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Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936)
Ph. Lauer
The Project Gutenberg EBook of Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de
France (923-936), by Ph. Lauer
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Title: Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France (923-936)
Author: Ph. Lauer
Release Date: February 17, 2004 [EBook #11132]
Language: French
Character set encoding: ASCII
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ROBERT IER ET RAOUL DE BOURGOGNE ***
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ANNALES DE L'HISTOIRE DE FRANCE A L'EPOQUE CAROLINGIENNE
ROBERT Ier
ET
RAOUL DE BOURGOGNE
ROIS DE FRANCE
(923-936)
PAR
PH. LAUER
1910
Cet ouvrage forme le 188e fascicule de la Bibliotheque des Hautes
Etudes
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AVANT-PROPOS
Cet opuscule est destine a combler la lacune qui existait entre les
ouvrages sur les regnes de Charles le Simple et de Louis d'Outre-Mer,
parus dans la serie des _Annales de l'histoire de France a l'epoque
carolingienne_ entreprises sur l'initiative d'Arthur Giry[1]. L'etude
que M.W. Lippert a consacree a Raoul, dans une these ecrite et publiee
en Allemagne[2], n'etait pas accessible a tous, et, malgre sa tres
reelle valeur, devait etre rectifiee, modifiee ou completee sur plus
d'un point, principalement en ce qui concerne la topographie, la
diplomatique et les affaires de Lorraine.
Les identifications des noms de lieux, comme par exemple celles de
_Donincum_ avec Doullens (Somme) et de _Calaus mons_ avec
Chaumont-le-Bois (Cote-d'Or), etaient evidemment a reformer, ainsi que
je l'ai montre dans mes notes des _Annales de Flodoard_. Les
cartulaires n'avaient pas ete tous connus, ainsi ceux de Stavelot, de
Saint-Etienne de Limoges; et les chartes de Saint-Hilaire de Poitiers
publiees par Redet n'avaient pas ete utilisees. Plusieurs des
depouillements relatifs aux editions des diplomes royaux etaient ou
incomplets ou devenus insuffisants par suite des publications
posterieures. Divers passages d'annales ou de chroniques n'etaient pas
analyses ou commentes d'une maniere satisfaisante; enfin certains
textes avaient ete omis, comme les _Annales Nivernenses_. Mais ce qui
rendait surtout desirable un nouveau travail, c'etait la conception
meme du role politique de Raoul a l'exterieur, que ni Kalckstein ni
Lippert n'avaient bien nettement degage. En Lorraine et dans le
royaume de Provence, ce souverain a visiblement fait des efforts pour
etendre l'influence francaise et il s'est servi de son frere Boson,
possessionne a la fois dans les vallees de la Meuse et du Rhone, pour
parvenir a ses fins. C'est sous son regne que se pose nettement la
question de savoir si le roi de France succedera ou non aux rois de
Lorraine et de Provence. Les droits incontestables de Raoul sur ce
dernier royaume et sa puissante position en Bourgogne, a proximite de
la Lorraine, semblaient le designer pour recueillir ces heritages,
mais sa situation meme d'adversaire de Charles le Simple, le
descendant direct des Carolingiens, lui fit visiblement un tort
immense a en juger par les resultats obtenus. Ajoutez a cela la lutte
acharnee contre les Normands et l'hostilite de ses propres vassaux.
Tel est le point de vue que nous nous sommes efforce de mettre
davantage en lumiere.
Nous n'avons pas non plus neglige de souligner certains details de
nature a eclairer un peu des faits enveloppes d'obscurite, ainsi
l'antagonisme entre la famille comtale de Dijon et les Robertiens ou
les causes d'union et de rupture entre Herbert de Vermandois et Hugues
le Grand. On ne s'est occupe des antecedents de Robert Ier ou de la
personnalite et des actes de Charles le Simple que dans la mesure ou
cela etait necessaire au recit des evenements, M. Eckel ayant deja
traite a fond ces questions.
Il n'y avait pas ici place pour une bibliographie du genre de celles
qui sont en tete des volumes relatifs a Louis d'Outre-Mer et a Charles
le Simple; elle eut trop ressemble a ces dernieres. Nous avons prefere
mettre a la suite des livres nouveaux, cites en note, les indications
bibliographiques indispensables. Du reste, on s'est efforce de ne pas
abuser des citations. Ainsi on ne trouvera guere mentionnees les
oeuvres de K. von Kalckstein[3], Lippert, Waitz[4], Eckel[5] et mon
edition des _Annales de Flodoard_[6], auxquelles il eut ete facile de
multiplier les renvois. Mais les sources sont toujours indiquees, avec
leurs editions quand il y a lieu. Je me permettrai de renvoyer, en ce
qui les concerne, a ma bibliographie du _Regne de Louis
d'Outre-Mer_[7], pour tout ce qui pourrait paraitre insuffisant[8].
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On n'est pas entre non plus dans l'etude diplomatique des actes, qui
trouvera sa place avec l'edition des diplomes royaux dans la
collection des _Chartes et diplomes_ publiee par l'Academie des
Inscriptions et Belles-Lettres, mais on en a naturellement tire parti
au point de vue historique.
Nous esperons que, malgre ses imperfections, le present travail pourra
contribuer a faire mieux connaitre un moment interessant dans cette
periode mouvementee de la decadence carolingienne et de
l'etablissement du regime feodal.
FOOTNOTES:
[Footnote 1: M. Labande qui s'etait d'abord charge de la redaction des
Annales du regne de Raoul a bien voulu y renoncer en ma faveur. Je
tiens a le remercier ici en meme temps que MM. Pfister et L. Halphen
qui ont lu ce travail, l'un en manuscrit, l'autre en epreuves, et
m'ont tres obligeamment communique leurs critiques.]
[Footnote 2: _Geschichte des westfraenkisch en Reiches unter Koenig
Rudolf (Inaugural-Dissertation der Universitaet Leipzig)_. Leipzig,
1885, in-8, 126 pp. et sous le titre: _Koenig Rudolf von Frankreich_.
Leipzig, 1886.]
[Footnote 3: _Geschichte des Franzoesichen Koenigthums unter den ersten
Capelingern_. I. _Der Kampf der Robertiner und Karolinger_. Leipzig,
1877, in-8.]
[Footnote 4: _Jahrbuecher des deutschen Reiches unter Koenig Heinrich
I_. 3e ed. Leipzig, 1885, in-8.]
[Footnote 5: _Charles le Simple_. Paris, 1899, in-8 (_Bibliotheque de
l'Ecole des hautes etudes_, fasc. 124).]
[Footnote 6: _Les Annales de Flodoard_. Paris, 1906, in-8 (_Collection
de textes pour servir a l'etude et a l'enseignement de l'histoire_).]
[Footnote 7: _Le regne de Louis IV d'Outre-Mer_ (_Bibliotheque de
l'Ecole des hautes etudes_, fasc. 127, p. xxi et suiv.)]
[Footnote 8: Il faudra cependant y ajouter, pour memoire, l'etrange
dissertation d'Aime Guillon de Montleon, _Raoul ou Rodolphe, devenu
roi de France l'an 923, ne serait-il pas le meme personnage que
Rodolphe II, roi de Bourgogne Transjurane, et d'ou vient que le
cinquieme de nos rois, du nom de Charles, n'est pas appele Charles V?
Dissertation historique_. Paris, 1827, in-8, 124 pp., tabl., 3 pl. Cf.
la critique de Daunou dans _Journal des savants_, annee 1828, p.
93-102.--Et on peut mettre au meme rang la "Vie de Rodolphe, roi de
France, tiree de tous les bons auteurs par Jean Munier, avocat du roi
es cours royales d'Autun" (n deg. 16487 du P. Lelong) conservee dans le
manuscrit de la Bibliotheque nationale fr. 4629, p. 89. C'est un
chapitre des _Recherches sur les anciens comtes d'Autun_ de Jean
Munier (m. 1635), ou l'auteur se preoccupe surtout de refuter les
"calomnies" mises en circulation par Jean de Serres sur Raoul, dans le
celebre _Inventaire general de l'histoire de France depuis Pharamond
jusques a present, illustre par la conference de l'Eglise et de
l'Empire_ (Paris, 1600, 3 vol. in-8) qui eut quatorze editions (la
derniere en 1660).]
ROBERT Ier
ET
RAOUL DE BOURGOGNE
ROIS DE FRANCE
CHAPITRE PREMIER
ROBERT DUC DE FRANCE ET RAOUL DUC DE BOURGOGNE.
Robert, fils de Robert le Fort, est en realite un personnage un peu
efface, tant la puissante figure de son frere, le roi Eudes, lui a
fait ombrage. Pendant tout le regne de celui-ci, il le seconda
fidelement[9], et a sa mort, en 898, il recueillit sa succession comme
"duc et marquis" de France. A ce titre, il preta l'hommage a Charles
le Simple[10] qui le traita d'abord avec beaucoup d'egards, ainsi
qu'il apparait par les diplomes royaux des annees 904, 915 et 918[11].
Mais des l'an 900, un premier froissement avait eu lieu entre eux.
Manasses, vassal du duc de Bourgogne, Richard le Justicier, s'etait
permis, dans une conversation avec le roi, de tenir sur Robert des
propos juges injurieux par ce dernier. Robert quitta la cour pendant
quelque temps[12]. Il semble cependant qu'il rentra en faveur vers
903, epoque a laquelle il sollicita et obtint des diplomes pour ses
abbayes de Saint-Germain-des-Pres, Saint-Martin de Tours et
Saint-Denis[13]. Il accompagna meme, cette annee, le roi en Alsace, ce
qui l'empecha de secourir la ville de Tours assiegee par les
Normands[14]. Bientot il prit sa revanche a la bataille de Chartres
(20 juillet 911)[15], et, selon la legende, c'est lui qui servit de
parrain a Rollon[16]. Dix ans plus tard, apres une campagne contre les
Normands de la Loire, il imita l'exemple de son suzerain en cedant aux
pirates une partie de la Bretagne et le pays de Nantes[17]. Quand on
se rappelle la formidable puissance materielle dont il disposait[18],
on est etonne qu'il n'ait pas essaye de s'emparer de la couronne
aussitot apres le deces de son frere. S'il ne l'a pas fait, c'est
uniquement a cause de l'accord qui venait d'intervenir l'annee
precedente entre Eudes et Charles[19], car ses bons rapports avec la
maison de Flandre et ses alliances avec les familles de Vermandois et
de Bourgogne lui auraient singulierement facilite l'acces au trone.
Raoul etait fils de Richard le Justicier, comte d'Autun devenu duc de
Bourgogne sous le regne d'Eudes, qui avait ecrase les Normands a la
bataille d'Argenteuil en Tonnerrois (28 decembre 898). Il se trouvait
etre, du chef de son pere, neveu de Boson, roi de Provence, par
l'imperatrice Richilde, soeur de Richard, neveu de Charles le Chauve,
et, par sa mere Adelaide, neveu du roi de Bourgogne jurane Rodolphe
1er[20].
Suivant une legende accreditee posterieurement, il aurait ete tenu sur
les fonts baptismaux par le roi Charles le Simple lui-meme[21]; mais
Charles, etant ne en 879, ne devait pas etre beaucoup plus age que son
pretendu filleul. Ce dernier est, en effet, deja temoin dans un acte
de 901, et l'on sait que les exemples de temoins au-dessous de douze
ans sont exceptionnels[22].
Raoul avait une soeur, Ermenjart, qui epousa Gilbert de Dijon[23], et
deux freres cadets, Hugues le Noir et Boson qui, comme lui, ne
jouerent aucun role politique actif du vivant de leur pere[24]. Leur
trace ne se retrouve que dans les souscriptions de chartes. C'est,
semble-t-il, Raoul qui souscrit un arret de Richard relatif a
Saint-Benigne de Dijon, datant des dix dernieres annees du IXe siecle;
en tout cas c'est bien lui qui figure dans un acte de Richard en
faveur de l'abbaye de Montieramey, du 21 decembre 901, ou il est
qualifie de "fils de Richard"[25]. Peut-etre aussi est-ce lui et son
frere Boson qui signent une donation de l'imperatrice Richilde a
l'abbaye de Gorze[26]. Les trois freres sont temoins dans une charte
de concession octroyee par Richard a l'abbaye de Saint-Benigne de
Dijon[27] et paraissent remplir un role moins efface au tribunal
comtal d'apres une charte en faveur de l'eglise d'Autun redigee et
scellee au nom de Raoul, agissant comme mandataire de son pere
(Pouilly, 5 septembre 916)[28]. Raoul intervient aussi dans un acte
delivre en 918 par l'eveque d'Autun, Walon, avec l'assentiment du duc
de Bourgogne[29].
Les fils de Richard porterent simultanement le titre de comte. Apres
la mort de son pere, Raoul continue a s'intituler de meme, ainsi qu'on
le voit dans une charte de donation de sa mere Adelaide, relative a
des biens sis en Varais (Autun, 24 avril 922)[30]
Des premiers actes de Raoul comme duc de Bourgogne, on ne connait
guere que la prise de Bourges[31]. Mais il regne beaucoup d'obscurite
sur les circonstances qui accompagnerent cet evenement. On trouve
mentionne: en 916 un incendie de Bourges, en 918 une prise de
possession ephemere de la ville par Guillaume, neveu de Guillaume Ier
d'Aquitaine, et en 924 une cession de la ville et du Berry par Raoul,
devenu roi, a Guillaume, moyennant l'hommage[32]. Le duc de France
Robert avait, parait-il, aide Raoul a s'emparer de Bourges, mais on ne
saurait decider si ce fut en 916 ou entre 916 et 918, ou encore plus
tard. Raoul s'etait en effet allie a la puissante famille des ducs de
France, suzeraine de tout le pays au nord de la Loire, en epousant la
propre fille de Robert, Emma, princesse douee d'une rare intelligence
et d'une male energie[33].
Charles le Simple temoignait aussi des egards a Raoul en souvenir de
son pere, dont il avait a maintes reprises eprouve le loyalisme. Il
semble meme qu'en prescrivant a l'abbe de Saint-Martial de Limoges,
Etienne (elu en 920), d'elever deux fortes tours pour resister a
Guillaume d'Aquitaine, il prenait ouvertement le parti de Raoul[34].
Robert l'emporta neanmoins, car dans sa lutte contre Charles, nous
voyons Hugues le Noir, frere du roi Raoul, lui amener des recrues
bourguignonnes pour cooperer avec les forces des grands vassaux a la
lutte contre les troupes royales. Toutefois, apres l'armistice
intervenu a la fin de l'annee 922, les Bourguignons s'etaient
definitivement retires[35].
Pour bien comprendre leur rentree en scene et finalement l'election de
Raoul comme roi, il est necessaire de jeter un coup d'oeil rapide en
arriere et de se rappeler l'etat politique de la France a cette
epoque, ainsi que les principaux evenements qui venaient de marquer le
regne de Charles le Simple.
FOOTNOTES:
[Footnote 9: Favre, _Eudes_, p. 78, 95-96, 147, 156, 161, 165, 192.]
[Footnote 10: _Ann. Vedast._, a. 898.]
[Footnote 11: Il l'appelle son "tres cher" (_admodum dilectus_), son
"tres fidele", le "conseil et l'auxiliaire de son royaume" (_regni et
consilium et juvamen_). Pelicier, _Cartul. du chapitre de l'eglise
cathedrale de Chalons-sur-Marne_, p. 31; _Recueil des historiens de
France_, IX, 523, 536.]
[Footnote 12: _Ann. Vedast._, a. 900.]
[Footnote 13: _Recueil des historiens de France_, IX, p. 495-499.]
[Footnote 14: Ibid., p. 499. Eckel, p.68.]
[Footnote 15: _Cartul. de Saint-Pere de Chartres_, ed. B. Guerard
(Paris, 1840), I, p. 46-47.]
[Footnote 16: Dudon de Saint-Quentin, _De moribus_, I. II, c. 30.]
[Footnote 17: Flod., _Ann_., a. 921: "... Britanniam ipsis
[Normannis], quam vastaverant, cum Namnetico pago concessit
[Rotbertus]." Cf. Dudon de Saint-Quentin, ed. Lair, p. 69, n. 4.]
[Footnote 18: Voy. Favre, _Eudes_, p. 12; Eckel, _Charles le Simple_,
p. 34; F. Lot, _Etudes sur le regne de Hugues Capet_ (Paris, 1903,
in-8), p. 187.]
[Footnote 19: _Ann. Vedast._, a. 897; Favre, _Eudes_, p. 191; Eckel,
_Charles le Simple_, p. 26.]
[Footnote 20: On sait toute l'importance attachee a ce titre de neveu
dans les traditions de famille franques. Pour saisir plus clairement
ces parentes il suffit de parcourir la genealogie suivante:
Conrad, comte d'Auxerre Thierry, comte d'Autun
| |
--------------------- -------------------------------
| | | | |
Rodolphe Ier Adelaide ep. Richard Boson Richilde ep. Charles
roi de le Justicier roi de Provence le Chauve
Bourgogne (m. 921) (879-887)
(888-911)
| | | |
Rodolphe II RAOUL. Louis l'Aveugle Louis II le Begue
roi d'Arles en 933 ep. Emma, | fils d'Ermentrude
(m. 937) fille de Robert Charles-Constantin ep. 1 deg. Ansgarde
| duc de France comte de Vienne 2 deg. Adelaide
Conrad le Pacifique en 931
ep. Mathilde, |
fille de Louis d'Outre-Mer ----------------------------
| |
1 deg. Louis III Carloman 2 deg. Charles
(880-882) (880-881) le simple
(893-922)]
[Footnote 21: _Hist. Francor. Senon. (M.G.h., Scr._, IX, 366); Richard
le Poitevin, _Chron. (Recueil des historiens de France_, IX, 23).]
[Footnote 22: La majorite etait de 12 ans chez les Saliens et de 15
ans chez les Ripuaires. Cf. Glasson, _Hist. du droit et des instit. de
la France_, II, p. 291.]
[Footnote 23: Eckel, p. 40.]
[Footnote 24: _Chron. S. Benigni Div. (Rec. des historiens de France_,
VIII, 241; ed. Bougaud et Garnier, p. 115).]
[Footnote 25: D'Arbois de Jubainville, _Hist. des comtes de
Champagne_, I, p. 450, pr. n deg. 17; _Cartulaire de Montieramey_, ed. Ch.
Lalore (Troyes, 1890, in-8), p. 18, n deg. 12.]
[Footnote 26: _Recueil des historiens de France_, IX, 665; _Cartulaire
de l'abbaye de Gorze_, publ. p. A. d'Herbomez (_Mettensia_, II), p.
159, n deg. 87.]
[Footnote 27: _Chron. S. Benigni Divion. (Rec. des historiens de
France_, VIII, 242; ed. Bougaud et Garnier, p. 119).]
[Footnote 28: _Cartulaire de l'eglise d'Autun_, publ. par A. de
Charmasse (Autun, 1865) n deg. 22. Il ne faut pas, semble-t-il, vouloir le
reconnaitre dans un _Rodolphus comes_ qui figure avec beaucoup
d'autres comtes lorrains dans un diplome de Charles le Simple en
faveur de l'abbaye de Pruem, date de la meme annee (_Recueil des
historiens de France_, IX, 526).]
[Footnote 29: _Cartulaire de l'eglise d'Autun, n deg. 23._]
[Footnote 30: Ibid., n deg. 9, 10.]
[Footnote 31: Flodoard, _Annales_, a. 924; _Ann. Masciac._, a. 919
(_M.G.h., Scr._, III, 169); _Histoire de Languedoc_, nouv. ed., II,
251; III, 95. Voy. aussi F. Lot, _Hugues Capet_, p. 190, n. 3.]
[Footnote 32: _Hist. de Languedoc, loc. cit._]
[Footnote 33: A. de Barthelemy, _Les origines de la maison de France
(Revue des questions historiques_, VII p. 123). On pretend aussi
qu'une autre fille de Robert, dont on ignore le nom, aurait epouse son
oncle Herbert II. Cf. Eckel, p. 35, qui la designe a tort comme,
"cousine" d'Herbert II.]
[Footnote 34: Ademar de Chabannes, _Commemoratio_, ed. Duples-Agier,
p. 3; Ch. de Lasteyrie, _L'abbaye de Saint-Martial de Limoges_ (Paris,
1901, gr. in-8), P. 58-59.]
[Footnote 35: Flod., _Ann._, a. 922.]
CHAPITRE II
LES ELECTIONS DE ROBERT ET DE RAOUL.
Peu apres la mort de Louis III, le vainqueur de Saucourt, et celle de
Carloman, son frere, le royaume franc de l'ouest, la France, comme on
l'appelle desormais dans nos histoires, et les divers pays qui en
dependaient, ne tarderent pas a se morceler sous l'influence du
developpement de la feodalite et la menace perpetuelle des invasions
normandes. La Bretagne devint en fait independante avec les ducs Alain
et Juhel-Berenger, la Provence avec Boson et la Bourgogne avec
Rodolphe Ier. Le reste de la France, demembre en une infinite de
fiefs, repartis dans les trois duches de "France"[36], de Bourgogne et
d'Aquitaine, fut enfin divise en deux camps ennemis par la question de
devolution de la couronne.
A la suite de la tentative malheureuse de restauration de l'empire
carolingien, qui echoua piteusement a cause de l'incapacite de Charles
le Gros, une partie des grands feudataires francais, ressuscitant leur
droit d'election tombe en desuetude depuis longtemps, choisit pour roi
le comte Eudes, fils de Robert le Fort, tandis que d'autres restaient
fideles au representant de la dynastie carolingienne, un enfant en bas
age, Charles, fils posthume du roi Louis le Begue, issu de son mariage
avec Adelaide[37]. Des annees de luttes suivirent. Eudes regna, mais a
sa mort, Charles, auquel le surnom de Simple a ete attribue par ses
contemporains, fut reconnu dans toute la France, a l'exception des
pays qui s'etaient constitues en etats independants.
La cession d'une partie des rives de la basse Seine, aux pirates
normands, compagnons de Rollon, ne peut etre consideree comme un
affaiblissement de la puissance royale, quoi qu'en aient dit la
plupart des historiens, qui ont coutume de fletrir la memoire de
Charles le Simple principalement pour ce motif. On ne saurait non plus
suivre d'autres critiques qui, se placant a un point de vue
diametralement oppose, ont voulu l'envisager comme un acte d'habile
politique. En realite, Charles ne pouvait agir autrement devant
l'indifference profonde des grands vassaux, qui lui refusaient toute
aide effective pour combattre l'invasion; et sa puissance n'en fut
nullement amoindrie, puisque le territoire concede etait un
demembrement du "duche de France", qu'il en conserva la suzerainete et
trouva meme par la suite un concours inattendu aupres de ses nouveaux
vassaux[38].
Presque en meme temps que cette cession eut lieu l'acquisition de la
suzerainete sur la Lorraine, precieuse a bien des points de vue. Elle
reconstituait un tout brise par le singulier partage de Verdun et
fournissait a la dynastie austrasienne un solide point d'appui en son
pays d'origine.
L'autonomie feodale s'etait a tel point developpee que pour trouver un
soutien effectif, le roi Charles en etait reduit a rechercher
l'alliance des grands dignitaires de l'Eglise, comme l'archeveque de
Reims, ou d'hommes de naissance obscure, d'origine lorraine, comme
Haganon[39].
La premiere rebellion contre le pouvoir royal eclata en 920. Charles
fit preuve au cours de ces difficiles circonstances d'une fermete
remarquable. L'archeveque de Reims, Herve, reussit a sauver le
monarque et le seconda si bien qu'il se trouva bientot affermi au
point de pouvoir remplacer l'eveque elu de Liege, Hilduin, son ennemi,
par Richer, abbe de Pruem, son partisan. Le traite de Bonn, signe le
1er novembre avec Henri l'Oiseleur, auquel Charles avait eu affaire
pres de Pfeddersheim, dans le pays de Worms, mit fin a cette premiere
periode de troubles[40].
Bientot de nouvelles difficultes surgirent. Le 31 aout 921 mourut le
duc de Bourgogne Richard le Justicier, qui etait, avec le marquis
Robert, le plus puissant des grands vassaux, mais aussi l'un des
hommes les plus capables du royaume[41]. Il avait lutte
victorieusement contre les Normands, et avait toujours su gouverner
avec autorite ses vastes domaines, ne craignant pas de resister aux
empietements des puissances ecclesiastiques, seculieres ou regulieres,
et allant meme jusqu'a s'emparer par la force des biens d'Eglise,
comme du reste presque tous les princes laiques de son temps, quand la
necessite s'en presentait. Charles perdit en lui un fidele partisan:
s'il n'en avait recu aucun secours dans le dernier conflit avec les
grands, il avait du moins rencontre de son cote une bienveillante
neutralite, et il semblait meme que celle-ci dut un jour ou l'autre se
changer en cooperation effective. La mort de Richard bouleversa la
face des choses. Son fils Raoul qui avait epouse Emma, fille du
marquis Robert, fut attire dans le parti des mecontents par son
beau-pere qui en etait le chef. Pour comble de malheur, Charles vit
encore l'archeveque de Reims, d'abord condamne a l'inaction par une
grave maladie pendant les troubles de 922, abandonner ensuite
totalement sa cause, sans que nous puissions demeler la raison
veritable de cette defection.
La concession de l'abbaye de Chelles[42] faite par le roi a Haganon
determina un nouveau soulevement. Charles avait enleve l'abbaye a sa
tante Rohaut qui etait devenue belle-mere de Hugues, fils de
Robert[43]. Cet acte revetait le double caractere d'une spoliation et
d'une menace. C'etait une dependance arrachee au coeur meme des
domaines patrimoniaux de Robert et donnee comme poste d'observation et
de combat a un ennemi hai et meprise. Une nouvelle periode
d'hostilites s'ensuivit. Les operations eurent lieu en Remois,
Laonnais et Soissonnais, et se reduisirent a des incursions de part et
d'autre, a des pillages et a des incendies. A plusieurs reprises,
Charles s'enfuit, avec Haganon, jusqu'en Lorraine, et en revint avec
des troupes fraiches levees parmi les elements hostiles au duc ou les
vassaux ecclesiastiques. Le duc de Lorraine, Gilbert, le duc de
Bourgogne Raoul, enfin l'archeveque de Reims Herve s'etaient ranges du
cote du marquis Robert[44].
Apres la defaite de Laon, Charles fut contraint, par suite de la
dispersion totale de son armee, de chercher a nouveau un refuge au
dela de la Meuse. Les rebelles profiterent de l'absence du Carolingien
pour secouer definitivement sa suzerainete en se choisissant un roi
parmi eux. Le 29 juin 922, le marquis Robert fut elu roi a Reims par
les grands vassaux laiques et ecclesiastiques, puis couronne le
lendemain, un dimanche, a Saint-Remy, par l'archeveque de Sens
Gautier, le meme qui avait deja couronne le roi Eudes[45].
L'archeveque de Reims, Herve, alors gravement malade, mourut trois
jours apres, et son successeur Seulf, choisi sous l'influence des
revoltes, prit aussitot une attitude nettement opposee a Charles[46].
La lutte reprit de plus belle. Robert la transporta en Lorraine. Son
fils Hugues marcha sur Chievremont, que Charles assiegeait, et le
contraignit a lever le siege[47]. Au debut de 923, Robert eut
l'habilete de se menager une entrevue, sur les bords de la Roer, avec
le roi de Germanie Henri Ier qui, au mepris du traite de Bonn, noua
des relations amicales avec l'usurpateur. Robert parvint a obtenir
d'une fraction des Lorrains un armistice qui devait se prolonger
jusqu'en octobre[48]. Puis il rentra en France, ou il congedia les
contingents bourguignons, ne gardant que peu d'hommes sous les armes.
Charles ne perdit point de temps. Mettant a profit l'instant de repit
que lui laissait la treve, il s'occupa hativement de lever en Lorraine
de nouvelles recrues, et aussitot qu'il eut reussi a constituer une
armee assez puissante, rompant l'armistice, il traversa la Meuse,
marcha rapidement sur Attigny et de la contre Robert qui sejournait a
Soissons. Il arriva sur l'Aisne le 14 juin. Le lendemain, un dimanche,
vers la sixieme heure, au moment ou les hommes de Robert ne
s'attendant plus a etre attaques prenaient tranquillement leur repas,
les Lorrains passerent la riviere et une bataille decisive eut lieu
dans la plaine voisine de l'abbaye de Saint-Medard de Soissons. Les
troupes de Robert ralliees a la hate se battirent avec l'energie du
desespoir. Le combat fut si violent que de part et d'autre les pertes
furent considerables. Robert qui luttait vaillamment au plus fort de
la melee, tomba frappe a mort par le comte Foubert, porte-enseigne
royal, qui le reconnut a sa longue barbe, et il fut acheve par les
lances de ses adversaires. Cette fin inattendue de "l'usurpateur" jeta
le desordre dans les rangs de ses partisans, et la victoire du roi
legitime semblait des lors assuree quand parut, tout a coup, une armee
conduite par Hugues le Grand et Herbert de Vermandois. Un changement
complet s'opera; les Lorrains lacherent pied et se retirerent en
desordre[49].
Charles etait vaincu par les grands vassaux qui restaient unis dans
leur rebellion, malgre la mort inopinee de leur chef. Il essaya
cependant de se creer des intelligences parmi ses adversaires,
esperant que leur obstination se trouverait peut-etre brisee par la
difficulte de remplacer Robert. Il envoya des messagers a Herbert, a
Seulf et a quelques autres seigneurs pour les engager a le reconnaitre
de nouveau comme suzerain. Peine perdue. Les rebelles inebranlables
persevererent dans leur ligue contre le Carolingien. Ils appelerent a
leur aide le duc de Bourgogne, Raoul, qui se decida a revenir en
"France" a la tete d'une puissante armee (fin juillet).
Charles abandonne de ses plus puissants vassaux du nord, se tourna
vers ses nouveaux sujets, les seuls qui parussent lui demeurer
fideles, les Normands. Il envoya des messages jusqu'a Roegnvald, qui
dominait sur l'estuaire de la Loire. Les pirates se montrerent
immediatement prets a saisir un si beau pretexte pour recommencer
leurs incursions et piller tout le plat pays.
Afin de les arreter des le debut et de les empecher d'operer leur
jonction avec Charles et les Lorrains, les grands vassaux vinrent
s'etablir sur les bords de l'Oise. Charles n'eut plus qu'a se retirer
au dela de la Meuse[50]. Les rebelles profiterent de cette nouvelle
absence, comme l'annee precedente, pour elire un roi de leur choix. On
pouvait hesiter entre Hugues, fils du roi Robert et neveu du roi
Eudes, Herbert de Vermandois, descendant du Carolingien Bernard
d'Italie, et Raoul de Bourgogne, gendre de Robert, allie aux rois de
Bourgogne et de Provence. Le chroniqueur Aimoin a donne plus tard des
explications evidemment inadmissibles sur les causes qui amenerent a
ecarter les deux premiers candidats, mais elles aident neanmoins a
discerner des raisons plus plausibles[51]. Hugues avait ete jusque-la
un peu eclipse par son pere et son election eut ete un retour a
l'heredite en faveur d'une nouvelle famille royale. Herbert s'etait
toujours montre perfide, rapace, sans aucun respect pour les principes
feodaux ou religieux de son temps; enfin il etait en hostilite avec
Baudoin de Flandre qui avait fait assassiner son pere. Raoul se
recommandait a la fois par la droiture de son caractere et par la
puissance materielle dont il disposait. Il etait en excellents termes
avec le clerge; recemment encore les moines fugitifs de Montierender
avaient trouve un asile aupres de lui, en Bourgogne[52]. D'autre part
les grands vassaux avaient absolument besoin de s'assurer son
concours, sans lequel--on l'avait vu sous Richard le Justicier--ils ne
pouvaient rien entreprendre contre le Carolingien; et ses domaines
etaient suffisamment eloignes pour que Hugues et Herbert n'eussent pas
a en prendre ombrage ni a craindre pour leur propre securite. Du recit
de l'historien Raoul le Chauve (_Glaber_), posterieur de pres d'un
siecle, on peut inferer, avec une certaine apparence de verite, que le
choix fut hesitant, surtout entre Hugues et Raoul, et que
l'intervention d'Emma, femme de Raoul et soeur de Hugues, finit par
amener un accord[53].
Le dimanche 13 juillet 923, Raoul fut proclame roi a l'unanimite par
les grands reunis a Soissons, et couronne aussitot a Saint-Medard par
l'archeveque de Sens, Gautier, ce "faiseur de rois", qui avait deja
consacre successivement Eudes et Robert[54].
Cependant les esprits superstitieux vivement impressionnes par la mort
imprevue du "puissant marquis" Robert, sur le champ de bataille de
Soissons, envisageaient cette catastrophe comme une sorte de "jugement
de Dieu"[55]. L'archeveque Seulf reunit a Reims un synode des eveques
de sa province, vers la fin du mois suivant (apres le 27 aout), pour
examiner la situation. Les eveques de Cambrai, Laon, Noyon, Senlis et
Soissons y assisterent en personne. Il fut decide qu'une penitence
generale serait imposee a tous ceux qui avaient pris part au combat
impie ou les deux rois s'etaient trouves en presence. La penitence
devait durer trois ans. Pendant le premier careme, ils devaient
s'abstenir d'entrer a l'eglise. Les vendredis, toute l'annee, et, en
outre, pendant le careme et les semaines precedant la Saint-Jean et la
Noel, les lundis et mercredis, un jeune tres rigoureux (au pain, a
l'eau et au sel) leur fut impose[56]. Que ces prescriptions severes
n'aient pas ete observees a la lettre, surtout par les seigneurs qui,
sous pretexte de maladie ou de service d'ost, pouvaient s'en faire
dispenser moyennant des aumones, cela n'est point douteux; mais il
n'en est pas moins vrai que ces mesures prises par le haut clerge du
nord, pour fragiles qu'elles nous paraissent, sont curieuses a
enregistrer, parce qu'elles decelent la preoccupation bien nette
d'empecher une nouvelle guerre civile et le desir d'assurer pour
l'instant le pouvoir a l'usurpateur Raoul, tout en laissant regner en
paix le roi Charles sur ses provinces demeurees fideles.
Une telle solution etait bien difficile a obtenir avec le caractere du
Carolingien et la turbulence des grands vassaux, sans cesse prets a
saisir la moindre occasion pour augmenter leur puissance aux depens de
leurs voisins.
L'election de Raoul etait l'oeuvre d'un parti peu nombreux. Les grands
vassaux ecclesiastiques de France et meme de Bourgogne suivaient a
contre-coeur la determination de leurs suzerains immediats. La
Normandie, la Bretagne et surtout l'Aquitaine resterent theoriquement
soumises a Charles, sans toutefois prendre les armes pour defendre sa
cause. En Lorraine, le duc Gilbert se tenait sur la plus grande
reserve: seul le comte Boson osa se declarer pour Raoul, son frere.
Quelques-uns des diplomes delivres par Charles sont accordes a Guy de
Girone qui se trouvait aupres de lui, en Remois, au moment le plus
critique de la guerre civile[57]. Ainsi la Marche d'Espagne restait
fermement attachee au descendant de Charlemagne[58].
En realite, sous le devoument apparent des grands vassaux du midi au
roi Charles se cachait un profond sentiment d'egoisme: tout en se
donnant les allures de defenseurs de la legitimite dynastique
meconnue,--en faveur de laquelle, du reste, ils se gardaient bien
d'intervenir effectivement,--ils saisissaient l'occasion favorable
pour fortifier et developper leur autonomie naissante. C'etait la
tactique habituelle des seigneurs meridionaux, dont plusieurs auraient
ete cependant de force a se mesurer avec un Herbert ou un Raoul. En
depit de leur pretendu loyalisme, ils avaient longtemps refuse de
reconnaitre Charles apres la mort d'Eudes; ils agirent encore de meme,
plus tard, vis-a-vis de Louis d'Outre-Mer et de Lothaire, sans souci
de la question de legitimite.
Les documents diplomatiques conserves permettent, par leurs dates, de
donner un peu de precision a l'epoque ou Raoul fut reconnu dans les
differentes regions de la France.
En Bourgogne, la reconnaissance eut lieu immediatement. Des le mois de
novembre, l'eveque d'Autun Anselme fait une donation a son eglise
"pour l'ame du roi Raoul", et le roi intervient dans l'acte afin de
l'approuver et d'en fortifier l'autorite[59]. Il existe bien des
lacunes dans la serie des chartes de l'abbaye de Cluny qui concernent
surtout les comtes de Macon, Chalon et Autun: ce n'est qu'en 924 que
commence la serie des actes dates de l'an du regne de Raoul. Cette
serie s'etend de la 2e a la 13e annee[60]. Sens, dont l'archeveque
Gautier avait couronne Raoul, dut etre une des cites les plus
favorables au nouveau roi. Il en fut probablement de meme pour Dijon
et Auxerre, leurs vicomtes etant en relations etroites avec la famille
ducale[61].
Beaucoup de Lorrains preterent, comme Boson, l'hommage a Raoul, dans
l'automne de l'annee 923. On le sait expressement pour Metz et Verdun.
Toutefois le duc Gilbert et l'archeveque de Treves Roger refuserent de
faire leur soumission[62].
L'archeveche de Reims etait entierement tombe sous la domination
d'Herbert de Vermandois, qui empecha Seulf de repondre aux demarches
que Charles essaya de faire aupres de lui[63]. La province de Reims,
le Vermandois, Amiens, Troyes, les comtes de Brie et de Provins
reconnurent donc Raoul; le comte de Laon, Roger, et l'eveque de
Soissons, Abbon, l'ancien chancelier de Robert, se rallierent aussi a
lui[64].
Les habitants des vastes domaines du "marquis" Hugues furent
assurement des premiers a accepter le nouveau souverain. A Tours, par
exemple, des le 18 decembre 923, on datait des annees du regne de
Raoul[65]. Pour Chartres, il existe un acte de la 8e annee de
Raoul[66]; pour Saint-Benoit-sur-Loire, des chartes de la 2e et de la
10e annee de Raoul[67]; pour Angers une charte privee de la 2e annee
et une donation du comte Foulques, de la 7e annee[68]; pour Blois,
nous possedons un diplome de Raoul lui-meme de l'annee 924, delivre a
Laon, sur la requete du comte "palatin" Thibaud[69]; enfin pour Paris
une charte du vicomte Thion datee de la 3e annee[70].
Les Normands demeurerent fideles au Carolingien: nous le savons par
l'hostilite qu'ils deployerent contre Raoul. Mais il ne subsiste
aucune charte qui nous le confirme. La Bretagne en pleine anarchie
subissait leur influence. Le cartulaire de Redon, si riche en actes du
IXe siecle, ne fournit malheureusement aucune date interessante pour
le debut du Xe siecle.
En Berry, nous avons deja eu l'occasion d'en toucher un mot a propos
de la prise de Bourges, Raoul dut etre reconnu presque aussitot, et
Guillaume d'Aquitaine qui fit defection au debut finit, on le verra,
par se soumettre.
Le Poitou parait etre reste fidele a Charles, d'apres certains
documents[71]; il y existe cependant des actes dates des annees du
regne de Raoul depuis la 1ere et la 3e jusqu'a la 11e[72] et l'eveque
de Poitiers, Frotier II, s'assura de l'assentiment de Raoul en meme
temps que de celui de Guillaume Tete d'Etoupe, pour donner tous ses
biens a l'abbaye de Saint-Cyprien[73]. Le Limousin hesite comme le
Poitou dont il dependait[74]. Vers 930 le vicomte de Turenne Ademar
fit approuver son testament par le roi Raoul[75].
A Tulle, au contraire, on reconnut immediatement le roi Raoul qui fut
appele, plusieurs fois a intervenir dans les reformes de l'abbaye
Saint-Martin[76]. Les chartes sont echelonnees entre la 6e et la 13e
annee: elles ont donc bien 923 comme point de depart[77]. Dans le
cartulaire de Beaulieu, les derniers actes de l'epoque de Raoul sont
dates de sa 10e annee de regne[78]. Une charte de 932 (indiction 5)
porte la 7e annee du regne, ce qui nous ramene pour le debut a l'annee
925 ou 926. Il en est de meme en Quercy, ou une charte du vicomte de
Cahors, Frotard, pour Aurillac, datee de 930, porte la 7e annee du
regne. Mais les chartes de l'abbaye de Moissac, allant jusqu'a la 11e
annee du regne, amenent a supposer un point de depart anterieur a
926[79]. Cela nous prouve qu'il y eut bien des erreurs dans ces
calculs d'annees, et on peut se demander si parfois on ne prenait pas
l'an reel du regne, compte depuis l'election ou le couronnement, sans
tenir compte de la date de reconnaissance dans la region. Le duc
d'Aquitaine Guillaume portait aussi le titre de comte d'Auvergne, et
son frere Affre ou Effroi (_Acfredus_) etait avoue de la celebre
abbaye de Brioude: tous deux furent des adversaires acharnes de Raoul.
Quelques chartes gardent de curieuses traces de cet etat d'esprit: le
nom de Charles y est cite comme celui du roi legitime, tandis que
Raoul est fletri comme usurpateur. Les actes de Brioude montrent que
Raoul ne fut reconnu partout dans la region qu'entre decembre 926 et
octobre 927[80].
A cote des pieces ou Raoul est si malmene, la plupart des autres
portent les dates de son regne et la serie s'etend depuis juillet de
la 1re annee jusqu'en octobre de la 13e[81].
Les comtes de Velay et de Gevaudan dependant de l'Auvergne suivirent
la politique du duc d'Aquitaine.
Tels sont les pays ou l'on ne fit pas une opposition systematique a
Raoul, et ou, sauf exceptions, on le reconnut avant meme la mort du
roi Charles. Dans le reste du royaume on persista a considerer le
regne de Charles comme se poursuivant, et on continua meme apres sa
mort, a compter les annees de son regne: ainsi dans la Marche
d'Espagne[82].
En Languedoc, le comte de Toulouse, Raimond-Pons, son frere Ermengaud,
comte de Rouergue, et en Gascogne Loup Aznar ne firent leur soumission
qu'en 932. De nombreuses chartes de Narbonne, Elne, Beziers, Nimes,
Rodez, Vabres et Conques constatent l'interregne[83].
L'attitude des petits vassaux dont les fiefs secondaires n'ont pas ete
cites, faute de textes, dut se regler sur celle de leurs suzerains
immediats ou de leurs voisins puissants, autour desquels ils
gravitaient.
Raoul devenu roi n'investit personne des fonctions de duc en
Bourgogne. Il s'occupa toujours lui-meme de ses domaines personnels,
de son duche et de ses comtes d'Autun, d'Avallon et de Lassois[84].
C'etait la qu'il trouvait le plus solide point d'appui de son pouvoir,
car la royaute n'etait plus guere qu'une ombre de souverainete. Le
domaine royal que Raoul avait recueilli etait extremement restreint:
quelques residences dans le nord, comme Compiegne et Attigny, avec les
palais de Laon et de Reims. Des biens du fisc il semble qu'il ne
restait presque plus rien[85]. Aussi les ressources de Raoul
furent-elles principalement dans son duche, et ses sujets bourguignons
formerent-ils toujours le noyau de son armee, que les contingents des
grands vassaux venaient tres irregulierement encadrer. Enfin c'est en
Bourgogne qu'il sejourna de preference quand la tache compliquee et
astreignante qui lui incombait le lui permit, et c'est la
naturellement qu'il se rendit tout d'abord de Soissons, aussitot apres
son sacre[86].
FOOTNOTES:
[Footnote 36: Nous employons ici ce terme dans son sens territorial
restreint. Ainsi entendu, il designe la _Francia_, au nord de la
Seine, plus les domaines propres du _dux Francorum_ compris entre
Seine et Loire. Cf. Favre, _Eudes_, p. 228, et surtout Pfister,
_Etudes sur le regne de Robert le Pieux (Bibl. de l'Ecole des
hautes-etudes_, fasc. 64, 1885), p. 131 et suiv.; P. Viollet, _Hist.
des instit. polit. et admin. de la France_, I, p. 456.]
[Footnote 37: _Ann. Bertin._, a. 862; Reginon, _Chron._ a. 878;
Flodoard, _Hist. eccl. Rem._, III, 19; Eckel, P. 1-2.]
[Footnote 38: Eckel, p. 85.]
[Footnote 39: Flod., _Ann_., a. 920: "quem de mediocribus potentem
fecerat [Karolus]"; _Hist. eccl. Rem_., IV, 15; Richer, 1, 15.]
[Footnote 40: Flod., _Ann_., a. 920.]
[Footnote 41: Il fut inhume le 1er septembre a Sainte-Colombe de Sens,
en la chapelle de Saint-Symphorien. _Ann. S. Benigni Divion. (M.G.h.,
Scr._, V, 40); _Hist. Francor. Senon._ (ibid., IX, 366); _Ann. S.
Columbae Senon._ (ibid., I, 104); _Chron. S. Petri Vivi Senon._ (Duru,
_Bibl. hist. de l'Yonne_, II, 481); _Chron. S. Maxentii_, ed.
Marchegay et Mabille, _Chron. des eglises d'Anjou_, p. 375; Flod.,
_Ann._, a. 921.]
[Footnote 42: Seine-et-Marne, arr. de Meaux, cant. de Lagny.]
[Footnote 43: Flod., _Ann._, a. 922. Rohaut ne mourut que le 22 mars
925. Cf. _Obituaires de la province de Sens_, ed. A. Molinier et
Longnon (_Recueil des historiens de France_, in-4), t. I, pp. xx, 254,
312 et 345.]
[Footnote 44: Flod., _loc. cit._]
[Footnote 45: Flod., _Ann._, a. 922; _Hist. Francor. Senon., Ann. S.
Columbae Senon., Ann. S. Germani Parisiens., Ann. Lobienses, Ann.
Masciacenses (M.G.h., Scr._, IX, 366; I, 104; III, 167; XIII, 233;
III, 170); Ademar de Chabannes (_Chron._, III, 22, texte du ms. C squared,
ed. Chavanon, p. 142) decrit la scene d'abandon du roi selon la forme
"par jet de fetu". Richer (_Hist._, I, 40-41) prete un role important
en cette circonstance a Gilbert. Cf. A. Luchaire, _Hist. des instit.
monarchiques_, 2e ed., I, p. 8; Fustel de Coulanges, _Hist. des
instit. polit. de la France. Les transformations de la royaute pendant
l'epoque carolingienne_, p. 700.]
[Footnote 46: Flod., ibid. et _Hist. eccl. Rem._, IV, 17,]
[Footnote 47: Flod., _loc. cit._]
[Footnote 48: Flod., _Ann._, a. 923]
[Footnote 49: Flodoard (_Ann._, a. 923), Richer (_Hist._, I, 45 et 46)
et Folcuin (_Gesta abbat. Sith._, c. 109, _M.G.h., Scr._, XIII, 625)
fournissent les details du recit. La date est donnee par les sources
suivantes: _Ann. S. Columbae Senon.; Hist. Francor. Senon.; Ann. S.
Benigni Divion._, a. 922 (_M.G.h., Scr._, I, 104; IX,: 366; V, 40);
_Necrol. Autissiodor_. (_Mem. concernant l'hist. d'Auxerre_, II, pr.,
p. 252); _Necrolog. beati Martini Turon_. (ed. Nobilleau, Tours, 1875,
p. 25).--Hugues de Flavigny, _Chron. Virdun._, a. 923, et Hugues de
Fleury, _Modernorum Francor. reg. actus_, c. 3 (_M.G.h., Scr._, VIII,
358, IX, 381), derivent de Flodoard. Voy. aussi par ordre d'interet:
_Miracula S. Benedicti_, I. II, c. 3; _Genealogiae Fasniacenses; Ann.
S. Quintini Verom.; Ann. Lobienses_ ("Dei juditio Rothbertus
Occubuit"); _Ann. Prum._ (id.); _Ann. S. Maximi Treverensis_, a. 923;
_Ann. Virdun._, a. 1001; _Ann. Laubienses et Leodienses_, a. 921;
_Ann. Musciacenses_, a. 922 ("rebellavit Rotbertus"); _Ann. S. Medardi
Suession._, a. 922; _Ann. Floriac._, a. 917 (_M.G.h., Scr._, IX, 375,
XIII, 253, XVI, 507, XIII, 233, XV, 1292, IV, 6-8, 16, III, 170, XXVI,
320, 11, 254) et Widukind, I, 30 (ed. Waitz, p. 23) qui n'apportent
aucun detail; Ademar de Chabannes (texte du ms. C), III, 22 (ed.
Chavanon, p. 142) mentionne l'anecdote du comte Foubert, _signifier_
royal; le _Conlin. Reginon._, a. 922 (ed. Kurze, p. 156), fait perir
Robert de la main de Charles; Odoran, _Chron._, a. 922 (_Recueil des
historiens de France_, VIII, 237), n'ajoute rien aux autres sources
senonaises citees; Rodulf. Glab., 1, c. 2. Sec.6 et III, c. 9, Sec.39 (ed.
Prou, p. 8 et 88), fait mourir Robert dans une bataille livree aux
Saxons. Richer, avec son exageration habituelle, pretend que plus de
18.000 combattants resterent sur le champ de bataille. Sur le
caractere legendaire des recits de la bataille de Soissons, voy.
Kalckstein, _op. cit._, p. 482 (Excurs IV) et _Louis d'Outre-Mer_, p.
295.]
[Footnote 50: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 51: Aimoin, _Miracula S. Rened._, II, 3 (ed. de Certain, P.
99).]
[Footnote 52: _Liber de diversis casibus coenobii Dervensis_ (_Acta
sanctor. ord. S. Bened._, saec. II, p. 846).]
[Footnote 53: Rodulf. Glab., _Hist._, I, 2 (ed. M. Prou, p. 7-8).]
[Footnote 54: Flod., _Ann._, a. 923; _Ann. S. Medardi Suession._, a.
922; _Ann. S. Columb. Senon._, a. 923; _Hist. Francor. Senon._, a.
922; Folcuin, _Gesta abbat. Sith._, c. 101 (_M.G.h., Scr._, XIII,
623); _Ann. Blandin._, a. 925; _Ann. Floriac._, a. 917 (_M.G.h.,
Scr._, II, 24, II, 254). Cf. les sources angevines: _Ann. Vindocia._,
a. 921; Rainald. Andegav. _Ann._, a. 921; _Ann. S. Florentii_, a. 920
(ed. Halphen, _Recueil d'annales angevines_, pp. 57, 84, 115). _Ann.
Nivernenses_, a. 924 (_M.G.h., Scr._, XIII, 89). Voy. aussi Godefroy,
_Ceremonial_ (2e ed.), t. 1, p. 413, et A. Luchaire, _Hist. des
instit. monarchiques_, I, p.11.]
[Footnote 55: Meme dans les _Miracles de saint Benoit_, ecrits au
coeur des possessions patrimoniales de Robert, on voit sa conduite a
l'egard de Charles qualifiee de "nefaria temeritas" et meme de
"perfidia" (Lib. II, c. 3, ed. de Certain, p. 99). Le Continuateur de
Reginon (_Chron._, a. 922, ed. Kurze, p. 457) s'exprime aussi en ces
termes: "Karolus tamen ori _sacrilego_ Ruodberti ita lancea infixit,
ut diffissa lingua cervicis posteriora penetraret."]
[Footnote 56: _Concil. Rem._ (_Recueil des historiens de France_, IX,
324).]
[Footnote 57: _Recueil des historiens de France_, IX, 554-556, n deg.
87-89; _Marca Hispanica_, append., col, 842 et 843; _Hist. de
Languedoc_, nouv. ed., V, p. 143, n deg. 46.]
[Footnote 58: Nous n'avons pas ici a retracer les tableaux de
geographie historique feodale qu'on trouvera dans Eckel, p. 32 et
suiv., Poster, _Robert le Pieux_, p. 130, Lot, _Fideles ou vassaux_,
passim, et, du meme, _Etudes sur le regne de Hugues Capet_, p. 187 et
suiv.]
[Footnote 59: _Gallia christiana_, XII, _instr._, col. 485: "praedicto
rege Rodulpho laudante et omni sua auctoritate corroborante".]
[Footnote 60: _Recueil des chartes de Cluny_, I (Paris, 1876), nos
231, 233 a 236, etc. Le n deg. 232 mentionne Robert comme roi, et le no
243 (juin 924) Charles le Simple. cf. aussi _Cartulaire de
Saint-Vincent de Macon_ (Macon, 1864), I, no, 8, 38, 310, 314, 480,
496, 501, et les diplomes de Raoul pour Autun, Chalon et Langres
(_Recueil des historiens de France_, IX, 562-565, 569).]
[Footnote 61: _Vita S. Vicentii_ (_Recueil des historiens de France_,
IX, 131; _Acta Sanctor. Boll., Januar. 1_, P. 813); Duchesne, _Hist.
geneal. de la maison de Vergy_, I, P. 40.]
[Footnote 62: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 63: Flod., ibid.]
[Footnote 64: Flod., _Ann._, a. 927.]
[Footnote 65: Mabille, _La pancarte noire de Saint-Martin de Tours_
(Paris, 1866), n deg. 129.]
[Footnote 66: _Cartulaire de Saint-Pere de Chartres_, I, n deg. 3.]
[Footnote 67: _Recueil des chartes de Saint-Benoit-sur-Loire_, publ.
par M. Prou et Vidier (Paris, 1900) n deg. XL, XLI et XLII.]
[Footnote 68: _Cartulaire de Saint-Aubin d'Angers_ publ. par Bertrand
de Broussillon (_Doc. hist. sur l'Anjou_, I, 1903), n deg. XXXVI et
CLXXVII; _Cartulaire noir de la cathedrale d'Angers_, publ. par le
chanoine Urseau (ibid., V, 1908), n deg. 33.]
[Footnote 69: _Recueil des historiens de France_, IX, 566; _Gall.
christ._, VIII, _instr._, 412; D. Noel Mars, _Hist. du royal monastere
de Saint-Lomer de Blois_, publ. p. A. Dupre (Blois, 1869, in-8), p.
99. Ce diplome concerne la cession de l'eglise Saint-Lubin au
monastere et la translation des reliques de saint Calais. Sa forme est
insolite; s'il n'est pas faux, il a ete certainement refait. Cf. J.
Depoin, _Etudes preparatoires a l'histoire des familles palatines_,
dans _Revue des Etudes historiques_, annee 1908, p. 578.]
[Footnote 70: R. de Lasteyrie, _Cartulaire general de Paris_, n deg.63.]
[Footnote 71: Besly, _Hist. des comtes de Poitou_ (Paris, 1647), pr.,
p. 221 (charte d'Ebles pour l'abbaye de Noaille, datee de la 26e annee
de Charles), 225 (charte d'Adelelmus pour Sainte-Radegonde avec la
curieuse date suivante: "a, III regni Radulfi regis, Karolo cum suis
infidelibus merite captus (sic)", orig., Bibl. nat., nouv. acq. lat.
2306, fol. 2); R. de Listeyrie, _Etude sur les comtes et vicomtes de
Limoges anterieurs a l'an mil_, p. 114 et A. Richard, _Chartes de
l'abbaye de Saint-Maixent (Arch. hist. du Poitou_, XVI, 1886), n deg. XI
(charte ainsi datee: "Data in mense aprilis, anno XXX, quando fuit
Karolus detentus cum suis infidelibus"); _Cartul. de l'abbaye de
Saint-Cyprien de Poitiers_; (ibid., III, 1874), nos 236, 237, 240;
_Documents de Saint-Hilaire de Poitiers_ publ. p. L. Redet (_Mem. de
la Soc. des Antiquaires de l'Ouest_, XIV, 1847, n deg. XIV, annee 26 de
Charles).]
[Footnote 72: Besly, _op. cit._, p. 237; _Chartes de Saint-Maixent_,
nos X et XII; _Cartul. de l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers_, nos
92, 124, 301, 337, 528. Une curieuse charte de l'abbaye de Noaille (au
diocese de Poitiers) porte la date: "anno III Radulfi regis quando
Karolus in custodia tenebatur". Baluze, _Capitular. reg. Francor_. II,
append., col. 1532. La meme formule se lit encore dans une charte de
Saint-Hilaire de Poitiers (_Doc. de Saint-Hilaire de Poitiers_, loc.
cit.), n deg. XV. Voy. aussi A. Richard, _Hist. des comtes de Poitou_, t.
I (Paris 1903), p. 63-65.]
[Footnote 73: _Gall. christ._, II, instr., col. 328; _Cartul. de
l'abbaye de Saint-Cyprien de Poitiers_, nos 3 et 4.]
[Footnote 74: _Cartul. de Saint-Etienne de Limoges_ (Bibl. nat. ms.
lat. 9193), p. 125 154, 158 et 269.]
[Footnote 75: Baluze, _Hist. Tutelensis_, col. 338.]
[Footnote 76: Diplome du 13 decembre 933 (_Recueil des historiens de
France_, IX, 578)]
[Footnote 77: Baluze, _Hist. Tutelensis_, append., col. 323-365.]
[Footnote 78: _Cartulaire de l'abbaye de Beaulieu_ (Paris, 1859), nos
38, 44, 48, 66, 72, 108, 144, 167; Justel, _Hist. geneal. de la maison
de Turenne_ (Paris, 1645), pr., p. 9.]
[Footnote 79: Moulenq, _Doc. historiques sur le Tarn-et-Garonne_
(Montauban, 1879), I, 291.]
[Footnote 80: _Cartulaire de Saint-Julien de Brioude_, ed. Doniol
(Clermont-Ferrand, 1863), nos 39, 315, 327; _Cartul. de Sauxillanges_,
ed. Doniol (ibid., 1864), no 13; Baluze, _Hist. geneal. de la maison
d'Auvergne_, pr., p. 19-21; _Capitular. reg. Francor._, II, col. 1531,
1534. Cf. A. Bruel, _Essai sur la chronologie du cartulaire de
Brioude_ (_Bibl. de l'Ecole des Chartes_, 6e serie, t. II, 1866, p.
477.) Voici le texte de trois de ces dates: "VI. id. dec. anno IIII
quo infideles Franci principem suum Karolum propria sede exturbaverunt
et Rodulfum elegerunt, Rotberto interfecto." (ed. Doniol, p. 330)--"v.
id. oct. anno v. quando Franci deinhonestaverunt regem suum Karolum et
contra legem sibi Radulfum elegerunt in regem." (Bruel, _loc. cit._,
p. 495)--"mense octobrio, anno v regnante Rodulfo rege Francorum et
Aquitanorum." (ed. Doniol, p. 79),--Cf. J. Depoin, _Une expertise de
Mabillon_ dans _Melanges et doc. publ. a l'occasion du 2e centenaire
de la mort de Mabillon_, P. 138.]
[Footnote 81: _Cartul. de Brioude_, nos 2, 16, 104, 112, 153, 169,
186; _Cartul. de Sauxillanges_, nos 218, 774.]
[Footnote 82: _Marca Hispanica_, append., nos 70, 71; _Le regne de
Louis IV d'Outre-Mer_, p. 306. Quelques chartes de cette region sont
datees "apres la mort du roi Eudes"]
[Footnote 83: _Hist. de Languedoc_, nouv. ed., V, nos 50 a 52, 55 a,
55b, 57 a 63; _Cartulaire de l'abbaye de Conques_, ed. G. Desjardins
(Paris, 1879), nos 5, 92, 121, 143, 231, 291; Menard, _Hist. de
Nimes_, I, pr., p. 19 (charte datee de l'annee 30 de Charles, apres la
mort du roi Eudes). L'eveque d'Elne, Wadaldus, date une charte de 931:
"Facta scriptura donationis sub die IIII. id. april. anno II. quod
obiit Karolus filius Ludovici regis, Xpisto regnante et regem
expectante" (Baluze, _Capitul._, t. II, col. 1536).]
[Footnote 84: Sur le caractere et la nature du pouvoir ducal en
Bourgogne, voy. Ch. Seignobos, _Le regime feodal en Bourgogne jusqu'en
1360_ (Paris, 1882, in-8 deg.), p. 156 et suiv.]
[Footnote 85: Sur les domaines possedes par Charles le Simple, voy.
Eckel, p. 42.]
[Footnote 86: Flod., _Ann._, a. 923.]
CHAPITRE III
LA CAPTIVITE DE CHARLES LE SIMPLE,
LA GUERRE NORMANDE ET LA PERTE DE LA LORRAINE.
Le roi Charles ayant vu echouer ses demarches aupres de ses vassaux
rebelles, se tournait du cote du roi de Germanie, Henri Ier, avec
lequel il avait entame, des 921, des negociations bientot interrompues
par la revolte des grands. Il esperait que la nouvelle de la mort de
son dangereux adversaire, Robert, deciderait peut-etre Henri a traiter
avec lui et meme a lui procurer un secours effectif. Il envoya des
deputes en Germanie avec des presents, au nombre desquels se
trouvaient des reliques de saint Denis considerees comme ayant une
valeur inestimable. Henri accueillit bien les envoyes de Charles, mais
ne promit nullement d'intervenir en sa faveur: il se borna a ne pas
nouer de relations avec Raoul[87].
La-dessus Charles recut inopinement une deputation d'Herbert de
Vermandois, conduite par le propre cousin de celui-ci, le comte
Bernard[88]. D'apres Richer,[89] qui donne evidemment l'esprit du
discours des envoyes, Herbert faisait declarer a Charles qu'il ne
s'etait uni a ses ennemis que bien malgre lui, et que voyant a present
une occasion favorable pour tout reparer, il lui demandait de venir le
joindre sans grande escorte, afin de n'eveiller aucun soupcon.
Charles, a bout de ressources, fut enchante de ce revirement soudain
d'un vassal puissant, qui l'avait aide jadis. Il accueillit avec
empressement la proposition inesperee des deputes. Qu'on ne l'accuse
point a la legere de faiblesse ou de simplicite. Il etait tres
possible qu'Herbert, d'origine carolingienne et par la d'autant plus
sujet a un retour de loyalisme, devenu mecontent ou jaloux de Raoul,
voulut profiter du sejour de celui-ci en Bourgogne pour faire echec a
un rival bien autrement dangereux qu'un suzerain affaibli. Au surplus,
Bernard et ses acolytes etaient, dit-on, de bonne foi. S'ils
tromperent Charles c'est qu'ils avaient ete trompes eux-memes par
Herbert. Celui-ci aurait, dit-on, juge preferable de laisser ignorer
ses vrais desseins a ses propres creatures.
Charles prit donc le chemin de Saint-Quentin avec les deputes du comte
de Vermandois. A peine mis en presence d'Herbert, il fut apprehende et
conduit sous bonne garde au donjon de Chateau-Thierry. Quant aux gens
de sa suite, trop peu nombreux pour resister, ils furent renvoyes sans
etre inquietes[90].
Ce lache guet-apens prepare par Herbert a son suzerain legitime, le
descendant de Charlemagne, produisit une penible impression sur les
contemporains. L'echo s'en retrouve dans les textes relativement
nombreux qui y font allusion. Les versions different sur la date de la
capture (placee parfois avant l'election de Raoul), sur l'ordre des
sejours du roi dans ses prisons de Saint-Quentin, Chateau-Thierry et
Peronne, mais elles sont toutes unanimes, meme les plus breves, pour
fletrir en termes energiques l'acte d'Herbert[91]. Il y avait la un
abus trop injustifie de ruse perfide et de force brutale pour que,
meme en ce siecle de fer, l'opinion generale n'en fut point emue. On
voyait recommencer pour Charles les humiliations de son aieul Louis le
Pieux. Aussi trouve-t-on appliquees a Herbert, dans les textes, les
epithetes suivantes: "traitre plein de perfidie, menteur le plus
fourbe, le dernier des infideles et des indignes, le plus mauvais des
seigneurs francais, l'instigateur de tous les maux"; la note
dramatique ne manque pas dans plusieurs recits de sa mort, ou l'on
voit poindre l'idee d'un chatiment celeste exprimee par les
circonstances legendaires dont ils sont agrementes[92].
Les historiens modernes n'ont jamais essaye sinon de justifier la
conduite d'Herbert, du moins de la concilier avec les pratiques
tolerees alors par les usages entre belligerants. Il est clair, en
effet, que si l'acte sans precedent du comte de Vermandois revoltait
l'opinion--et on en releve la trace certaine--c'est qu'il etait
considere comme un attentat brutal au droit de legitimite des lors
etabli, un crime de lese-majeste envers la personne sacree du suzerain
a qui fidelite avait ete juree. Comment se fait-il que des seigneurs
puissants et independants comme Hugues le Grand et surtout Raoul de
Bourgogne ne s'y soient pas opposes et n'aient pas contraint Herbert a
se dessaisir de la personne de ce fantome de roi, qui etait plus
redoutable pour eux entre les mains de l'intrigant comte de Vermandois
qu'en liberte? Il y a la un de ces faits historiques difficiles a
expliquer parce qu'ils resultent d'un concours extraordinairement
complexe de circonstances et d'influences morales determinant, dans
les rapports politiques, une tension anormale qui aboutit presque
fatalement a des mesures extremes. Il ne faut pas, toutefois, oublier
qu'Herbert etait arriere-petit-fils de l'infortune Bernard d'Italie,
la victime du bisaieul de Charles le Simple, Louis le Pieux, entre
les mains duquel il etait tombe a la faveur d'un guet-apens analogue a
celui qui nous occupe[93].
On peut se demander si Herbert II, imbu des traditions de famille si
vivaces a cette epoque, ne saisit point cette occasion pour la maison
de Vermandois d'exercer son "droit de vengeance" sur la branche
carolingienne regnante. Celle-ci l'avait evincee, en effet, de la
succession a l'empire et ensuite frappee par un acte de sauvagerie
inoui. Or le droit de vengeance privee est parmi les vieilles coutumes
germaniques une de celles qui etaient les plus ancrees dans les moeurs
au moyen age, puisqu'on en trouve encore des traces jusqu'au XVe
siecle[94]. Charlemagne en s'associant son second fils Louis le Pieux,
au detriment de sa descendance ainee, avait cause de funestes
rivalites dans sa famille[95].
On pouvait donc, dans l'entourage de Raoul, considerer l'attitude
d'Herbert comme moins inique et on le faisait d'autant plus volontiers
qu'on etait fort satisfait d'avoir vu le comte de Vermandois accepter
un suzerain bourguignon. Et Hugues le Grand, en outre, dont le pere
avait succombe en luttant contre Charles, ne pouvait etre mecontent du
sort d'un suzerain contre lequel il devait necessairement nourrir des
idees de revanche.
A cote de l'attentat commis sur la personne de Charles, il y a lieu de
signaler la tentative qu'aurait faite Herbert pour s'emparer du jeune
Louis, son fils, si l'on admet le temoignage de Richer. Dans un
passage de la chronique de cet historien, le roi Louis rapporte
lui-meme, au concile d'Ingelheim (en 948), qu'il a ete soustrait aux
mains d'Herbert, cache dans une botte de foin par des serviteurs, et
qu'ainsi il a pu gagner l'Angleterre avec sa mere Ogive, fille du roi
anglo-saxon Edouard Ier l'Ancien[96]. Le recit de Richer ne merite
toutefois qu'une confiance tres limitee. On y remarque une singuliere
confusion entre Hugues et Herbert, et on ne s'explique pas comment
Ogive restee en Lorraine avec son fils aurait eu besoin de le cacher
pour l'emmener en Angleterre, puisqu'elle n'avait pas a traverser les
domaines du comte de Vermandois. Il faudrait supposer que celui-ci eut
machine quelque complot pour obtenir de se faire livrer l'enfant.
La famille de Charles comprenait encore, outre ce fils, quatre filles
de sa seconde femme Frerone et quatre enfants naturels[97]. Leurs
pretentions n'etaient nullement redoutables; ils ne furent pas
inquietes.
Herbert se rendit immediatement apres la capture de Charles, en
Bourgogne, aupres de Raoul[98]. Il sentait la necessite de se
justifier aux yeux de celui-ci et de le gagner a sa politique.
Bientot, en effet, le pape Jean X intervint en faveur du roi dechu,
probablement sous l'influence de l'empereur Berenger qui s'etait deja
montre favorable a Charles, en 921, lors de l'occupation de l'eveche
de Liege. Jean X reclamait, sous menace d'excommunication, la
reintegration de Charles sur le trone[99]. La mort de Berenger,
survenue le 7 avril 921[100], attenua sans doute le zele du souverain
pontife qui finit par s'incliner devant le fait accompli, lorsque
plusieurs annees de regne eurent affermi la souverainete de Raoul.
Les Normands avaient pris les armes a l'appel de Charles. Ils
entrerent enfin en campagne. Le roi-de-mer Roegnvald, chef de la
colonie scandinave qui depuis des annees dominait sur l'estuaire de la
Loire, mecontent sans doute des concessions illusoires que lui avait
faites Robert[101] et obeissant d'ailleurs aux messages anterieurs de
Charles, avait pris le commandement des Normands de Rollon etablis sur
les bords de la basse Seine, et fait irruption en "France", en passant
l'Oise. Un premier echec que lui infligerent les vassaux du comte de
Vermandois, aides de plusieurs seigneurs du nord de la France, les
comtes Raoul de Gouy et Enjorren de Leuze[102], n'eut d'autre effet
que de le pousser a de plus graves devastations. Une nouvelle defaite
qu'il essuya en luttant contre le comte d'Arras, Alleaume, le
contraignit cependant a reculer. Les pillages n'en continuerent pas
moins. Hugues se decida enfin a demander assistance a son beau-frere
le roi Raoul.
Celui-ci accourut a Compiegne, en plein pays envahi, avec ses troupes.
Les contingents fournis par l'archeveque Seulf, par Herbert et les
autres vassaux etant venus le joindre, il se sentit assez fort pour
passer de la defensive a l'offensive. Il penetra en Normandie, au dela
de l'Epte, et par represailles ravagea tout le pays, en chassant
devant lui les bandes pillardes[103]. Cette pointe hardie en avant
demontrait a la fois la valeur militaire du nouveau roi et son desir
bien arrete de regner autrement que de nom. La lutte contre les
Normands etait assurement le meilleur moyen de s'attacher les
populations qui avaient eu tant a souffrir des incursions des pirates,
par suite de l'indifference ou de l'impuissance apathique de certains
rois carolingiens. Cependant Raoul ne pouvait s'attarder a
pourchasser une poignee de brigands, quand la plupart des seigneurs
lorrains, qui jusqu'alors avaient sans cesse lutte pour Charles,
desesperant de sa cause, depuis sa captivite, envoyaient un message
pour offrir de faire leur soumission. Il etait urgent de repondre a
leurs propositions conciliantes et avantageuses, si l'on ne voulait
pas en perdre le benefice et voir ce pays echapper de nouveau a la
France. Raoul reunit donc les grands vassaux qui l'entouraient pour
prendre conseil, et il fut decide que ceux-ci continueraient seuls la
poursuite des fuyards tandis que lui-meme se rendrait immediatement en
Lorraine[104].
Raoul s'arreta d'abord sur la frontiere, a Monzon. L'eveque de Metz
Guerri vint l'y trouver et le decida a marcher avec lui sur
Saverne[105], ou le roi de Germanie Henri Ier avait laisse une
garnison. Le siege dura une bonne partie de l'automne et se termina
par la capitulation des gens d'Henri Ier qui, ne se voyant pas
secourus par leur suzerain, comme ils y avaient compte, se resolurent
a livrer des otages.[106]
En revenant a Laon, Raoul trouva la reine Emma qui, de sa propre
autorite, venait de se faire consacrer reine par l'archeveque de Reims
Seulf. Ce fait decele a la fois l'ambition et l'esprit d'initiative de
la fille du roi Robert[107]: sachant la vie de son mari en danger dans
le voyage sur territoire lorrain, elle avait pris ses precautions pour
etre assuree de jouer un role en cas de malheur.
Un certain nombre de seigneurs lorrains, et non des moindres, avaient
prefere se tourner du cote du roi de Germanie plutot que de
reconnaitre celui qu'ils consideraient comme un usurpateur. Le duc
Gilbert et l'archeveque de Treves appelerent Henri Ier en Lorraine:
celui-ci accourut aussitot et, passant le Rhin, commenca le pillage du
pays, comptant sur de nouvelles defections. L'effet produit fut tout
le contraire: malgre la reputation d'inconstance des Lorrains, il n'y
eut guere d'autre defection que celle d'Otton, fils de Ricoin, ennemi
personnel de Raoul[108]. La nouvelle que le roi de France se
disposait a marcher contre l'envahisseur avec une puissante armee,
recrutee tant en France qu'en Bourgogne, decida Henri a mettre son
butin en surete sur l'autre rive du Rhin. Il se hata de conclure avec
les Lorrains un armistice jusqu'au Ier octobre de l'annee suivante,
emmenant avec lui de nombreux otages et des troupeaux entiers captures
entre Rhin et Moselle.[109]
L'influence francaise etait preponderante dans le pays, surtout vers
la partie meridionale. Guerri de Metz s'empara de Saverne dont il fit
raser le chateau-fort, et a la mort de l'eveque de Verdun, Dadon,
Raoul donna l'eveche a un certain Hugues auquel Seulf confera la
pretrise[110]. Les Lorrains paraissaient accepter avec un certain
enthousiasme la souverainete bourguignonne, qui pouvait leur sembler
un acheminement vers l'autonomie et un retour a leur preponderance
ephemere de jadis, au temps du "royaume de Lothaire Ier".
Cependant Hugues et Herbert, secondes par l'archeveque de Reims Seulf,
avaient protege contre les Normands leurs domaines de la rive gauche
de l'Oise au moyen d'une armee de couverture. Il n'y eut pas de
rencontre decisive, mais des irruptions suivies de pillages, de chaque
cote. On finit par entamer des pourparlers ou les conditions d'une
paix definitive furent discutees: on parla d'etendre a l'ouest le long
de la mer, jusque vers le Cotentin, les limites du territoire concede
a Rollon, sur les deux rives de la Seine inferieure. Enfin un
armistice fut conclu jusqu'au milieu de mai 924. Les Normands
donnaient des otages, et en retour on achetait encore honteusement,
comme par le passe, leur inaction, moyennant un lourd tribut. L'argent
necessaire devait etre fourni a l'aide d'une sorte de taxe personnelle
extraordinaire (_pecunia collaticia_)[111].
Pourquoi ce retour aux anciennes humiliations, apres une campagne de
debut si brillante? Ce changement subit et un peu deconcertant au
premier abord parait du a la necessite ou etait Raoul d'en finir au
plus vite avec la question normande pour se trouver completement libre
d'agir en Aquitaine.
Tout le Midi, a peu d'exceptions pres, persistait dans son attitude
hostile a l'egard du nouveau roi et refusait absolument de le
reconnaitre. Raoul n'entendait pas renoncer a ses droits de
suzerainete et il voulait profiter, des le debut, de son succes sur
les Normands ainsi que du prestige que lui donnait la soumission
inesperee de la Lorraine, pour entrer en contact avec les opposants et
les contraindre par l'intimidation, ou au besoin par la force, a
l'obeissance.
L'armee royale entra si soudainement en campagne que le duc
d'Aquitaine, Guillaume II, eut a peine le temps d'organiser la
resistance. Le roi etait deja en Autunois, suivi d'innombrables
vassaux, et son avant-garde atteignait la Loire, quand Guillaume parut
sur la rive opposee. Ainsi les deux adversaires etaient en presence,
separes seulement par le cours du fleuve. Une telle situation etait
celle qu'a cette epoque on recherchait surtout pour les entrevues, par
mesure de securite: des negociations commencerent aussitot. Les
emissaires faisaient la navette d'une rive a l'autre. Le soir venu,
Guillaume se decida enfin, a la faveur de la nuit, a faire le premier
pas pour hater une solution. Muni d'un sauf-conduit, il passa le
fleuve et se rendit a cheval au camp de Raoul. Celui-ci l'attendait
egalement a cheval. Des que Guillaume fut en presence du roi, il sauta
en bas de sa monture, pour le saluer comme son suzerain, et Raoul lui
repondit en lui donnant l'accolade. Ce ceremonial symbolique ratifiait
l'echange prealable de promesses, et la conclusion definitive de la
paix fut remise a une seconde entrevue qui eut lieu le lendemain. La
condition mise par Guillaume a sa soumission etait la restitution du
Berry que Raoul avait occupe. Une suspension d'armes de huit jours fut
decidee pour permettre aux Aquitains d'approuver cet accord, et au
bout du delai, la paix fut conclue formellement et
definitivement[112].
Raoul parait alors avoir tenu a Autun, puis a Chalon, une veritable
cour pleniere, dont le role politique est certain, encore que nous
n'en ayons point de preuves materielles. La reine Emma etait venu le
joindre[113], avec un grand nombre de puissants feudataires francais,
l'archeveque de Reims, Seulf, les eveques de Troyes, Anseis[114], de
Soissons, Abbon (qui remplissait les fonctions de chancelier avec
Rainard pour notaire), le marquis Hugues, le comte Herbert de
Vermandois. Les vassaux bourguignons etaient naturellement au complet:
le frere du roi, Hugues, les comtes Walon et Gilbert, fils du comte
Manasses, les abbes de Saint-Martin d'Autun, Eimon[115], et de
Tournus, Herve[116], le prevot de Saint-Symphorien d'Autun,
Hermoud[117]. Plusieurs hauts personnages aquitains avaient en outre
accompagne le duc Guillaume, par exemple l'eveque du Puy Allard[118].
Enfin on vit venir le regent du royaume de Provence pour l'empereur
Louis l'Aveugle, Hugues, qui prit part aux discussions de cette sorte
de plaid[119].
Tous ceux qui s'etaient montres les premiers fideles a Raoul recurent
des liberalites. Herbert eut Peronne, qui devint sa principale
forteresse[120], Hugues recut le Mans, Seulf obtint de Hugues de
Provence, grace a l'intercession royale, la restitution des domaines
episcopaux situes en Lyonnais, dont Herve s'etait vu depouiller[121].
La presence de Hugues de Provence s'explique probablement par le desir
de conjurer au moyen d'une bonne entente toute cause de conflit
ulterieur avec le roi de France, a raison des pretentions possibles de
ce dernier a la suzerainete sur le royaume du sud-est: le mariage de
Boson, frere de Raoul, avec la propre niece de Hugues, Berthe, future
comtesse d'Arles et d'Avignon, scella cet accord. La confirmation par
Raoul des biens d'un monastere sis en Viennois et en Provence, a
Vaison et Frejus, ne prouve pas necessairement qu'il ait revendique
des droits sur ces pays, car souvent il arrivait qu'un abbe sollicitat
de plusieurs souverains la confirmation de ses titres, afin d'en
augmenter la force probante en cas de contestation[122].
Raoul ne distribuait pas seulement ses faveurs aux grands vassaux.
Toute une serie de diplomes de cette annee 924, donnes en Bourgogne en
faveur d'abbayes ou d'eglises, nous sont parvenus. Le premier, pour
Saint-Symphorien, est date d'Autun meme, le 29 fevrier[123]; les
suivants ont ete donnes a Chalon-sur-Saone. Le 6 avril, Saint-Martin
d'Autun obtenait la confirmation de ses privileges, avec de nouvelles
liberalites[124]. Le 8, l'eveque du Puy se faisait conceder, sur
l'intervention de Guillaume d'Aquitaine, comte de Velay, les droits
attaches au comte de la ville du Puy, notamment celui de battre
monnaie[125]. Le 9 enfin, le monastere de Tournus obtenait
confirmation de ses dependances situees en Chalonnais[126].
Si Raoul etait genereux envers ses vassaux fideles, il se montrait par
contre impitoyable a l'egard de ceux qui, par leur turbulence,
suscitaient des querelles intestines. Le vicomte d'Auxerre,
Rainard,--frere de l'ennemi du roi Robert, Manasses de Dijon,--qui
avait si souvent moleste les eveques de sa cite, s'etait permis, sans
motif apparent, d'occuper la forteresse de Mont-Saint-Jean[127], et
refusait de la rendre malgre toutes les sommations. Raoul intervint et
confia le siege de la place a un groupe de seigneurs bourguignons au
nombre desquels se trouvaient, avec son frere Hugues, les propres
neveux du rebelle: Walon et Gilbert de Dijon. Ces derniers, au bout de
quelque temps, purent decider leur oncle a envoyer son fils en otage
au roi. Ils intervinrent ensuite aupres de Raoul, pour que celui-ci
voulut bien recevoir Rainard et lui accorder un armistice. Le roi y
consentit et s'eloigna, laissant pour surveiller la place ceux qui
avaient echange les serments d'usage avec Rainard. Puis un peu plus
tard, dans le courant de l'annee, il revint et forca Rainard a
abandonner Mont-Saint-Jean, dont il reprit possession[128].
En Lorraine aussi, des luttes feodales avaient eclate. Gilbert se
brouilla avec son beau-frere Berenger, comte du _pagus Lommensis_, et
son propre frere Renier; il ouvrit ensuite la lutte contre eux et le
comte de Cambrai, Isaac, leur allie. Des pillages reciproques
s'ensuivirent. Comme le roi de Germanie etait retenu en Saxe par une
invasion hongroise, Gilbert chercha a se rapprocher de Raoul pour en
obtenir l'appui et envoya des deputes lui annoncer sa soumission. Mais
le caractere inconstant de Gilbert le rendait, au dire de l'historien
Flodoard, si suspect et si odieux a Raoul, que celui-ci ne voulut
tenir aucun compte de ces nouvelles propositions d'hommage. Un plaid
reuni a Attigny decida meme qu'une expedition serait faite en Lorraine
pour soumettre les seigneurs qui n'avaient pas encore reconnu la
suzerainete du nouveau roi[129].Malheureusement, sur ces entrefaites,
Raoul tomba gravement malade. Une amelioration passagere de son etat
fut suivie d'une rechute tellement violente qu'il se fit transporter
dans un etat presque desespere a Saint-Remy, pour implorer
l'assistance de l'apotre des Francs. L'idee de ce pelerinage est fort
interessante a examiner au point de vue psychologique: il est clair
que Raoul doutait un peu de la legitimite de sa royaute et qu'il
voulait calmer ses scrupules de conscience, en se mettant sous la
protection du saint dont il considerait l'archeveque de Reims comme le
mandataire, dans la ceremonie du sacre. Il est probable que l'exemple
recent de la mort de Robert le hantait. Aussi disposa-t-il par
testament de presque tous ses biens en faveur du monastere de
Saint-Remy et de diverses abbayes de France et de Bourgogne, n'en
reservant qu'une bien faible part a la reine Emma[130].
Au bout de quatre semaines, sa guerison etait complete, mais il
n'etait pas encore suffisamment retabli pour entreprendre une campagne
en Lorraine. Henri l'Oiseleur etait aussi, a son tour, tombe malade
sur les frontieres slaves, dans le courant de l'ete. L'occasion eut
ete extremement favorable, mais Raoul avait encore besoin de repos. De
Reims il se rendit d'abord a Soissons, puis en Bourgogne[131].
Avant son depart, il avait charge Hugues, Herbert et Seulf de conclure
la paix projetee avec les Normands. Ceux-ci profiterent de
l'incapacite de rien entreprendre, ou se trouvait alors le roi, pour
se montrer exigeants. Ils demanderent a nouveau l'extension de leur
fief "outre Seine" et Hugues dut se resigner a leur abandonner le
Maine qu'il venait de recouvrer et le Bessin[132]. A ce prix ils
consentirent a conclure une paix definitive ... au moins en
apparence[133].
Vers ce temps-la, en octobre 924, un synode fut reuni a Trosly[134]
pour juger le differend survenu entre le comte de Cambrai, Isaac, et
son eveque Etienne. Isaac etait alle jusqu'a prendre et incendier un
chateau episcopal. Le clerge remois s'en emut, et le synode ou furent
admis plusieurs pairs laiques du comte de Cambrai, notamment le comte
de Vermandois, contraignit Isaac a s'amender et a faire publiquement
penitence[135]. Quand les fonctions civiles et ecclesiastiques
n'etaient pas reunies entre les memes mains, le clerge avait le plus
souvent, grace a sa discipline, le dernier mot dans la lutte contre
les seigneurs, toujours rivaux entre eux.
Cette meme annee, une horde de Hongrois passa les Alpes, apres avoir
pille l'Italie et brule Pavie (le 12 mars). Le roi de Bourgogne
Rodolphe II et Hugues de Provence ne purent arreter les envahisseurs,
mais ils les harcelerent en les suivant a distance et reussirent a les
cerner un instant dans les defiles alpestres. Parvenus a s'echapper,
les Hongrois passerent le Rhone et se rendirent en Gothie. Une
epidemie de dysenterie se declara fort a propos dans leurs rangs, et
le comte de Toulouse, Raimond-Pons III n'eut pas de peine a disperser
et a achever les debris de leurs bandes[136].
Roegnvald, chef des Normands de la Loire, avait pris part aux
expeditions conduites en France par les Normands de la Seine. La
raison de cette hostilite persistante ne ressort pas clairement des
textes, mais il semble bien que ce soit la non-execution des promesses
de cession du comte de Nantes et de la Bretagne faites par Robert en
921[137]. Celui-ci avait effectivement cede ces pays a Roegnvald: or
cette apparente liberalite n'avait pas eu de resultat. Il est evident
qu'en abandonnant la Bretagne ou l'une de ses parties, Robert n'avait
renonce qu'a des droits theoriques contestables, puisqu'il ne
possedait point ce pays, et sa mort survenue sur ces entrefaites avait
acheve de reduire a neant la valeur problematique de ses promesses. La
comparaison avec les Normands de la Seine qui, eux, avaient su non
seulement obtenir mais accroitre la donation de Charles le Simple,
decida vraisemblablement la reprise des hostilites. Exclu des
negociations grace a l'habilete des seigneurs francais, Roegnvald,
mecontent de ses echecs successifs, voulut une revanche eclatante.
A la tete d'une nombreuse armee, il remonta le cours de la Loire en
pillant la rive gauche du fleuve. Les deux seigneurs riverains, Hugues
et Guillaume, craignant pour leurs possessions, entrerent, chacun
separement, en pourparlers avec lui. Ces negociations sont obscures.
Il semble que le viking se soit contente d'exiger le libre passage a
travers des pays deja epuises pour se rendre dans la riche Bourgogne,
encore intacte, dont le duc-roi s'etait montre naguere un ardent
antagoniste des Normands de la Seine et avait porte la guerre sur leur
territoire. Son but parait avoir ete de montrer a l'"usurpateur" Raoul
que si les Normands de la Seine avaient accepte de deposer les armes,
lui, Roegnvald, n'ayant point recu satisfaction, n'etait nullement
dispose a imiter leur exemple, qu'il entendait faire cherement payer
sa retraite et que l'eloignement de la Bourgogne ne suffisait pas pour
la mettre a l'abri des represailles normandes.
La temerite d'une pareille tentative explique peut-etre la facilite
avec laquelle Hugues et Guillaume laisserent l'ennemi se diriger, sans
l'inquieter, sur la Bourgogne, en l'absence de Raoul, alors retenu
dans la France du nord. Il est surprenant que ces deux puissants
vassaux se soient resolus par egoisme et indifference, a laisser
piller les domaines de leur suzerain. Il faut peut-etre supposer une
tactique de leur part pour tendre un piege aux Normands; sinon on ne
pourrait y voir qu'une lachete contraire a leurs devoirs feodaux. On
en jugera d'ailleurs par ce qui suivit.
Tandis que Roegnvald penetrait dans la Bourgogne, pillant tout sur son
passage, les comtes Garnier de Sens, Manasses de Dijon, avec les
eveques Josselin de Langres et Anseis de Troyes, prevenus peut-etre
sous main par le marquis Hugues, avaient rassemble leurs vassaux. Ces
seigneurs se porterent a la rencontre des Normands qui se retiraient
vers la France du nord, charges de butin. Le choc eut lieu sur les
confins du Gatinais, a Chalmont, le 6 decembre. La lutte fut acharnee.
Il s'agissait pour les Normands d'assurer leur retraite, et les
Bourguignons etaient decides a leur faire expier les ravages qu'ils
avaient faits chez eux. Huit cents Normands resterent, dit-on, sur la
place. Du cote bourguignon, le comte Garnier ayant eu son cheval tue
sous lui fut pris et mis a mort. Enfin l'eveque Anseis, qui se battait
vaillamment a la tete de ses gens, fut grievement blesse. Le reste de
l'armee normande continua vers le nord jusqu'aux rives de la Seine,
puis s'arreta pour camper, probablement dans la region voisine du
confluent de l'Ecole[138].
Dans l'intervalle, le roi Raoul completement retabli, mis au courant
de ce qui se passait, n'avait pas perdu un instant. Ayant reuni a la
hate les vassaux de l'eglise de Reims, il les entraina a sa suite avec
l'eveque de Soissons, Abbon, quelques autres amis devoues et meme
Herbert de Vermandois, qui resta prudemment a l'arriere-garde,
toujours pret a tirer parti des evenements. Des qu'il s'approcha de la
Bourgogne, de nombreux hommes d'armes vinrent du duche remplir aupres
de lui leur service d'ost. Il marcha avec ces forces directement vers
le camp ennemi et un combat s'engagea aussitot entre les fantassins
des contingents francais et les Normands, qui s'etaient avances a
leur rencontre. Pendant l'action, l'avant-garde francaise, la premiere
ardeur passee, s'apercut que le gros de l'armee qui entourait le roi
ne bougeait pas et que personne n'y mettait pied a terre pour
combattre. Les Normands, d'autre part, faiblissaient, apres quelques
pertes, et se trouvaient contraints de regagner leurs retranchements.
L'avant-garde francaise se retira alors jusqu'a environ deux ou trois
milles des lignes ennemies et s'etablit en cercle d'investissement
tout autour. D'autre part, Hugues etait sur la rive opposee de la
Seine et y avait pris position juste en face des Normands. La
situation de ceux-ci semblait desesperee. On attendait seulement les
bateaux qui devaient venir de Paris pour les attaquer de toutes parts
et donner l'assaut a leur camp, meme du cote du fleuve. La lutte
promettait d'etre decisive Roegnvald etait pris au piege ou sa temerite
l'avait conduit. Mais les assiegeants perdirent trop de temps a
attendre les navires parisiens qui ne venaient pas. Tout a coup le
ruse Normand sortit de son camp sans etre apercu, parvint a traverser
par surprise les lignes ennemies, ou il avait pu pratiquer des
intelligences, et gagnant une foret voisine, reussit a s'evader avec
tous les siens[139].
Ainsi Roegnvald sut eviter par un coup d'audace, que la lenteur des
operations des coalises rendit possible, la sanglante defaite ou la
honteuse capitulation a l'une ou a l'autre desquelles il paraissait
irremediablement accule. Et maintenant l'aventureux et habile viking
gagnait rapidement les bords de la Loire, a travers la foret
d'Orleans, avec les survivants de ses intrepides guerriers, echappes
comme par miracle du cercle de fer dont ils avaient ete un instant
entoures.
Les coalises stupefaits de la soudainete de cette fuite ne se
hasarderent pas a poursuivre dans les bois un ennemi brave jusqu'a la
temerite, satisfaits de lui avoir inflige de tres serieuses pertes et
une terrible lecon.
Peut-etre est-ce au cours de cette retraite memorable que les
sectateurs d'Odin penetrerent dans l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire.
Le continuateur d'Aimoin raconte, en effet, sans donner de date, que
les moines s'enfuirent lors du passage de Roegnvald, emportant leurs
precieuses reliques. Le recit des scenes de sauvagerie qui se
deroulerent dans le monastere pendant le sejour qu'y fit Roegnvald,
celui de sa vision et du chatiment final qui l'atteignit a son retour,
ont ete consignes en termes emus dans les ecrits monastiques[140]. On
conserva longtemps, a Saint-Benoit, le souvenir de l'etrange abbatial
du celebre viking: on donna meme son nom a une tete d'homme, en
marbre, encastree dans la muraille septentrionale de l'eglise[141].
La dislocation de l'armee des coalises eut lieu rapidement. Elle etait
complete des le mois de fevrier. En mars, Gilbert de Lorraine entama
des pourparlers avec les seigneurs francais malgre son echec de
l'annee precedente[142]. Il eut une entrevue avec Herbert qui etait
l'ame de ces negociations, et celui-ci reussit a gagner de nouveau le
marquis Hugues. Sur les instances de ces puissants vassaux, le roi
Raoul consentit enfin a recevoir l'hommage de Gilbert. Il en fixa le
lieu a Cambrai, au cours d'un plaid qu'il y devait tenir.
Pour des motifs inconnus,--peut-etre des raisons de mefiance ou
d'amour-propre,--les Lorrains ne parurent pas a Cambrai, et il fallut
que Raoul s'avancat a leur rencontre jusqu'a la Meuse La ceremonie de
l'hommage eut lieu sur les rives du fleuve, et Otton, fils de Ricoin,
lui-meme, l'ennemi de Boson, jura fidelite au frere de son adversaire.
Seuls les archeveques de Treves et de la cite lointaine de Cologne
continuerent de s'abstenir[143]. C'etait la seconde fois depuis le
commencement du siecle, qu'un roi de France recevait la soumission
effective du duche de Lorraine.
Raoul dut presque aussitot quitter precipitamment le pays. Les
Normands de la Seine rompirent le traite conclu en 924, soit excites
par Roegnvald lui-meme, soit simplement desireux de venger une defaite
normande par laquelle ils pouvaient se considerer comme moralement
atteints, et ils profiterent de l'absence momentanee de Raoul. Ils
envahirent tout a coup l'Amienois et le Beauvaisis. Amiens fut menace,
et bientot un terrible incendie s'y declara par suite de l'imprudence
des habitants, trop presses de fuir. Arras subit le meme sort. A Noyon
se produisit une veritable resistance: les bourgeois, avec l'aide des
habitants du faubourg incendie, entreprirent une sortie qui leur valut
la reprise d'une partie du faubourg[144].
Mais durant ces brigandages, le territoire des Normands, situe sur les
rives de la Seine, fut tout a coup envahi, des deux cotes a la fois,
par les habitants du Bessin et ceux du Parisis, vassaux de Hugues le
Grand. Le Vexin et une partie du Roumois furent pilles et incendies.
Cette heureuse diversion produisit le resultat attendu. Les Normands
retournerent en hate a la defense de leurs foyers. Herbert venait
d'ailleurs d'apparaitre sur les bords de l'Oise avec quelques
cavaliers reunis a grand'peine, a cause de la rarete du fourrage, et
il occupait une position fortement retranchee de maniere a barrer a
l'ennemi l'entree de ses domaines.
Dans leur retraite, les Normands furent poursuivis et harceles par le
comte de Ponthieu Helgaud et d'autres seigneurs des regions cotieres
septentrionales[145].
En quittant la Lorraine, Raoul s'etait rendu a Laon, ou le 6 avril,
sur la demande du comte Roger, il confirma a l'abbaye de Saint-Amand
les donations de ses predecesseurs[146], puis il avait gagne la
Bourgogne: le 30 mai il s'arretait a Arciat, sur la Saone, avec
Josselin, eveque de Langres, et le comte Manasses, pour renouveler les
concessions de ses predecesseurs a Saint-Benigne de Dijon[147], et au
mois de juillet, a Autun, ou il conceda par la tradition du couteau,
sur la demande de sa mere Adelaide et de son vassal Unizon, le fief de
son fidele Adon aux chanoines de Saint-Symphorien d'Autun, pour le
donner en precaire a son fidele Aldric[148].
Il se hata de reunir ses vassaux bourguignons, que l'idee d'une
revanche contre les Normands devait necessairement seduire, et il
proclama le ban et l'arriere-ban, c'est-a-dire la levee en masse, par
toute la France, de maniere a porter un coup decisif aux anciens
pirates, voisins turbulents, encore peu accoutumes a la vie
sedentaire. Cette fois de nombreuses recrues vinrent des pays
maritimes du nord: les comtes Helgaud de Ponthieu, Allou de Boulogne
et a leur tete Arnoul, marquis de Flandre. Herbert amena les vassaux
de l'eglise de Reims qu'il commandait[149]
Cependant Rollon avait pris des mesures pour resister a l'invasion de
ses domaines, en renforcant de mille hommes envoyes de Rouen la place
d'Eu, situee pres de la mer, aux extremes confins septentrionaux.
C'est en effet sur ce point que se concentrerent les premiers efforts
de l'attaque. D'apres Richer, le roi Raoul dirigeait en personne les
combattants[150]. Les ouvrages avances furent vite enleves et les murs
d'enceinte pris d'assaut. Enfin le chateau fort lui-meme tomba au
pouvoir des Francais. Ceux-ci avides de vengeance et decides a mettre
fin, par un exemple, aux entreprises de leurs infatigables
adversaires, incendierent la place et passerent au fil de l'epee toute
la population male. Quelques Normands parvinrent toutefois a
s'echapper et se refugierent dans une petite ile de la Brele, voisine
du rivage. Les Francais les y poursuivirent, s'emparerent de l'ile
avec plus de peine encore que de la place d'Eu et commencerent un
nouveau massacre. Les derniers survivants, perdant tout espoir, apres
avoir defendu vaillamment leur vie, se jeterent a l'eau: plusieurs
furent engloutis par les flots et ceux qui nagerent jusqu'a la terre
ferme furent tues en abordant au rivage. Plusieurs enfin voyant qu'on
ne leur faisait point quartier se donnerent eux-memes la mort, selon
la coutume scandinave, pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi[151].
L'extreme ferocite de cette guerre s'explique par l'etat
d'exasperation ou en etaient arrivees des populations si longtemps
eprouvees par les fureurs devastatrices d'un ennemi rapace, cruel et
insaisissable. La conquete de Rollon etait serieusement menacee. Les
Francais a leur tour s'emparerent d'un enorme butin, mais ils ne
pousserent pas plus avant. Raoul etablit son camp en Beauvaisis avec
les Bourguignons et le marquis Hugues, de maniere a proteger le pays
contre tout essai de revanche[152].
A quelque temps de la, vers la fin d'aout, Hugues, de retour a Paris,
conclut avec les Normands un accord, dans le genre de celui de 924,
afin d'assurer l'integrite de ses domaines: il avait a craindre des
represailles contre les habitants du Bessin et du Parisis. Personne ne
devait etre bien sincere dans ces negociations. Hugues ne pouvait se
meprendre sur les intentions des Normands: ils voulaient s'assurer le
calme dans leurs foyers pour exercer leur vengeance contre Arnoul de
Flandre, Helgaud et les Francais du nord dont ils avaient eu tout
particulierement a souffrir dans la derniere affaire. Ils stipulerent
donc que les domaines des fils de Baudoin II le Chauve, Arnoul de
Flandre et Allou, comte de Boulogne-Terouanne, de Raoul de Gouy et
d'Helgaud de Ponthieu, resteraient en dehors de l'arrangement. Ils
n'avaient pas eu de peine a ranimer la rivalite latente entre Hugues
de France et les puissants feudataires flamands, arriere-petits-fils
de Charles le Chauve par leur grand'mere paternelle Judith, mais il
etait evident qu'aussitot apres l'expedition projetee contre ces
derniers, viendrait le tour des vassaux du duc de France[153].
La defaite des Normands a Eu, suivant de pres l'echec de Roegnvald a
Chalmont, fit renaitre un peu de confiance parmi les populations. Les
communautes monastiques, qui s'etaient enfuies devant les
envahisseurs, reprirent avec leurs reliques, le chemin de leurs
monasteres abandonnes: ainsi les moines de Saint-Maur-des-Fosses[154]
et de Saint-Berchaire ou Montierender[155]. Les premiers etaient deja
revenus du Lyonnais vers le 23 aout. Raoul avait temoigne une
bienveillance toute speciale a l'egard des moines de Montierender, en
leur accordant asile et protection dans son duche. Il s'etait assure
ainsi leur appui, qui lui avait deja servi lors de son elevation au
trone; et en les rapatriant, il acquit de nouveaux titres a leur
reconnaissance.
Tandis que la lutte contre les Normands etait poussee avec vigueur, le
roi de Germanie, Henri, franchissant le Rhin, avait enleve de vive
force aux hommes de Gilbert la forteresse de Zuelpich et s'etait
bientot retire apres s'etre fait livrer des otages par le duc[156]. De
retour en Lorraine, vers la fin de l'annee, il parvint a decider tous
les feudataires a lui preter l'hommage[157]. Seul l'eveque de Metz,
Witger, fit quelque resistance, mais il fut contraint par la force a
se soumettre[158].
Le propre frere de Raoul, Boson, fut oblige de faire comme les autres
et de reconnaitre la suzerainete du roi de Germanie. A Verdun l'eveque
Hugues, installe par Raoul, dut ceder son poste a Bernoin, neveu de
l'eveque Dadon: ce remplacement ne pouvait etre qu'agreable aux
Lorrains, puisque Bernoin appartenait a une famille indigene[159].
Le changement si subit survenu en Lorraine, a la suite de la prise de
Zuelpich, un an a peine apres une soumission en apparence definitive,
doit s'expliquer par l'absence trop prolongee du roi et son
incapacite, en face du peril normand, d'affermir son pouvoir en un
pays ou le regime feodal, deja fortement implante, rendait toute
souverainete presque illusoire, ou toute menace un peu serieuse devait
necessairement amener des defections.
Ces evenements arrives avec une rapidite prodigieuse deciderent pour
un certain temps du sort de la Lorraine. Desormais le nom du roi de
Germanie apparaitra d'une facon constante dans les dates des actes
passes en la region. Il ne faudrait pas, cependant, aller jusqu'a
dire, comme on l'a fait[160], que la Lorraine est des lors, sous
Gilbert, fils de Renier Ier et gendre d'Henri Ier, un "duche allemand"
rattache pour de "longs siecles" a la Germanie. Les evenements du
regne de Louis d'Outre-Mer et de Lothaire donnent un dementi a ces
generalisations un peu trop absolues.
Au moment ou Raoul aurait eu besoin de toute sa liberte pour agir au
dehors, son attention fut retenue par l'affaire de l'archeveche de
Reims, qui devait etre par la suite grosse de consequences au point de
vue de la situation interieure du royaume. Seulf vint a mourir
subitement le 1er septembre 925, et le bruit courut qu'il etait
victime du poison du comte de Vermandois[161]. Il avait, en effet,
commis l'imprudence de promettre sa succession au plus jeune des fils
d'Herbert, Hugues, un enfant en bas age. Seulf laissait le souvenir
d'un homme de haute valeur intellectuelle: disciple du celebre Remy
d'Auxerre, il etait verse dans toutes les connaissances de son
temps[162]. Il avait recu du pape confirmation de ses prerogatives
metropolitaines, et s'etait montre fort apte a remplir les multiples
devoirs de prelat feodal, tout ensemble ecclesiastiques et laiques:
ainsi il avait fortifie Saint-Remy en meme temps qu'embelli la
cathedrale de Reims[163], et plus d'une fois, quittant l'office,
s'etait mis a la tete des vassaux de l'eglise pour les conduire a
l'ost du roi. Quoique tombe sous la dependance d'Herbert, des la
premiere annee de son pontificat, il avait toujours fait montre d'un
loyalisme a toute epreuve envers Raoul.
Aussitot la nouvelle connue, Herbert parut a Reims, ou il avait des
intelligences parmi les vassaux et les clercs du diocese. Grace a
l'appui de l'eveque de Soissons, Abbon, et a celui de l'eveque de
Chalons, Beuves, il fit elire comme successeur designe de Seulf,
Hugues, son fils, age de cinq ans a peine, puis il alla trouver Raoul,
en Bourgogne, et se fit charger par lui de l'administration
interimaire du temporel de l'archeveche[164]. Le roi avait mis comme
premiere condition a son assentiment le respect des personnes et des
biens de l'eveche, et s'etait refuse a reconnaitre Hugues comme
regulierement intronise, tant qu'il n'aurait pas atteint l'age
necessaire pour recevoir l'ordination canonique. Abbon se rendit a
Rome, afin de solliciter du pape Jean X son approbation generale pour
les actes d'Herbert, et pour lui-meme l'investiture provisoire des
fonctions archiepiscopales, en qualite de vicaire. Il l'obtint[165].
Tout cedait devant l'habilete puissante du comte de Vermandois. Il y
eut cependant quelques mecontents. L'historien Flodoard fut de leur
nombre et cela lui couta la prebende qu'il avait recue de l'archeveque
Herve. D'autres recalcitrants furent traites encore plus mal. Herbert
n'hesita pas a user de violence, meme vis-a-vis du clerge, et deux
ecclesiastiques furent tues par ses gens au cours des troubles, dans
le cloitre des chanoines[166].
D'autre part, les Normands ne tarderent pas a vouloir tirer vengeance
de l'effroyable massacre d'Eu. Ils ravagerent avec leur flotte le
littoral du Boulonnais, concentrerent une nouvelle armee et envahirent
l'Artois. Raoul se tenait encore sur ses gardes. Il opera sa jonction
avec Herbert et les seigneurs des regions cotieres du nord, et reussit
a cerner l'ennemi non loin, semble-t-il, de Fauquembergue[167].
Malheureusement l'armee francaise avait ete obligee de se diviser. Une
nuit les Normands, a la faveur de l'obscurite, sortirent soudain du
defile boise, ou ils se trouvaient enfermes, et vinrent fondre a
l'improviste sur le camp royal. Plusieurs tentes furent brulees et le
roi faillit etre pris. Herbert, qui campait a quelque distance, sut
accourir juste a point pour temoigner un devoument interesse a son
suzerain, et les agresseurs furent repousses apres une lutte acharnee,
ou ils laisserent onze cents morts sur la place. Les Francais de leur
cote furent grandement eprouves: le vaillant comte de Ponthieu,
Helgaud, perit dans la melee, et le roi Raoul lui-meme grievement
blesse fut contraint de regagner Laon. Malgre leur echec, les Normands
purent ainsi pousser leurs devastations jusqu'aux confins de la
Lorraine, en Porcien[168].
Vers le meme temps, aux environs de Paques, les Hongrois rodaient pres
de la, dans le pays de Voncq[169], ou ils auraient pu se rencontrer
avec les Normands. A leur approche, les habitants et le clerge
desertaient les campagnes, les moines cherchaient avec leurs reliques
un refuge a l'abri des murailles romaines des cites episcopales de
Metz, Toul et Reims, ou encore dans des lieux inaccessibles, fortifies
par la nature. Ainsi furent portees a Reims les reliques de saint Remy
et de sainte Vaubourg d'Attigny. Les Hongrois jeterent dans l'est la
meme terreur que les Sarrasins dans le midi ou les Normands dans
l'ouest: le pillage des riches monasteres et des campagnes
florissantes, jusque-la epargnes, fut considere par les populations
comme un chatiment celeste [170].
Les difficultes s'etaient accumulees autour de Raoul avec une
incroyable rapidite. Lui blesse, et par consequent condamne pour un
temps assez long au repos, les Normands et les Hongrois livraient au
pillage les environs de Laon et de Reims. Enhardi par les embarras
d'un suzerain qu'il n'avait reconnu que contraint et force, le duc
d'Aquitaine fit defection. Un de ses freres, probablement Affre, se
jeta sur Nevers et y prit une attitude telle que Raoul, craignant pour
son duche de Bourgogne [171], se hata de transiger avec les Normands:
il leur acheta la paix moyennant une forte indemnite reunie a l'aide
d'un impot special (_exactio pecuniae collaticiae_) leve sur la
France septentrionale et la Bourgogne. Les Hongrois disparurent
heureusement, aussi vite qu'ils etaient venus.
A peine remis de sa blessure, Raoul prit le commandement d'une armee
franco-bourguignonne, et, accompagne d'Herbert de Vermandois, se
dirigea sur Nevers. Il ne s'y attarda pas, se bornant a se faire
livrer des otages [172], car son objectif etait avant tout la
soumission de Guillaume d'Aquitaine. Il penetra sur les domaines de ce
dernier et le harcela sans treve, jusqu'a ce que la nouvelle d'un
retour offensif des Hongrois vint le contraindre a se replier sur son
duche. Ces envahisseurs passaient avec la rapidite d'un ouragan. Il
etait presque impossible de les atteindre pour les combattre: pendant
deux annees consecutives ils reparaissent, sans qu'il soit question
d'une seule rencontre dans les textes [4].
Raoul sejourna le 10 decembre a Sens, ou a la priere du comte de
Troyes, Richard, et de l'eveque Anseis, il confirma les privileges et
possessions de l'abbaye de Montieramey[174].
Il traversait une periode d'echecs. Un mariage de son beau-frere
Hugues lui profita plus que ses expeditions indecises: le duc de
France epousa Eadhild, fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi des
Anglo-Saxons, la propre soeur d'Ogive, femme de Charles le
Simple[175]. Cette alliance avait certainement un caractere politique:
Hugues, par cette union princiere, se posait nettement en rival
d'Herbert pour recueillir la succession eventuelle de Raoul. L'appui
des Anglo-Saxons lui etait desormais assure et par suite, a Raoul,
contre Herbert, le geolier de Charles le Simple. Dans une curieuse
precaire du chapitre de Saint-Martin de Tours, ou l'on voit paraitre a
la fois l'abbe Hugues et sa soeur la reine Emma, la date donnee
d'apres le calcul des annees du regne de Raoul porte la mention de la
captivite de Charles[176]. Il semble que ce soit la l'indice d'une
detente et d'un revirement en faveur du Carolingien.
FOOTNOTES:
[Footnote 87: Widukind, _Rev. gestar. saxonicar._, 1. I, c. 33 (ed.
Waitz, p. 26). On peut se demander si les reliques de saint Denis,
dont il est ici question, ne sont pas a identifier avec celles qui ont
ete conservees a Saint-Erameran de Ratisbonne au XIe siecle. Cf.
Lauer, _Le tresor du Sancta Sanctorum_ (_Monuments Piol_ publ. par
l'Acad. des Inscr., t. XV, 1906, p. 126).]
[Footnote 88: Il s'agit peut-etre du comte de Senlis de ce nom, qu'on
voit figurer dans le _De Moribus_ de Dudon de Saint-Quentin,
precisement avec un role de diplomate. Voy. _Le regne de Louis IV
d'Outre-Mer_, p. 5, n. 2.]
[Footnote 89: Richer, _Hist._, 1, 47.]
[Footnote 90: Les rares details que nous ayons sont fournis par les
sources suivantes: Flod., _Ann._, a. 923; Richer, I, 47; Rodulf.
Glaber, I, 1, Sec. 5 (ed. Prou, p. 6-7); Folcuin, _Gesta abbat. Sith._,
c. 101 (_M.G.h., Scr._, XIII, 625-626). La legende apparait dans
l'_Hist. Walciodor. mon._, c. 5 (ibid., XIV, 507), et Jocundus,
_Translatio S. Serratii_, c. 14 (ibid., XII, 99). Les autres textes
mentionnent le fait en l'appreciant parfois severement. Ce sont, dans
l'ordre de publication des _Monumenta Germaniae historica: Domus
carolingicae genealogia; Ann. S. Maximi Trerer._, a. 923; _Ann.
Laubiens._, a. 922; _Ann. Leod._, a. 922; _Ann. Elnon. min._, a. 922;
_Ann. Blandin._, a. 922; Hugues de Flavigny, _Chron.; Genealogia
comitum Buloniensium; Hist. Francor. Senon.; Miracula S. Benedicti_;
Hugues de Fleury, _Modernor. reg. actus_, c. 3; _Ann. Lobienses_, a.
924; _Genealogiae Karolorum; Ann. Prum._, a. 923; _Ann. S. Quintini
Verom._, a. 923; Aubry de Trois-Fontaines, Chron. (_M.G.h., Scr._, II,
312, IV, 6, 16; V, 19 et 25; VIII, 358; IX, 300, 366, 375, 381; XIII,
232, 247, 251, 252; XV, 1292; XVI, 507; XXIII, 757). Citons encore
pour memoire: Odoran, Chron. (_Recueil des histor. de France_, VIII,
237); _Magnum_ et _Breve Chron. Turon._, a. 922 (ed. Salmon, p. 110 et
184). Widukind (I, 29) fait une confusion en attribuant a Hugues la
prise de Charles. Cf. Thietmar, I, 13 (_M.G.h., Scr._, III, 741).]
[Footnote 91: _Ann. Einsidlenses_ (_M.G.h., Scr._, III, 141); _Ann.
Floriac. breves_ (ibid., XIII, 87); _Breve Chron. Tornacense (Recueil
des historiens de France_, VIII, 285), etc. Voy. la note precedente.]
[Footnote 92: Voy. _Appendice_ et _Le regne de Louis IV d'Outre-Mer_,
p. 94.]
[Footnote 93: Rappelons brievement les circonstances: Pepin d'Italie,
fils aine de Charlemagne, laissa un fils, Bernard, qui revendiqua
l'empire contre son oncle Louis le Pieux. Au moment ou ce dernier
marchait sur l'Italie pour le chatier, des emissaires envoyes par
l'imperatrice Ermenjart persuaderent a Bernard de passer en France en
lui promettant sous serment toute surete pour sa personne. Bernard,
suivi de ses complices, alla trouver l'empereur a Chalon-sur-Saone et
implora a genoux son pardon. On le conduisit a Aix-la-Chapelle, ou son
proces fut instruit et juge. Bernard fut condamne a mort, mais Louis
commua la peine en privation de la vue. Ce terrible arret fut execute
si brutalement que trois jours apres Bernard expira (le 17 avril 818)
a 19 ans, laissant un fils, Pepin, qui fut pere d'Herbert Ier, comte
de Vermandois.]
[Footnote 94: G. Valat, _Poursuite privee et composition pecuniaire
dans l'ancienne Bourgogne_ (Dijon, 1907, in-8 deg.); Ch. Petit-Dutaillis,
_Les moeurs populaires et le droit de vengeance dans les Pays-Bas au
XVe siecle_ (Paris, 1909, in-8 deg.).]
[Footnote 95: Ce sont peut-etre aussi ces droits eventuels de la
maison de Vermandois a l'empire qui ont empeche le roi de Germanie de
soutenir la candidature d'Herbert II au trone.]
[Footnote 96: Richer, _Hist._, II, 73 (ed. Waitz, p. 75): "Me vero
parvum in fasciculo farraginis a meis dissimulatum in partes
transmarinas et prope in Rifeos fugere compulit."]
[Footnote 97: Witger, _Geneal. Arnalfi_ (_M.G.h., Scr._, IX, 303).
Voy. _Le regne de Louis IV d'Outre-Mer_, p. 10.]
[Footnote 98: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 99: Flod., _Ann._, a. 928; _Hist. eccl. Rem._, IV, 21;
Richer, I, 54.]
[Footnote 100: Flod., _Ann._, a. 924; _Necrolog. Modiciense_;
Liudprand, _Antapodosis_, II, 71 (ed. Duemmler, p. 52, n. 2).]
[Footnote 101: Voy. plus haut, p. 2.]
[Footnote 102: Voy. Flod., _Ann._, a. 923, ed. Lauer, p. 15, n. 4 et
p. 46, n. 1.]
[Footnote 103: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 104: Flod., ibid.]
[Footnote 105: L'Alsace faisait encore partie du royaume de Lorraine.
Cf. Parisot, _Le royaume de Lorraine_, p. 592-593.]
[Footnote 106: Flod., ibid.]
[Footnote 107: Flod., ibid.; Hugues de Flavigny, _Chron._, a. 923
(d'apres Flodoard).]
[Footnote 108: C'est le propre frere de Raoul, Boson, qui avait tue
Ricoin malade dans son lit, le 14 mars 923, pour s'emparer de Verdun.
Parisot, _Le royaume de Lorraine_ (Paris, 1899), pp. 663 et 667. Le 19
septembre 923, Raoul etait encore reconnu comme roi a Toul, ainsi que
le prouve une charte de l'eveque Josselin (_Mem. de la Soc. d'archeol.
lorr._, XII, 133; Parisot, _op. cit._, p. 662, n. 5); mais il resulte
d'une autre charte du meme qu'Henri Ier, y fut reconnu entre le 16
octobre 923 et le 14 octobre 924 (Bibl. de Nancy, ms. 77, fol. 42;
Calmet., _Hist. de Lorraine_, 1re ed., I, pr., col. CCCXIV). Cf. J.
Depoin, _Etudes sur le Luxembourg a l'epoque carolingienne_ (extr. de
_Ons Hemecht_, annee 1909).]
[Footnote 109: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 110: Flod., ibid.]
[Footnote 111: Flod., _Ann._, a. 923.]
[Footnote 112: Flod., _Ann._, a. 924.]
[Footnote 113: Elle intervient dans un diplome du 6 avril 924 en
faveur de Saint-Martin d'Autun. Bulliot, _Essai hist. sur l'abbaye de
Saint-Martin d'Autun_ (Autun, 1849), I, p. 164; 11, p. 24, no 10.]
[Footnote 114: Il figure comme impetrant avec Adson dans un diplome du
29 fevrier 924, en faveur de Saint-Symphorien d'Autun. Thiroux, _Hist.
des comtes d'Autun_, p. 118.]
[Footnote 115: Cf. Bulliot, _loc. cit._]
[Footnote 116: Chifflet, _Hist. de l'abbaye de Tournus_, p. 275;
Poupardin, _Monuments de l'histoire des abbayes de Saint-Philibert_
(Paris, 1905, in-8), p. 120, no 27.]
[Footnote 117: Cf. Thiroux, _loc. cit._]
[Footnote 118: _Hist. de Languedoc_, nouv. ed., V, p. 146, n deg. 49.]
[Footnote 119: Flod., _Ann._, a. 924. Diplomes de Raoul dates d'Autun,
le 29 fevrier, et de Chalon, les 6, 8 et 9 avril 924. _Recueil des
historiens de France_, IX, 562-565.]
[Footnote 120: Flod., _loc. cit._; Em. Coet, _Hist. de la ville de
Roye_, t. I, p. 32.]
[Footnote 121: Flod., _Ann._, a. 924.]
[Footnote 122: Diplome du 6 avril 924. _Recueil des historiens de
France_, IX, 563; Bulliot, _Essai sur l'abbaye de Saint-Martin
d'Autun_, I, 164; II, 24. Sur le mariage de Boson, voy. G. de
Manteyer, _La Provence du premier au douzieme siecle_ (Paris, 1908,
in-8), p. 158-159; Poupardin, _Le royaume de Bourgogne_, p. 59, 69 et
282, n. 5; du meme, _Le royaume de Provence_, p. 232, 240, 338 et
394.]
[Footnote 123: _Recueil des historiens de France_, IX, 562; _Gall.
christ._, IV, instr., 372; Thiroux, _loc. cit._]
[Footnote 124: _Rec. des histor. de Fr._, IX, 563, et Bulliot, _loc.
cit._]
[Footnote 125: _Recueil des historiens de France_, XI, p. 564, et
_Hist. de Languedoc_, nouv. ed., V, p. 146, n deg. 49; VIII, 387, 416
(_Numismatique de la province de Languedoc_). Les monnaies episcopales
porterent le nom de Raoul.--Cf. M. Prou, _Catal. des monnaies
francaises de la Bibliotheque nationale. Les monnaies carolingiennes_
(Paris, 1896), p. Lvi, Lxx, 107 (n deg. 772).]
[Footnote 126: Ibid., p. 565, et Chifflet, _Hist. de Tournus, loc.
cit._]
[Footnote 127: Cote-d'Or, arr. de Beaune, cant. de Pouilly-en-Auxois.]
[Footnote 128: Flod., _Ann._, a. 924, passim.]
[Footnote 129: Flod., _Ann._]
[Footnote 130: Flod., ibid., a. 924.]
[Footnote 131: Flod., ibid.]
[Footnote 132: Le comte du Maine semble avoir fait partie autrefois
des domaines de Robert. Cf. Eckel, p. 36-37.]
[Footnote 133: Flod., _Ann._, a. 924; Dudon de Saint-Quentin, _De
moribus_, ed. Lair, introd., p. 66. Cette cession du Maine ne fut sans
doute pas completement executee ou bien elle fut rendue impossible,
car on voit, dans la suite, ce pays dispute entre l'Anjou et la
Normandie. Cf. Lot, _Hugues Capet_, p. 197-198.]
[Footnote 134: Trosly-Loire, Aisne, arr. de Laon, cant. de
Coucy-le-Chateau.]
[Footnote 135: Flod., _Ann._, a. 924.]
[Footnote 136: Flod., _Ann._, a. 924; _Chron. Nemaus._, a. 925
(_M.G.h., Scr._, III, 219); _Hist. de Languedoc_, III, 99, 100.]
[Footnote 137: Voy. plus haut, p. 2.]
[Footnote 138: Flod., _Ann._, a. 925; Richer, I, c. 49.--Pour
l'identification de _Mons Calaus_ avec Chalmont (Seine-et-Marne, arr.
de Melun, comm. de Fleury-en-Biere), voy. _Les Annales de Flodoard_,
ed. Lauer, p. 26, n. 6.]
[Footnote 139: Flod., _Ann._, a. 925.]
[Footnote 140: _Miracul. S. Bened._, II, 2 (ed. de Certain, p. 96-98):
"Igitur innumerae Nortmannorum phalanges, super quas Rainaldus regnum
obtinuerat, quampluribus longis usae navibus, usque ad superiora
Ligeris percursantes, cuncta devastant. Tandem ad coenobium ter beati
Deoque dilecti Benedicti, quod Floriacum dicitur, Rainaldus cum suis
attingens, vacuum habitatoribus cunctisque necessariis offendit rebus,
domibus duntaxat exceptis; siquidem monachi cum corpore semper
nominandi patris nostri Benedicti ad tutiora se contulerant loca,
Lamberto tune abbate piae sollicitudinis erga eos curam gerente.
Perveniens ergo inibi rex memoratus, et ex captivis resciscens quorum
hominum foret talis habitatio, dormitorium fratrum suae metationis
delegit sedem; in quo varia, utpote paganus, dum patraret flagitia,
una noctium, quiescenti ei sanctus astitit Benedictus duobus comitatus
monachis, unus, ut ipsi Rainaldo videbatur, medie artatis robore
praeditus, alteri puerilis inerat habitudo. Beatissimus autem pater,
niveam capite canitiem praeferens, baculum vero manu, ita jacentem
allocutus est adversarium: "Quid, inquiens, te, Rainalde, offendi,
quod me meosque a propriis perturbas sedibus? sed mihi deinceps curae
erit, et te ab incoeptis inhibere, et famulis Christi, ossibus quoque
una meis, optatam quietem reformare." His dictis, ligno, quod manu
gerebat, incurvo caput jam expergefacti regis contingens,
praenuntiavit terminum ejus vitae in proximo adfuturum, sicque
recessit. Turbatus hac visione Rainaldus, satellites magna ad
auxiliandum sibi voce inclamat. Quibus accurrentibus et quid pateretur
percunctantibus: "Quidam, inquit, monachus, non alter, ut aestimo,
quam ille hujus tutor loci senex Benedictus, baculo verticem tangens
meum, mortem minitando, dolorem mihi ingessit ingentem." Jubet
confestim cunctos pervasa domicilia deserere, nativumque solum
repetere, cum quibus ipse profectus, ut patriam attigit, crebro
debilitatus cruciatu vita discessit; tantaque, subito moriente eo,
ventorum procella inhorruit, ut non solum culmina tectorum, verum
etiam eminentium subrueret moles arborum; captivorum vincula soluta;
equi seu reliqua jumenta infra duodecim et eo amplius milliaria a
Rothomagensi urbe ad pastum deducta, disruptis compedibus, in diversa
fugerunt. Corporis ejus tumulo pyramidem superaedificatam validissimo
accepimus terrae motu subversam, ac ejus cadaver tellurem a suo
rejecisse sinu; quod culeo cum lapidum mole insutum in Sequanam est
demersum, quandoquidem humo non poterat contineri tectum. Hoc interitu
memoria nefandi abolita fuisset hominis, ni vetustas Floriacensium
incolarum, curiosa futurorum, marmoream ejus capitis fingere
curavisset effigiem, quae nunc in ultima parte parietis ecclesiae
sanctae Dei genitricis Mariae ac famuli ejus Benedicti, septentrionem
versus, inserta perspicitur, quatenus et praesentes et secuturi omnes
agnoscerent, interventu eorumdem sanctorum, omnipotens Deus qualem
quantamque exercuerit in suis adversariis vindictae severitatem. Adeo
denique haec ultio Nortmannicam in posterum perterrefecit temeritatem,
ut prae caeteris Galliae sanctis beatissimum revereantur patrem
nostrum Benedictum."]
[Footnote 141: Voy. la note precedente, _in fine_, et Rocher, _Hist.
de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire_ (Orleans, 1865, in-8), p. 108
et 499.]
[Footnote 142: Flod., _Ann._, a. 925.]
[Footnote 143: Flod., _Ann._, a. 925.]
[Footnote 144: Flod., ibid.; A. Lefranc, _Hist. de la ville de Noyon
et de ses institutions_ (_Bibl. de l'Ecole des hautes etudes_, fasc.
75, 1887), p. 18; Peigne-Delacourt, _Les Normands dans le Noyonnais_
(Noyon, 1868, in-8, p. 36.)]
[Footnote 145: Flod., _Ann._, a. 925.]
[Footnote 146: _Recueil des historiens de France_, IX, 566. La
redaction de ce diplome presente des particularites qui ont ete
relevees par N. de Wailly, _Elem. de paleographie_, I, 358.]
[Footnote 147: Diplome du 30 mai 925 dans _Recueil des historiens de
France_, IX, 569 (a l'annee 926), d'apres Perard, _Recueil de pieces
servant a l'hist. de Bourgogne_, p. 162. On ne peut identifier
_Artiaco villa supra fluvium Ararim_ avec Arcy (Saone-et-Loire, arr.
de Charolles, canton de Marcigny, comm. de Vindecy), cette localite
n'etant pas sur la Saone. M.-P. Gautier qui vient de reediter le
diplome d'apres l'original (_Etude sur un diplome de Robert le Pieux_
dans le _Moyen Age_, t. XXII, 1909, p. 281) identifie _Artiaco villa_
avec Arsoncourt. C'est plutot Arciat, Saone-et-Loire, arr. de Macon,
cant. de La Chapelle-de-Guinchay, comm. de Creches-sur-Saone.]
[Footnote 148: Il avait visite l'eglise Saint-Symphorien, suivi d'une
pompeuse escorte. Les chanoines profiterent de l'occasion pour se
faire accorder diverses concessions. Le diplome fut souscrit par
Adelaide, mere de Raoul, et par un certain nombre de seigneurs
bourguignons presents, appartenant a la famille comtale de Dijon.
Thiroux, _Hist. des comtes d'Autun_, p. 119.]
[Footnote 149: Flod., _Ann._, a. 925.]
[Footnote 150: Richer, _Hist_., I, c. 50.]
[Footnote 151: Flod., _Ann_., a. 925. Richer (I, 50) pretend que
Rollon perit au cours de ces combats. Cf. Dudon de Saint-Quentin, _De
moribus_, ed. Lair, introd., p. 77.]
[Footnote 152: Flod., ibid.]
[Footnote 153: Flod., _Ann_., a. 925.]
[Footnote 154: Charte de Thion, vicomte de Paris (23 aout 925) dans
Mabillon, _Ann_. _Bened_., III, 384.]
[Footnote 155: _Liber de diversis casibus coenobii Dervensis_
(Mabillon, _Acta SS. ord. S. Bened._, saec. II, col. 846-847).]
[Footnote 156: Flod., _Ann_., a. 925; Waitz, _Heinrich I_, p. 81.]
[Footnote 157: Flod., ibid.]
[Footnote 158: _Contin. Reginon._, a. 923.]
[Footnote 159: Flod., _Ann._, a. 926; _Ann. Virdun._ (_M.G.h., Scr._,
IV, 8); _Hist. episcopor. Virdun. cont._ (_Scr._, IV, 45); _Ann. S.
Benigni Divion._ (_Scr._, IV, 8); Hugues de Flavigny, _Chron._
(_Scr._, VIII, 358).]
[Footnote 160: Parisot, _Le royaume de Lorraine_, p. 675; K. Wittich,
_Die Enlstehung des Herzogthums Lothringen_ (Goettingen, 1862, in-8),
p. 114; _Recueil des chartes de l'abbaye de Stavelot-Malmedy_, ed.
Halkin et Roland (_Acad. roy. de Belgique_, Bruxelles, 1909), n deg. 56
(charte de 926, datee de l'an 4 du regne d'Henri Ier); _Cartulaire de
Gorze_, ed. d'Herbomez, n deg. 92 (charte de 933, datee de l'an 8 du regne
d'Henri Ier, en Lorraine); Wauters, _Table chronologique des chartes
et diplomes impr. concernant l'hist. de Belgique_, t. I, p. 340
(charte du duc Gilbert, datee de DCCCCXXVIII, _anno vero V domini
Henrici serenissimi regis super regnum quondam Lotharii, indictione
I_). Des 924 on datait des annees d'Henri Ier a Treves et a Stavelot
(Wauters, _op. cit._, t. I, p. 338).]
[Footnote 161: Flod., _Ann._, a. 925; _Hist. eccl. Rem._, IV, 19 et
35.]
[Footnote 162: Flod., _Hist. eccl. Rem_., IV, 18.]
[Footnote 163: Flod., ibid.]
[Footnote 164: Flod., _Hist. eccl. Rem_., IV, 19.]
[Footnote 165: Jaffe-Loewenfeld, _Regesta pontif. roman_., no 3570 (17
fevrier 926).]
[Footnote 166: Flod., _Hist. eccl. Rom._, IV, 20 et 35; Richer, I,
55.]
[Footnote 167: Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer. Il semble, en effet,
qu'il faille identifier la bataille livree par Raoul aux Normands, en
Artois, d'apres Flodoard, avec le combat de Fauquembergue, mentionne
par Folcuin dans les _Gesta abbatum Sithiensium_, c. 101 (M.G.h.,
_Scr._, XIII, 626).]
[Footnote 168: Flod., _Ann._, a. 926.]
[Footnote 169: Ardennes, arr. de Vouziers, cant. d'Attigny.]
[Footnote 170: Flod., _Hist. eccl. Rom._, IV, 21; _Miracula S. Apri_,
c. 22; _Miracula S. Basoli_, c. 7 (M.G.h., _Scr._, IV, 517); _Ann. S.
Vincentii Mett._. (Scr., III 157); _Gesta episcopor. Mettens_. (Scr.,
X, 541); _Miracula S. Deicoli_ (Duchesne, Scr., III, 422); _Polypl.
Virdunense_ (Scr., IV, 38); charte de Saint-Maximin de Treves (926)
dans Reyer, _Millelrhein. Urkandenbach_ (Coblentz, 1860), t. I, n deg.
167: "... depopulantibus Agarenis pene totum regnum Belgicae
Galliae".--Voy. aussi Dussieux, _Invasions des Hongrois_, p. 11.]
[Footnote 171: Flod., _Ann._, a. 920; _Hist. de Languedoc_, nouv. ed.
III, 101.]
[Footnote 172: R. de Lespinasse, _Le Nivernais et les comtes de
Nevers_, t l. I (Paris, 1909, in-8), p. 173. Il existe une monnaie de
Nevers a l'effigie de Raoul. Soultrail. _Essai sur la numismatique
nivernaise_ (Paris, 1854, in 4), p. 20]
[173][Footnote 173: 4. Flod., _Ann._, a. 926; _Ann. Augienses_ (M.G.
h., Scr., II, 68); Ekkehard, _Casas S. Galli_ (Scr., II, 110). Voy.
Waitz, Heinrich I, p. 88.]
[Footnote 174: A. Giry, _Etudes carolingiennes_, dans les _Etudes
d'histoire du moyen age dediees a Gabriel Monod_ (Paris, 1896, in-8),
p. 134, n deg. 26; Nicolas Vignier, _Bibl. historiale_, t. II (1588,
in-fol.), p. 551.]
[Footnote 175: Flod., _Ann._, a. 926, _in fine._ Voy. W.G. Searle,
_Anglo-saxon bishops, kings and nobles_ (Cambridge, 1899, in-8), p.
346.]
[Footnote 176: Mabille, _La pancarte noire de Saint-Martin de Tours_,
n deg. CIII (130).]
CHAPITRE IV
LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS.
PREMIERE PERIODE.
Des la fin de l'annee 926, eclata la rupture prevue depuis longtemps
entre Raoul et Herbert, dont le role, meme lorsqu'il etait en
apparence devoue au roi, etait en realite fort equivoque. Le comte de
Laon devint vacant par suite du deces de Roger, partisan devoue de
Raoul[177]. Herbert avait deja mis la main sur Peronne en 924, et sur
Reims, depuis la mort de Seulf (925): il voulut profiter de la mort de
Roger pour s'installer a Laon. Fidele a ses plans ambitieux, il
continuait l'extension methodique de ses domaines a l'aide d'intrigues
incessantes. Il eut l'audace de revendiquer le comte de Laon pour son
fils Eudes. Cette fois, Raoul se montra moins conciliant qu'a
l'ordinaire. Laon etait la place forte par excellence et comme la
capitale du roi de France qui, meme apres l'avoir infeode, y gardait
toujours la haute main sur les affaires[178]. La perdre c'eut ete
renoncer a tout point d'appui dans le nord, et se resigner a n'etre
qu'un duc-roi de Bourgogne. D'ailleurs la tendance a l'heredite des
benefices avait ete deja officiellement constatee dans le capitulaire
de Quiersy-sur-Oise, et ce principe feodal etait desormais admis et
applique partout. Or Roger de Laon laissait un fils, du meme nom que
lui, qui devait recueillir sa succession: Raoul ne fit que sanctionner
le droit etabli, en favorisant la transmission hereditaire, sans egard
pour les pretentions adverses. Herbert fut ainsi cruellement decu dans
sa rapacite, parce qu'il avait demande trop, c'est-a-dire le peu qui
restait a la royaute affaiblie. Des lors on put voir que sa fidelite
envers Raoul n'etait que le resultat d'un calcul interesse: elle
disparut comme par enchantement, en meme temps que les largesses
royales. Heureusement pour Raoul, son beau-frere Hugues, depuis son
mariage avec Eadhild, s'etait quelque peu eloigne d'Herbert.
L'attitude de Hugues, neveu d'Herbert II par sa mere Beatrice de
Vermandois[179], n'avait pas toujours ete empreinte d'une egale
cordialite a l'egard du roi. Il semble qu'il ait jusque-la voulu se
soustraire a son ascendant. Malgre la grande part qu'il avait prise a
son election, il s'etait tenu, dans certaines circonstances, sur une
reserve qui pouvait presque passer pour de l'hostilite. C'est ainsi
qu'il avait traite avec les Normands aux moments les moins opportuns
pour Raoul. Il avait, par son attitude, grandement favorise les
projets ambitieux d'Herbert. Jamais il ne figure dans les diplomes
royaux comme impetrant, et son nom ne se voit pas au bas des actes, a
cote de ceux des conseillers habituels du souverain. Mais depuis que,
par l'occupation de Reims et la revendication de Laon, la tactique
d'Herbert apparait plus nettement, Hugues se rapproche visiblement de
Raoul, comme si un sentiment de jalousie ou de crainte s'etait eveille
en lui. Il commence a se departir du role de simple spectateur des
evenements, qu'il avait joue jusqu'alors. Neanmoins il eut l'habilete
de ne point rompre brusquement avec le comte de Vermandois, qui dut
tout mettre en oeuvre pour le retenir dans son parti, et meme il se
laissa conduire a une entrevue qu'Herbert sollicita du roi de
Germanie[180]. Cette demarche, a la suite de la perte de la Lorraine,
etait un acte peu amical vis-a-vis de Raoul. C'etait en meme temps un
acte contraire au patriotisme tel que nous l'entendons aujourd'hui.
Quoique nous ne puissions nous flatter le moins du monde de decouvrir
les sentiments veritables des hommes de cette epoque, il est clair
cependant que la demarche des deux plus puissants vassaux de la France
septentrionale aupres de l'ennemi de leur suzerain etait, au moins au
point de vue feodal, un acte de felonie caracterise[181].
Henri se montra naturellement fort bien dispose envers ses hotes
insolites, dont il pouvait beaucoup attendre. Des presents furent
echanges, et pour bien affirmer sa suzerainete en Lorraine devant les
Francais, le roi de Germanie disposa de l'eveche de Metz, devenu
vacant par la mort de Guerri, en le donnant a un clerc appele Bennon,
au mepris du droit d'election des Messins[182].
Au retour de cette visite inconvenante, qui decele l'extraordinaire
besoin d'intrigue de son esprit inquiet, Herbert sentit qu'il avait
besoin de relever son prestige. La lutte contre les Normands etait le
plus sur moyen de gagner un peu de popularite. Comme Raoul venait de
traiter avec les Normands de la Seine, Herbert et Hugues firent une
expedition contre ceux de la Loire: mais cette entreprise se termina
sans action d'eclat. L'ennemi fut assiege pendant cinq semaines; apres
quoi il y eut echange d'otages et nouvel abandon du comte de Nantes
aux Normands[183]. C'est au cours de cette campagne qu'on a voulu
placer sans aucune raison serieuse la mort d'Enjeuger, fils de
Foulques d'Anjou[184]. Herbert chercha ensuite a gagner le clerge.
Comme administrateur du temporel de l'archeveche de Reims, il reunit a
Trosly un synode compose de six eveques, malgre la defense formelle de
Raoul qui l'avait prie de differer et de venir le trouver a Compiegne.
Le fils d'Helgaud de Ponthieu, Heloin, le vaillant adversaire des
Normands, y fut convoque et condamne a une penitence publique "pour
crime de bigamie". Cette sentence etait faite pour plaire aux
Normands[185]. Il est probable qu'Herbert profita de cette reunion
pour intriguer contre Raoul, car nous le voyons, apres avoir refuse de
se rendre a Compiegne, tenter un coup de main sur Laon. L'entreprise
echoua, parce que Raoul avait eu le temps d'y envoyer en hate une
garnison qu'il suivit lui-meme peu de temps apres.
Herbert jeta alors completement le masque. Voyant l'impossibilite de
se faire reconnaitre comme roi a la place du duc de Bourgogne, depuis
que Hugues avait epouse la belle-soeur du roi Charles, il imagina
d'opposer au roi Raoul le malheureux Carolingien, qu'il tira de
prison, pour forcer Hugues a garder la neutralite entre ses deux
beaux-freres. Il comptait sans doute, une fois qu'il serait debarrasse
de Raoul ainsi isole, en finir ensuite promptement avec Charles.
Depuis sa captivite, l'infortune souverain avait ete garde prisonnier
au donjon de Chateau-Thierry, jusque vers la fin de 924. A cette
epoque, sa prison devint inopinement la proie des flammes, sans qu'il
y ait lieu de supposer aucun acte de malveillance, ni aucune tentative
d'evasion; il fut sauve: de l'incendie et transfere alors,
semble-t-il, a Peronne[186]. En 927, Herbert l'installa dans la
capitale du Vermandois, a Saint-Quentin, et declara qu'il le
considerait de nouveau comme roi.
Raoul se mit immediatement sur la defensive, et pour prendre les
dernieres mesures se rendit en Bourgogne. Le 9 septembre il etait a
Briare, ou il confirma les privileges de l'abbaye de Cluny[187]. La
mort de Guillaume II d'Aquitaine, survenue dans l'ete de 927[188],
l'avait sans doute determine a se rendre sur la Loire. Le duc Affre
succeda a son frere dont il adopta la politique abstentionniste. Le
seigneur de Deols, Ebbon, puissant feudataire du Berry, n'en vint pas
moins solliciter du roi l'immunite pour le monastere qu'il venait de
fonder[189], et les chartes du Puy, de Brioude, de Cahors, de Beaulieu
et de Tulle furent encore datees des annees du regne de Raoul.
Les fils de Roger de Laon faisaient bonne garde dans la cite, ou leur
attitude justifiait pleinement la confiance du roi. La reine Emma,
femme d'un esprit superieur et d'un courage viril, veillait en
personne a la defense de la forteresse royale. La vaillante garnison
se hasarda meme, au cours d'une sortie, a pousser jusqu'a Coucy,
dependance de l'eglise de Reims, dont elle ravagea les environs[190].
De son cote, Herbert ne perdait pas de temps. Il s'occupait activement
de fortifier ses alliances. Devenu le champion du roi Charles, il
s'adressa aux fideles allies de celui-ci, les Normands. Ces derniers
oublierent bien vite tous les traites conclus avec le roi Raoul dont
ils etaient avides de tirer vengeance. Deja meme ils avaient reussi a
rentrer dans Eu. En cette ville, precisement, Rollon et son fils
Guillaume, qu'il s'etait deja associe selon Dudon de Saint-Quentin,
conclurent une alliance avec Herbert, et Rollon preta l'hommage a
Charles[191]. Rollon ne consentit toutefois a ce nouveau rapprochement
qu'apres s'etre fait donner des suretes: il exigea comme otage Eudes,
le propre fils du comte de Vermandois, dont il avait de justes motifs
pour redouter l'inconstance. Enfin Raoul parut a la tete d'une armee
bourguignonne, au moment de la Noel, dans la France du nord, et il s'y
conduisit comme en pays ennemi, portant en tous lieux sur son passage
la ruine et l'incendie[192]. Hugues comprit immediatement que le role
de mediateur lui incombait. Il accourut au-devant de Raoul et
l'accompagna jusque sur les rives de l'Oise, ou l'attendait Herbert.
Sur son intervention, un arrangement fut menage entre le roi et son
vassal: Herbert fournit des otages et s'engagea a se presenter a un
plaid dont la date fut fixee avant Paques[193].
Raoul retourna en Bourgogne apres avoir en vain tente d'obtenir de sa
femme l'evacuation de Laon. Peut-etre etait-ce la une des conditions
de l'accord conclu, ou bien craignait-il une surprise de la ville par
Herbert et les Normands. Mais la courageuse reine refusa obstinement
d'abandonner cette forte place, dont la possession etait devenue comme
le signe de la royaute. Elle comptait sans doute sur l'appui de son
frere Hugues en cas de danger imminent.
Herbert se rendit a Reims et y redigea une lettre adressee au pape
Jean X, dans laquelle il se posait en defenseur de la legitimite et en
executeur des prescriptions pontificales venues naguere de Rome en
faveur du roi Charles[194]. Il est piquant de constater a quel point
il avait modifie son attitude a l'egard du pape, depuis que ses
interets avaient change. Mais il etait trop tard. Jean X avait ete
fait lui aussi prisonnier par Guy de Spolete, et son successeur Leon
VI parait s'etre desinteresse completement du sort de Charles le
Simple. Les demarches d'Herbert resterent sans resultat.
Certains historiens, comme Mabille, ont voulu mettre en rapport avec
la restauration de Charles le transfert du comte d'Auvergne avec le
duche d'Aquitaine, a la maison de Poitiers, apres la mort de
Guillaume. Les deux evenements eurent lieu, en effet, la meme annee.
Mais il n'est pas demontre qu'Ebles Manzer, comte de Poitiers, ait
fait valoir ses droits a cette succession, a laquelle il pouvait
pretendre comme fils du duc d'Aquitaine Renoul II, et l'appui de
Charles ne lui aurait ete de nul profit en ces conjonctures. Affre
succeda a son frere Guillaume, dans ses fiefs et honneurs, et, a la
mort de celui-ci, survenue un an apres celle de Guillaume,
Raimond-Pons de Toulouse apparait comme duc. C'est seulement le fils
d'Ebles, Guillaume Tete-d'Etoupe, qui a porte les titres de duc
d'Aquitaine et comte d'Auvergne. Ebles ne s'est jamais intitule dans
ses diplomes que comte de Poitiers: _misericordia Dei Pictavorum
[h]umilis comes_[195].
Le roi Raoul eut avec Herbert, pendant le careme, l'entrevue qui avait
ete anterieurement fixee[196]. Il dut y etre question de la possession
de Laon, car peu apres la reine Emma abandonnant la ville se retirait
en Bourgogne. Herbert entra immediatement en possession de l'objet de
ses convoitises, et cette circonstance semble avoir decide Hugues a se
rapprocher du parti vermandois. Herbert se rendant aupres de Rollon
tint a se faire accompagner par Hugues, dont il esperait bien se
servir aupres du chef des Normands pour obtenir la restitution de son
fils. Hugues ceda, et l'on eut le curieux spectacle du petit-fils de
Robert le Fort, le glorieux adversaire des Normands, assistant a une
conference reclamee par ceux-ci, ou leur chef Rollon jouait le role
capital et lui enjoignait ainsi qu'aux autres comtes et eveques
francais presents, d'avoir a reconnaitre solennellement le roi Charles
pour leur suzerain legitime. Et le propre fils de Rollon, Guillaume
Longue-Epee leur donna l'exemple, en pretant le premier l'hommage au
Carolingien. A la suite de ce prodigieux succes de la diplomatie
normande, Rollon consentit a rendre au comte de Vermandois son fils
Eudes, et une alliance fut conclue entre Francais et Normands[197].
L'hegemonie du Vermandois n'etait pas admise par tout le monde sans
contestation. La famille des comtes de Laon composee de Roger et de
ses freres, lesee par la cession de la ville a Herbert, resta
naturellement attachee au roi Raoul. Leurs domaines confinaient a la
partie nord du Vermandois. Il n'en fallut pas davantage pour que le
comte de Vermandois allat assieger et detruire leur chateau-fort de
Mortagne, au confluent de l'Escaut et de la Scarpe[198].
L'eveque de Soissons Abbon, auparavant partisan d Herbert, devenu
archichancelier royal, perdit le vicariat du diocese de Reims, ou il
fut remplace par l'eveque fugitif d'Aix-en-Provence, Odalric, chasse
de son siege par les Sarrasins. Pour prix de ses bons offices, le
nouveau vicaire ne recut d'Herbert que l'abbaye de Saint-Timothee avec
une prebende de chanoine[199].
Le frere du roi Raoul, Boson, qui s'accommodait avec peine de la
suzerainete saxonne imposee aux Lorrains, souleva sur ces entrefaites
de nouvelles difficultes, en se querellant avec ses voisins, en
s'emparant par force de possessions ecclesiastiques (abbayes et
domaines des eveches de Verdun et de Metz) et enfin en refusant de
tenir compte des injonctions du roi Henri. Celui-ci entra en campagne
contre le recalcitrant, passa le Rhin "avec une multitude de Germains"
et vint sur la Meuse assieger son chateau de _Durofostum_[200]. En
meme temps il entra en pourparlers avec lui par la voie d'une
ambassade, promettant la paix, a condition qu'il vint le trouver en
personne. On le voit, Henri n'osait traiter le frere de Raoul comme un
vassal ordinaire. Il alla jusqu'a lui donner des otages pour lui
garantir la securite au cours de la demarche qu'il en sollicitait.
Boson consentit alors a se presenter devant le roi, lui promit sous
serment "fidelite et paix au royaume[201]", restitua a leurs
possesseurs les biens qu'il avait usurpes et en obtint d'autres en
echange; enfin il se reconcilia, de meme que Renier II, avec Gilbert
et tous les autres seigneurs lorrains. Cette rapide solution eut dans
la suite une consequence heureuse pour Raoul: Herbert et Hugues etant
venus faire, apres leur entrevue avec Rollon, une nouvelle demarche
aupres d'Henri, pour le decider a intervenir en faveur du Carolingien,
ils n'obtinrent aucun succes[202]. Henri, satisfait de la pacification
de la Lorraine, ne pouvait prendre les armes contre le frere d'un
vassal avec lequel il venait de se remettre. Il lui suffisait du reste
que Raoul fut empeche par des difficultes d'ordre interieur de
revendiquer la Lorraine, et il avait plutot a redouter un reveil de
loyalisme envers le Carolingien, si jamais Charles parvenait a
ressaisir effectivement le pouvoir supreme.
Cette attitude du roi de Germanie jointe a l'abstention forcee du pape
Jean X[203] et a l'inaction des Normands et des Aquitains, partisans
francais de la dynastie carolingienne, amena un revirement complet
defavorable a Herbert. L'habile plan du ruse seigneur avait en somme
assez piteusement echoue. Il n'avait pas reussi a creer en faveur de
son malheureux jouet le courant de sympathie qu'il avait espere
exploiter a son profit. Tout ce qu'il avait pu faire avait ete de
condamner Raoul a l'impuissance politique, en assurant ainsi la
Lorraine au roi de Germanie. Mecontent de voir rester sourd a son
appel ce prince dont il avait escompte l'appui, il se decida a se
rapprocher de Raoul, et il sut encore se faire payer fort cher cette
apparente soumission. Il se rendit aupres du roi, et moyennant un
nouvel hommage solennel, qui lui coutait peu, il obtint la cession
definitive de Laon, et peut-etre la promesse d'avantages pour ses
fils, si l'on en juge par ce qui suivit. Herbert etait ainsi parvenu a
persuader Raoul, apres Hugues, de la pretendue necessite qu'il y avait
pour lui de posseder Laon. Il avait fait valoir le besoin d'assurer
des apanages a ses enfants, mais cet apparent souci de pere de famille
besogneux masquait mal son evidente ambition personnelle. La victime
de la paix fut encore l'infortune Charles, trahi pour la seconde fois:
son semblant de souverainete passagere se transforma en une nouvelle
et trop reelle captivite[204]. Cette meme annee, le 5 juin, mourait
l'empereur Louis l'Aveugle. Le roi d'Italie Hugues accourut aussitot
en Provence, pour y fortifier son autorite deja existante de fait. Le
seul heritier du trone, le batard Charles-Constantin, avait possede le
comte de Vienne depuis 926, pendant les dernieres annees de son pere:
il en fut, semble-t-il, depouille en meme temps que du pouvoir supreme
qu'il aurait du recueillir. En novembre 928, le roi Hugues parait a
Vienne, ou il se rencontre avec le roi Raoul qui etait le propre
cousin germain de Louis l'Aveugle. Les negociations entre les deux
pretendants sont malheureusement inconnues. Nous ne pouvons en juger
que d'apres les resultats. Le comte de Vermandois, reconcilie depuis
peu avec son suzerain, sut encore negocier assez habilement afin de se
faire conceder "la province de Viennoise" pour son fils Eudes[205].
Ainsi cet ambitieux seigneur s'efforcait de fonder pour sa maison un
centre d'influence situe au midi, dans un pays dependant de l'ancien
royaume de Boson. Ces domaines devaient venir s'ajouter aux
dependances bourguignonnes de l'archeveche de Reims, dont Herbert
etait administrateur[206]. Cette combinaison, fort bien imaginee,
n'eut pas neanmoins la suite qu'esperait le comte de Vermandois.
Vienne demeura d'abord temporairement sous la domination de son
archeveque faisant fonctions de vicomte, et, bientot apres,
Charles-Constantin dut rentrer en possession de ses droits, car au
commencement de 931 on le voit maitre de la cite ou jamais Eudes de
Vermandois ne semble avoir exerce la moindre autorite. Raoul eut
neanmoins des lors la suzerainete effective sur le Viennois.
Apres avoir ainsi satisfait, autant qu'il etait en mesure de le faire,
les appetits d'Herbert, Raoul, peut-etre sous l'influence de Hugues,
beau-frere du Carolingien, s'enquit du sort de l'infortune Charles.
Il se rendit a Reims ou Herbert le tenait sous bonne garde. Raoul
aborda respectueusement son ancien souverain, lui offrit des presents
de valeur, et lui fit remise du fisc royal d'Attigny, peut-etre aussi
de celui de Ponthion-sur-l'Ornain[207]. Aucun arrangement, aucun
compromis ne parait etre intervenu entre eux. Il est toutefois certain
que l'acceptation par Charles des dons de Raoul constituait une
veritable abdication tacite. On ne saurait admettre, en effet, avec
Leibniz[208], que Raoul eut recu de Charles l'investiture du royaume a
titre de vassal: c'est tout a fait contraire aux termes precis et
formels qu'emploie l'historien Flodoard pour relater le fait dans ses
_Annales_[209], et une telle hypothese est bien hardie, en l'absence
de tout precedent du meme genre. On ne peut non plus souscrire a
l'opinion de ceux qui ont qualifie d'outrageante la demarche de Raoul:
c'etait a la fois un acte chevaleresque envers un adversaire
malheureux, auquel il temoignait des egards, et une mesure de bonne
politique, propre a lui concilier les partisans du Carolingien. Les
fideles obstines qui persevererent a refuser de reconnaitre Raoul
apres l'entrevue de Reims, n'etaient en realite que des vassaux
indisciplines s'accommodant mieux d'un fantome de roi que d'un
veritable souverain.
Nous ignorons si Charles put jouir d'une liberte relative a partir de
ce moment. Il est plutot croyable qu'Herbert ne tint nul compte de la
demarche de Raoul, et il est meme probable qu'il en prit ombrage et y
trouva pretexte pour redoubler de vigilance aupres de sa miserable
victime: il n'avait pas encore renonce a s'en servir, le cas echeant!
Flodoard rapporte, en effet, que Charles mourut a Peronne,
c'est-a-dire au pouvoir du comte de Vermandois. Divers chroniqueurs le
qualifient de martyr et le font expirer en prison, donnant de ses
derniers moments une description emouvante, qui, vraie ou fausse, nous
revele en tout cas, tres nettement, la penible impression produite par
cet evenement sur les contemporains. La date du deces est le 7 octobre
929: Charles fut enseveli en l'eglise Saint-Fursy de Peronne[210].
Les vassaux aquitains et meridionaux voyaient ainsi disparaitre le
dernier obstacle qui les empechat de faire le pas decisif vers la
reconciliation avec Raoul. Cependant ils s'abstinrent d'entrer dans
cette voie, tant etait grand chez eux le desir de conserver leur
independance. On le constate par les formules de datation employees
dans leurs actes: ils calculent les annees a partir de la mort de
Charles, en ajoutant que "Dieu ou le Christ regne". Certains vont meme
jusqu'a designer fictivement comme successeur de Charles son fils
Louis, refugie en Angleterre a la cour de son oncle Athelstan[211].
Toutefois en Rouergue, a Conques, on finit par abandonner cette
maniere de demonstration platonique, et on se decida a reconnaitre
Raoul comme roi[212].
FOOTNOTES:
[Footnote 177: Flod., _Ann._, a. 926. La mort de Roger avait suivi de
peu celle de son predecesseur Raoul de Gouy, fils d'Heluis. Roger
etait son beau-frere. La succession si rapide de ces deces, dont
Herbert chercha a profiter, fait necessairement songer aux accusations
d'empoisonneur lancees contre Herbert, au dire de Flodoard.]
[Footnote 178: Ainsi lorsque, vers 925, l'eveque de Laon Alleaume
voulut etablir des chanoines a Saint-Vincent, c'est a Raoul qu'il
s'adressa pour obtenir confirmation. _Recueil des historiens de
France_, IX, 568 (acte incomplet de la fin).]
[Footnote 179: A. de Barthelemy, _Les origines de la maison de
France_, dans la _Revue des questions hist._, t. VII, annee 1873, p.
123; Lot, _Les derniers Carolingiens_, p. 359 et 377.]
[Footnote 180: Flod., _Ann._, a. 927.]
[Footnote 181: Sur cette question de la naissance des sentiments de
nationalite au Xe siecle, cf. G. Monod, _Du role de l'opposition des
races et des nationalites dans la dissolution de l'empire carolingien
(Annuaire de l'Ecole pratique des hautes etudes_, section des sciences
hist. et phil., 1896, p. 5).]
[Footnote 182: Flod., ibid.--Cf. Waitz, _Heinrich I_, p. 119.]
[Footnote 183: Flod., _Ann._, a. 927; _Chronique de Nantes_, ed. R.
Merlet, p. 87-88.]
[Footnote 184: Lippert, p. 60. Tout ce que l'on sait d'Enjeuger, c'est
qu'il etait mort en combattant les Normands, avant 929. _Gesta consul.
Andegavor. (Chron. d'Anjou_, ed. Marchegay et Salmon, p. 66); _Cartul.
de Saint-Aubin d'Angers_, ed. Bertrand de Broussillon, n deg. 177; I.
Halphen, _Le comte d'Anjou au XIe siecle_, p. 2.]
[Footnote 185: Il est probable qu'Herbert avait eu aussi en vue la
confiscation du fief d'Heloin, soit a son profit personnel, soit au
profit de Hugues le Grand, suzerain d'Heloin. Mais il semble avoir
echoue sur ce point. Cf. Flod., _Ann._, a. 927; _Hist. eccl. Rem._,
IV, 21; Richer, I, 52.]
[Footnote 186: Flod., _Ann._, a. 924; Aimoin, _Miracula S. Benedicti_,
II, 3 (ed. de Certain, p. 99); Eckel, _Charles le Simple_, pp. 127 et
130.]
[Footnote 187: _Recueil des chartes de Cluny_, I, 281, n deg. 285.]
[Footnote 188: Il mourut entre avril et septembre, probablement avant
le 3 juin. Cf. _Ann. Masciacenses_, a. 927 (_M.G.h., Scr._, III,
169-170); Ademar de Chabannes, _Chron._, ed. Chavanon, p. 143. Voy.
Baluze, _Hist. geneal. de la maison d'Auvergne_, I, 21, II, pr., p.
18; _Hist. de Languedoc_, nouv. ed., III, 104.]
[Footnote 189: Diplome de Raoul, de 927, dans _Recueil des historiens
de France_, IX, 570, d'apres Besly, _Hist. des comtes de Poitou_, pr.,
p. 239. Deux chartes d'Ebbon qui nous sont conservees en copie par les
mss. de la Bibl. nat. lat. 12777 (p. 214 et 224), 12820 (fol. 2 et 11)
et 6007 (fol. 117) sont datees, l'une de la 20e annee du regne de
Charles le Simple et l'autre de la 5e annee du regne de Raoul. Les
documents que nous venons de mentionner (diplome et chartes) ont ete
publies en dernier lieu par Eug. Hubert (_Recueil general des chartes
interessant le departement de l'Indre, VIe-XIe siecle_, extr. de la
_Revue archeol. du Berry_ de 1899, p. 106, 112 et 115) qui n'a pas
connu tous les manuscrits cites.--Voy. aussi Raynal, _Hist. du Berry_,
t. I, p. 336.]
[Footnote 190: Flod., _Ann._, a. 927.]
[Footnote 191: Flod., ibid.; Dudon de Saint-Quentin, _De moribus_, ed.
Lair, pp. 77 et 170-181; _Ann. anglo-saxon_ (_M.G.h., Scr._, XIII,
108).]
[Footnote 192: Flod., _Ann._, a. 928.]
[Footnote 193: Flod., _Ann_., a. 928.]
[Footnote 194: Richer, I, c. 54.]
[Footnote 195: _Cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers_ (_Arch. hist.
du Poitou_, III), p. 318, n. 1; Mabille, _Le royaume d'Aquitaine et
ses marches sous les Carolingiens_ (Toulouse, 1870, in-4), p. 44 et
47; A. Richard, _Hist. des comtes de Poitou_, I, p. 62, n. 1 et 67;
Lot, _Fideles ou vassaux?_, p. 54.]
[Footnote 196: Flod., _Ann._, a. 928. Paques tombait, en 928, le 13
avril. Le careme commencait donc le 2 mars.]
[Footnote 197: Flod., _Ann._, a. 928; _Hist. eccl. Rem._, IV, 21;
Richer, I, c. 53.--Le texte des Annales de Flodoard suppose que Rollon
vivait encore, et nous l'avons admis malgre l'assertion contraire de
Richer (I, 50) qui le fait perir a la prise d'Eu, en 925. Cf. Dudon de
Saint-Quentin, _De moribus_, ed. Lair, p. 77, M. Marion (_De
Normannorum ducum cum Capetianis pacta ruptaque societate_, Paris,
1892, in-8, p. 10) le fait vivre jusqu'en 931. Deville (_Dissertation
sur la mort de Rollon_, Rouen, 1841) place avec plus de raison la mort
de Rollon entre les annees 928 et 932, sans preciser.]
[Footnote 198: Flod., _Ann._, a. 928.--Mortagne-Nord, Nord. arr. de
Valenciennes, cant. de Saint-Amand-les-Eaux.]
[Footnote 199: Flod., ibid., et _Hist. eccl. Rem_., IV, 21; Richer, I,
53 et 35. Cf. Albanes, _Gall. christ. noviss_., t. I, col. 41-42.]
[Footnote 200: Flod., _Ann_., a. 928, ed. Lauer, p. 42, n. 5.]
[Footnote 201: Il convient d'observer que Flodoard se sert des termes
suivants: "[Boso] venit ad cum eique fidelitatem et pacem regno
juramento promittit ...", au lieu d'employer le terme qu'il prend
generalement pour indiquer l'hommage ou la recommandation feodale: "se
committit illi".]
[Footnote 202: Flod., _loc. cit._]
[Footnote 203: Une ambassade d'Herbert etait revenue de Rome sans
succes, apportant la nouvelle de l'emprisonnement du pape Jean X par
le marquis de Toscane, Guy, frere uterin de Hugues d'Arles, roi
d'Italie. Cf. Flod., _loc. cit.; Hist. eccl. Rem_., IV, 21; Richer, I,
54; Liudprand, _Antap_., III, 18, 43 (ed. Duemmler, pp. 61 et 73).]
[Footnote 204: Flod., _Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem_., IV, 22;
Richer, I, 54.]
[Footnote 205: Flod., _Ann_., a. 928; Poupardin, _Le royaume de
Provence_, p. 225-227; _Le royaume de Bourgogne_, p. 59-60; G. de
Manteyer, _La Provence du premier au douzieme siecle_ (Paris, 1908,
in-8), pp. 127 et suiv., 158-159.]
[Footnote 206: En 924, l'archeveche de Reims avait obtenu la
restitution de toutes ses possessions legitimes.]
[Footnote 207: Flod., _Ann., a. 928; Hist. eccl. Rem_., IV, 22;
Richer, I, 55.]
[Footnote 208: Leibniz, _Annales imperii_, ed. Pertz, II, 388.]
[Footnote 209: "Rodulfus rex ... pacem facit cum Karolo ..." _Ann., a.
928, in fine_.]
[Footnote 210: Flod., _Ann._, a. 929; _Hist. Francor. Senon._ (_M.G.
h., Scr._, IX, 366) dont derivent Richard le Poitevin et Orderic
Vital; Hugues de Flavigny, _Necrol._ (ibid., VIII, 287); Folcuin,
_Gesta abbat. Sith._, c. 102 (ibid., XIII, 626), donne la date du 16
septembre. Richer (I, 56): "Karolus post haec tedio et angore
deficiens, in machronosiam decidit, humoribusque noxiis vexatus, post
multum languorem vita privatus est"; _Confin. Regin._, a. 925 (_Scr._,
I, 616); _Ann. Blandin., Lohiens., Elnon. min._, a. 924 (_Scr._, V,
24, II, 210, V, 19); Aimoin, _Miracula S. Bened._, II, 5 (ed. de
Certain, p. 104), dont derivent Hugues de Fleury et la _Chronique de
Saint-Benigne de Dijon_; _Chron. Turonense_ (ed. Salmon, _Recueil des
chroniques de Touraine_, p. 110); Sigebert de Gembloux, _Chrori._, a.
926 (_Scr._, VI, 347). Cf. J. Dournel, _Hist. gen. de Peronne_ (1879,
in-8), p. 35; Eustache de Sachy, _Essais sur l'hist. de Peronne_
(Paris, 1866, in-8), p. 39-40, et Eckel, p. 134.]
[Footnote 211: _Cartulaire du monastere de Gerri_, fol. 37, n deg. 516
(Bibl. nat., _Coll. Moreau_, vol. V, fol. 75-77). _Chron. Nemausense_
(_M.G.h., Scr._, III, 219): "Post cujus [Karoli] obitum fuerunt anni
septem sine legitimo rege, in quibus regnavit Rodulfus."]
[Footnote 212: _Cartulaire de l'abbaye de Conques_, ed. G. Desjardins,
nos 6, 91, 200, 208,291.]
CHAPITRE V
LA LUTTE CONTRE HERBERT DE VERMANDOIS APRES LA MORT DE CHARLES LE
SIMPLE.
Boson venait a peine de se remettre avec Henri Ier que deja il etait
mele a de nouvelles intrigues. L'abbesse de Chelles, Rohaut, tante de
Charles le Simple et belle-mere de Hugues le Grand, mourut le 22 mars
925[213]. C'etait deja a l'occasion de son abbaye, on s'en souvient,
que Robert et Hugues s'etaient souleves contre Haganon en 922. Boson,
sans doute d'accord avec son frere Raoul, s'empara tout a coup de ce
riche monastere tant convoite, avec toutes ses dependances, pour faire
piece a Hugues. Il etait assez naturel que Raoul put donner un fief a
son frere alors que Hugues le contraignait a en ceder un a Herbert.
Mais Hugues ne transigeait pas aussi facilement sur ses droits que sur
ceux des autres: immediatement il reclama la restitution de Chelles,
et Herbert, son allie, en prit pretexte pour mettre la main sur la
principale place forte de Boson, le chateau de Vitry-en-Perthois. Un
armistice fut conclu jusqu'a la fin de mai, puis transforme en paix
definitive sur l'intervention du roi de Germanie. L'entreprise de
Boson aboutissait, en derniere analyse, a une nouvelle ingerence
etrangere en France, defavorable au prestige de Raoul[214].
Hugues et Herbert, de retour d'une conference avec le roi Henri,
allerent assieger Montreuil, afin de soumettre le comte Heloin qui
affectait des allures d'independance. Ils le contraignirent a livrer
des otages. Mais bientot leur union se trouva compromise par le
passage d'Heloin au parti de Hugues. Herbert s'en dedommagea en
attirant dans son camp Heudoin, vassal de Hugues[215].
Les Normands de la Loire etaient demeures dans un calme relatif depuis
925. Au commencement de l'annee 930, ils envahirent de nouveau
l'Aquitaine, pillerent la Saintonge, l'Angoumois, le Perigord, et
penetrerent jusqu'en Limousin[216]. Raoul se porta au secours de
sujets qui lui etaient fideles depuis le debut de son regne. Il
atteignit les pillards au lieu dit _Ad Destricios_ et les aneantit
presque totalement[217]. La victoire eut un aussi grand retentissement
que jadis celle de Louis III a Saucourt, et, comme il arrive souvent,
ce succes en engendra un autre: une partie des Aquitains (les comtes
d'Auvergne, de Toulouse et de Rouergue) qui avaient pu juger de
l'efficacite de l'intervention royale, firent leur soumission. Cette
bataille devint legendaire dans le pays. C'est a elle qu'on rattache
les exploits du comte d'Angouleme Guillaume Taillefer[218], et Aimoin
y fait allusion lorsqu'il felicite Raoul d'avoir rendu la paix au pays
par son triomphe sur les Normands[219].
La defaite normande fut suivie du retour des moines dans leurs
couvents. Ceux de Charroux revinrent d'Angouleme ou ils avaient
cherche refuge. Les reliques de saint Genoul furent rapportees a
Estrees, celles de saint Benoit a Saint-Benoit-sur-Loire, qui avait
echappe a Roegnvald[220].
Dans le nord, la mesintelligence entre Hugues et Herbert allait
croissant. Ernaut de Douai, vassal de Hugues, venait de passer au
parti d'Herbert, et des hostilites accompagnees de devastations en
etaient resultees. Raoul quittant la Bourgogne ou il etait encore, le
23 mars, a Autun[221], s'interposa comme mediateur, reunit plusieurs
plaids et parvint a conclure un arrangement. Son frere Boson y fut
aussi compris. Herbert devait lui rendre Vitry[222]. On apercoit ainsi
la raison interessee de l'intervention de Raoul en faveur de Hugues.
Herbert le sentait bien et pour s'en venger, il provoqua la defection
d'Anseau, vassal de Boson, qui gardait Vitry, lui donnant Coucy comme
prix de sa trahison. Les represailles ne se firent pas attendre.
Boson, Gilbert et les Lorrains s'entendirent avec Hugues qui leur
faisait des avances, et tandis que Raoul retournait en Bourgogne, les
allies ayant opere leur jonction assiegeaient et prenaient Douai, dont
Roger de Laon fut investi par Hugues. Quant a Ernaut, refugie aupres
d'Herbert, il fut dedommage par la cession de Saint-Quentin. Boson
parvint a rentrer dans Vitry. Il enleva meme Mouzon par ruse a
Herbert, mais celui-ci profita de la premiere absence de Boson, vers
la Noel, pour passer la Meuse a l'improviste et penetrer dans la
place, dont les portes lui furent ouvertes par des amis: la garnison
lorraine fut faite prisonniere[223].
Herbert faisait face a tout par des prodiges d'adresse et d'activite,
mais sa situation etait des plus mauvaises depuis sa rupture avec
Hugues. Raoul, au contraire, gagnait tous les jours en autorite. En
930, sa souverainete s'etait etendue en Aquitaine; l'annee suivante il
affirma a nouveau sa suzerainete sur l'importante partie du royaume de
Provence occupee par lui depuis 928. S'etant rendu avec une escorte en
Viennois, il recut la soumission formelle de son neveu
Charles-Constantin, devenu comte de Vienne, au mepris des droits
consentis a Eudes de Vermandois[224]. C'etait la preuve evidente de sa
rupture definitive avec Herbert. De la il se rendit "en pelerinage" a
Saint-Martin de Tours, en realite aupres de Hugues, dont il se
rapprochait de jour en jour davantage. Sa presence nous y est revelee
en mars par un diplome qu'il delivra le 24 de ce mois, en faveur des
chanoines de Saint-Martin[225].
Bientot apres, il fut rappele en Bourgogne par la necessite de regler
de petites difficultes d'ordre interieur, presque domestique. La reine
Emma, dont nous avons eu l'occasion de signaler a maintes reprises les
hautes capacites, apportait parfois dans ses actes d'administration la
hate et l'acharnement irreflechi qui deprecient le merite de
l'energie.
Pour une raison inconnue, elle enleva le chateau d'Avallon au comte
Gilbert, fils de Manasses, l'ennemi de son pere Robert 1er[226]. Elle
en fit autant a l'egard du monastere de Saint-Germain d'Auxerre
auquel, sous un pretexte futile, elle prit la _villa Quinciacum_ (en
Nivernais) pour en gratifier quelqu'un de ses gens. La legende ajoute
que saint Germain la punit de sa temerite en lui paralysant la langue,
chatiment qui lui fut tout particulierement penible. Elle se rendit au
monastere avec une escorte nombreuse et, suivant la chronique, obtint
la guerison a la suite du don de deux agrafes[227].
Gilbert de Dijon s'allia au comte Richard, fils de Garnier de Sens, et
opposa a Raoul une resistance si vive que celui-ci dut renoncer
momentanement a la briser, d'autant plus que de nouvelles
complications l'appelaient dans le nord[228].
Depuis la derniere expedition contre Herbert, Boson avait eu de
nouvelles difficultes avec le duc Gilbert. Pour la seconde fois il y
perdit son chateau de _Durofostum_, et Herbert en profita pour se
rapprocher de Gilbert. Boson quittant alors la suzerainete du roi
Henri, beau-pere de Gilbert, appela son frere Raoul, puis il se
dedommagea en tournant ses armes contre son voisin, l'eveque de
Chalons, Beuves, qui avait exerce des cruautes sur plusieurs de ses
gens et se trouvait en relations suivies avec le comte de Vermandois.
Chalons fut pris et incendie[229].
A la faveur de l'anarchie generale, le marquis de Flandre Arnoul
s'empara de Mortagne, place forte avantageusement situee, au prejudice
des fils de Roger de Laon qui etaient parvenus a y rentrer. Raoul
parut alors dans la France septentrionale, se declarant ouvertement
l'allie de Hugues et l'ennemi d'Herbert. Il enleva a ce dernier sa
forteresse de Denain et assiegea ensuite Arras. Herbert accourut avec
des renforts lorrains commandes par le duc Gilbert en personne. Raoul
et Hugues, d'une part, Herbert et Gilbert, de l'autre, etaient en
presence, a la tete de forces considerables. Une grande bataille
semblait imminente. Mais avec cet esprit a la fois politique, un peu
indecis et humanitaire qui caracterisait les acteurs de ces guerres
civiles, on entra en pourparlers pour eviter une effusion de sang
inutile, on discuta et on s'entendit pour conclure un armistice
jusqu'au 1er octobre[230]. Peut-etre aussi Gilbert avait-il ete retenu
par le scrupule de combattre son ancien suzerain, au moment ou il
n'existait aucun trouble dans les relations entre celui-ci et Henri de
Germanie, son nouveau maitre.
A quelque temps de la, la garnison remoise d'Herbert viola la treve en
allant attaquer et detruire la forteresse de Braisne-sur-la-Vesle[231],
que Hugues avait enlevee naguere a l'archeveque de Rouen, Gonthard.
Raoul se decida alors a tenter un effort energique contre la grande
cite metropolitaine, veritable centre de la resistance du parti
vermandois. Il essaya sans resultat d'entamer des negociations avec
le clerge et les habitants de Reims, afin d'obtenir, par leur
initiative, la nomination d'un veritable archeveque a la place du
jeune expectant Hugues. Ses demarches echouerent parce qu'Herbert
avait reussi a s'attacher les Remois par d'habiles largesses. Raoul
n'hesita plus a se porter en avant, avec toute son armee jointe a
celle de Hugues, sur Laon et Reims[232].
A son approche se manifesterent les defections. Artaud, moine de
Saint-Remy, alla trouver Hugues, et par son attitude nettement hostile
a Herbert sut gagner ses bonnes graces, dont il devait un peu plus
tard apprecier toute la valeur[233].
Herbert, reduit aux abois, ne trouva d'autre moyen d'echapper a une
capitulation desastreuse que de se reclamer de la suzerainete
germanique. Il retourna pres du roi Henri, en Lorraine, et lui preta
de nouveau l'hommage. Mais Raoul le surveillait, sachant bien ce dont
il etait capable. Il se rendit jusqu'a Attigny, d'ou il envoya Hugues
en ambassade au roi Henri. Le roi de Germanie fut naturellement plus
sensible a cette demarche de conciliation d'un rival puissant qu'a
celle d'un seigneur discredite et sans ressources[234]. Il n'etait pas
dispose a profiter des avances d'un allie douteux, pour tenter une
intervention hasardeuse dans les querelles intestines d'un pays dont
le souverain ne lui temoignait aucune hostilite. Henri et Raoul se
consideraient tous les deux comme "rois des Francs" (_reges
Francorum_) quoique dans leurs diplomes ils ne prissent chacun que le
titre de _rex_[235]. Chacun avait ete mis legitimement--selon la
conception germanique--a la tete d'une fraction de l'ancien "empire
franc" (_regnum Francorum_) divise depuis la bataille de Fontenoy. La
Lorraine, l'ancien royaume intermediaire (_media Francia_) entre la
France et la Germanie, n'avait pas reussi a preserver son
individualite contre les ambitions des deux nations voisines, ses
soeurs, et maintenant on la voyait passer de l'une a l'autre selon les
caprices de la politique. Henri et Raoul avaient pu eprouver, l'un et
l'autre, qu'ils devaient se borner a enregistrer la volonte de la
majorite des grands vassaux lorrains, les interventions a main armee,
pour peser sur leurs volontes, amenant le plus souvent des reactions
en sens contraire. La Lorraine reconnaissait a ce moment la
suzerainete d'Henri: celui-ci sentait combien sa domination au dela du
Rhin etait precaire, et c'eut ete pour lui se jeter dans une aventure
dangereuse que d'ouvrir des hostilites injustifiees contre le roi des
"Francs de l'ouest". En 928 deja, dans une circonstance analogue, il
avait refuse a Herbert et a Hugues, alors reunis contre leur suzerain,
de les aider effectivement: a plus forte raison devait-il agir de meme
vis-a-vis d'Herbert seul. On ne voit donc guere pourquoi certains
auteurs ont trouve etrange qu'Henri n'eut pas secouru Herbert devenu
son "vassal", et se sont laisse entrainer a supposer une
reconnaissance officielle, par le roi de France, de la suzerainete
saxonne en Lorraine, pour expliquer l'attitude amicale d'Henri a
l'egard de Raoul dans ces conjonctures[236]. Les chroniqueurs
allemands n'eussent pas manque de rapporter une telle clause. Or, ils
sont absolument muets et pour comprendre le cours des evenements, il
suffit d'observer que la mobilite d'esprit d'Herbert et le mauvais
etat de ses affaires n'etaient pas de nature a donner confiance a un
allie meme entreprenant. D'autre part, en fait, la simple abstention
de toute intrigue en Lorraine pouvait etre acceptee de la part de
Raoul, comme une concession precieuse. Il y avait enfin un interet
superieur pour les deux rois a ne pas encourager les rebellions de
leurs vassaux respectifs.
S'etant assure de la neutralite du roi Henri, Raoul se concerta avec
le duc de France, aupres duquel nous le voyons le 21 mars 931, a
Tours, confirmant les possessions de Saint-Martin[237]. A la suite de
cet entretien, il marcha sur Reims, accompagne de Hugues, de Boson et
d'un grand nombre de comtes et d'eveques[238]. Le quartier general des
troupes royales etait a Cormicy: les hommes d'armes pillaient le pays
environnant, et leurs lignes de campement s'etendaient jusqu'a
Bouffignereux, pres de Laon[239].
Les eveques qui entouraient le roi insisterent pour mettre fin a cette
interminable vacance du siege de Reims. Raoul s'y preta d'autant plus
volontiers qu'il y voyait subordonne l'interet de sa politique, et il
envoya un message aux Remois pour les y inviter.
Les membres du clerge et les notables de Reims venus au camp
procederent a l'election, apres s'etre assures du consentement des
assieges, qui ne fut pas obtenu sans difficulte. Le protege de Hugues,
le moine fugitif de Saint-Remy, Artaud, fut elu. Ce choix d'un humble
ecclesiastique s'opposait a celui du seigneur feodal impose par
Herbert: on pouvait etre assure que le nouvel archeveque ne subirait
aucune influence dictee par des interets de famille. L'election,
approuvee par le pape, etait canonique autant que le permettaient les
circonstances. Les dissensions entre les habitants et le decouragement
de la garnison, livree a ses seules ressources, deciderent, au bout de
trois semaines, de la reddition de Reims. Le nouvel archeveque fit son
entree dans la cite, ou il fut consacre solennellement en presence de
dix-huit eveques[240].
On proceda ensuite au jugement d'un partisan d'Herbert, Beuves, eveque
de Chalons, qui etait tombe entre les mains du roi (peut-etre au cours
d'une sortie): il fut condamne a la destitution. Hugues se chargea de
le tenir sous bonne garde, et un religieux appele Milon le remplaca
sur son siege. Le fils d'Herbert fut declare dechu de tout droit sur
l'archeveche de Reims.
Raoul et ses allies ne se tinrent pas pour satisfaits de leur rentree
dans la grande cite metropolitaine du nord. Ils se porterent sur Laon,
ou s'etait enferme le comte de Vermandois. Se voyant dans
l'impossibilite de resister, Herbert sollicita et obtint libre passage
pour se retirer; mais a l'exemple de ce qu'avait fait naguere le roi,
il laissa sa femme dans la forteresse recemment edifiee par ses soins.
Celle-ci, apres une belle defense, fut obligee de capituler[241]. La
royaute rentree en possession de ses deux boulevards du nord, Reims et
Laon, etait assuree par la meme d'une nouvelle periode de domination
effective et incontestee.
Apres cet important succes, Raoul se rendit au palais de Compiegne, et
le 7 octobre, il y delivra, a la priere de son precieux auxiliaire
Hugues, "marquis du royaume", le "tres cher abbe", dans la chapelle
royale de Saint-Corneille, un diplome renouvelant les privileges
concedes a l'abbaye de Marmoutier par Charlemagne, Louis le Pieux,
Charles le Chauve et Eudes[242]. Il alla ensuite passer l'hiver en
Bourgogne, a surveiller les divisions intestines de l'Aquitaine et a
guerroyer contre ses vassaux revoltes Gilbert et Richard. Il enleva a
ces derniers plusieurs places fortes et les contraignit finalement a
se soumettre[243]. Le 28 decembre, etant a Auxerre, il conceda a son
fidele Allard, a la femme et au neveu de celui-ci, Plectrude et
Geilon, sur la requete d'Anseis, eveque de Troyes, et du comte de
Nevers, Geoffroy, l'abbaye de Saint-Paul en Senonais avec des
dependances en Gatinais[244]. C'est alors pour la premiere fois
qu'Anseis de Troyes parait comme archichancelier, a la place d'Abbon
de Soissons devenu suspect a cause de ses complaisances pour le fils
d'Herbert II, Hugues, qu'il avait protege a Reims[245]. Bientot
l'affaire de l'eveche de Noyon rappela le roi dans le nord. Au deces
de l'eveque Airard, l'abbe de Corbie, Gaubert, avait d'abord ete
choisi; mais un clerc ambitieux combattit cette election, et avec
l'appui du comte d'Arras, Alleaume, qu'il introduisit traitreusement
dans la cite, il s'appropria la dignite episcopale[246].
Quelques hommes d'armes chasses brutalement de Noyon inciterent les
habitants des faubourgs a expulser le nouveau prelat. Ils penetrerent
en ville, les uns en escaladant une fenetre de la cathedrale, les
autres en mettant le feu a la porte. Le comte Alleaume, cherchant un
refuge dans la basilique, y fut massacre au pied meme de l'autel.
Gaubert fut alors consacre par Artaud[247].
A la nouvelle de ces luttes, Raoul craignant de nouvelles
complications, avait regagne le nord. Herbert venait d'enlever Ham au
frere d'Heloin de Montreuil, Ebrard, qu'il avait fait prisonnier.
Raoul commenca par se concerter avec Hugues. D'accord avec lui, il
rendit a Beuves de Chalons son eveche, puis, mecontent de l'attitude
d'Herbert a Noyon et Ham, il se jeta a l'improviste sur l'abbaye de
Saint-Medard de Soissons et en prit possession. Le comte de Vermandois
sentait a tel point son impuissance qu'il ne fit rien pour essayer d'y
penetrer, une fois Raoul parti[248]. Les preoccupations royales
etaient depuis quelque temps dirigees d'un tout autre cote par suite
de l'entree en scene inattendue des seigneurs meridionaux. Trois
d'entre eux, parmi les plus considerables, de ceux qui s'etaient
toujours tenus a l'ecart de Raoul du vivant de Charles le Simple,
favorablement impressionnes par la prise de Reims sur le geolier de
l'infortune souverain, se deciderent a preter l'hommage: ce sont le
comte de Toulouse, Raimond-Pons III, son oncle le comte de Rouergue,
Ermengaud, et enfin le seigneur gascon Loup Aznar[249]. Certains
historiens ont cru necessaire de supposer une expedition de Raoul en
Aquitaine, pour expliquer ce revirement si complet, surprenant au
premier abord par sa spontaneite[250]. En realite, la preponderance
politique, que Raoul avait reussi a gagner par son inlassable activite
depuis la mort de Charles, suffit a donner la clef de ce brusque
changement dans l'attitude des grands vassaux du midi. Ceux-ci
devaient, en effet, commencer a redouter de voir se tourner contre eux
les armes royales, victorieuses d'Herbert de Vermandois.
A partir de cet acte solennel de soumission, les documents publics et
prives de l'Aquitaine et du Languedoc furent dates des annees du regne
de Raoul, comptees depuis la mort de Charles le Simple. On revenait
ainsi implicitement sur le calcul d'un pretendu interregne qu'on avait
fait pendant trois annees: c'etait la reconnaissance formelle de
l'irregularite du procede. Seule la Marche d'Espagne, ou les comtes
avaient usurpe tous les droits regaliens, echappa a la suzerainete de
Raoul; mais elle etait situee si loin, au dela des Pyrenees, qu'on ne
pouvait guere etre tente d'y faire une expedition pour s'assurer une
domination illusoire[251].
Il semble que Raimond de Toulouse ait recu a l'occasion de sa
soumission la dignite de duc d'Aquitaine, dont on le voit revetu par
la suite. On ne saurait dire cependant pourquoi cette dignite ne resta
pas attachee au comte de Poitiers, car Ebles de Poitiers, fils du duc
d'Aquitaine Renoul II, avait toujours ete fidele a Raoul. Il est a
supposer que ce changement fut necessite par des circonstances d'ordre
politique, et peut-etre meme est-ce sur cette base que la soumission
de l'Aquitaine avait ete negociee[252].
En juin 932, Raoul etait en Lyonnais, a Anse, ou le 19 de ce mois, il
confirmait, a la requete de Dalmace, les possessions de l'abbaye de
Montolieu sises dans le pays de Carcassonne, en Narbonnais et en
Razes, preuve manifeste de sa domination incontestee dans ces
regions[253]. Le 21 juin et le 1er juillet, a la demande de la reine
Emma et de son frere Hugues, il fit diverses liberalites au monastere
de Cluny, auquel il conceda meme le droit de battre monnaie[254].
Plusieurs chartes lyonnaises datees de son regne, en cette meme annee,
prouvent qu'il peut avoir ete reconnu dans ce pays avant le traite
conclu entre Rodolphe II et Hugues d'Italie[255].
Pendant l'eloignement du roi, Hugues avait poursuivi les hostilites
contre Herbert. Avec le secours de plusieurs eveques, il avait assiege
Amiens, occupe par les gens de ce dernier, et il reussit a se faire
livrer des otages; puis il marcha droit sur la capitale du Vermandois,
Saint-Quentin, et s'en empara au bout de deux mois de siege. Ces
succes determinerent le duc de Lorraine, Gilbert, a repondre aux
ouvertures de Hugues qui lui demandait son aide pour assieger Peronne.
Malheureusement tous les assauts des Lorrains furent repousses avec
pertes, et Gilbert decourage prit le parti de se retirer. Hugues sut
lui faire accepter avant son depart une entrevue avec Raoul[256].
Le roi avait coopere a l'attaque infructueuse de Peronne. Il revint
encore en Vermandois, vers la fin de l'annee, accompagne de Hugues,
pour assieger Ham, et il forca les habitants a livrer des otages.
D'autre part le marquis de Flandre, Arnoul, venait de mettre la main
sur Arras, en profitant du desarroi cause par la mort du comte
Alleaume, a Noyon[257]. Il ne restait plus a Herbert comme derniers
reduits que Peronne et Chateau-Thierry. On prit les mesures
necessaires afin d'empecher toute tentative de sa part pour rentrer a
Laon, a la suite du deces de l'eveque Gosbert (932): Engrand, doyen de
Saint-Medard de Soissons, qui dependait a present du roi, fut elu
immediatement[258].
La situation du comte de Vermandois etait si precaire qu'il essaya de
nouveau, comme en 931, d'obtenir l'appui d'Henri de Germanie; mais il
n'eut pas plus de succes qu'auparavant, ce souverain etant aux prises
avec des difficultes interieures et engage dans une guerre contre les
Hongrois.
Au milieu de ces circonstances adverses, Herbert eut du moins la
satisfaction de voir son ancien partisan, l'eveque de Chalons, Beuves,
retabli sur son siege par la faveur de Hugues, qu'il avait su se
concilier pendant sa captivite. Artaud reunit meme un synode pour
excommunier son remplacant ephemere, Milon, qui menacait de troubler
la paix du diocese[259].
L'archeveque de Reims recut a quelque temps de la, au debut de l'annee
933, la recompense de cet acte de haute impartialite. Les deputes
qu'il avait envoyes aupres du pape Jean XI, Gison et Amaury, revinrent
de Home, lui rapportant le _pallium_, l'insigne reserve aux seuls
archeveques[260]. Cette reconnaissance formelle par le Saint-Siege lui
etait infiniment precieuse, car l'intronisation de Hugues se
Vermandois avait obtenu jadis l'assentiment du pape Jean X, et au
point de vue du droit canon, seule une decision pontificale pouvait en
reformer une autre.
Vers 933 Rodolphe II, roi de Bourgogne, obtint de Hugues d'Italie
l'abandon de ses droits a la souverainete sur la Provence, et
constitua ainsi le "royaume d'Arles"[261]. Raoul qui pretendait a la
suzerainete sur Vienne, l'ancienne capitale des rois de Provence,
Boson et Louis, craignit de se trouver evince par Rodolphe a la suite
de cet accord passe en dehors de lui. Il descendit avec une armee la
vallee du Rhone et se fit recevoir comme suzerain dans la cite, ou
commandait Charles-Constantin[262]. D'autre part son frere Boson,
epoux de Berthe, niece de Hugues, en possession des comtes d'Arles et
d'Avignon, dominait en Provence depuis que son beau-pere etait parti
chercher fortune en Toscane[263]. Vers cette epoque Raoul put
s'intituler avec raison, dans ses diplomes, _rex Francorum,
Aquitanorum et Burgundionum_[264]. Le roi de Germanie, Henri 1er,
occupe a combattre les Hongrois qu'il finit par ecraser cette annee
meme sur les bords de l'Unstrutt (le 15 mars) n'avait pas pu
intervenir.
Revenu dans le nord, Raoul obtint enfin la soumission de la Normandie:
le jeune "marquis" Guillaume, fils de Rollon, n'etant plus retenu par
ses obligations a l'egard de Charles le Simple, se decida a lui preter
hommage. Il recut en recompense une partie du littoral contigu a la
Bretagne, probablement l'Avranchin et le Cotentin[265]. Depuis
plusieurs annees, deja, la lutte la plus vive etait engagee entre
Normands et Bretons. Un soulevement general, suivi d'un massacre des
Normands de Felecan, avait eu lieu en 931[266]. Pris entre les deux
colonies scandinaves de la Seine et de la Loire, les Bretons avaient a
combattre sans cesse, sur leurs frontieres, des envahisseurs obstines
et intrepides, conduits par des chefs comme Ingon, qui parait avoir
succede a Roegnvald, ou Guillaume Longue-Epee. Ce dernier reussit a
avoir le dessus dans les combats livres aux confins de la Bretagne,
mais il ne put jamais etendre sa suzerainete sur la peninsule
elle-meme ou un peu plus tard le comte Alain Barbe-Torte, aide par des
secours anglo-saxons, parvint a former une unite feodale solidement
constituee[267]. Guillaume avait neanmoins interet a faire confirmer
les droits concedes sur ce pays par Charles le Simple a son pere et a
faire reconnaitre la legitimite de ses dernieres conquetes. Ces
raisons se presentent naturellement a l'esprit, quand on cherche a
comprendre la cause du changement si considerable et si gros de
consequences qui se produisit dans l'attitude de Guillaume.
Encourage par ce magnifique succes qui affermissait son pouvoir
souverain, Raoul reprit la lutte contre le Vermandois avec une
nouvelle ardeur. Accompagne de la reine Emma et d'une armee puissante,
composee en partie de milices ecclesiastiques, il alla camper devant
Chateau-Thierry. Les archeveques de Tours et de Reims, Teotolon et
Artaud, qui etaient avec lui, profiterent de la presence de plusieurs
de leurs suffragants et de quelques eveques bourguignons pour reunir
un synode, ou Heudegier fut consacre eveque de Beauvais. Le siege dura
six semaines, et la place ne fut prise que grace a la trahison de son
chef Walon, qui consentit a preter l'hommage a la reine Emma a
condition de garder son poste[268].
Ham qui s'etait rendu au roi l'annee precedente, etait retourne au
parti d'Herbert. Le fils de ce dernier, Eudes, l'occupa et s'en servit
comme base pour aller piller les environs de Soissons et de Noyon.
L'abbesse de Notre-Dame de Soissons fut obligee de solliciter la
generosite royale, pour trouver un abri aux chanoines de Saint-Pierre
dont les habitations et le cloitre avaient ete detruits par
l'incendie[269].
Une tentative hardie d'Herbert sur Saint-Quentin put reussir, mais ce
ne fut qu'un succes passager. Les habitants de la ville avaient une
certaine repugnance a combattre pour Hugues, leur nouveau maitre: ils
faciliterent l'assaut au comte de Vermandois qui y rentra des le
troisieme jour du siege. La faible garnison laissee par Hugues obtint
de se retirer, en promettant une neutralite absolue pendant la suite
des hostilites. Herbert s'eloigna, confiant la garde de la ville, dont
il s'exagerait l'attachement, a un tres petit nombre des siens. Hugues
accourut presque aussitot, s'empara pour la seconde fois de
Saint-Quentin et punit severement la tiedeur des habitants: plusieurs
furent mutiles et un clerc noble appele Treduin, qu'Herbert avait
recemment amene, fut pendu[270].
En quittant Saint-Quentin, Hugues, accompagne de l'archeveque Artaud,
obtint la reddition de la forteresse de Roye, en Vermandois[271].
Herbert, devant la superiorite numerique de ses ennemis, fit preuve
d'une opiniatrete et d'une activite veritablement prodigieuses. Il
parvint a rentrer en possession de Chateau-Thierry, en gagnant a sa
cause quelques-uns de ses anciens partisans preposes par Walon a la
garde de la place; mais il se borna a y mettre une garnison, ne
voulant pas s'y enfermer lui-meme afin de garder toute sa liberte pour
agir[272].
A cette nouvelle, Hugues accourut assieger la ville, malgre la
mauvaise saison. Raoul, de retour en France depuis peu[273], vint le
rejoindre au debut de l'annee 934. Ce second siege de Chateau-Thierry
fut encore plus difficile que le premier. Enfin, au bout de quatre
mois[274]. Walon le vassal de la reine, qui etait avec les
assiegeants, trouva moyen, grace a sa parfaite connaissance des lieux,
d'escalader pendant la nuit les murs du faubourg inferieur, au bord de
la Marne. La forteresse situee sur la hauteur continua neanmoins a
resister. De nouveaux assauts reiteres deciderent enfin les vaillants
defenseurs a entamer des pourparlers: ils obtinrent de rester en
possession du chateau moyennant la remise d'otages.
Le comte de Vermandois affecta de n'attacher aucun prix aux garanties
donnees par ses gens. Raoul et Hugues se deciderent alors a revenir,
des qu'ils le purent, continuer le siege de la citadelle de
Chateau-Thierry. L'intervention du roi de Germanie vint fort a propos
apporter le reglement au moins provisoire de cette question. Les
victoires d'Henri sur les Hongrois, les Slaves et les Danois lui
permettaient de repondre maintenant aux avances jadis faites en vain
par Herbert.
Il envoya a son secours Gilbert de Lorraine et Eberhard de Franconie,
avec plusieurs eveques lorrains; et ceux-ci reussirent negocier en
faveur de leur protege, un armistice jusqu'au 1er octobre. Mais Raoul
ne consentit que moyennant l'abandon de Chateau-Thierry, a laisser
Herbert jouir paisiblement de la possession de Peronne et de Ham
pendant la treve[275].
Cependant, d'une facon tres inattendue, Herbert fut en partie
dedommage de ses revers par l'acquisition d'un puissant allie. Le
comte ou marquis de Flandre, Arnoul, se decida enfin a epouser Adele
de Vermandois, a laquelle il avait ete fiance anterieurement[276].
Herbert avait deja apprecie la puissance d'Arnoul lorsque celui-ci
avait occupe Arras, en 932. Depuis lors, le meme comte etait devenu
maitre de Boulogne et Terouanne et abbe de Saint-Bertin a la mort de
son frere Allou. L'alliance d'un tel voisin, si longtemps hostile,
etait tout a fait inesperee.
Pendant l'armistice, Herbert se hata d'approvisionner Peronne, et il
se vengea en meme temps de ses vassaux, partisans de Hugues, en
confisquant leurs recoltes. Gilbert, de son cote, s'etait prepare a
aider de nouveau le comte de Vermandois. La treve expiree, les
Lorrains entrerent en France, avec l'intention d'enlever
Saint-Quentin; Hugues conjura le danger en envoyant des deputes a
Gilbert, afin de negocier un nouvel armistice. On tomba d'accord pour
prolonger la paix jusqu'au 1er mai 935[277].
Vers la fin de l'annee, Raoul perdit un precieux auxiliaire en la
personne de sa femme, la reine Emma[278]. Quelque blame que la legende
monacale ait pu emettre sur le caractere violent et usurpateur de
certains de ses actes, conformes du reste aux moeurs de l'epoque, la
vaillance et l'activite de cette princesse n'en meritent pas moins
l'admiration. Elle avait pris personnellement part aux penibles luttes
soutenues par son mari contre les grands vassaux, et son influence
politique meritee nous est encore revelee par les diplomes royaux ou
on la voit souvent intervenir.
Au printemps de 935, Raoul fit une courte demonstration contre un
parti d'Aquitains qui avait pris _Viriliacum_[279] a Geoffroi de
Nevers, son fidele vassal. Ayant chasse les usurpateurs, il regagna le
nord et profita de ses bons rapports avec Geoffroi pour le charger
d'une mission delicate aupres du roi de Germanie, Henri Ier. Il
s'agissait de negocier les bases d'un accord et de preparer une
entrevue[280].
Pendant le sejour du roi a Laon, vers Paques, une rixe sanglante,
heureusement sans consequences, eclata entre ses gens et ceux de
l'eveque. De la, Raoul se transporta a Soissons, ou il reunit les
grands vassaux (_primates regni_) en un plaid: une ambassade d'Henri
Ier vint l'y trouver. La rencontre des deux souverains fut fixee au
mois de juin, et elle eut lieu, en effet, vers le 8, sur les bords de
la Chiers[281], aux confins de la Lorraine. Outre les suites
nombreuses des deux princes, on vit encore paraitre, a la conference,
le roi de Bourgogne Rodolphe II, sans qu'on sache au juste la cause de
sa venue; peut-etre etait-ce en vue de regler la question du Viennois.
Herbert de Vermandois se presenta devant Raoul, et, selon
l'arrangement intervenu, fit sa soumission. Le roi lui rendit
solennellement plusieurs des domaines occupes par Hugues, et il
reconcilia les deux adversaires. Henri obtint aussi, de son cote, la
soumission de Boson, auquel il rendit a peu pres la totalite de ses
domaines Lorrains[282]. Ainsi Raoul avait negocie une paix definitive
avec Herbert moyennant quelques concessions, dont Hugues faisait les
frais, et il avait assure la restitution a son frere Boson de ses
domaines perdus. Sauf cette derniere clause, onereuse theoriquement
puisqu'elle pouvait engager la question de suzerainete de la Lorraine,
l'arrangement etait fort avantageux pour Raoul.
A peine l'eut-il conclu qu'il fut rappele en Bourgogne par une
invasion hongroise. Les barbares pillerent et brulerent divers
monasteres, notamment celui de Beze, et a l'approche du roi, gagnerent
en hate le midi, puis l'Italie[283]. Raoul profita du moins de sa
venue pour assieger Dijon, dont le comte Boson s'etait naguere empare
et que ses gens occupaient encore[284].
FOOTNOTES:
[Footnote 213: Obituaires de Saint-Germain-des-Pres, de Saint-Denis et
d'Argenteuil, dans _Obituaires de la province de Sens, ed._ A.
Molinier (_Recueil des historiens de France_, in-4), t. I, p. xx, 254,
312 et 345.]
[Footnote 214: Flod., _Ann._, a. 929.]
[Footnote 215: Flod., ibid.]
[Footnote 216: Flod., _Ann._, a. 930; Adrevald, _De miraculis S.
Benedicti_, I, C. XXXIII-IV, ed. de Certain, pp. 70-75.]
[Footnote 217: Ademar de Chabannes, III, 20 (ed. Chavanon, p. 139);
Richer, I, 57; _Chron. Vezeliac._, a. 929 (_Rec. des historiens de
France_, IX, 89). Marvaud (_Hist. des vicomtes de Limoges_, 1873, I,
p. 67) a identifie le lieu dit "Ad Destricios" cite par Ademar avec
Estresse, pres Beaulieu, dep. de la Correze, arr. de Brives.]
[Footnote 218: Ademar, III, 28 (ed. Chavanon, p. 149): "Willelmus ...
Sector ferri, qui hoc cognomen indeptus est quia, commisso praelio cum
Normannis et neutro cadenti, postera die pacti causa cum rege eorum
Storm solito conflictu deluctans, ense corto durissimo per media
pectoris secuit simul cum torace una modo percussione ..." Cf. J.
Depoin, _Les comtes hereditaires d'Angouleme de Vougrin Ier a Audoin
II_ (extr. du _Bulletin de la soc. archeol. et hist. de la Charente_,
annee 1904), p. 14.]
[Footnote 219: Aimoin, _De miraculis S. Benedicti_, lib. II, c. III
et V (ed. de Certain, p.100). En fait, il n'est plus question, a
partir de ce moment, que d'une simple incursion de pillards en Berry
(voy. plus loin, p. 75).]
[Footnote 220: Ademar, III, 23, ed. Chavanon, p. 144; _Translatio S.
Genulfi_ (_Acta SS. ord. S. Benedicti_, saec. IV. 2, p. 230). Le
monastere de Saint-Benoit eut beaucoup de mal a reprendre sa
prosperite anterieure. La discorde se mit chez les moines, et pour
mettre fin a cet etat de choses lamentable, il fallut que le comte
Elisiard, a la mort de l'abbe Lambert, appelat a sa direction le
celebre reformateur Eudes de Cluny. Cf. E. Sackur, _Die Cluniacenser_,
p. 88-89.]
[Footnote 221: Il y donnait un diplome confirmatif de tous les biens
du monastere de Saint-Andoche. _Recueil des historiens de France_, IX,
573 (a l'annee 928); Thiroux, _Hist. des comtes d'Autun_, p. 121 (a
l'annee 927); L. Lex _Documents originaux anterieurs a l'an mil des
archives de Saone-et-Loire, (Mem. de la Soc. d'hist. et d'archeol. de
Chalon-sur-Saone_, t. VII, 4e partie, 1888, p. 266), n deg. XIV (au 1er
avril 928, d'apres une copie). Nous retablissons ici la date de 930 en
supposant une erreur d'indiction et en admettant l'annee du regne
(VII) comme correcte.]
[Footnote 222: Vitry-en-Perthois ou le Brule, dep. de la Marne, arr.
de Vitry-le-Francois.]
[Footnote 223: Flod., _Ann._, a. 930 et 931; _Hist. eccl. Rem._, IV,
23.]
[Footnote 224: Flod., _Ann_., a. 931. Cf. A. Steyert, _Hist. de Lyon_,
t. II (1897), p. 192-194. Voy. plus haut, p. 54-55.]
[Footnote 225: Flod., _Ann_., a. 931; _Recueil des historiens de
France_, IX, 573; Mabille, _La pancarte noire de Saint-Martin de
Tours_, no VI (136).]
[Footnote 226: Flod., ibid. Sur le differend entre Manasses et Robert,
voy. plus haut, p. 1.]
[Footnote 227: _Appendix Miracul. S. Germani Autissiod. (Bibl. hist.
de l'Yonne_, II, p. 197-198).]
[Footnote 228: Flod., _Ann_., a, 931]
[Footnote 229: Flod., _Ann_., a. 931.]
[Footnote 230: Flod., ibid.]
[Footnote 231: Aisne, arr. de Soissons.]
[Footnote 232: Flod., ibid.; _Hist. eccl. Rem_., IV, 24; Richer, 1,
59.]
[Footnote 233: Flod., _Anna_., a. 931; _Hist. eccl. Rem_., IV, 24, 35;
Richer, I, 61.]
[Footnote 234: Flod., ibid.]
[Footnote 235: Charles le Simple s'etait intitule _rex Francorum_,
apres l'acquisition de la Lorraine (_largiore hereditate indepta_),
comme s'il avait ete alors reellement a la tete de tout l'ancien
_regnum Francorum_.]
[Footnote 236: Kalckstein, p. 185; Lippert, p. 76-77; cf. Waitz,
_Heinrich I_, 2e ed., p. 141-142. Henri Ier revint encore en Lorraine
a la fin de cette annee. Il etait a Yvoix (Ardennes) le 24 octobre
931, avec le comte Gilbert, observant sans doute les evenements de
France (_M.G.h., Dipl. reg. et imp. Germ._, I, p. 65, n deg. 30).]
[Footnote 237: Mabille, _La pancarte noire de Saint-Martin de Tours_,
n deg. VI (136); _Recueil des historiens de France_, IX, p. 573.]
[Footnote 238: Flod., _Ann._, a. 931; _Hist. eccl. Rem._, IV, 24 et
35; Richer, I, 59-61.]
[Footnote 239: Flod., _Hist. eccl. Rem._, I, 20, _in fine_: "In
Vulfiniaco-Rivo, pago Laudunensi, habetur oratorium in honore sancti
Remigii dedicatum. In quo, dum Rodulfus rex Heribertum comitem
persequeretur, qui episcopatum Remensem a rege sibi commendatum
tenebat, homines ipsius villae res suas prepter hostiles incursus
recondere studuerunt. At dum rex prefatus ad obsidendam Remensem
venisset urbem et in Culmissiaco metatus esset, exercitus ejus vicinas
occupavit villas. Quidam vero illorum, qui in prenotata villa,
scilicet Vulfiniaco-Rivo, metatum habebant, vinum, quod in ecclesia
timoris causa reconditum fuerat, invadit, et quasi tabernam
constituens in eadem ecclesia, paribus suis illud vendere coepit. Haec
dum ageret, pereussus morbo, repente sensum amisit, ore sibi ad aurem
usque pene retorto, vitam finivit. Quod cernentes ceteri, ab hujusmodi
sese cohibuere presumptione."]
[Footnote 240: Flod., _Ann._, a. 934; _Hist. eccl. Rem._, IV, 24 et
35; Richer, I, 61.]
[Footnote 241: Flod., ibid.; Richer, I, 62. On a identifie, sans
preuve, la forteresse construite a Laon par Herbert avec le
Chateau-Gaillot, actuellement detruit. Cf. _Le regne de Louis IV
d'Outre-Mer_, p. 32, n. 6.]
[Footnote 242: A. Giry, _Un diplome royal interpole pour l'abbaye de
Marmoutier (Comptes rendus de l'Academie des Inscriptions et
Belles-Lettres_, 1898, p. 197).]
[Footnote 243: Flod., _Ann._, a. 932.]
[Footnote 244: _Recueil des historiens de France_, IX, 579; Quantin,
_Cartul. general de l'Yonne_, I, 137, n deg. LXXI.]
[Footnote 245: On peut meme se demander si cet "Herbert", dont il
avait fait son "notaire" et puis un "chancelier royal" (_Recueil des
historiens de France_, IX, pp. 570, 571 et 573) n'est pas a identifier
avec le propre fils d'Herbert II.]
[Footnote 246: Flod., ibid.; Richer, I, 63.]
[Footnote 247: Flod., _Ann._, a. 932; Richer, _loc. cit._]
[Footnote 248: Flod., _loc. cit._]
[Footnote 249: Flod., _Ann._, a. 932; Bicher (I, 64) place l'entrevue
sur les bords de la Loire. Cf. _Le regne de Louis d'Outre-Mer_, p.
219; J. de Jaurgain, _La Vasconie_ (Pau, 1898, in-8), pp. 195 et
suiv.; Lot, _Hugues Capet_, p. 204, n deg. 2; A. Richard, _Hist. des
comtes de Poitou_, I, p. 68-69. D'apres A. Degert, (_Le pouvoir royal
en Gascogne sous les derniers Carolingiens et les premiers Capetiens_,
dans _Revue des Questions historiques_, t. LXXII, annee 1902, p. 427).
Aznar aurait ete un seigneur de Comminges. On peut hesiter pour la
date de cette entrevue entre les annees 931 et 932; (voy. _Les Annales
de Flodoard_, ed. Lauer, p. 53, n. 9). Nous penchons cependant pour
admettre la seconde de ces dates, a cause de la place des _Annales_ ou
se trouvent rapportes les details de l'entrevue.--Flodoard a recueilli
une anecdote plaisante: le seigneur gascon Loup Aznar avait,
parait-il, raconte aux Bourguignons que son cheval etait age de plus
de cent ans. On ne crut pas cependant le Gascon sur parole, ainsi
qu'il ressort du ton meme des Annales. Aznar montait probablement l'un
de ces petits chevaux tarbes, de race arabe, tres efflanques,
l'ancetre de Rossinante.]
[Footnote 250: Kalckstein, p. 186; _Hist. de Languedoc_, nouv. ed.,
III, p. 110 et suiv.]
[Footnote 251: _Hist. de Languedoc_, loc. cit.]
[Footnote 252: Lot, _Fideles ou vassaux?_, p. 55.]
[Footnote 253: _Hist. de Languedoc_, nouv. ed., V, n deg. 56, Anse est
dans le Rhone, arr. de Villefranche.]
[Footnote 254: _Recueil des chartes de Cluny_, I, nos 396 a 398; bulle
de Jean XI faisait allusion a un diplome perdu de Raoul.
Jaffe-Loewenfeld, _Regesta pontif. roman._, no. 3584.]
[Footnote 255: Recueil des chartes de Cluny, I, nos 239, 255, 258,
411, 442. Cf. Poupardin, _Le royaume de Provence_, p. 235.]
[Footnote 256: Flod., _Ann._, a. 932; E. Lemaire, _Essai sur l'hist.
de la ville de Saint-Quentin_ (_Mem. de la Soc. acad. de
Saint-Quentin_, 4e serie, t. VIII, 1886-7) P. 280-281.]
[Footnote 257: _Ann. Elnon. min.; Chron. Tornac._, a. 932 (_M.G.h.,
Scr._, V, 19, et XV, 2, 1296). Cf. Vanderkindere, _Formation
territoriale des principautes belges au moyen age_, 2e ed., I, 325.]
[Footnote 258: Flod., _loc. cit._]
[Footnote 259: Flod., _Ann._, a. 933.]
[Footnote 260: Flod., _Ann._, a. 933. Jaffe-Loewenfeld, _Regesta
pontif. roman._, n deg. 3591.]
[Footnote 261: Liudprand, _Antapodosis_, III, 48 (ed. Duemmler, p.76),
Poupardin, _Le royaume de Provence_, p. 230 et suiv.; _Le royaume de
Bourgogne_, p. 39-60.]
[Footnote 262: Flod., _Ann._ 933. _Recueil des chartes de Cluny_, I,
n deg. 437, 439. Cf. G. de Manteyer, _La Provence du premier au douzieme
siecle_, p. 131.]
[Footnote 263: Liudprand, _Antapodosis_, III, 47, _loc. cit._; _Hist.
de Languedoc_, nouv. ed., V, no XCII; Poupardin, _Le royaume de
Bourgogne_, p. 69.]
[Footnote 264: _Recueil des historiens de France_, IX, 578 et 580. Le
titre de _rex Aquitanorum_ est attribue a Raoul dans plusieurs actes
de Brioude posterieurs a 926 (Cf. Bruel, _Essai sur la chronologie du
cartulaire de Brioude_, dans _Bibl. de l'Ecole des chartes_, annee
1866, pp. 479-480).]
[Footnote 265: Flod., _Ann._, a. 933. Cf. Dudon de Saint-Quentin, ed.
Lair, preface, p. 71; Longnon, _Atlas hist._, texte, p. 86; Duemmler,
_Zur Kritik Dudos von S. Quentin_ (_Forschungen zur Deutschen
Geschichte_, VI, 375); A. de La Borderie, _Hist. de Bretagne_, II, p.
378; F. Lot, _Fideles ou vassaux?_, p. 184, n. 3.]
[Footnote 266: Flod., _Ann._, a. 931; _Chron. de Nantes_, ed. Merlet,
introd., pp. XLIII-XLIV; Dudon de Saint-Quentin, ed. Lair, preface, p.
71.]
[Footnote 267: Flod., _Ann._, a. 933 et 936; _Chron. de Nantes_, ed.
Merlet, c. XXIX-XXX, pp. 82-83-89; A. de La Borderie, _Hist. de
Bretagne_, II, 409-410.]
[Footnote 268: Flod., _Ann._, a. 933.]
[Footnote 269: Diplome de Raoul du 5 mars 934 (_Recueil des historiens
de France_, IX, 579, d'apres Mabillon, _De re diplomatica_, p. 566).]
[Footnote 270: Flod., _Ann._, a. 933; E. Lemaire, _Essai sur l'hist.
de Saint-Quentin, loc. cit._, p. 280-281.]
[Footnote 271: Flod., ibid.]
[Footnote 272: Flod., _Ann._, a. 933.]
[Footnote 273: Il etait a Attigny le 13 decembre 933. Mabillon, _Ann.
Bened._, III, 404; _Recueil des historiens de France_, IX, 578.]
[Footnote 274: Raoul etait a Chateau-Thierry le 3 mars. Mabillon, _De
re diplomatica_, n deg.133, p. 566; _Recueil des historiens de France_,
IX, 579 (diplome en faveur des chanoines de Saint-Pierre de
Soissons).]
[Footnote 275: Flod., _Ann._, a. 934.]
[Footnote 276: Flod., _Ann._, a. 934; _Ann. Elnon. min. (M.G.h.,
Scr._, V, 19); Witger, _Geneal. comit. Flandriae (ibid._, IX,
303-304); lettre d'Aethelwerd (ibid., X, 439).]
[Footnote 277: Flod., _Ann._, a. 934.]
[Footnote 278: Flod., _Ann._, a. 934, _in fine._]
[Footnote 279: Sur les difficultes d'identification de cette localite,
voy. _Les Annales de Flodoard_, ed. Lauer, p. 60, n. 6.]
[Footnote 280: Flod., _Ann._, a. 935.]
[Footnote 281: Flod., ibid.; Widukind, I, 39; diplome d'Henri
l'Oiseleur, du 8 juin 934 (_M.G.h., Diplom._, I, 73, n deg. 40); Stumpf,
n deg. 44-47; Waitz, _Heinrich I_, p. 470.]
[Footnote 282: Flod., _Ann._, a. 935.]
[Footnote 283: Flod., _ibid.; Ann. Floriacenses_, a. 936; _Ann.
Mettenses_, a. 934 (_M.G.h., Scr._, II, 225, III, 133); _Chron.
Vezetiae.; Chron. Dolense (Rec. des histor. de France_, IX, 90); _Ann.
Besuenses_, a. 933 (_M.G.h. Scr._, II, 246). Cf. Waitz, _op. cit._, p.
134. _Le Chron. Dolense_ place a cette date de 935 une invasion
hongroise en Berry, au cours de laquelle Ebbon de Deols perit. Nous
avons explique ailleurs (_Le regne de Louis d'Outre-Mer_, p. 24, II.
1) les raisons pour lesquelles nous considerons ce temoignage comme
peu digne de foi et croyons devoir reporter l'episode de la mort
d'Ebbon en l'annee 937, ou la presence des Hongrois en Berry est
attestee par Flodoard. Le systeme inverse, qui consiste a accorder
plus de valeur au _Chron. Dolense_ qu'a Flodoard, a ete suivi par
Raynal (_Hist. du Berry_, t. I, p. 336) et par M.E. Chenon dans _Un
monastere breton a Chateauroux_ (extr. du I. XVII des _Mem. de la
Societe archeol. d'Ille-et-Vilaine_), p. 7.]
[Footnote 284: Flod., ibid. Peut-etre faut-il distinguer de Boson,
frere du roi, ce comte homonyme qui s'empare de Dijon, bien que
Flodoard ne precise pas.]
CHAPITRE VI
LA FIN DU REGNE.
Les conditions de l'entente des bords de la Chiers n'etaient pas
faciles a realiser. Hugues refusa, on ne sait pour quelle raison, de
restituer Saint-Quentin au comte de Vermandois. Ce dernier en appela a
Henri de Germanie. Plusieurs comtes lorrains et saxons vinrent, sous
pretexte de mediation, rejoindre Herbert avec une forte armee, et au
lieu d'entrer en pourparlers avec Hugues, ils se jeterent sur
Saint-Quentin qu'il retenait, d'apres eux, indument. La ville fut
obligee de se rendre. Herbert, craignant de n'etre pas en mesure de
conserver une si difficile conquete, son ancienne capitale, dont il
avait eprouve a deux reprises l'attachement douteux, n'hesita pas a
laisser des etrangers raser la forteresse. Ce succes avait a ce point
mis en haleine ses allies (_amici_) qu'ils parlaient maintenant
d'attaquer Laon. Il fallut l'intervention royale pour les en
detourner[285].
Apres sa femme, Raoul perdit son frere. Boson avait pris part a
l'expedition lorraine contre Hugues. Le 13 septembre, selon un
diplome, il s'etait rencontre avec le roi a Attigny[286]. Peu apres il
mourut et fut enseveli en l'abbaye royale de Saint-Remy de Reims, a
laquelle il avait jadis concede Domremy[287]. C'etait un precieux
auxiliaire de Raoul et un utile representant des interets francais en
Lorraine qui disparaissait.
La paix interieure, retablie a grand'peine, faillit etre troublee par
une nouvelle invasion des Normands de la Loire. Les habitants du Berry
et de la Touraine parvinrent heureusement a les arreter[288]. Vers le
meme temps, Artaud reunissait un synode de sept eveques a Fismes, en
l'eglise Sainte-Macre, pour aviser aux moyens de faire cesser
definitivement les brigandages[289]. L'ere des luttes feodales
semblait enfin close. Maintenant le role du roi devait etre different.
Apres douze annees d'efforts, Raoul declare dans un diplome delivre le
13 septembre 935, a Attigny, qu'il entend desormais se vouer a
l'administration paisible de son royaume et qu'il compte maintenir ses
sujets dans le devoir par la confiance et non par la force des armes.
Ce curieux document renferme en outre une concession du donjon royal
d'_Uxellodunum_, en Quercy, au monastere de Tulle: la forteresse
edifiee jadis pour resister aux Normands devait etre rasee, afin
qu'elle ne put dorenavant servir a des entreprises hostiles, apres la
pacification definitive du midi[290].
Il ne fut pas donne a Raoul de gouverner en paix ni de jouir bien
longtemps du fruit de ses efforts. Il tomba malade en automne, et
retourna souffrant dans son duche[291]. Le 12 decembre, il etait a
Auxerre ou il confirmait diverses concessions du comte Geoffroi de
Nevers a son eveque Tedalgrinus[292]: il y expira le 14 ou le 15
janvier suivant[293]. On ignore son age, mais il devait etre encore
jeune, quoique epuise par treize annees de luttes presque sans treve.
Conformement a son desir, il fut inhume a Sainte-Colombe de Sens.
Comme l'eglise venait d'etre incendiee au cours de troubles recents,
ce ne fut que le 11 juillet que ses restes furent ensevelis au milieu
du choeur, aupres de ceux de son pere, qui reposaient dans la crypte
de Saint-Symphorien, et de ceux du roi Robert, a droite de
l'autel[294]. Le roi Louis d'Outre-Mer, couronne le 19 juin, ayant
sejourne a Auxerre le 25 et le 26 juillet, semble avoir du assister
avec Hugues le Grand aux funerailles de son predecesseur. Raoul avait
legue au monastere de Sainte-Colombe une partie de sa fortune privee,
sa couronne d'or enrichie de pierres precieuses et le superbe mobilier
de sa chapelle comprenant des ornements d'autel, des calices, des
reliquaires et des manuscrits. Ce tresor fut longtemps l'orgueil de
l'abbaye. Malheureusement, en 1147, l'abbe Thibaud emporta la couronne
de Raoul a la seconde Croisade, et comme il mourut en Orient, cette
magnifique piece d'orfevrerie fut irremediablement perdue[295].
D'apres l'auteur de la Chronique de Saint-Benigne de Dijon et Aubry de
Trois-Fontaines, Raoul aurait eu un fils appele Louis[296]. Un diplome
de sa mere Adelaide, date de 929, ou il est question d'un Louis "son
petit-fils" (?), _Ludovicas repos_, parait bien venir confirmer ces
assertions[297]. En tout cas, cet enfant etait mort avant son pere,
puisque le deces de Raoul amena une restauration carolingienne, le
rappel d'outre mer du fils de Charles le Simple, nomme lui aussi
Louis.
Un trait psychologique est interessant a relever: c'est la persistance
avec laquelle, meme dans les regions ou l'on avait le plus longtemps
refuse de reconnaitre la suzerainete de Raoul, on continua pendant
plusieurs mois a dater les actes en prenant pour point de depart le
jour de sa mort. On ignora ainsi volontairement la restauration du
jeune rejeton de cette dynastie carolingienne, a l'egard de laquelle
on avait affecte jadis une si inebranlable fidelite, parce que la
fiction d'un interregne semblait a present le meilleur pretexte aux
revendications d'independance. On concoit qu'en face d'un tel etat
d'esprit, consequence directe du mouvement feodal, et apres avoir eu
sous les yeux l'exemple des extraordinaires difficultes du regne de
Raoul, Hugues le Grand n'ait pas ose briguer la succession du roi
defunt et qu'il ait prefere se mettre a la tete du parti qui rappela
le jeune Louis, son propre neveu par alliance.
CONCLUSION
Sur Robert il est impossible de formuler aucune opinion, tant sa
carriere a ete promptement brisee. Nous nous bornerons a enregistrer
qu'apres avoir ete tres severement juge par ses contemporains, il est
devenu un heros epique sous le nom de Robert de Montdidier[298]. Les
appreciations qu'on a formulees au sujet de Raoul ne sont pas toutes
concordantes. Pour les uns c'est un usurpateur, et par suite
l'universalite de ses actes est comprise dans la meme reprobation
generale. Pour les autres, au contraire, ses qualites personnelles en
font une figure sympathique a tous les egards. Il est incontestable
que sa valeur militaire suffit a le mettre hors de pair. Dans les
nombreuses luttes qu'il eut a soutenir, il paya toujours de sa
personne, et il fut grievement blesse en combattant les Normands. Il
semble meme, a dire vrai, que son audace soit allee souvent jusqu'a la
temerite, et que son instinct guerrier une fois dechaine ne fut pas
exempt d'une certaine cruaute.
S'il se montra d'une bravoure accomplie en un siecle ou la vaillance
etait la premiere des vertus, il n'en posseda pas moins a un haut
degre les qualites necessaires pour gouverner. Il etait verse dans les
lettres[299]. Les chroniqueurs contemporains ont loue sa devotion et
sa generosite envers les eglises, ce qui, sous la plume d'ecrivains
ecclesiastiques, signifie qu'il sut faire des largesses utiles a son
influence et comprit les necessites materielles de son temps. Les
abbayes de Sainte-Colombe de Sens et de Saint-Germain d'Auxerre, dont
il etait avoue, les eglises d'Autun, d'Auxerre[300] et d'Orleans[301],
les abbayes de Saint-Martin de Tours[302], de Saint-Benoit-sur-Loire[303],
de Tulle[304] et de Cluny[305] furent comblees de ses dons. Il se montra
toujours protecteur de la justice et de l'ordre, suivant les traditions
de son pere Richard, qu'on a precisement surnomme le "Justicier"[306].
Aussi est-ce a lui que s'adressa le pape Jean X pour faire restituer a
l'abbaye de Cluny les domaines occupes par Guy, abbe de Gigny, en
violation du testament de Bernon[307].
Toujours pret a combattre contre des difficultes sans cesse
renaissantes, il deploya une admirable activite, pendant les douze
annees que dura son regne. Sa fermete, sa constance et aussi son
savoir-faire se trouvent amplement deceles par les circonstances de sa
vie. Il est loin d'egaler le politique sans scrupule qu'est Herbert de
Vermandois; mais il sait se tracer une ligne de conduite et executer,
malgre les obstacles, un plan arrete a l'avance. La maniere dont il se
servit de son frere Boson, en Lorraine et en Provence, et les phases
diverses de sa lutte contre Herbert, admirablement menee apres
quelques hesitations au debut, en apportent la demonstration la plus
limpide.
On a tres justement mis en parallele Raoul avec ses contemporains, les
souverains allemands Conrad de Franconie et Henri de Saxe, et on a
observe que la comparaison ne lui etait en rien defavorable[308]. S'il
fut moins heureux que le second, dont le fils Otton le Grand put
recueillir l'heritage et l'accroitre, du moins arriva-t-il a faire
reconnaitre partout sa souverainete, ce a quoi le premier ne put
jamais parvenir.
L'oeuvre de Raoul fut difficile principalement a cause du regime
social de son royaume, ou la feodalite en se constituant avait
determine l'anarchie. Les interets particularistes des seigneurs,
opposes les uns aux autres, rendaient extremement ingrate la tache
d'un roi feodal, dont l'autorite dependait du concours des grands
vassaux. La soif d'accroissement d'Herbert de Vermandois amena sa
rupture avec Raoul. Le fils de Robert Ier, Hugues, fut d'abord
entraine par lui contre un suzerain trop peu docile qu'il regretta
naturellement tres vite de s'etre donne; il ne se rapprocha de Raoul
que lorsqu'il le vit suffisamment affaibli et qu'Herbert devint
dangereux pour lui-meme. Les grands avaient espere, en creant roi le
duc de Bourgogne, regner a sa place et s'en servir comme d'auxiliaire
contre les Normands, et ils se heurterent a la volonte d'un homme
autoritaire et actif qui entendait gouverner autrement que de nom. Ils
s'apercurent qu'ils s'etaient donne un maitre et ils eprouverent bien
vite que le pouvoir royal entre les mains d'un roi elu par eux etait
devenu plus fort qu'entre celles d'un dynaste affaibli. Toutefois a un
point de vue plus eleve, le choix de Raoul avait ete excellent au
moment ou s'ouvraient les successions de Lorraine et de Provence,
puisqu'il etait allie aux familles royales de ces pays, que son frere
Boson y etait possessionne et epousa meme la petite-fille de Lothaire
II de Lorraine, niece de Hugues de Provence.
La difficulte de la tache de Raoul etait encore accrue par la rivalite
du roi de Germanie en Lorraine. Celui-ci avait affaire a une feodalite
moins developpee et, partant, plus aisee a dominer. En dehors des
grands feudataires laiques et ecclesiastiques, il ne semble pas qu'il
y ait eu alors en Germanie le meme esprit d'independance dans cette
classe turbulente des comtes et vicomtes desireux de s'accroitre, qui
empecha meme un moment Raoul d'etre assure de la soumission de son
propre duche. Il est vrai que pour satisfaire les gouts belliqueux et
les appetits insatiables de tous ces feodaux, Raoul ne disposait pas,
comme Henri l'Oiseleur, de nouveaux territoires conquis sur les
Slaves. Il n'avait que les rares debris d'un domaine royal tellement
ebreche par ses predecesseurs qu'il comprit la necessite de le
sauvegarder a tout prix.
C'etait la troisieme fois qu'un roi designe par une election veritable
parvenait au trone de France. Cette royaute feodale naissante nous est
en somme tres mal connue, faute de documents. Il semble qu'elle
puisse etre ainsi definie: un suzerain choisi par l'election des
grands et consacre par l'onction religieuse, qui est le seigneur des
seigneurs et dont tous les sujets sont consideres comme les vassaux.
Elle parait depouillee de presque toutes les prerogatives de la
souverainete. Les mesures generales prises par le roi, levees d'hommes
ou d'argent, ont un caractere exceptionnel et transitoire. Il n'y a
plus d'armee royale, plus d'impots, plus de dimes, plus de justice
royale. Nous assistons a l'abandon successif du droit regalien de
battre monnaie en faveur des grands feudataires laiques et
ecclesiastiques. Enfin il n'existe plus de legislation royale edictee
par des capitulaires: depuis Carloman, on trouve trace uniquement de
mesures d'ordre prive, prises par de simples diplomes. Neanmoins telle
etait la force des souvenirs recents de la puissance d'un Charlemagne
ou d'un Charles le Chauve, que le principe de l'unite monarchique,
contre-poids necessaire au morcellement feodal, prevalut sur le
systeme des anciens partages germaniques, dont Louis le Begue avait
encore fait l'application. Cette royaute apparaissait comme un element
stable, dans l'anarchie issue de la decomposition d'un ancien
organisme en ruines et consequence naturelle des nouveaux phenomenes
sociaux[309].
Des bords de l'Escaut jusqu'en Navarre, Raoul parvint a faire
reconnaitre sa suzerainete, grace a son habile politique et a son
ascendant moral, fruit de ses victoires sur les Normands qu'il tailla
en pieces en de rudes batailles, a Chalmont, Estresse, Eu et
Fauquembergue. Il donnait des actes relatifs au comte de Tournai[310],
et le seigneur gascon Loup Aznar qui vint lui preter hommage, du fond
de la Gascogne, sur sa "rossinante" etait, semble-t-il, le propre
beau-pere de Sanche-Garcie[311]. Enfin des monnaies au nom de Raoul
etaient frappees notamment a Angouleme, Beauvais, Bourges,
Chateau-Gaillard, Chateau-Landon, Chateaubleau, Chateaudun, Chartres,
Compiegne, Dreux, Etampes, Langres, Laon, au Mans, au Puy, a Meaux,
Nogent, Nevers, Orleans, Paris, Poissy, Saint-Denis, Sens, Soissons,
peut-etre a Lyon[312].
Le passage de Raoul au pouvoir eut cependant, on ne peut le nier, deux
resultats facheux: la perte de la Lorraine et la reprise des
hostilites par les Normands. S'il reussit a forcer ces derniers a la
paix, et s'il parvint a etendre sa suzerainete sur le Viennois, Raoul
ne rentra neanmoins en possession de la Lorraine que temporairement
et ne fut jamais reconnu dans la Marche d'Espagne[313]. Ainsi la
France se trouva amoindrie, en passant des mains du Carolingien repute
"simple", en celles d'un roi feodal choisi par les grands a cause de
ses brillantes qualites et de sa redoutable puissance materielle. La
cause en remonte principalement, il convient de le reconnaitre, aux
perpetuelles intrigues des grands eux-memes, surtout a celles
d'Herbert de Vermandois, homme nefaste qui, toute sa vie, fut le
mauvais genie de son pays et qui assume, en grande partie, devant
l'histoire, la responsabilite d'avoir rendu impossible une domination
francaise durable en Lorraine ou en Provence[314].
APPENDICE
FRAGMENTS INEDITS DE L'ANONYME DE LAON, CONCERNANT HERBERT II, CONTE
DE VERMANDOIS.
MM. Alexandre Cartellieri et Wolf Stechele viennent de publier une
excellente edition du texte de la partie de la _Chronique universelle_
de l'Anonyme de Laon, concernant les annees 1151 a 1219[315]. Bien que
ce soit la le morceau capital et vraiment original de l'ouvrage, il ne
faudrait pas dedaigner systematiquement tout ce qui precede. Divers
passages peuvent presenter de l'interet sinon au point de vue purement
historique, du moins au point de vue legendaire. En voici un exemple.
Ce sont deux extraits relatifs a Herbert II, comte de Vermandois,
renfermant une quantite de details precis qu'on ne trouve pas
ailleurs. On y releve deja la fameuse anecdote de la pendaison
d'Herbert, que j'ai signalee ailleurs[316] dans la partie inedite de
la Chronique de Guillaume de Nangis, dont il est a presumer que
l'Anonyme est la source. Il est impossible, en l'etat des choses, de
formuler une hypothese motivee sur la facon dont l'Anonyme a pu reunir
les renseignements qu'il fournit: en tout cas il parait bien difficile
d'admettre qu'il n'ait puise qu'a la tradition orale.
BIBL. NAT., MS. LAT. 5011, FOL. 104[317]:
"Karolus rex Francorum Robertum, fratrem Odonis, sibi congressum juxta
Suessionem cum multis suorum interfecit auxilio Lotharingorum.--Anno
II [regni Henrici]. Hic est annus XXI Karoli qui dictus est Simplex,
quod (sic) omnes proceres regni regem habent exosum propter quemdam
Haganonem obscure natum, quem rex habuit consiliarium; qui cum
injuriatus fuisset Herberto comiti Viromandensium, cui suberat omnis
terra ab Alhamarla usque Namucum[318], nec rex eidem justiciam
fecisset, conquestus est cunctis baronibus repli. Postea cum
interfuisset idem comes curie Aquisgrani, inperator volens ei addere
terram a Namuco usque Renum, insuper fecit eum prothospatarium inperii
ut laboraret id perficere, quod rex inperatori faceret hominium. Tunc
fertur Herbertum respondisse se ista lion debere, presertim cum ipsum
regem licet sibi exosum non efesticaverat[319]. Inducias querit, regem
adit, conqueritur nec ei emendatur, set magis ei conviciis injuriatur,
unde magis contra regem exasperatur. Rediit comes ad imperatorem.
Congregatur exercitus; non latuit regem neque barones regni. Comes
vero Tiebaldus Blesensis non odiosi regis amore set regni affuit regi;
et cunctis tocius regni navibus et naviculis Parisius adductis, ne
transitus fluviorum hostibus pateret[320], et tradito sibi sigillo
regio, scripsit comes memoratus cunctis regni proceribus sigillatim ne
in tali articulo deessent corone, quod fieret eis et eorum posteris
obprobrium sempiternum. Quid multa? Aderant[321] omnes, sed interim
inperator Parisius venit. Fit colloquium inter comites Herbertum et
Theobaldum, et dato Herberto signo utrum Francorum excercitus venturus
esset necne, quisque ad suum regem revertitur. Statuto vero die et
hora fuit uterque in loco sibi ante prefixo, Secane fluvio
interfluente. Tunc comes Theobaldus, secundum signum quod inter se
fecerant, erecta virga, quam manu portabat in altum, deinde submissam
viriliter fregit et frustra in Secanam projecit. Tunc cogito exercitus
et baronum adventu, Herbertus sucgesit inperatori ut recederet.
Inperatore reverso, obsedit rex Herbertum infra Peronam, qui locus
_Cignorum Mons_ vocabatur[322], quem pro tutiori loco tocius terre sue
habebat, obi proceres suos cum rebus sibi caris adesse fecerat.
Obsidione per aliquot dies perdurante, diffidunt obsessi de viribus
suis et ciborum penuria. Rex vero, procerum [fol. 104, v deg.] consilio
cummunicato, Herbertum nec salvo ejus honore nec ad misericordiam,
sicut se obtulerat, recipere volens, obtulit se ad regis voluntatem,
quod rex cura suis principibus annuit gratanter. Tunc Herbertus, quia
res promta ei erat, subtili et versuto dolo usus est: "Mi, inquit, rex
pro meis baronibus, qui in nullo tuam offenderunt majestatem, rogo ne
vulgi manibus tradantur. Est enim servorum condicio semper nobilitati
contraria. Benefaciens principibus tuis donativa hec tam grata, pro
inpensa libi gratia et eorum laboribus recompensa." Tunc principes,
hac pollicitatione cecati, collaudant viri consilium. Eliguntur de
primoribus usque ad quinquaginta qui cum rege municionem ad dividenda
inter se spolia intraverunt. Set Herbertus, non immemor doli a se
excogitati, armatorum manum de abditis exire jussit et regem cum
omnibus castrum ingressis cepit et custodire mancipavit. Que res cum
innotuisset exercitui qui foris regressum suorum precelabatur, velut
grex bestiarum sine pastore collectis sarcinulis suis nimio neglectis
discedunt. Fuerunt cum rege sublimes principes [Willelmus][323] dux
Normannie, [Conanus][324] dux Britannie, [Willelmus][325] dux
Aquitanie, [Amphusus][326] dux Narbonensis provincie, [Odo][327] dux
Burgundie, comites [Fulco][328] Cenomannensis, [Galfridus][329]
Andegavensis, [Arnaldus][330] Engolismensis, Hugo[331] Campanensis,
Richardus[332] Pontuensis, Hugo[333] Parisiensis, Theobaldus[334]
Blesensis. Barones vero erant cum rege quamplurimi. Hos omnes
allocutus est Herbertus, cum esset sub ejus custodia, dicens se nullum
rancorem ad eos tenere, set tamen adversus regem, et, si vellent se ei
prestare caucionem juratoriam quod super hoc facto de cetero contra
eum arma non producerent nec ferri facerent, muneratos eos ad propria
remitteret. Juraverunt omnes arma contra eum nunquam conrepturos, ad
propria sunt restituti.
Solus vero sub custodia tenebatur rex simplex. Argrina[335] vero, cum
Ludovico filio vix quinquenni, ad patrem suum reversa est in Angliam.
Radulfus quidam, assencientibus sibi quibusdam de primoribus regni,
coronatur. Interca rex de custodia elapsus, ad lapidem qui usque hodie
extra Peronam erectus servatur ob memoriam[336] veniens, cepit
deliberare quo se verteret, sciens se nullum fidum habere amicum.
Tandem cogitante illo quod per neminem alium tam de facili posset
regnum recuperare quam per Herbertum, [fol. 105] si vellet ejus
misereri, reversus est ad custodes a quibus evaserat. Illi recognito,
de vita sua timentes si forte iterato evaderet, mandaverunt ut alios
regi provideret custodes. Comes autem adveniens, de evasione regis
furens, ipsum enervavit. Rex autem pre dolore nimio infra breve tempus
mortuus est Perone exul et martir."
FOL. 105, v deg.-106.
"Ludovicus, rex Francorum, omnibus modis laboravit gratiam principum
regni Francorum obtinere et maxime Hereberti, comitis Viromandorum.
Hic, primo anno Ottonis imperatoris, curiam quam sollempnem apud
Laudunum tenuit. Cui ad mandatum et ad preces regis omnes proceres
regni interfuerunt, exceptis paucis qui se litteris suis excusaverunt.
Cumque omnes cum rege una essent in loco, ecce quidam brevigerulus in
modum cursoris apte aptatus, sicut rex ipse elam aliis ordinaverat. Is
ingeniculatus ad pedes regis, palam omnibus, quasi de Anglia tunc
advenisset, regem ex parte avi sui regis Anglorum[337] salutavit. Rex
vero ex nomine nuncium resalutavit. Erat ei nomen Galopinus[338], et
data regi epistola et a cancellario lecta subrisit rex, dicens:
"Revera dubium non est Anglos sensu esse pueriles et fatuo, nec id
mirum cum extra mundum conversentur[339]!" Tunc principibus de re
querentibus, ait rex: "Avus meus rex hec mandat: Quidam rurestris homo
dominum suum invitavit ad epulas et eum infra domum suam morte
ignobili jugulavit. Querit igitur per vos, o proceres Francie, quod
sit mortis genus ceteris magis probrosum, quo moriatur qui hoc fecit."
Comes vero Theobaldus Blesensis, ceteris sensu et in dandis consiliis
clarior, rogatus sic ait: "Non est, meo judicio, inter mortes, que
magis heredibus et amicis in obprobrium vertatur sempiternum, quam
interire suspendio." Hanc vero comitis sentenciam cum omnes et ipse
comes Herebertus approbassent, prosilientes armati qui aderant a rege
ordinati, arreptum eum in monte quodam, jubente rege, suspenderunt,
sic dicente rege ad eum: "Tu dominum tuum patrem meum rege[m]
invitasti, et infra domum tuam ignominiose occidisti, nunc recipe quod
meruisti." Mons vero, in quo suspensus interiit, usque in hodiernum
diem _Mons Herberti_ appellatur."
FOOTNOTES:
[Footnote 285: Flod., _Ann._, a. 935; E. Lemaire, _Essai sur l'hist.
de Saint-Quentin_, _loc. cit._, p. 281.]
[Footnote 286: _Recueil des historiens de France_, IX, 580.]
[Footnote 287: Flod., _loc. cit._; Varin, _Archives legislatives de
Reims_, II, 1, p. 169, note.]
[Footnote 288: Flod., _Ann._, a. 935. Cette invasion normande en Berry
a pu etre confondue par l'auteur du _Chron. Dolense_ avec l'invasion
hongroise qui eut lieu deux ans apres dans la meme region. Voy.
ci-dessus, p. 75, n. 4.]
[Footnote 289: Flod., ibid. et _Hist. eccl. Rem._, IV, 25.]
[Footnote 290: _Recueil des historiens de France_, IX, 580; Justel,
_Hist. de la maison de Turenne_, pr., P. 16, Ce document d'une forme
assez insolite n'est connu que par une copie.]
[Footnote 291: Flod. _Ann._, a. 935.]
[Footnote 292: _Recueil des historiens de France_, IX, 581; R. de
Lespinasse, _Le Nirvernois et les comtes de Nevers_, t. I, p. 174.]
[Footnote 293: Flod., _Ann._, a. 936; _Hist. eccl. Rem._, IV, 24;
Richer, I, 65; Adon, _Contin. altera_, au 14 Janvier; _Ann. Floriae._,
a. 936; _Hist. Francor. Senon._, au 15 janvier; _Ann. S. Germani
Paris._, a. 942, _S. Medardi Suession. S. Quintin. Veromand._, a. 936
(_M.G.h., Scr._, II, 326, 255; IX, 366; III, 168; XXVI, 520; XVI,
507); _Ann. S. Columbae Senon._, au 14 janvier (Duru, _Bibl. hist. de
l'Yonne_, I, 205); necrologe de Nevers, au 15 janvier et necrologe
d'Auxerre au 14 janvier (Lebeuf, _Mem. concernant l'hist. d Auxerre_,
II, p. 48 et pr., p. 274; nouv. ed., III, 48 et IV, 9); Clarius,
_Chron. S. Petri Viri Senon._, au 13 janvier (_Rec. des histor. de
France_, IX, 34); L'obituaire de Sainte-Colombe de Sens fournit la
date du 12 janvier qui est moins vraisemblable (_Obituaires de la
province de Sens_, ed. A. Molinier, P. 15): "11 id. jan. Depositio
domni Rodulfi regis. Hic debet thesaurarius pitantiam sollempnem
conventui".]
[Footnote 294:_Append. Miracut. S. Germ. Autiss. (Bibl. hist. de
l'Yonne_, II, 198). Le Psautier de la reine Emma (Mabillon, _De re
dipl._, p. 200) donne le 11 juillet: "Depositio Rodulfi ineliti regis
v. idus julii."--Sur le lieu de sepulture, voy. Quesvers et Stein,
_Inscriptions de l'ancien diocese de Sens_, t. II (Paris, 1900, in-4),
p. 46-47, et Bibl. nat., _Coll. de Champagne_, vol. 43, fol. 114
verso.]
[Footnote 295: _Ann. S. Columbae, Senon._, a. 1148; _Contin. Adon.
alt. (M.G.h., Scr._, I, 107; II, 326).]
[Footnote 296: _Chron. S. Benigni Dirion. (Rec. des histor. de
France_, VIII, 243); Hugues de Flavigny, _Chron._; Aubry de
Trois-Fontaines, _Chron., (M.G.h., Scr._, VIII, 359; XXIII, 757).]
[Footnote 297: _Recueil des chartes de Cluny_, I, p. 358, n deg. 379
(donation de Romainmoutier a Cluny, en 929): "... pro annua germani et
dulcissimi mei domini Rodulfi regis, harum videlicet rerum largiloris,
tum vero pro requie domini mei piae memoriae principis Richardi ac pro
Vuella regina, dehinc pro me et domino Rodulfo rege, filio meo, iitem
_(sic)_ Rodulfo rege nepote meo, pro aliis quoque filiis meis Hugone,
Bosone, et _Ludovico nepote_ scilicet et pro coeteris consanguineis
nostris atque his qui nostro servitio adherent, pro genitore etiam ac
genitrice mea et domino Hugone, insigni abbate, seu ceteris nostris
utriusque sexus propinquis ... "]
[Footnote 298: F. Lot, _Etudes sur le regne de Hugues Capet_, p. 305,
307 et 327.]
[Footnote 299: Richer (I, 47): "virum strenuum et litteris liberalibus
non mediocriter instructum".]
[Footnote 300: _Gesta pontificum Autissiodor._, c. 41 et 43 (_Bibl.
hist. de l'Yonne_, I, p. 362, 378 et 379).]
[Footnote 301: Diplome royal perdu mentionne dans une bulle de Leon
VII du 9 janvier 938. Jaffe-Loewenfeld, _Regesta pontif. roman._, n deg.
3607.]
[Footnote 302: Bibl. nat., Coll. Baluze, vol. 390, n deg. 508. Cf.
Mabille, _La pancarte noire de Saint-Martin de Tours_, n deg. VI (136).]
[Footnote 303: _Vila S. Odonis_, I. III, c. 8: "Per illud tempus vir
Elisiardus, qui tune erat comes illustris nunc vero in monastico degit
habitu, audiens infamiam horum monachorum, proedictam abbatiam a
Rodulfo rege petiit et accepit, acceptamque patri nostro tradidit"
(Mabillon, _Acta SS. ord. S. Bened._, saec. V, p. 182). D'apres
Aimoin, _De miraculis S. Benedicti_, II, c. III (ed. de Certain, p.
100), Raoul tua meme de sa main l'usurpateur d'un domaine (Dye, dans
l'Yonne, arr. de Tonnerre) dependant de l'abbaye de
Saint-Benoit-sur-Loire.]
[Footnote 304: _Recueil des historiens de France_, IX, 578 (diplome de
Raoul faisant allusion a un autre diplome aujourd'hui perdu).]
[Footnote 305: Bruel, _Recueil des chartes de Cluny_, I, _loc. cit._,
et n deg. 408 (charte des moines de Cluny faisant allusion a un diplome de
Raoul qui semble perdu).]
[Footnote 306: _Chron. S. Benigni Divion._: "Et hoc post mortem
Richardi ducis qui ab executione justitiae cognomen accepit" (ed.
Bougaud et Garnier, p. 280).]
[Footnote 307: Jaffe-Loewenfeld, _Regesta_, n deg. 3578; _Recueil des
historiens de France_, IX, 217 et 718; cf. E. Sackur, _Die
Cluniacenser_, p. 67.]
[Footnote 308: Lippert, p. 99.]
[Footnote 309: C. Rayel, C. Plister et A. Kleinclausz, _Le
christianisme, Les Barbares, Merovingiens et Carolingiens_ (t. III de
Lavisse, _Hist. de France_, Paris, 1903, in-8), p. 121 et 437-438; P.
Viollet, _Hist. des instit. polit. et admin. de la France_, II, p. 22;
Fustel de Coulanges, _Hist. des instit. pol. de l'anc. France. Les
transformations de la royaute pendant l'epoque carolingienne_, pp.
697-698. Sur la royaute feodale constituee, voy. Plister, _Robert le
Pieux_, p. 86-179, et A. Luchaire, _Hist. des instit. monarchiques_,
2e ed., 1, p. 84, 43 et suiv., _Manuel des instit. franc._, p. 457;
Glasson, _Hist. du droit et des instit. de la France IV_, p. 487 et
suiv., V, p. 282; Esmein, _Cours elem. d'hist. du droit francais_, p.
484.]
[Footnote 310: Wauters, _Tabl. chronol. des chartes et diplomes impr.
concernant l'hist. de la Belgique_, I. 1, p. 338.]
[Footnote 311: J.-F. Blade, _Origine du duche de Gascogne_ (Agen,
1897, in-8), p. 37.]
[Footnote 312: Gariel, _Les monnaies royales de France sous la race
carlovingienne_ (Strasbourg, 1883, in-4.) p. 299 et suiv.]
[Footnote 313: _Marca Hispanica_, col. 386, et Append., col. 846-847.
Le seul acte ou le nom de Raoul apparaisse, concerne le Roussillon: il
est tire du cartulaire d'Elne (loc. cit., no LXXII). _Chron.
Barcinonense (Marca Hisp._, Append., col. 738): "Karolus rex post
obitum Odonis XXIII annos, III menses. Post cujus obitum non habuerunt
regem per annos octo." (Voy. aussi _Espana sagrada_, t. XXIX, p. 199,
et XLIII, p. 125 et 400, no XVII: Charte du comte d'Urgel Suniaire,
datee de 934, sixieme annee apres la mort du roi Charles); Bofarull y
Mascaro, _Los condes de Barcelona rindicados_, t. 1 (Barcelone, 1836,
in-8) p. 49. Eckel (p. 147) a montre par les dates du Cartulaire
d'Elne que Raoul ne fut reconnu en Roussillon qu'en 932 et que l'on
comptait ses annees de regne a partir de la mort de Charles le Simple
(929).]
[Footnote 314: M. Flach, dans _Les origines de l'ancienne France_, t.
III (Paris, 1904), p. 397, a tres exactement caracterise la politique
d'Herbert II.]
[Footnote 315: _Chronicon universale Anonymi Landunensis, von 1154 bis
zum Schluss_ (1219), ed. Alexander Cartellieri et Wolf Slechele.
Leipzig-Paris, 1909, in-8, 87 pages.]
[Footnote 316: _Le regne de Louis IV d'Outre-Mer_, pp. 296-298. M.
Longuon vient de fournir tout dernierement une date de jour pour la
mort d'Herbert II, le 23 fevrier 943, d'apres les obituaires de Reims
(_Nouvelles recherches sur Raoul de Cambrai_, dans _Romania_, XXXVIII,
p. 229).]
[Footnote 317: Le meme passage se retrouve dans le ms. de Berlin
Phillipps 144, fol. 99 et suiv.]
[Footnote 318: Il s'agit d'Aumale (Seine-Inferieure, arr. de
Neufchatel-en-Bray) et de Namur (Belgique).]
[Footnote 319: Pour _effestucaverat_, abandonner selon la forme
juridique de la _festuca._ Cf. le passage fourni par le ms. C squared de la
_Chronique_ d'Ademar de Chabannes, 1. III, c. 22(ed. Chavanon, p.
142), deja cite plus haut, p. 9, n. 2.]
[Footnote 320: Ce trait est un souvenir de ce que fit Hugues le Grand
lors de l'expedition d'Otton Ier, en France, en 946. Richer, II, c.
57; Cf. _Louis d'Outre-Mer_, p. 151. Il y a la une confusion bizarre
entre l'expedition d'Otton Ier de 946 et l'aide pretee par les
Lorrains a Charles le Simple.]
[Footnote 321: Ou _accesserant._ Le manuscrit porte "acerant"
_(sic)._]
[Footnote 322: Il n'existe pas de lieu dit "Mont-des-Cygnes", a
Peronne, mais dans les _Virtutes Furesei abbatis Latiniacensis_
(M.G.h., Scr. _rer. Merov._, IV, pp. 444 et 447) on trouve les
passages suivants: "praeparabo montem Cygnopum qui Perrona noncupatur"
et "deduxerunt sanctum corpus ad montent Cygnophum". Sur cette
denomination de la colline de Peronne, voy. F.-J. Martel, _Essai hist.
et chronol. sur la ville de Peronne_ (Peronne, 1860), pp. 3-4 et 9-10;
Eustache de Sachy, _Essais sur l'hist. de Peronne_, p. 1-2; J.
Dournel, _Hist. gen. de Peronne_, p. 1. Ce siege de Peronne est un
souvenir de la lutte entre Raoul et Herbert, de 932 a 935, au cours de
laquelle Peronne fut assiegee par Hugues le Grand et Gilbert de
Lorraine.]
[Footnote 323: Il s'agit ici probablement de Guillaume Ier
Longue-Epee. Les noms propres mis entre crochets ont ete biffes sur le
manuscrit a une date qui semble de peu posterieure a l'epoque de la
transcription. On y remarquera de nombreux anachronismes.]
[Footnote 324: Conan Ier le Tort, comte de Rennes (m. 992).]
[Footnote 325: Peut-etre Guillaume tete d'Etoupe, comte de Poitiers,
ou Guillaume le pieux, comte d'Auvergne.]
[Footnote 326: Pour _Alphonsus_, reminiscence d'Alphonse-Jourdain,
comte de Toulouse et vicomte de Narbonne (1134-1143).]
[Footnote 327: Ce nom parait provenir d'une confusion entre Otton de
Bourgogne (956-965) et Eudes Ier (1078-1102).]
[Footnote 328: Foulques Ier ou Foulques II, comte d'Anjou. Le
qualificatif de "comte du Mans" qui lui est applique est un surnom
epique.]
[Footnote 329: Geoffroy Ier Grisegonelle devenu de bonne heure, comme
on sait, un heros epique, qui succeda precisement a Foulques II
d'Anjou.]
[Footnote 330: Arnaud Bouration, comte de Perigord et d'Angouleme
(962-975), ou Arnaud Manzer, batard de Guillaume Taillefer, qui lui
succeda (975-1001).]
[Footnote 331: Hugues Ier comte de Champagne (vers 1093-1123).]
[Footnote 332: Il n'y a jamais eu de comte de Ponthieu de ce nom. Ce
doit etre une confusion avec Roger ou Raoul.]
[Footnote 333: Hugues le Grand.]
[Footnote 334: Thibaud le Tricheur, comte de Blois.]
[Footnote 335: Forme fautive pour _Aedgiva._]
[Footnote 336: Il se pourrait que toute la legende rapportee ici fut
nee a l'occasion de cette pierre, comme il est arrive parfois dans des
cas analogues.]
[Footnote 337: Edouard Ier l'Ancien, pere de la reine-mere Ogive, mort
avant l'avenement de Louis IV.]
[Footnote 338: Le meme nom se retrouve dans Guillaume de Nangis. Il
signifie precisement "messager".]
[Footnote 339: Sur l'opinion peu favorable que les Francais se
faisaient des Anglais au moyen age, cf. Ch.-V. Langlois, _Les Anglais
au moyen age d'apres les sources francaises (Revue historique_, t.
LII, pp. 298-315).]
TABLE ANALYTIQUE
A
ABBON, eveque de Soissons, chancelier de Robert Ier, partisan de
Raoul;--a Autun, chancelier de Raoul;--accompagne le roi
Raoul;--soutient Herbert II de Vermandois; sollicite a Rome
l'approbation de Jean X pour les actes d'Herbert II;--devenu
archichancelier royal, perd le vicariat du diocese de
Reims;--remplace comme archichancelier royal, par Anseis de Troyes.
_Aefredus_, voy. AFFRE.
_Acinarius_, voy. LOUP AZNAR.
_Ad Destricios._ Lieu dit ou les Normands sont aneantis par Raoul.
ADELE DE VERMANDOIS, fille d'Herbert II, epouse Arnoul de Flandre.
ADELAIDE, seconde femme de Louis le Begue;--mere de Charles le
Simple.
ADELAIDE, fille de Conrad d'Auxerre, epouse Richard le
Justicier;--mere de Raoul, roi de France;--charte;--intervient en
faveur de Saint-Symphorien d'Autun.
_Adelelmus._ Charte pour Sainte-Radegonde de Poitiers.
ADEMAR, vicomte de Turenne. Fait approuver son testament par Raoul.
ADEMAR DE CHABANNES. Son recit des exploits de Guillaume Taillefer.
ADSON, impetrant d'un diplome en faveur de Saint-Symphorien
d'Autun.
_Aedgiva_, voy. OGIVE.
AFFRE ou EFFROI, frere de Guillaume II d'Aquitaine, avoue de
l'abbaye de Brioude;--occupe Nevers;--succede a Guillaume II, duc
d'Aquitaine;--sa mort.
AIMOIN, chroniqueur. Explication du choix de Raoul;--vante le
triomphe de Raoul sur les Normands.
AIMOIN (Continuateur d'). Son recit du pillage de
Saint-Benoit-sur-Loire, par Roegnvald.
AIRARD, eveque de Noyon. Sa mort.
AISNE, riv. Charles le Simple la traverse.
AIX-EN-PROVENCE. Odalric, archeveque.
AIX-LA-CHAPELLE;--le proces de Bernard d'Italie y est juge.
ALAIN BARBE-TORTE, duc de Bretagne;--aide par les Anglo-Saxons,
constitue une principaute feodale en Bretagne.
_Albamarla_, voy. AUMALE.
ALDRIC, fidele de Raoul.
ALLARD, eveque du Puy, accompagne Guillaume d'Aquitaine pres Raoul.
ALLEAUME, comte d'Arras. Repousse les Normands;--s'empare de Noyon;
il est tue dans la basilique;--a sa mort, Arnoul de Flandre prend
Arras.
ALLEAUME, eveque de Laon. Etablit des chanoines a Saint-Vincent de
Laon.
ALLOU, comte de Boulogne-Terouanne;--opere avec Raoul contre les
Normands;--frere d'Arnoul de Flandre, abbe de Saint-Bertin.
ALPES. Les Hongrois y sont un instant cernes par Rodolphe II et
Hugues de Provence.
ALPHONSE-JOURDAIN, comte de Toulouse, et vicomte de Narbonne, a la
cour royale.
ALSACE. Charles le Simple et Robert y sejournent.--Voy. SAVERNE.
AMAURY, rapporte de Rome le _pallium_ a Artaud.
AMIENOIS, pays envahi par les Normands.
AMIENS. Raoul y est reconnu roi;--menace par les Normands; devore
par un incendie;--assiege par Hugues le Grand qui recoit des otages
de la garnison d'Herbert II.
ANGERS. Raoul y est reconnu;--Cathedrale et Saint-Aubin,
cartulaires.
ANGLAIS. Opinion des Francais sur leur caractere.
ANGLETERRE. La reine Ogive s'y refugie avec son fils Louis.
ANGLO-SAXONS.
ANGOULEME. Guillaume Taillefer, comte; les moines de Charroux s'y
refugient;--monnaie de Raoul;--comte.
ANGOUMOIS, pille par les Normands.
ANJOU. Comte.
ANNALES. Voy. au nom d'auteur ou de provenance et les notes au
texte.
ANONYME DE LAON. Fragments inedits de sa chronique relatifs a
Herbert II de Vermandois.
ANSE, en Lyonnais. Raoul y sejourne.
ANSEAU, vassal de Boson, chatelain de Vitry, recoit Coucy d'Herbert
II.
ANSEIS, eveque de Troyes, a Autun, pres de Raoul;--lutte coutre
Roegnvald;--blesse a Chalmont;--dans un diplome pour
Montieramey;--intervient dans un diplome de Raoul comme
archichancelier.
ANSELME, eveque d'Autun. Acte de donation approuve par Raoul.
ANSGARDE, premiere femme de Louis de Begue.
AQUITAINE. Duche;--soumise a Charles;--tactique des seigneurs de ce
pays a l'egard de la royaute;--transfert du titre de duc a la
maison de Poitiers; pillee par les Normands;--reconnait Raoul comme
roi.
ARCIAT, sur la Saone, Raoul s'y arrete.
ARCY (Saone-et-Loire).
ARGENTEUIL. (Seine-et-Oise) Obituaire.
ARGENTEUIL, en Tonnerrois. Defaite des Normands.
_Argrina_, forme fautive pour _Aedgiva._ Ogive, femme de Charles le
Simple.
ARLES. Comte. Appartient a Boson, du chef de sa femme Berthe.
ARLES (Royaume d'). Son origine;--Rodolphe II, roi.
ARNAUD BOURATION, comte de Perigord et d'Angouleme, a la cour
royale.
ARNAUD MANZIER, batard de Guillaume Taillefer, a la cour royale.
ARNOUL, marquis de Flandre. Opere avec Raoul contre les
Normands;--les Normands veulent s'en venger;--enleve Mortagne a
Roger de Lion;--s'empare d'Arras;--epouse Adele de Vermandois;
occupe Arras; entre en possession de Boulogne et Terouanne et
devient abbe de Saint-Bertin, a la mort d'Allou.
ARRAS. Le comte Alleaume repousse les Normands;--menace par les
Normands;--assiege par Raoul;--Arnoul, marquis de Flandre, s'en
empare a la mort du comte Alleaume;--pris par Arnoul de Flandre.
ARSONCOURT.
ARTAUD, elu archeveque de Reims;--reunit un synode pour excommunier
Milon de Chalons;--moine de Saint-Remy, se rend aupres de Hugues le
Grand;--archeveque de Reims, accompagne Raoul au siege de
Chateau-Thierry et Hugues le Grand a la prise de Roye;--reunit un
synode a Fismes.
ARTOIS, pays envahi par les Normands.
ATHELSTAN, oncle de Louis IV, le recoit a sa cour.
ATTIGNY. Charles le Simple s'y rend;--residence royale;--plaid
decidant une expedition en Lorraine;--fisc royal, rendu par Raoul a
Charles le Simple;--Raoul s'y rend et envoie de la Hugues le Grand
en ambassade aupres d'Henri 1er;--Raoul y reside;--Raoul y donne un
diplome.
AUBRY DE TROIS-FONTAINES. Sa chronique--attribue un fils a Raoul.
AUMALE, _Albamarla_, limite des domaines d'Herbert II.
AURILLAC. Charte de Frolard pour cette ville.
AUTUN. Eglise, chartes de Raoul;--Walon, eveque;--comte de Raoul,
debut de son regne;--Saint-Martin, abbaye; Eimon abbe; dependances
en Viennois et Provence; ses privileges;--Saint-Symphorien, Hermoud
prevot;--Raoul y sejourne;--Saint-Andoche.
AUVERGNE. Maison comtale;--a pour dependances le Velay et le
Gevaudan;--reconnait la suzerainete de Raoul;--comte.
AUXERRE. Relations de ses vicomtes avec le duc de
Bourgogne;--Rainard vicomte;--monastere Saint-Germain: la reine,
Emma lui enleve la _villa Quinciacum_;--Raoul y donne un diplome a
son fidele Allard;--Raoul y confirme des concessions de Geoffroi de
Nevers a l'eveque _Tedalyrinus_;--Louis IV y sejourne avec Hugues
le Grand;--monastere de Saint-Germain, Raoul en est avoue.
AVALLON. Comte de Raoul;--chateau, enleve au comte Gilbert par la
reine Emma.
AVIGNON, Comte. Appartient a Boson, du chef de sa femme, Berthe.
AVRANCHIN, pays cede par Raoul aux Normands.
AZNAR, voy. Loup Aznar.
BAUDOIN II LE CHAUVE. Ses fils;--hostile a Herbert II.
BEAULIEU. Cartulaire;--chartes datees des annees de Raoul.
BEAUVAIS. Heudegier, eveque;--monnaie de Raoul.
BEAUVAISIS, pays envahi par les Normands.
BEATRICE DE VERMANDOIS, mere de Hugues le Grand.
BENNON, eveque de Metz, successeur de Guerri.
BENOIT (Saint) Miracles;--son apparition a Roegnvald;--reliques
portees a Saint-Benoit-sur-Loire pendant l'invasion normande.
BERENGER, empereur. Son intervention sollicitee en faveur de
Charles le simple; sa mort.
BERENGER, comte du _pagus Lommensis_. Se brouille avec Gilbert, son
beau-frere.
BERNARD, comte (de Senlis?), cousin d'Herbert II de
Vermandois;--aurait ete de bonne foi en trompant le roi Charles.
BERNARD D'ITALIE, aieul d'Herbert II de Vermandois;--sa revolte
contre Louis le Pieux et sa mort.
BERNOIN, eveque de Verdun, neveu de Dadon.
BERNON, abbe de Cluny. Testament.
BERRY. Raoul y est reconnu;--pays restitue par Raoul a Guillaume II
d'Aquitaine;--invasion hongroise;--les habitants repoussent les
Normands.
BERTHE, comtesse d'Arles et d'Avignon, niece de Hugues de Provence;
epouse Boson, frere de Raoul.
BESSIN, pays cede par Hugues le Grand aux Normands;--les habitants
attaquent les Normands de la Seine;--habitants.
BEUVES, eveque de Chalons. Soutient Herbert II;--chasse par
Boson;--condamne a la destitution;--retabli sur son siege par la
faveur de Hugues le Grand;--Raoul lui rend son eveche d'accord avec
Hugues le Grand.
BEZIERS. Chartes y constatant l'interregne.
BLANDIGNY. Annales.
BLOIS. Raoul y est reconnu:--Saint-Lomer, monastere, recoit de
Raoul l'eglise Saint-Lubin;--comte.
BONN (Traite de), entre Charles le Simple et Henri l'Oiseleur.
BOSON, frere cadet de Raoul;--son partisan;--prete l'hommage a
Raoul;--tue Ricoin malade, pour s'emparer de Verdun;--epouse
Berthe, comtesse d'Arles et d'Avignon;--ennemi d'Otton, fils de
Ricoin;--oblige de reconnaitre la suzerainete d'Henri Ier;--conclut
la paix avec Henri Ier; se reconcilie avec Gilbert de
Lorraine;--s'empare de domaines des eveches de Verdun et Metz;
assiege dans _Durofostum_ par Henri Ier;--s'empare de
Chelles;--rentre dans Vitry, et prend Monzon; s'allie a Gilbert de
Lorraine et a Hugues le Grand contre Herbert II; a pour vassal
Anseau de Vitry; compris dans un accord entre Hugues le Grand et
Herbert II;--se brouille avec Gilbert de Lorraine qui lui prend
_Durofostum_;--se soustrait a la suzerainete d'Henri Ier beau-pere
de Gilbert;--accompagne Raoul au siege de Reims;--epoux de Berthe,
niece de Hugues, possede Arles et Avignon;--se soumet a Henri Ier
qui lui rend presque tous ses domaines;--prend part a l'expedition
lorraine contre Hugues le Grand; se rencontre avec Raoul a Attigny;
concede Domremy a Saint-Remy de Reims; y est enseveli;--sa femme
est petite-fille de Lothaire II de Lorraine, niece de Hugues de
Provence.
BOSON, roi de Provence. Oncle de Raoul, roi de France;--fils de
Thierry d'Autun;--son royaume.
BOUFFIGNEREUX, pres de Laon. Les troupes royales y campent.
BOULOGNE.--Genealogie des comtes;--occupe par Arnoul de Flandre.
BOULONNAIS. Littoral ravage par la flotte normande.
BOURGES. Pris par Raoul de Bourgogne;--monnaie de Raoul.
BOURGOGNE. Duche;--maison ducale; alliee a Robert;--royaume
independant sous Rodolphe Ier;--les moines de Montierender s'y
refugient;--Raoul y est reconnu roi--pouvoir ducal de Raoul;--Raoul
y sejourne;--Herbert II s'y rend;--faveurs de Raoul pour les
abbayes de ce pays;--echappe aux pillages normands;--des
contingents en sortent pour rallier l'armee de Raoul.
BOURGUIGNONS. Luttent contre les Normands a Chalmont.
BRAISNE-SUR-LA-VESLE. Enleve par Hugues a l'archeveque de Rouen,
Gonthard; pris et detruit par Herbert II.
BRELE, fl. cotier.
BRETAGNE. Independante sous Alain;--soumise a Charles;--dans
l'anarchie;--cession faite par Robert a Roegnvald non executee.
BRIARE. Raoul y confirme les privileges de Cluny.
BRIE. Comte. Raoul y est reconnu.
BRIOUDE. Abbaye Saint-Julien; Affre en est avoue;--dates des
chartes;--cartulaire.
C
CAHORS. Frotard vicomte;--chartes datees des annees de Raoul, 50.
CALAIS (Saint). Translation de ses reliques a Saint-Lomer de Blois.
CAMBRAI. Eveques;--Isaac comte;--Gilbert de Lorraine y tient un
plaid.
CARCASSES. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce
pays.
CARLOMAN, roi de France;--sa mort;--le dernier capitulaire date de
son regne.
_Carolingicae domus genealogia_.
CHALMONT (Seine-et-Marne). Defaite des Normands.
CHALON-SUR-SAONE. (comte). Debut du regne de Raoul;--Bernard
d'Italie s'y rencontre avec Louis le Pieux;--Raoul y sejourne avec
toute sa cour;--diplomes de Raoul dates de cette ville.
CHALONNAIS. Dependances de Tournus, sises dans ce pays.
CHALONS-SUR-MARNE. Cartulaire.
CHAMPAGNE. Comte.
CHARLEMAGNE. S'associe son second fils Louis le Pieux;--diplome
pour Marmoutier;--son souvenir.
CHARLES-CONSTANTIN, batard de Louis l'Aveugle, comte de
Vienne.--Rentre en possession de Vienne;--comte de Vienne au mepris
des droits d'Eudes de Vermandois; se soumet a Raoul;--recoit Raoul
comme suzerain a Vienne.
CHARLES LE CHAUVE. Oncle de Raoul;--epouse Richilde; aieul des
comtes de Flandre;--diplome pour Marmoutier;--son souvenir.
CHARLES LE GROS, empereur.
CHARLES LE SIMPLE. Fils de Louis le Begue.--parrain de Raoul de
Bourgogne; ne en 879;--son diplome en faveur de l'abbaye de
Pruem;--prescrit a Etienne, abbe de Saint-Martial de Limoges, de
construire deux tours pour resister a Guillaume d'Aquitaine;--fils
posthume de Louis le Begue;--concession a Rollon; signe le traite
de Bonn;--s'enfuit en Lorraine; en revient avec des troupes; sa
defaite a Laon; assiege Chievremont, repousse par Hugues le
Grand;--lutte a Soissons contre Robert; envoie des messagers a
Herbert II et a Seulf;--appelle les Normands a son aide;--reconnu
en Normandie, Bretagne et Aquitaine;--delivre des diplomes a Guy de
Girone;--reconnu dans le Midi;--fait des demarches inutiles aupres
de Seulf;--reconnu en Poitou;--reconnu longtemps dans la Marche
d'Espagne;--ses domaines;--envoie des reliques de saint Denis a
Henri Ier, avec une ambassade; negocie avec Henri Ier de
Germanie;--sa captivite; enferme a Chateau-Thierry; se rend a
Saint-Quentin avec la deputation d'Herbert II;--ses enfants
legitimes et naturels;--donation aux Normands de la Seine;--enferme
au donjon de Chateau-Thierry, puis a Peronne; tire de sa prison par
Herbert II;--Rome intervient en sa faveur;--retourne en
prison;--captif a Reims, recoit la visite de Raoul;--sa mort en
captivite a Peronne; enseveli a Saint-Fursy;--a pour tante
Rohaut;--sa mort decide le Midi a reconnaitre Raoul comme roi.
CHARROUX, abbaye. Peregrinations des moines.
CHARTRES. Defaite des Normands;--Saint-Pere, cartulaire;--Raoul y
est reconnu;--monnaie de Raoul.
CHATEAUBLEAU. Monnaie de Raoul.
CHATEAUDUN. Monnaie de Raoul.
CHATEAU-GAILLARD. Monnaie de Raoul.
CHATEAU-GAILLOT, a Laon.
CHATEAU-LANDON. Monnaie de Raoul.
CHATEAU-THIERRY. Charles le Simple y est enferme;--incendie du
donjon;--un des derniers reduits d'Herbert II, avec
Peronne;--assiege par Raoul et les archeveques Teotolon et
Artaud;--Herbert II y rentre; assiege a deux reprises par Raoul et
Hugues le Grand; abandonne par Herbert II.
CHELLES, abbaye. Enlevee a Rohaut et concedee par Charles le Simple
a Haganon;--occupee par Boson a la mort de l'abbesse Rohaut.
CHIERS, riv. Henri Ier se rencontre sur ses bords avec Raoul.
CHIEVREMONT. Assiege par Charles, debloque par Hugues le Grand.
CHRONIQUE de Saint-Benigne de Dijon. Attribue un fils a Raoul.
_Cignorum Mons_, a Peronne.
CLERGE, maltraite par Herbert II a Reims.
CLUNY, abbaye. Chartes concernant les comtes de Macon, Chalon et
Autun;--diplomes de Raoul en faveur de ce monastere; son droit de
battre monnaie; abbaye dotee par Raoul.
COLOGNE. L'archeveque s'abstient de reconnaitre Raoul.
COMMINGES. Loup Aznar en aurait ete seigneur.
COMPIEGNE. Residence royale;--Raoul s'y rend avec ses
troupes;--Raoul y convoque Herbert II;--Raoul y delivre un diplome,
a Saint-Corneille, en faveur de Marmoutier;--monnaie de Raoul.
CONAN Ier LE TORT, comte de Rennes; a la cour royale.
CONQUES, en Rouergue, abbaye. Cartulaire; chartes constatant
l'interregne;--actes dates des annees du regne de Raoul.
CONRAD, comte d'Auxerre.
CONRAD DE FRANCONIE, mis en parallele avec le roi Raoul.
CONRAD LE PACIFIQUE, fils de Rodolphe II, roi d'Arles. Epouse
Mathilde, fille de Louis d'Outre-Mer.
CORMICY. Quartier general des troupes royales lors de
l'investissement de Reims.
COTENTIN. Les possessions de Rollon s'y seraient etendues;--cede
par Raoul aux Normands.
COUCY, dependance de l'eglise de Reims. Environs ravages par la
garnison royale de Laon;--donne a Anseau de Vitry par Herbert II.
COURONNE de Raoul. Son histoire.
_Cygnophum_, lieu dit a Peronne.
D
DADON, eveque de Verdun;--sa mort.
DALMACE. Intervient dans un diplome de Raoul pour Montolieu.
DENAIN. Enleve a Herbert II par Raoul.
DENIS (S.). Reliques envoyees par Charles le Simple a Henri Ier de
Germanie.
DEOLS, monastere. Obtient de Raoul l'immunite, a la requete
d'Ebbon.
_Destricios (Ad)_, Voy. _Ad Destricios_.
DIJON. Saint-Benigne;--relations de ses vicomtes avec le duc de
Bourgogne;--Manasses, comte;--pris par le comte Boson; assiege par
Raoul.
DOUAI, repris par Hugues le Grand a Herbert II et concede par lui a
Roger de Laon.
DREUX. Monnaie de Raoul.
DUDON DE SAINT-QUENTIN;--prete a Bernard de Senlis un role de
diplomate.
_Durofostum_, chateau sur la Meuse. Boson y est assiege par Henri
Ier;--pris par Gilbert de Lorraine.
_Dux Francorum_, titre.
DYE (Yonne). Domaine de Saint-Benoit-sur-Loire, restitue a l'abbaye
par Raoul.
E
EADHILD, fille d'Edouard Ier l'Ancien, roi des Anglo-Saxons. Epouse
Hugues le Grand.
ERBON, seigneur de Deols. Obtient de Raoul l'immunite pour le
monastere fonde par lui;--sa mort.
EBERHARD de Franconie. Intervient en faveur d'Herbert II.
EBLES MANZER, comte de Poitiers. Charte pour l'abbaye de
Noaille;--fils de Renoul II, duc d'Aquitaine;--ne porte pas le
titre de duc d'Aquitaine.
EBRARD, frere d'Heloin de Montreuil. Herbert lui enleve Ham et le
fait prisonnier.
ECOLE riv., affl. de la Seine. Les Normands campent aupres.
EDOUARD Ier l'Ancien, roi des Anglo-Saxons, pere de la reine
Ogive;--son pretendu messager envoye a Louis IV.
_Effestucare_, sens de ce mot.
EFFROI, voy. AFFRE.
EGLISE, alliee a Charles le Simple.
EIMON, abbe de Saint-Martin d'Autun.
EINSIEDELN, monastere. Annales.
ELISIARD, comte. Appelle Eudes de Cluny a
Saint-Benoit-sur-Loire;--intervient aupres de Raoul en faveur de
Cluny.
ELNE. Chartes y constatant l'interregne;--Wadaldus
eveque;--cartulaire, acte date du regne de Raoul.
EMMA, fille de Robert Ier, femme de Raoul;--haute valeur de cette
princesse;--son role dans l'election de Raoul;--rejoint Raoul a
Autun;--desheritee par Raoul en faveur de Saint-Remy;--souscrit une
precaire de Saint-Martin de Tours;--son courage; elle defend
Laon;--abandonne Laon;--enleve le chateau d'Avallon au comte
Gilbert, fils de Manasses de Dijon;--enleve la villa _Quinciacum_ a
Saint-Germain d'Auxerre;--intervient dans un diplome de Raoul en
faveur de Cluny;--accompagne Raoul au siege de
Chateau-Thierry;--son psautier;--sa mort, role joue par elle.
ENGRAND, doyen de Saint-Medard de Soissons, elu eveque de Laon.
ENJEUGER, fils de Foulques d'Anjou. Sa mort.
ENJORREN DE LEUZE. Combat les Normands.
EPTE, riv. traversee par Raoul.
ERMENGAUD, comte de Rouergue, ne reconnait Raoul qu'en 932;--prete
l'hommage a Raoul.
ERMENJART, imperatrice, femme de Louis le Pieux. Son ambassade a
Bernard d'Italie.
ERMENJART, soeur de Raoul de Bourgogne; femme de Gilbert de Dijon.
ERMENTRUDE, femme de Charles le Chauve.
ERNAUT de Douai, vassal de Hugues. Passe au parti d'Herbert
II;--depossede recoit d'Herbert II Saint-Quentin.
ESCAUT, fl. Limite septentrionale de la France.
ESPAGNE. Marche; Charles le Simple y est longtemps
reconnu;--n'accepte pas la suzerainete de Raoul.
ESTREES. Les reliques de saint Genoul y sont deposees. ESTRESSE,
pres de Beaulieu (Correze). Identifie avec _Ad Destricios_, ou
Raoul battit les Normands.
ETAMPES. Monnaie de Raoul.
ETIENNE, abbe de Saint-Martial de Limoges. Fortifie l'abbaye.
ETIENNE, eveque de Cambrai. Differend avec le comte Isaac.
EU. Garnison renforcee;--enleve aux Normands par les
Francais;--entrevue de Rollon et Guillaume Longue-Epee avec Herbert
II;--victoire de Raoul sur les Normands.
EUDES, roi de France. Frere de Robert Ier;--son accord avec Charles
le Simple;--fils de Robert le Fort, elu roi;--couronne par Gautier,
archeveque de Sens;--oncle de Hugues le Grand--chartes datees a
partir de son deces et;--diplome pour Marmoutier.
EUDES Ier DE BOURGOGNE, a la cour royale.
EUDES DE CLUNY. Appele a Saint-Benoit-sur-Loire.
EUDES DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II, candidat au comte de
Laon;--donne en otage a Rollon;--renvoye par Rollon;--obtient la
Viennoise; semble n'y avoir jamais exerce la moindre autorite.
F
FAUQUEMBERGUE. Raoul y est blesse en luttant contre les Normands.
FELECAN, chef normand massacre avec ses compagnons par les Bretons.
FEODALITE. Son developpement;--son caractere en France et en
Germanie a cette epoque.
FETU. Abandon de Charles le Simple "par jet de fetu".
FISC. Sa diminution.
FISMES, eglise Sainte-Macre. Artaud y reunit un synode.
FLANDRE.--Maison comtale; ses bons rapports avec Robert Ier.
FLODOARD, annaliste; perd la prebende recue de l'archeveque de
Reims Herve.
_Floriacum_, voy. SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE.
FOLCUIN, chroniqueur. Election de Raoul;--recit de la capture de
Charles le Simple;--date qu'il assigne a la mort de Charles le
Simple.
FOUBERT, comte, porte-enseigne de Charles le Simple. Tue Robert
Ier.
FOULQUES Ier, comte d'Anjou. Charte;--a la cour royale.
FRANCE. Duche.
_Francia_.
FREJUS, possession de Saint-Martin d'Autun.
FRERONE, seconde femme de Charles le Simple. Ses quatre filles.
FROTARD, vicomte de Cahors. Charte pour Aurillac.
FROTIER II, eveque de Poitiers, reconnait Raoul.
_Fulbertus_ voy. FOUBERT.
G
GARNIER, comte de Sens. Lutte contre Roegnvald;--sa mort a Chalmont.
GALOPIN, pretendu messager envoye par Edouard Ier l'Ancien a Louis
IV.
GASCOGNE. Raoul n'y est reconnu qu'en 932.
GATINAIS, pays.--Les dependances de l'abbaye de Saint-Paul situees
dans ce pays donnees a Allard par le roi Raoul.
GAUBERT, abbe de Corbie, elu eveque de Noyon; chasse puis
reinstalle et consacre par Artaud.
GAUTIER, archeveque de Sens. Couronne Eudes puis Robert
Ier;--couronne Raoul.
GEILON, neveu d'Allard, fidele de Raoul.
GENOUL. (S.). Reliques portees a Estrees, pendant l'invasion
normande.
GEOFFROY, comte de Nevers. Intervient dans un diplome de
Raoul;--perd _Viriliacum_, secouru par Raoul contre les Aquitains;
charge de negocier une entrevue avec Henri Ier de Germanie;--ses
concessions a l'eveque _Tedalgrinus_.
GEOFFROY Ier GRISEGONELLE, comte d'Anjou; a la cour royale.
GERRI, monastere. Cartulaire.
GEVAUDAN. Comte; suit la politique du duc d'Aquitaine.
GIGNY, abbaye. Guy abbe, usurpateur des biens de Cluny.
GILBERT, comte de Dijon, fils de Manasses. A Autun, pres
Raoul;--neveu de Rainard d'Auxerre, assiege ce dernier a
Mont-Saint-Jean;--s'allie au comte Richard, fils de Garnier de
Sens; le chateau d'Avallon lui est enleve.
GILBERT, duc de Lorraine, partisan de Robert.--Son attitude a
l'egard de Raoul;--refuse de se soumettre a Raoul;--appelle Henri
Ier de Germanie en Lorraine;--se brouille avec son beau-frere
Berenger et son frere Renier; lutte contre Isaac de Cambrai; se
rapproche de Raoul;--son caractere inconstant; son echec aupres de
Raoul;--entre en pourparlers avec les seigneurs francais;--prete
l'hommage a Raoul;--fils de Renier Ier, duc de Lorraine;--s'allie a
Boson et a Hugues le Grand contre Herbert II;--enleve le chateau de
_Durofostum_ a Boson;--vient aider Herbert II contre Raoul; il
conclut un armistice avec ce dernier;--coopere avec Hugues le Grand
et Raoul au siege de Peronne;--intervient en faveur d'Herbert
II;--intervient de nouveau en faveur d'Herbert II, et fait conclure
un nouvel armistice.
GILBERT, vassal de Raoul, revolte contre lui et chatie.
GIRONE, en Catalogne.
GISON, rapporte de Rome le _pallium_ a Artaud.
GONTHARD, archeveque de Rouen. Perd la forteresse de
Braisne-sur-la-Vesle.
GORZE, abbaye. Cartulaire;--chartes.
GOSBERT, eveque de Laon. Sa mort.
GOTHIE, pays envahi par les Hongrois.
GUERRI, eveque de Metz. Decide Raoul a assieger Saverne;--s'empare
de Saverne et en fait raser le chateau-fort;--sa mort.
GUILLAUME Ier LE PIEUX, d'Aquitaine, oncle de Guillaume II.
GUILLAUME II D'AQUITAINE, neveu de Guillaume Ier d'Aquitaine.
S'empare de Bourges; recoit le Berry de Raoul moyennant
l'hommage;--d'abord hostile a Raoul finit par se soumettre;--prend
aussi le titre de comte d'Auvergne;--sur la Loire; se rend au camp
de Raoul et lui prete l'hommage;--accompagne par l'eveque du Puy,
Allard;--comte de Velay, intercede aupres de Raoul en faveur de
l'eveque du Puy;--negocie avec Roegnvald;--fait defection;--sa mort.
GUILLAUME DE NANGIS. Passage de sa Chronique en rapport avec
l'Anonyme de Laon.
GUILLAUME LONGUE-EPEE, associe a son pere Rollon, l'accompagne a Eu
pres d'Herbert II de Vermandois;--prete l'hommage a Charles le
Simple;--prete l'hommage a Raoul, et recoit le littoral contigu a
la Bretagne;--a la cour royale.
GUILLAUME TAILLEFER, comte d'Angouleme. Exploits contre les
Normands;--a pour successeur son batard Arnaud Manzer.
GUILLAUME TETE D'ETOUPE. Autorise une liberalite de l'eveque
Frotier II en faveur de Saint-Cyprien;--fils d'Ebles, duc
d'Aquitaine et comte d'Auvergne;--comte de Poitiers.
GUY, abbe de Gigny. Restitue a Cluny les domaines qu'il avait
usurpes.
GUY DE GIRONE, Diplome en sa faveur.
GUY DE SPOLETE. Tient le pape Jean X prisonnier.
H
HAGANON, favori de Charles le Simple;--accompagne Charles le Simple
en Lorraine.
HAM. Enleve par Herbert II a Heloin de Montreuil;--assiege par
Raoul et Hugues le Grand, livre des otages;--retourne au parti
d'Herbert II qui y etablit son fils Eudes.
HELGAUD, comte de Ponthieu.--Harcele les Normands;--opere avec
Raoul contre les Normands;--les Normands cherchent a s'en
venger;--a la bataille de Fauquembergue;--pere d'Heloin.
HELOIN DE MONTREUIL, fils d'Helgaud de Ponthieu. Condamne pour
bigamie a Trosly;--assiege par Herbert II et Hugues le Grand; se
reconcilie avec ce dernier;--a pour frere Ebrard.
HELUIS, pere de Raoul de Gouy.
HENRI Ier L'OISELEUR, roi de Germanie. Signe le traite de
Bonn;--recoit des envoyes de Charles le Simple;--sa garnison de
Saverne capitule;--appele par Gilbert et l'archeveque de Treves,
passe le Rhin; conclut un armistice avec les Lorrains, emmenant
troupeaux et otages en Germanie;--reconnu a Toul entre le 16
octobre 923 et le 14 octobre 924;--malade sur la frontiere
slave;--passe le Rhin, enleve Zuelpich a Gilbert de
Lorraine;--Herbert II se rend aupres de lui avec Hugues le
Grand;--donne l'eveche de Metz a Bennon;--assiege Boson a
_Durofostum_, et conclut la paix avec lui;--refuse a Herbert II
d'agir en faveur de Charles le Simple;--intervient en France et
fait signer un armistice entre Boson et Herbert II;--Herbert II lui
prete l'hommage;--son appui sollicite par Herbert II; aux prises
avec des difficultes interieures et la guerre hongroise;--ecrase
les Hongrois sur les bords de l'Unstrutt;--vainqueur des Hongrois,
des Slaves et des Danois, envoie Gilbert de Lorraine et Eberhard de
Franconie au secours d'Herbert II;--envoie une ambassade a Raoul, a
Soissons; se rencontre: avec lui sur les bords de la
Chiers;--envoie une armee aider Herbert II a reprendre
Saint-Quentin;--parallele avec Raoul;--domine mieux la feodalite de
son pays que Raoul.
HERBERT Ier, comte de Vermandois, fils de Pepin, petit-fils de
Bernard d'Italie.
HERBERT II, comte de Vermandois. Aurait epouse sa niece, fille de
Robert Ier;--met en deroute les Lorrains a Soissons; recoit des
messagers de Charles le Simple;--descendant de Bernard
d'Italie;--empeche Seulf de repondre aux demarches de Charles le
Simple;--envoie une deputation a Charles le Simple;--aurait cache
ses desseins a ses envoyes aupres du roi Charles;--sa conduite
severement jugee par ses contemporains; essai d'explication;--sa
pretendue tentative pour s'emparer de Louis, fils de Charles le
Simple;--ses vassaux infligent un echec aux Normands; se rend en
Bourgogne apres la capture du roi Charles;--fournit des contingents
contre les Normands;--defend la ligne de l'Oise contre les
Normands; conclut un armistice avec eux;--a Autun, pres de
Raoul;--recoit Peronne du Raoul;--charge par Raoul de negocier la
paix avec les Normands;--fait condamner le comte de Cambrai Isaac
au synode de Trosly;--a l'arriere-garde des troupes francaises,
pret a tirer parti des evenements;--reussit a gagner Hugues le
Grand;--apparait sur les rives de l'Oise pour arreter les
Normands;--amene les vassaux de l'eglise de Reims a Raoul;--accuse
d'empoisonnement;--fait elire archeveque de Reims son fils
Hugues;--accompagne Raoul au siege de Nevers;--s'empare de Peronne
et de Reims; se brouille avec Raoul;--lutte contre les Normands de
la Loire et leur abandonne le comte de Nantes; reunit le synode de
Trosly malgre Raoul;--oppose Charles le Simple a Raoul; tente un
coup de main sur Laon;--conclut une alliance avec les Normands a
Eu;--sa lettre au pape Jean X; se rend a Reims et y redige une
lettre a Jean X; conclut un accord avec Raoul, et donne des
otages;--se rencontre avec Raoul; amene Hugues le Grand a une
entrevue aupres de Rollon; entre a Laon;--echoue aupres d'Henri
Ier; donne Saint-Timothee et une prebende de chanoine a Odalric
d'Aix;--ayant echoue avec la restauration de Charles, prete
l'hommage a Raoul qui lui concede Laon;--obtient la Viennoise pour
son fils Eudes; s'empare du chateau de Vitry-en-Perthois; assiege
Heloin dans Montreuil; attire a son parti Heudoin, vassal de Hugues
le Grand;--rend Vitry a Boson; concede Saint-Quentin a Ernaut de
Douai; conclut un accord avec Hugues le Grand; peril et reprend
Mouzon;--se rapproche de Gilbert de Lorraine; sa rupture avec
Raoul;--enleve Braisne-sur-la-Vesle a Hugues le Grand et detruit la
place;--prete l'hommage a Hugues le Grand;--assiege par Raoul a
Laon; obtient d'en sortir en y laissant sa femme;--enleve Ham a
Ebrard, frere d'Heloin de Montreuil;--sa situation precaire;
recherche sans succes l'appui d'Henri Ier de Germanie;--recouvre
Ham puis Saint-Quentin, mais reperd vite cette derniere
ville;--reprend Chateau-Thierry; obtient, grace a la mediation
lorraine, un armistice moyennant l'abandon de Chateau-Thierry,
reste en possession de Peronne et de Ham;--acquiert l'alliance
d'Arnoul de Flandre; approvisionne Peronne; enleve les recoltes des
partisans de Hugues le Grand;--fait sa soumission a l'entrevue des
bords de la Chiers; il recoit divers domaines occupes par Hugues le
Grand, et se reconcilie avec lui;--sa lutte avec Raoul;--sa
cupidite;--son role nefaste;--jour de sa mort;--amene une invasion
en France;--se rend au roi de France;--s'empare de Charles le
Simple, le fait mutiler et mourir en prison;--sa pretendue
pendaison par ordre de Louis IV.
HERBERT DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II, notaire ou chancelier
royal (?).
HERMOUD, prevot de Saint-Symphorien d'Autun.
HERVE, abbe de Tournus.
HERVE, archeveque de Reims.--Partisan de Robert;--depouille de
domaines episcopaux sis en Lyonnais;--sa mort.
HEUDEGIER, eveque de Beauvais.
HEUDOIN, vassal de Hugues le Grand. Passe au parti d'Herbert II.
HILDUIN, eveque elu de Liege.
HONGROIS. Pillent l'Italie, Brulent Pavie; en Provence, en Gothie;
acheves par Raimond-Pons III;--pillent le pays de Voncq;--quittent
la France, puis font un retour offensif;--pillent la Bourgogne,
brulent le monastere de Beze, s'enfuient devant Raoul et gagnent
l'Italie.
HUGUES LE GRAND, fils de Robert Ier. A pour belle-mere
Rohaut;--force Charles a lever le siege de Chievremont;--met en
deroute les Lorrains a Soissons;--neveu du roi Eudes, eclipse par
son pere;--candidat eventuel a la couronne;--ses domaines;--aurait
capture le roi Charles d'apres Widukind;--adversaire du roi Charles
a cause de la mort de Robert a Soissons;--confondu avec Herbert II
par Richer dans le recit de la capture de Charles le
Simple;--sollicite l'assistance de Raoul coutre les
Normands;--defend la ligne de l'Oise contre les Normands; conclut
un armistice avec eux;--a Autun, pres de Raoul;--recoit le Mans de
Raoul;--frere de Raoul, charge par Raoul du siege de
Mont-Saint-Jean;--charge par Raoul de negocier avec les Normands,
leur cede le Maine et le Bessin;--negocie avec Roegnvald;--campe sur
les rives de la Seine, en face des Normands;--gagne par Herbert
II;--ses vassaux attaquent les Normands;--campe en Beauvaisis;--sa
rivalite avec la Flandre;--epouse Eadhild; souscrit une precaire de
Saint-Martin de Tours;--neveu d'Herbert II; modification de son
attitude;--lutte contre les Normands de la Loire et leur abandonne
le comte de Nantes;--intervient aupres de Raoul et l'accompagne
jusque sur les rives de l'Oise; mediateur entre Raoul et Herbert
II;--prete l'hommage a Charles le Simple en presence de Rollon et
d'Herbert II;--echoue avec Herbert II aupres d'Henri Ier;--assiege
Heloin dans Montreuil; a pour belle-mere Rohaut;--s'allie a Boson
et a Gilbert contre Herbert II et lui reprend Douai; conclut un
accord avec Herbert II; a pour vassal Ernaut de Douai;--enleve
Braisne a l'archeveque de Rouen Gonthard; s'allie a Raoul contre
Herbert II;--envoye par Raoul en ambassade aupres d'Henri Ier pour
contrebalancer l'influence d'Herbert II;--accompagne Raoul au siege
de Reims;--charge de garder Beuves de Chalons prisonnier;--s'entend
avec Raoul au sujet de Beuves de Chalons;--assiege Amiens occupe
par Herbert II; s'empare de Saint-Quentin; s'entend avec Gilbert
de Lorraine pour assieger Peronne, mais echoue; se fait livrer des
otages a Ham;--perd puis reprend Saint-Quentin et en chatie
cruellement les habitants; s'empare de Roye avec Artaud;--assiege
deux fois, avec Raoul, Chateau-Thierry;--se reconcilie avec Herbert
II sur l'intervention de Raoul, et lui rend divers
domaines;--refuse de restituer Saint-Quentin a Herbert II;--semble
avoir assiste aux funerailles de Raoul;--son attitude a la mort de
Raoul;--sa politique;--a la cour royale.
HUGUES LE NOIR, frere cadet de Raoul de Bourgogne.--Assiste Robert
dans sa lutte contre Charles le Simple;--aupres de Raoul, a
Autun;--intervient dans un diplome en faveur de Cluny.
HUGUES DE PROVENCE, regent du royaume de Provence; aupres de Raoul;
sa niece Berthe, comtesse d'Arles et Avignon, epouse
Boson;--harcele les Hongrois dans les Alpes;--roi d'Italie, se rend
en Provence pour y fortifier son autorite, a la mort de Louis
l'Aveugle, et rencontre Raoul a Vienne;--son traite avec Rodolphe
II de Bourgogne; consequences en Lyonnais;--abandonne ses droits
sur la Provence a Rodolphe II; a pour niece Berthe, femme de Boson,
frere de Raoul;--sa niece epouse Boson, frere de Raoul.
HUGUES Ier, comte de Champagne; a la cour royale.
HUGUES, eveque de Verdun. Choisi par le roi Raoul pour succeder a
Dadon.
HUGUES DE VERMANDOIS, fils d'Herbert II.--Declare dechu de tout
droit sur l'archeveche de Reims;--protege par Abbon, eveque de
Soissons.
HUGUES DE FLAVIGNV. Chronique.
HUGUES DE FLEURY. _Modernorum regum actus_.
I-K
INGELHEIM. Concile de 948; discours de Louis IV.
INGON, chef normand; parait avoir succede a Roegnvald.
ISAAC, comte de Cambrai. En lutte avec Gilbert;--differend avec son
eveque Etienne.
ITALIE, pillee par les Hongrois.
JEAN X, pape. Intervient en faveur de Charles le Simple;--approuve
les actes d'Herbert II;--lettre d'Herbert II a lui adressee;
prisonnier de Guy de Spolete;--emprisonne par Guy de Toscane;--fait
restituer a Cluny des domaines occupes par Guy, abbe de Gigny.
JEAN XI, pape. Bulle faisant allusion a un diplome perdu de
Raoul;--envoie le _pallium_ a Artaud.
_Jocundus_. Sa _Translatio S. Servatii_.
JOSSELIN, eveque de Langres.--Lutte contre Roegnvald.
JOSSELIN, eveque de Toul. Charte datee du regne de Raoul.
JUGEMENT de Dieu. Conception medievale.
JUHEL-BERENGER, duc de Bretagne.
_Karolorum genealogiae_.
L
LAMBERT, abbe de Saint-Benoit-sur-Loire.
LANGRES.--Diplome de Raoul pour cette ville.
LANGUEDOC. Sa soumission a Raoul en 932.
LAON. Charles le Simple y est battu;--eveque;--le comte Roger
partisan de Raoul;--palais royal;--la reine Emma y est couronnee;
Raoul y rentre;--environs pilles par les Hongrois;--Saint-Vincent,
chanoines;--comte vacant par le deces de Roger;--abandonne
difficilement par Emma, est occupe par Herbert II;--concede a
Herbert II par Raoul;--investi par Raoul;--Herbert II y est assiege
par Raoul; obtient d'en sortir en y laissant sa femme qui finit par
capituler;--Engrand succede a Gosbert comme eveque;--Raoul y
sejourne; rixe entre ses gens et ceux de, l'eveque;--menace par les
comtes lorrains et saxons allies d'Herbert II;--monnaie de
Raoul;--Louis IV y tient une cour pleniere.
LAONNAIS. Operations militaires dans ce pays.
LASSOIS. Comte de Raoul.
LEIBNIZ. Son opinion sur l'entrevue de Raoul et de Charles le
Simple a Reims.
LE MANS. Cede par Raoul a Hugues le Grand;--monnaie de
Raoul;--Foulques comte.
LE PUY. Allard, eveque;--comte et monnaie de la ville concedes par
Raoul a l'eveque;--chartes datees des annees de Raoul;--monnaie de
Raoul.
LEON VI, pape. Se desinteresse du sort de Charles le Simple.
LEON VII, pape. Bulle.
LIEGE. Eveche, son occupation en 921;--annales.
LIMOGES. Saint-Martial;--Saint-Etienne, cartulaire.
LIMOUSIN, pays hesitant entre Charles le Simple et Raoul;--pille
par les Normands.
LOBBES, monastere. Annales.
LOIRE, fl. Estuaire occupe par les Normands;--cours remonte par
Roegnvald.
_Lommensis pagus_. Berenger comte.
LORRAINE. Acquise par Charles le Simple;--Charles le Simple s'y
refugie;--Charles y leve des recrues;--luttes feodales;--sa
soumission effective au roi de France;--sous la suzerainete
germanique;--la question lorraine au Xe siecle;--perdue
temporairement sous Raoul.
LORRAINS. Pretent l'hommage a Raoul;--offrent leur soumission a
Raoul;--acceptent la souverainete bourguignonne.
LOTHAIRE, roi de France.
LOTHAIRE II, roi de Lorraine. Sa petite-fille epouse Boson, frere
de Raoul.
LOUIS LE PIEUX. Ses humiliations; sa cruaute a l'egard de Bernard
d'Italie;--diplome pour Marmoutier.
LOUIS II LE BEGUE, fils de Charles le Chauve et d'Ermentrude.
Epouse successivement Ansgarde et Adelaide;--pere de Charles le
Simple;--applique encore l'ancien systeme des partages.
LOUIS III, roi de France;--vainqueur de Saucourt. Sa mort.
LOUIS IV D'OUTRE-MER. Sa fille Mathilde epouse Conrad le
Pacifique;--fils de Charles le Simple, echappe a Herbert II a la
faveur d'une ruse;--designe fictivement comme roi dans les chartes
du Midi, apres la mort de Charles le Simple;--sejourne a Auxerre;
assiste peut-etre aux funerailles de Raoul;--emmene en Angleterre
par sa mere Ogive; tient une cour pleniere a Laon.
LOUIS L'AVEUGLE;--empereur, a pour regent en Provence
Hugues;--cousin germain de Raoul; sa mort.
LOUIS, pretendu fils de Raoul.
LOUP AZNAR, seigneur gascon. Prete l'hommage a Raoul en
932;--aurait ete seigneur de Comminges;--reconnait le roi Raoul.
LYON. Monnaie de Raoul.
LYONNAIS. Domaines de l'eveche de Reims;--chartes de cette region
montrant que Raoul peut y avoir ete reconnu.
M
MABILLE, historien. Son opinion sur le transfert du duche
d'Aquitaine a la maison de Poitiers.
MABILLON. Expertise faite par lui.
MACON. Comte; debut du regne de Raoul dans ce pays;--Saint-Vincent,
cartulaire.
MAINE, pays cede par Hugues le Grand aux Normands; appartenait a
Robert Ier;--pays dispute entre l'Anjou et la Normandie.
MANASSES, comte de Dijon;--pere de Gilbert et Walon;--frere de
Rainard, vicomte d'Auxerre;--lutte contre Roegnvald;--a pour fils
Gilbert; ennemi du roi Robert Ier.
MANS (LE), voy. LE MANS.
MARCHE D'ESPAGNE. Voy. ESPAGNE.
MARMOUTIER, abbaye. Diplome de Raoul en sa faveur, confirmant ceux
de Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve et Eudes.
MATHILDE, fille de Louis d'Outre-Mer. Epouse Conrad le Pacifique.
MEAUX. Monnaie de Raoul.
METZ. Reconnait Raoul;--l'eveque Guerri decide Raoul a marcher sur
Saverne;--Witger, eveque;--eveche donne par Henri Ier a Bennon.
MONTIERAMEY, abbaye. Cartulaire.
MEUSE, fl.;--traversee par Charles le Simple;--Raoul s'avance
jusque sur ses bords.
MILON, eveque de Chalons;--excommunie par Artaud.
MOISSAC, abbaye. Chartes.
MONNAIES de Raoul. _Mons Calaus_, lieu identifie avec Chalmont
(Seine-et-Marne, arr. de Melun, comm. de Fleury-en-Biere).
_Mons Herberti_, voy. MONT-HEBERT.
MONTDIDIER, voy. ROBERT DE MONTDIDIER.
MONT-HEBERT, lieu dit pres de Laon. Herbert II de Vermandois y
aurait ete pendu.
MONTIERENDER, monastere;--moines en fuite.
MONTOLIEU, abbaye. Diplome de Raoul en sa faveur.
MONTREUIL-SUR-MER. Heloin y est assiege par Hugues le Grand et
Herbert II;--voy. HELOIN DE MONTREUIL.
MONT-SAINT-JEAN, forteresse prise par Rainard, vicomte d'Auxerre,
puis reprise par Raoul.
MONTAGNE-NORD, chateau des comtes de Laon. Pris et detruit par
Herbert II;--Roger de Laon y rentre;--Arnoul de Flandre l'en
depouille.
MOUZON. Pris par Boson; repris par Herbert II.
N
NAMUR, Belgique. Limite des domaines d'Herbert II
NANTES, Comte. Cession faite par Robert a Roegnvald et aux Normands
de la Loire non executee.
NARBONNAIS. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce
pays.
NARBONNE. Chartes constatant l'interregne;--vicomte.
NAVARRE. Limite de la France, au sud.
NEVERS. Assiege par Raoul, livre des otages; occupe par
Affre;--Geoffroy comte;--monnaie de Raoul.
NIMES. Chartes constatant l'interregne;--chronique.
NOAILLE. Abbaye.
NOGENT. Monnaie de Raoul.
NORMANDIE. Reste soumise a Charles;--envahie par Raoul.
NORMANDS. Assiegent Tours;--ceux de la Loire obtiennent une partie
de la Bretagne et le pays de Nantes;--battus a Argenteuil par
Richard le Justicier;--fideles a Charles le Simple;--repondent a
l'appel de ce dernier--ceux de la Seine donnent des otages et
concedent la paix moyennant un tribut;--les memes aides par ceux de
la Loire; avantages obtenus par eux;--leur lutte contre les troupes
de Raoul et les Bourguignons a Chalmont;--rompent le traite de 924;
rappeles par une diversion a la defense de leurs foyers; poursuivis
et harceles par Helgaud de Ponthieu;--Raoul prend sa revanche
contre eux;--concluent un accord avec Hugues le Grand;--leur
defaite a Eu;--ravagent le Porcien; leur flotte ravage les cotes du
Boulonnais; envahissent l'Artois;--se font acheter la
paix;--envahissent l'Aquitaine, penetrent en Limousin, nattas par
Raoul au lieu dit _Ad Destricios_;--en lutte contre les Bretons;
massacres par ceux-ci avec leur chef Felecan;--ceux de la Loire
repousses par les habitants du Berry et de la Touraine;--vaincus
par Raoul.
NOYON. Eveque;--resiste aux attaques des Normands;--la mort de
l'eveque Airard, suivie de la brise de la ville par le comte
Alleaume; sa delivrance; Gaubert eveque;--environs pilles par
Eudes, fils d'Herbert II.
O
ODALRIC, archeveque d'Aix-en-Provence. Chasse de son siege par les
Sarrasins, devient vicaire du diocese de Reims et recoit l'abbaye
de Saint-Timothee avec une prebende de chanoine.
ODIN, dieu scandinave.
ODORAN. Chronique. OGIVE, reine de France, fille d'Edouard Ier
l'Ancien et femme de Charles le Simple;--passe directement de
Lorraine en Angleterre.
OISE, riv. Les grands campent sur ses bords;--traversee par les
Normands en 923;--ses rives defendues par Hugues et Herbert II
contre les Normands;--Herbert II campe sur ses bords;--sur ses
rives un accord est conclu entre Herbert II et Raoul.
ORLEANS. Foret traversee par Roegnvald;--eglises dotees par
Raoul;--monnaie de Raoul.
OTTON Ier, roi de Germanie. Succede a son pere Henri
Ier;--synchronisme de son regne.
OTTON, fils de Ricoin, ennemi personnel de Raoul, passe du cote
d'Henri Ier de Germanie;--jure fidelite a Raoul.
OTTON DE BOURGOGNE, a la cour royale.
P
PARIS. Raoul y est reconnu;--sa flotte doit cooperer a l'attaque du
camp normand;--Hugues y sejourne;--monnaie de Raoul;--comte.
PARISIS, pays. Les habitants attaquent les Normands de la Seine.
PARTAGES germaniques, encore appliques sous Louis le Begue.
PAVIE. Brule par les Hongrois.
_Pecunia collaticia_. Impot leve en France pour acheter la paix aux
Normands.
PEPIN, fils de Bernard d'Italie, pere d'Herbert Ier de Vermandois.
PERIGORD, Comte;--pille par les Normands.
PERONNE. Charles le Simple y est enferme;--remis par Raoul a
Herbert II;--pris par Herbert II;--Charles le Simple y est
transfere de Saint-Quentin;--Charles le Simple y meurt captif; est
enseveli a Saint-Fursy;--attaque sans succes par Raoul, Hugues le
Grand et Gilbert de Lorraine;--reste en la possession d'Herbert
II;--approvisionne par Herbert II;--assiege par le roi de France;
le _Cignorum Mons_, _Cygnophum_, Mont-des-Cygnes,
Saint-Fursy;--Charles le Simple y meurt.
PFEDDERSHEIM, dans le pays de Worms.
PLECTRUDE, femme d'Allard, fidele de Raoul.
POISSY. Monnaie de Raoul.
POITIERS. L'eveque Frotier II reconnait
Raoul;--Saint-Hilaire;--Saint-Cyprien,
cartulaire;--Sainte-Radegonde;--le comte Ebles, fils de Renoul II,
n'herite pas de son pere, du titre de duc d'Aquitaine;--comte.
POITOU, pays hesitant entre Charles le Simple et Raoul.
PONTHIEU. Comte.--Le comte Helgaud harcele les Normands.
PONTHION-SUR-L'ORNAIN, fisc royal, rendu par Raoul a Charles le
Simple.
PORCIEN, pays ravage par les Normands.
POUILLY, localite en Bourgogne.
PROVENCE. Boson, roi;--independante sous Boson;--Hugues, regent
pour Louis l'Aveugle; Raoul y confirme les biens de Saint-Martin
d'Autun;--Hugues d'Italie y fortifie son autorite;--Hugues d'Italie
cede a Rodolphe II ses droits sur ce pays; Boson y domine a cause
des comtes d'Arles et d'Avignon.
PROVINS. Comte; Raoul y est reconnu.
PRUeM, abbaye. Diplome de Charles le Simple;--annales.
PUY (LE), voy. LE PUY.
Q-R
QUERCY, pays.
QUIERSY-SUR-OISE. Capitulaire.
_Quinciacum_, villa dependant de Saint-Germain d'Auxerre, enlevee
par la reine Emma.
RAIMOND-PONS III, comte de Toulouse; reconnait Raoul en
932;--disperse les Hongrois;--duc d'Aquitaine;--prete l'hommage a
Raoul;--devient duc d'Aquitaine.
RAINARD, notaire du roi Raoul.
RAINARD, vicomte d'Auxerre, frere de Manasses de Dijon.
RAOUL, roi de France. Fils de Richard le Justicier; neveu de
Rodolphe Ier, roi de Bourgogne jurane; neveu de Charles le Chauve;
neveu de Boson, roi de Provence;--epouse Emma, fille de Robert
Ier;--souscrit divers actes du vivant de son pere; temoin dans un
acte de 901; charte en faveur de l'eglise d'Autun;--s'intitule
comte;--attire par Robert dans le parti des revoltes contre Charles
le Simple;--entre en France avec une puissante armee;--elu et
couronne a Soissons;--diplomes pour Autun, Chalon et
Langres;--recoit l'hommage d'une partie des Lorrains;--fletri comme
usurpateur dans des chartes de Brioude;--son pouvoir ducal, sa
royaute;--recoit Herbert II en Bourgogne, apres la capture de
Charles;--penetre en Normandie;--menace d'envahir la Lorraine et
force ainsi Henri Ier a se retirer;--reconnu roi a Toul;--recoit
l'hommage de Guillaume II d'Aquitaine et lui restitue le
Berry;--confirme les biens d'un monastere en Viennois et Provence;
ses pretentions possibles sur ces pays;--sa maladie; son pelerinage
a Saint-Remy; se rend a Soissons puis en Bourgogne;--confirme les
donations faites par ses predecesseurs a l'abbaye de
Saint-Amand;--dirige le siege d'Eu;--concede a Herbert II
l'administration interimaire du temporel de l'archeveche de
Reims;--grievement blesse a Fauquembergue, regagne Laon;--se rend
en Viennois;--son entrevue avec Charles le Simple;--sa victoire sur
les Normands a Estresse;--prend Denain;--assiege et prend
Reims;--reprend Laon;--prend Saint-Medard de Soissons; recoit
l'hommage de Raimond-Pons III, comte de Toulouse;--reconnu en
Viennois et en Normandie;--sa mort;--son caractere.--Voy. pour le
detail aux noms des matieres.
RAOUL DE GOUY. Combat les Normands;--fils d'Heluis; sa mort.
RAOUL GLABER OU LE CHAUVE. Recit de l'election de Raoul;--recit de
la capture de Charles le Simple.
RATISBONNE. Saint-Emmeran; reliques de saint Denis.
RAZES. Possessions de l'abbaye de Montolieu situees dans ce pays.
REDON, abbaye. Cartulaire.
REGINON, chroniqueur;--son continuateur qualifie Robert de
sacrilege.
REIMS. Archeveche.--Saint-Remy; Robert y est couronne;--synode
reuni par Seulf prescrit penitence aux vainqueurs de
Soissons;--archeveche sous la dependance d'Herbert II de
Vermandois; Raoul est reconnu;--palais royal;--Raoul fait un
pelerinage a Saint-Remy et lui legue presque tous ses
biens;--vassaux de l'eglise, reunis par le roi;--eglise,
archeveche;--les reliques de saint Remy et de sainte Vaubourg
d'Attigny y sont apportees;--pris par Herbert II;--l'eglise a pour
dependance Coucy;--Herbert II s'y rend;--l'archeveche a des
dependances bourguignonnes;--Raoul y visite Charles le
Simple;--Raoul essaie en vain de negocier avec les habitants, et
finalement investit la place;--assiege par Raoul, Hugues le Grand
et Boson;--se rend a Raoul; Artaud y est consacre
solennellement;--obituaires.
REMOIS. Operations militaires dans ce pays;--Charles le Simple y
sejourne.
REMY D'AUXERRE. A pour disciple Seulf.
RENNES. Comte.
RENIER Ier de Lorraine, pere de Gilbert.
RENIER II DE HAINAUT, frere de Gilbert de Lorraine, se brouille
avec lui;--se reconcilie avec Gilbert.
RENOUL II, comte de Poitiers. Est en meme temps duc
d'Aquitaine;--pere d'Ebles Manzer.
RHIN, fl. Passe par Henri Ier.
RHONE, fl. Passe par les Hongrois.
RICHARD LE JUSTICIER, comte d'Autun, puis duc de Bourgogne.
Victorieux des Normands a Argenteuil;--fils de Thierry d'Autun;
epouse Adelaide;--arret concernant Saint-Benigne de Dijon;--sa
mort;--son oeuvre;--son surnom.
RICHARD, comte, fils de Garnier de Sens, s'allie a Gilbert de
Dijon;--comte de Troyes, parait dans un diplome pour
Montieramey;--en lutte contre Raoul.
RICHARD, pretendu comte de Ponthieu, a la cour royale.
RICHARD LE POITEVIN.--Son recit de la mort de Charles le Simple
derive de Flodoard.
RICHER, abbe de Pruem. Devient eveque de Liege.
RICHER, chroniqueur. Recit de la capture de Charles le Simple;--son
recit de la fuite de Louis IV en Angleterre;--fait perir Rollon au
siege d'Eu.
RICHILDE, imperatrice, soeur de Richard le Justicier;--fille de
Thierry d'Autun; epouse Charles le Chauve.
RICOIN, tue a Verdun par Boson, frere de Raoul;--pere d'Otton de
Verdun.
ROBERT LE FORT, pere de Robert Ier, roi de France;--pere
d'Eudes;--grand-pere de Hugues le Grand.
ROBERT Ier, duc puis roi de France, fils de Robert le Fort; succede
a Eudes et prete l'hommage a Charles le Simple; quitte la cour de
Charles le Simple; parait comme impetrant dans les diplomes de
Charles le Simple;--ennemi de Manasses de Dijon;--parrain de
Rollon;--cede la Bretagne et Nantes aux Normands;--beau-pere de
Raoul de Bourgogne;--aide Raoul a s'emparer de Bourges;--marquis
de France; chef des revoltes contre Charles le Simple;--a une
entrevue avec Henri Ier sur la Boer; obtient un armistice des
Lorrains; rentre en France et congedie les Bourguignons; elu roi a
Reims; couronne a Saint-Remy; ses partisans;--sejourne a Soissons;
surpris par Charles le Simple, sa mort a la bataille de
Soissons;--pere de Hugues;--acte date de son regne;--a pour
chancelier Abbon de Soissons;--sa mort a Soissons;--consequences de
sa mort;--souvenir de sa mort.
ROBERT DE MONTDIDIER, nom epique de Robert Ier.
RODEZ. Chartes constatant l'interregne.
RODOLPHE Ier, roi de Bourgogne.
RODOLPHE II, roi de Bourgogne puis d'Arles;--harcele les Hongrois
dans les Alpes;--obtient de Hugues d'Italie l'abandon de ses droits
sur la Provence, et constitue ainsi le royaume d'Arles;--assiste a
l'entrevue de Raoul avec Henri Ier sur les bords de la Chiers.
ROGER, archeveque de Treves, refuse de reconnaitre Raoul.
ROGER, comte de Laon. Partisan de Raoul;--intercede aupres de Raoul
pour l'abbaye de Saint-Amand;--sa mort;--ses fils gardent
fidelement leur cite au roi.
ROGER DE LAON, fils du precedent. Son chateau de Mortagne assiege
et detruit par Herbert II;--investi de Douai par Hugues le Grand.
ROeGNVALD, viking, chef des Normands de la Loire. Appele par Charles
le Simple;--mecontent des promesses illusoires de Robert Ier;
appele par le roi Charles; se joint aux Normands de la Seine et
passe l'Oise;--aide les Normands de la Seine; promesses de cession
du comte de Nantes et de la Bretagne non realisees;--exclu des
negociations par les seigneurs francais; cherche vengeance contre
Raoul; son expedition en Bourgogne; parvient a traverser les lignes
francaises et a s'echapper;--legende de son passage a
Saint-Benoit-sur-Loire.
ROHAUT, tante de Charles le Simple, belle-mere de Hugues le Grand,
abbesse de Chelles;--sa mort.
ROLLON. Son etablissement en Neustrie;--se joint a Roegnvald et
passe l'Oise;--negocie un armistice avec Hugues le Grand et Herbert
II et concede la paix moyennant une indemnite;--prend des mesures
pour defendre Eu;--sa conquete est menacee; sa mort a Eu d'apres
Richer;--prete l'hommage a Charles le Simple a Eu et y conclut une
alliance avec Herbert II;--rend a Herbert II son fils Eudes; son
entrevue avec Herbert II, Hugues le Grand et Charles le Simple.
_Rothildis_, voy. ROHAUT.
ROUEN.
ROUERGUE. Comte. Le comte Ermengaud ne reconnait Raoul qu'en
932;--reconnait la suzerainete de Raoul;--Ermengaud prete l'hommage
a Raoul. ROUMOIS, pays incendie par les Parisiens.
ROUSSILLON. Raoul y est reconnu.
ROYAUTE feodale. Son caractere.
ROME, ville;--forteresse prise par Hugues le Grand et Artaud.
S
SAINT-AMAND. Annales.
SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. Raoul y est reconnu;--annales;--les
Normands y penetrent;--eglise;--les reliques de saint Benoit y sont
deposees;--abbaye dotee par Raoul.
SAINT-BERCHAIRE, monastere.
SAINT-BERTIN, abbaye. Annales;--Arnoul de Flandre en devient abbe a
la mort de son frere Allou.
SAINT-CYPRIEN DE POITIERS, abbaye. Recoit une donation de l'eveque
de Poitiers, Frotier II.
SAINT-DENIS, abbaye. Diplome de Charles le
simple;--obituaire;--monnaie de Raoul.
SAINT-EMMERAN DE RATISBONNE, voy. RATISBONNE.
SAINT-GERMAIN-DES-PRES. Diplome de Charles le Simple;--obituaire.
SAINT-LOMER DE BLOIS, monastere. Recoit de Raoul l'eglise
Saint-Lubin.
SAINT-LUBIN. Eglise concedee par Raoul a Saint-Lomer de Blois.
SAINT-MAIXENT.
SAINT-MAUR-DES-FOSSES, monastere.
SAINT-PAUL, en Senonais. Abbaye concedee par Raoul a son fidele
Allard.
SAINT-QUENTIN. Charles s'y rend avec la deputation d'Herbert
II;--annales;--Charles le simple y est installe comme roi par
Herbert II;--concede par Herbert II a Ernaut de Douai
depossede;--pris par Hugues le Grand;--Herbert reprend cette ville,
mais Hugues le Grand la lui enleve presque aussitot;--Gilbert se
propose de reprendre la ville, mais y renonce;--Hugues le Grand
refuse de restituer la ville a Herbert II; elle est prise et rasee
par les comtes lorrains et saxons allies d'Herbert II.
SAINT-REMY, monastere fortifie par Seulf.--Voy. REIMS.
SAINT-TIMOTHEE, abbaye donnee par Herbert II a l'archeveque Odalric
d'Aix.
SAINT-VAST, abbaye. Annales.
SAINTE-RADEGONDE, voy. POITIERS.
SAINTONGE, pays pille par les Normands.
SANCHE-GARCIE, duc de Gascogne, parait etre beau-pere de Loup
Aznar.
SARRASINS. Chassent l'archeveque d'Aix, Odalric, de son siege.
SAUCOURT. Victoire de Louis III sur les Normands.
SAUXILLANGES. Cartulaire.
SAVERNE, en Alsace. Raoul y assiege la garnison laissee par Henri
Ier;--pris par Guerri, eveque de Metz, qui en detruit le chateau
fort.
SAXE. Invasion hongroise dans ce pays.
SCARPE, riv.
SEINE, fl.--Son estuaire occupe par les Normands.
SENLIS. Eveque.
SENS.--Sainte-Colombe;--archeveche;--Gautier
archeveque;--l'archeveque Gautier couronne Raoul;--_Historia
Francorum Senonensis_;--Raoul y sejourne;--Raoul est enseveli a
Sainte-Colombe, aupres de son pere et du roi Robert
Ier;--Sainte-Colombe herite du tresor de Raoul;--Raoul est avoue de
Sainte-Colombe;--monnaie de Raoul.
SERVAIS (S.). Translation.
SEULF. Devient archeveque de Reims;--recoit des messagers de
Charles le Simple;--archeveque de Reims; reunit un synode a
Reims;--ne repond pas aux demarches de Charles;--fournit des
contingents pour combattre les Normands;--couronne la reine Emma a
Laon;--confere la pretrise a Hugues de Verdun;--aide Hugues et
Herbert II a defendre la ligne de l'Oise contre les Normands;--a
Autun, pres de Raoul;--obtient de Hugues de Provence la restitution
de domaines episcopaux sis en Lyonnais;--charge par Raoul de
negocier la paix avec les Normands;--disciple de Remy d'Auxerre;
fortifie Saint-Remy de Reims;--sa mort.
SOISSONNAIS. Operations militaires dans ce pays.
SOISSONS.--Robert y sejourne;--abbaye de Saint-Medard;--Raoul est
couronne a Saint-Medard;--l'eveque Abbon, chancelier de Robert Ier,
partisan de Raoul;--Abbon, eveque;--Raoul s'y rend;--Saint-Medard
occupe par Raoul;--Saint-Medard a pour doyen Engrand qui devient
eveque de Laon;--environs pilles par Eudes, fils d'Herbert II;
Notre-Dame, abbesse; Saint-Pierre, chanoines;--Raoul y tient un
plaid; une ambassade d'Henri Ier vient l'y trouver;--monnaie de
Raoul;--bataille.
STAVELOT-MALMEDY, abbaye. Chartes.
SUNIAIRE ou SUNIER, comte d'Urgel. Charte.
T
TAILLEFER, voy. GUILLAUME-TAILLEFER.
_Tedalgrinus_, eveque de Nevers. Recoit des concessions du comte
Geoffroi de Nevers.
TEOTOLON, archeveque de Tours. Accompagne Raoul au siege de
Chateau-Thierry.
TEROUANNE ou THEROUANNE;--occupe par Arnoul de Flandre.
THIBAUD, abbe de Sainte-Colombe de Sens. Emporte la couronne de
Raoul a la seconde croisade, et meurt en Orient.
THIBAUD LE TRICHEUR, comte de Blois. Parait dans un diplome de
Raoul;--son role lors de l'arrivee de l'empereur a Paris;--a la
cour royale;--sa pretendue autorite dans le conseil du roi Louis
IV.
THIERRY, comte d'Autun.
THIETMAR, historien.
THION, vicomte de Paris.--Charte.
TITRE de _rex Francorum, Aquitanorum et Burgundionum_ pris par
Raoul dans ses diplomes.
TOSCANE, pays.
TOUL. Raoul y est reconnu roi, puis Henri Ier, en octobre 923.
TOULOUSE. Le comte Raimond-Pons III ne reconnait Raoul qu'en
932;--comte; la suzerainete de Raoul y est reconnue.
TOURAINE. Les habitants de ce pays repoussent les Normands.
TOURNAI. Comte. Acte de Raoul concernant ce pays;--Chroniques.
TOURNUS, abbaye. Herve abbe;--obtient confirmation de ses
dependances sises en Chalonnais.
TOURS. Assiege par les Normands;--chroniques;--Raoul y est reconnu
et y sejourne;--Teotolon archeveque;--Saint-Martin: diplome de
Charles le Simple;--pancarte noire;--precaire souscrite par Hugues
le Grand et la reine Emma;--Raoul s'y rend en pelerinage;
diplome;--Raoul confirme ses possessions et privileges.
TREDUIN, clerc noble, partisan d'Herbert II, pris et pendu a
Saint-Quentin par Hugues le Grand.
TREVES. L'archeveque Roger refuse de reconnaitre
Raoul;--Saint-Maximin, annales;--l'archeveque appelle Henri Ier, en
Lorraine;--l'archeveque s'abstient de reconnaitre
Raoul;--Saint-Maximin, charte.
TROSLY. Synode, affaire d'Isaac de Cambrai;--synode reuni par
Herbert II, malgre Raoul.
TROYES.--Raoul y est reconnu;--Anseis eveque.
TULLE. Saint-Martin, abbaye reformee; Raoul y est reconnu;--chartes
datees des annees de Raoul;--le monastere recoit le donjon royal
d'_Uxellodunum_;--diplome de Raoul pour cette abbaye.
TURENNE. Ademar vicomte fait approuver son testament par
Raoul;--maison.
U-Z
UNIZON, vassal de Raoul. Intervient en faveur de Saint-Symphorien
d'Autun.
UNSTRUTT, riv. Les Hongrois sont battus sur ses bords par Henri
III.
URGEL. Comte.
_Uxellodunum_, en Quercy. Concession du donjon royal au monastere
de Tulle.
VABRES. Chartes constatant l'interregne.
VAISON. Domaine de Saint-Martin d'Autun.
VARAIS, pays. Adelaide de Bourgogne y possede des biens.
VELAY. Comte. Suit la politique du duc d'Aquitaine.
VENGEANCE privee, Droit en vigueur jusqu'au XVe siecle.
VERDUN. Partage;--reconnait Raoul;--l'eveque Hugues succede a
Dadon;--Ricoin y est tue par Boson;--l'eveque Hugues remplace par
Bernoin.
VERGY. Maison.
VERMANDOIS. Maison; alliee a Robert;--Raoul y est reconnu;--son
hegemonie.
VEXIN normand. Pille et incendie par les Parisiens.
VIENNE. Comte. Possede par Charles-Constantin; Hugues d'Italie s'y
rencontre avec Raoul;--sous la domination de son archeveque puis de
Charles-Constantin; Raoul y est recu comme suzerain par
Charles-Constantin.
VIENNOIS, pays. Raoul y confirme les biens de Saint-Martin
d'Autun;--sous la suzerainete de Raoul;--Raoul s'y rend;--peut-etre
en fut-il question a l'entrevue des bords de la Chiers;--acquis par
Raoul.
_Viriliacum_, localite enlevee par des Aquitains a Geoffroi de
Nevers; reprise par Raoul.
VITRY-EN-PERTHOIS, chateau de Boson. Pris par Herbert II;--rendu
par Herbert II a Boson;--repris par Boson.
VIVANT (S.). Vie.
VONCQ (Pays de). Pille par les Normands.
_Wadaldus_, eveque d'Elne. Charte datee du deces de Charles le
Simple.
WALON ou GALON, chatelain de Chateau-Thierry; prete l'hommage a la
reine Emma;--sa conduite au second siege de Chateau-Thierry.
WALON, comte, fils de Manasses de Dijon. A Autun, pres
Raoul;--neveu de Rainard d'Auxerre, assiege ce dernier dans
Mont-Saint-Jean.
WALON, eveque d'Autun.
WAULSORT. Chronique.
WIDUKIND, chroniqueur. Attribue a Hugues la capture de Charles.
WITGER, eveque de Metz.
WORMS (Pays de).
YVOIX. Henri Ier y sejourne.
ZUeLPICH, pris par Gilbert de Lorraine.
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS
CHAPITRE PREMIER. Robert duc de France et Raoul duc de Bourgogne.
CHAPITRE II. Les elections de Robert et de Raoul.
CHAPITRE III. La captivite de Charles le Simple, la guerre normande et
la perte de la Lorraine.
CHAPITRE IV. La lutte contre Herbert de Vermandois. Premiere periode.
CHAPITRE V. La lutte contre Herbert de Vermandois apres la mort de
Charles le Simple.
CHAPITRE VI. La fin du regne.
CONCLUSION.
APPENDICE
Fragments inedits de l'Anonyme de Laon, concernant Herbert II, comte
de Vermandois.
TABLE ANALYTIQUE.
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de France (923-936), by Ph. Lauer
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Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
electronic works in formats readable by the widest variety of computers
including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
people in all walks of life.
Volunteers and financial support to provide volunteers with the
assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
Foundation
The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
throughout numerous locations. Its business office is located at
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business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
information can be found at the Foundation's web site and official
page at http://pglaf.org
For additional contact information:
Dr. Gregory B. Newby
Chief Executive and Director
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Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
Literary Archive Foundation
Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
spread public support and donations to carry out its mission of
increasing the number of public domain and licensed works that can be
freely distributed in machine readable form accessible by the widest
array of equipment including outdated equipment. Many small donations
($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
status with the IRS.
The Foundation is committed to complying with the laws regulating
charities and charitable donations in all 50 states of the United
States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
with these requirements. We do not solicit donations in locations
where we have not received written confirmation of compliance. To
SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
particular state visit http://pglaf.org
While we cannot and do not solicit contributions from states where we
have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
against accepting unsolicited donations from donors in such states who
approach us with offers to donate.
International donations are gratefully accepted, but we cannot make
any statements concerning tax treatment of donations received from
outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
ways including including checks, online payments and credit card
donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
works.
Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
concept of a library of electronic works that could be freely shared
with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
Each eBook is in a subdirectory of the same number as the eBook's
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compressed (zipped), HTML and others.
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the old filename and etext number. The replaced older file is renamed.
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This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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EBooks posted prior to November 2003, with eBook numbers BELOW #10000,
are filed in directories based on their release date. If you want to
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search system you may utilize the following addresses and just
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