs. Au
Tonkin, il y a une foule de manquements aux
convenances qui sont plus sévèrement réprimés que
de graves attentats contre la société. En Chine,
on punit le médecin qui n' a pas régulièrement
rédigé son ordonnance. Le pentateuque est rempli
de prescriptions du même genre. Sans parler d' un
très grand nombre de pratiques semi-religieuses
dont l' origine est évidemment historique et
dont toute la force vient de la tradition,
l' alimentation, le costume, mille détails de