De ces terrasses où, le soir, il flotte encor
De ces terrasses où, le soir, il flotte encor
Sur la terre assombrie un dernier voile d'or,
Nous regardons, tous deux, longuement, en silence,
Le monde qui s'efface et l'azur qui s'endort.
Il se tient près de moi. Ses grandes ailes blanches
Sont closes. Il songe ; et nul ne sait à quoi songent
Les Anges. Tendrement, près de lui je me penche
Sur l'Eden endormi.
Déjà, comme un baiser,
Tout un ciel frissonnant d'étoiles s'est posé
Sur ce sommeil heureux et ces rêves si calmes.
Pas un souffle ne vole à la cime des palmes.
Seuls, dans le soir encor, s'élèvent jusqu'à nous
Les haleines des fleurs mourantes, et les doux
Soupirs harmonieux des obscures fontaines ;
Pourtant leurs voix aussi se sont faites lointaines.
Ah ! vers quel grand silence et quel sommeil profond,
Voluptueusement, toutes les choses vont !
Ah ! comme tout s'apaise, et comme tout s'oublie !
Ce qui troublait ce bel Eden, c'était la vie...
Que je voudrais Lui dire, afin qu'il m'en console,
Par ce lent crépuscule, en de telles paroles,
Belles comme ce soir, lasses infiniment,
Ce qui oppresse ainsi mon âme, en ce moment !
Mais il est si divin, si calme est son sourire,
Que, près de lui, toute parole humaine expire
Sur les lèvres. Sans doute, il ne comprendrait pas.
De ces terrasses où, le soir, il flot... 2