trente-troisi?me degr? de longitude ouest, soit un d?veloppement de
pr?s de deux cents degr?s [Soit 2,500 lieues environ.], et du
trente-huiti?me parall?le sud au quatre-vingt-uni?me parall?le nord,
soit quarante-trois degr?s [Soit 1,000 lieues]. On y compte plus de
soixante-dix millions d'habitants. On y parle trente langues
diff?rentes. La race slave y domine sans doute, mais elle comprend,
avec les Russes, des Polonais, des Lithuaniens, des Courlandais. Que
l'on y ajoute les Finnois, les Esthoniens, les Lapons, les
Tch?r?misses, les Tchouvaches, les Permiaks, les Allemands, les Grecs,
les Tartares, les tribus caucasiennes, les hordes mongoles, kalmoukes,
samoy?des, kamtschadales, al?outes, et l'on comprendra que l'unit?
d'un aussi vaste ?tat ait ?t? difficile ? maintenir et qu'elle n'ait
pu ?tre que l'oeuvre du temps, aid?e par la sagesse des gouvernements.
Quoi qu'il en soit, Ivan Ogareff avait su, jusqu'alors, ?chapper ?
toutes les recherches, et, tr?s-probablement, il devait avoir rejoint
l'arm?e tartare. Mais, ? chaque station o? s'arr?tait le train, des
inspecteurs se pr?sentaient qui examinaient les voyageurs et leur
faisaient subir ? tous une inspection minutieuse, car, par ordre du
grand ma?tre de police, ils ?taient ? la recherche d'Ivan Ogareff. Le
gouvernement, en effet, croyait savoir que ce tra?tre n'avait pas
encore pu quitter la Russie europ?enne. Un voyageur paraissait-il
suspect, il allait s'expliquer au poste de police; pendant ce temps,
le train repartait sans s'inqui?ter en aucune fa?on du retardataire.
Avec la police russe, qui est tr?s-p?remptoire, il est absolument
inutile de vouloir raisonner. Ses employ?s sont rev?tus de grades
militaires, et ils op?rent militairement. Le moyen, d'ailleurs, de ne
pas ob?ir sans souffler mot ? des ordres ?manant d'un souverain qui a
le droit d'employer cette formule en t?te de ses ukases: ?Nous, par la
gr?ce de Dieu, empereur et autocrate de toutes les Russies, de Moscou,
Kief, Wladimir et Novgorod, czar de Kazan, d'Astrakan, czar de
Pologne, czar de Sib?rie, czar de la Cherson?se Taurique, seigneur de
Pskof, grand prince de Smolensk, de Lithuanie, de Volhynie, de Podolie
et de Finlande, prince d'Esthonie, de Livonie, de Courlande et de
Semigallie, de Bialystok, de Kar?lie, de Iougrie, de Perm, de Viatka,
de Bolgarie et de plusieurs autres pays, seigneur et grand prince du
territoire de Nijni-Novgorod, de Tchernigof, de Riazan, de Polotsk, de
Rostof, de Jaroslavl, de Bielozersk, d'Oudorie, d'Obdorie, de
Kondinie, de Vitepsk, de Mstislaf, dominateur des r?gions
hyperbor?ennes, seigneur des pays d'Iv?rie, de Kartalinie, de
Grouzinie, de Kabardinie, d'Arm?nie, seigneur h?r?ditaire et suzerain
des princes tcherkesses, de ceux des montagnes et autres, h?ritier de
la Norw?ge, duc de Schleswig-Holstein, de Stormarn, de Dittmarsen et
d'Oldenbourg.? Puissant souverain, en v?rit?, que celui dont les armes
sont un aigle ? deux t?tes, tenant un sceptre et un globe,
qu'entourent les ?cussons de Novgorod, de Wladimir, de Kief, de Kazan,
d'Astrakan, de Sib?rie, et qu'enveloppe le collier de l'ordre de
Saint-Andr?, surmont? d'une couronne royale!
Quant ? Michel Strogoff, il ?tait en r?gle, et, par cons?quent, ?
l'abri de toute mesure de police.
A la station de Wladimir, le train s'arr?ta pendant quelques
minutes,--ce-qui parut suffire au correspondant du _Daily-Telegraph_
pour prendre, au double point de vue physique et moral, un aper?u
extr?mement complet de cette ancienne capitale de la Russie.
A la gare de Wladimir, de nouveaux voyageurs mont?rent dans le train.