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De la nature, de l'état civil, de la cité ou Les règles de l'indépendance du
gouvernement [Document électronique] / Saint-Just
p921
DU DROIT DE CONQUETE DU DROIT SOCIAL OU PRINCIPE DU DROIT NATUREL
Du droit de conquête
Du droit social ou principe du droit naturel
J'ai voulu connaître les principes de l'état social, j'ai pen que cet état
ne pouvait être fondé [rement] solidement que sur la nature, tel est
l'objet de ce livre.
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La nature est le point de justesse et de rité [en toutes choses] dans
les rapports des choses, ou leur moralité.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE PREMIER DE LA NATURE
DE L'éTAT SOCIAL
De la nature
[La nature est un cercle dont l'ordre des choses de ce monde est pour
nous le milieu. Chaque individu placé dans ce cercle en devient également
le point de centre; parce que les rapports sont partout les mes du tout
à l'individu, de l'individu au tout.
La nature des rapports est l'homonéité des choses qui les unit.]
Ces rapports ne sauraient être des conventions particulières ou personnelles.
La nature finit où la convention commence. La vie sociale est donc
le rapport [d'homogénéité] qui unit les [hommes, sexes] hommes,
seul principe éternel de leur conservation.
L'état social ne rive point de la convention, et l'art d'établir [ou de
maintenir] une société par un pacte ou par les modifications de la force,
est l'art même de détruire la société.
Dans l'ordre physique, si les choses se pouvaient régir un moment par
une convention positive, tout serait bientôt dissous. Dans l'ordre moral,
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tout est de même [dissous] confondu parce que l'homme a mis sa
convention [ou sa passion] à la place de la nature.
L'homme, dans l'état social, devait être sans passion parce qu'il vivait
selon sa nature. Dans l'état actuel, l'homme a des passions [parce que sa
règle est le fait de la convention et que la convention n'a pour principe que
la propriété, la règle de l'état civil est la force et la propriété] parce qu'il
vit selon la force.
[Ne confondons point] Il ne faut pas confondre les sentiments de
l'âme avec les passions, les uns sont le présent de la nature et le principe
de la vie sociale, les autres sont le fruit de l'usurpation et les principes de
la vie sauvage.
Les hommes sont polis tant qu'ils suivent leurs penchants [qui les
portent à s'unir, à s'aimer,] ils deviennent sauvages quand [leurs
passions] les lois politiques prennent la place de ces penchants et qu'ils
sont agrés par la [conqte, force] domination et l'esclavage.
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Dans ce sens, la terre n'est maintenant peuplée que de sauvages, et le
coeur le plus tendre, à l'aide de l'imagination la plus vive, cooit à peine
la société première tant est grande l'altération de l'esprit humain. [Tous les
arts ont produit des merveilles, l'art de gouverner n'a produit que des
monstres, c'est que nous avons cherché l'art image dans la nature et les
principes dans notre orgueil.] Quelle que soit la source de l'ordre présent
des choses, elle est impure, elle est une oeuvre de ténèbres puisque le
monde est malheureux, c'est pourquoi je crois peu aux religions, [elles ont
fait le malheur de la terre] elles ont enfanté beaucoup de crimes, de
mauvaises lois et d'imptés. Il n'en faut plus parler.
Je ne suis point plus austère qu'il ne convient, ne condamnez point
d'abord une âme forte et sensible qui ne veut point le mal: je paie à la
rité, à la nature, à mes semblables, le tribut d'amour que je leur dois.
[J'ai voulu connaître les principes de l'état social ou naturel et le chemin
qui nous y pouvait conduire facilement d'où nous sommes, tel est l'objet
de ce livre que j'ai appelé droit social.]
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE II DE LA SOCIETE
De la société
Tout ce qui respire est inpendant de son espèce et vit en socté dans
son espèce, tout ce qui respire a une loi politique ou de conservation contre
ce qui n'est point sa société, ou ce qui n'est point son espèce. Cette inpendance
a ses lois, sans lesquelles chaque être languirait, isolé sur la terre.
Ces lois sont leurs rapports naturels [qui les unissent], ces rapports sont
leurs besoins et leurs affections; selon la mesure de leur intelligence ou de
leur sensibilité, les animaux plus ou moins [se cherchent, s'abandonnent]
s'associent. Les uns se rassemblent au printemps, d'autres dans plusieurs
saisons, ils se rencontrent sans se maltraiter ni se fuir. Le plus sensible de
tous, l'homme naît pour une société [stable et permanente] permanente
parce qu'il naît pour la possession [et les délices].
Les hommes forment donc une société naturelle qui repose sur leur
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indépendance, mais tous ensemble forment un corps ou une force politique
contre la conquête. L'état social est le rapport des hommes entre eux, l'état
politique est le rapport d'un peuple avec un autre peuple.
On voit que les hommes se traitant eux-mêmes en ennemis ont tour
contre leur indépendance sociale la force qui n'était propre qu'à leur indépendance
extérieure ou collective, que cette force par le contrat social est
devenue complexe et une arme à une portion du peuple pour opprimer le
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peuple entier, en même temps qu'il est une arme poursister à la
conquête.
Si tel [fut] est l'objet du contrat social de conserver l'association, dans
ce sens [ils] les hommes sont considérés comme des bêtes sauvages qu'il
a fallu dompter; en effet, par le contrat tous vivent armés contre chacun
comme une troupe d'animaux de diverses esces, inconnus l'un à l'autre et
tous prêts de se dévorer. La reté de tous est dans l'anéantissement
de chacun, au lieu qu'elle se trouve si simplement dans leur inpendance.
Je crois pouvoir dire que la plupart des erreurs de la cité sont venues de
ce qu'on a regardé lagislation comme une science de fait. De là leur
incertitude et leur diversité.
De pareilles idées devaient pertuer [l'esclavage parmi les hommes]
les peuples dans l'esclavage, puisqu'en supposant l'homme [sauvage et]
farouche et meurtrier, dans la nature, on n'imaginait plus d'autre ressort
que la force pour le gouverner.
Pour avoir confondu le droit social et le droit politique on a fait
des agrégations et non point des sociétés.
Néanmoins comme dans la république l'intérêt d'un seul est protégé par
la force de tous et que tous et un seul sont, non point [inparables,]
unis, mais liés par l'oppression; lapublique, par la nature de sa convention,
a fait un contrat politique [entre] ou de force entre chacun et tous,
et ce contrat [civil] politique forme un pacte social. Mais, quelle violence
et quelle faiblesse, tandis que la nature est là qu'on oublie et qu'on
outrage! Ces sociétés ressemblent à des traités de pirates qui n'ont de
garant que le sabre. Les flibustiers avaient aussi un pacte social sur leurs
[vaisseaux] navires.
On a mal appliqué le principe de la conservation, il n'appartenait qu'au
droit des gens, c'est-à-dire, qu'il était de peuple à peuple, cela même est une
loi fondamentale de nos sociétés, ce ne sont point les hommes mais les états
qui se font la guerre.
Les hommes étant indépendants dans l'état social, les peuples qui sont des
êtres collectifs sociaux ont aussi leur indépendance dans la société générale,
mais elle n'est point morale car les rapports qui unissent les hommes,
n'existent plus entre les peuples, ceux-ci n'ont que des rapports physiques.
L'indépendance des peuples n'a qu'une cause morale, l'inutilité de conquérir,
cette cause maintint longtemps les premières sociétés, le sol qu'elles
occupaient suffisant à leur population.
De cette idée que les peuples deviennent conqrants par la nécessité de
conquérir il naît une autre idée que les familles [d'abord] s'étant accrues
[avant la formation des peuples], l'homme s'arma contre l'homme pour
étendre son champ. Mais si l'on examine que la férocité de peuple à peuple
tient à leur isolement, mais que d'homme à homme tout est identité, si l'on
examine que [le ressort qui ferait mouvoir contre un peuple] le mouvement
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qui occasionnerait entre les hommes [l'excès de leur population]
leur trop grand nombre, se porterait comme un tourbillon aux extrémités et
n'agirait point contre son centre, on verra que l'exs de la population ne
peut troubler que les sociétés voisines. Les émigrations du Nord, il y a mille
ans, prouvent cette vérité; ces hommes cruels envers les autres peuples
étaient paisibles dans leur patrie, ou ils l'auraient détruite et s'y seraient
fait place, ce n'est point que leur territoire ne put suffire à leurs besoins,
mais l'amour des armes et certaines moeurs les empêchaient de les cultiver.
L'esprit de conquête n'est point de la misère mais de l'avarice et
de la paresse.
On a couvert dans l'Amérique des îles peupes: là, il semble que
l'émigration étant impossible, la force devait refluer sur elle-même, mais ou
la terre suffisait [encore] à leurs besoins, ou ils formaient divers peuples
qui [se faisaient] s'exterminaient.
Tant il est vrai que les nations seules sont dans un état de guerre et non
point les hommes.
C'est une erreur de croire que les premiers hommes étaient sauvages et
qu'ils se [gouvernaient pour se conserver] réunirent d'abord dans l'état
civil pour se conserver. Afin que cela se cooive, il faut [encore voir]
imaginer un péril; qui donc s'arma le premier et pourquoi s'arma-t-il?
On conçoit aisément que les hommes s'unirent pour se défendre, mais on ne
conçoit point comment ils s'unirent pour attaquer, [puisqu'il n'y avait
point] et quoi ils attaquèrent. Ils étaient unis longtemps avant l'état de
guerre. Cette société n'était point la proie de la politique, elle était régie
par la loi de nature et l'homme devint sauvage à mesure qu'il [s'éloigna]
confondit [la loi politique et sociale] les lois qui doivent régir les peuples,
celles qui doivent gir les hommes. Les peuples, n'ayant plus collectivement
les affections de l'individu, connurent le besoin de se conserver, ainsi ce que
ne firent point les hommes [dans l'état social], les nations le firent;
chaque peuple fut une force par rapport à un autre peuple, il fallut défendre
son territoire, on voulut l'agrandir.
De me que dans la loi sociale ou naturelle les hommes ne sont point
dans un état de force, de même lorsque la loi politique se mêle dans l'état
civil et que le peuple est exclusivement gouverné, chaque homme devient
comme un peuple, l'unité sociale est perdue, chacun pour se conserver
concourt à opprimer tous les autres par la force du magistrat.
L'individu vit pour soi seul.
Dans la vie sauvage ou république, par l'assujettissement de tous, chacun
vit pour tous; dans l'état social, par son indépendance personnelle. Cela
s'opère par le moyen que je vais dire: dans l'un, la loi politique pare tout
le monde pour proger chacun au-dedans, ce qui est superflu ou tyrannique;
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dans l'autre, la loi sociale unit tout le monde pour proger chacun
au-dehors, ce qui est nécessaire et légitime.
[Je dis en me résumant] En un mot, un peuple pour liguer sa force
politique contre ses voisins ne doit point ôter à ses membres leur indépendance
sociale.
Le chef ou le prince qu'il se donne pour organiser sa force politique ne
sont rien au-dedans et n'y peuvent point employer cette force.
Un peuple doit être gouverné par soi-me. Il est atroce qu'il le soit par
une [portion de] horde étrangère à soi-même.
Il reste à savoir si les relations de peuple à peuple étant restreintes dans
leurs justes limites, et si les corrélations du dedans étant réduites à la
règle civile, il faut une force particulière dans le premier cas, au lieu que
le peuple entier soit cette force me, et dans le second [il faut]
un magistrat et des taxes pour payer le joug.
Ceci n'est point un paradoxe, je ne [vous] chasse point [mortels] les
hommes dans les forêts, je [vous] les rappelle, au contraire, à la nature,
à l'ordre social, le soleil ne luira-t-il plus que pour des bêtes féroces?
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE III DE L'HOMME SOCIAL,, OU DES
PREMIER
De l'homme social, ou des premiers hommes
[Si la conservation n'est point le principe cessaire de l'état civil, je
dirai que la vie sociale]
Cet état de guerre entre les hommes a flétri leur âme, pas un n'est
heureux. Tous languissent, se consument à chercher la liberté dans
l'esclavage, la politesse dans la barbarie, la nature dans les passions.
Les Indiens qui font consister le bonheur dans l'inaction, donnent
à l'être supme le nom d'immobile. Quand j'observe à quoi tend notre
inquiétude, je trouve que le repos des Indiens est la sagesse même.
Les premiers hommes, sans doute, nechiraient point la terre avec la
me avidité que nous et l'on doit croire que dans le repos et l'usage des
premiers besoins consistait leur félicité; quelle serait l'épouvante de ces
heureux et simples habitants à l'aspect des [charrues] navires, du poids
des édifices et des terribles travaux des saisons. Hélas, il ne faut plus
songer à faire goûter aux hommes l'attrait de l'innocence, on ne ferait plus
que des êtres faibles et dépravés, la vertu même n'est plus innocente. Mais
la nature n'est pas seulement faite pour les bois, que si l'homme a trouvé le
bonheur à courir les mers, à fertiliser les champs, qu'il soit navigateur et
laboureur, mais qu'il reprenne sa véritable dignité, et sache que le principe
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me de son bonheur, de ses délices, de son opulence, de sa conservation,
sont dans un état qu'il ne connaît point.
L'homme s'ignore soi-même et tout fier de la fausse nature qu'il s'est faite
comment retrouvera-t-il la ritable? La stupidité, que Montesquieu donne
aux hommes avant l'établissement des sociétés, n'est point telle qu'il se
l'imagine. La preuve de stupidité qu'il allègue est de fait. "L'homme, dit-il,
dans l'état de nature ne sentirait d'abord que sa faiblesse, sa timidité serait
extrême, et, si l'on avait besoin là-dessus de l'expérience, on a trou dans
les forêts des hommes sauvages, tout les fait trembler, tout les fait fuir."
Ce sauvage qui tremble, qui fuit devant un être dans qui ses sens
ne reconnaissent point son espèce, ne tremblera pas, ne fuira pas devant un
autre sauvage. On croit faussement que les premiers hommes tremblaient
et fuyaient l'un devant l'autre, aucun être ne fuit devant son esce. Il fuit
devant toute autre. La crainte est empreinte dans tous les êtres à l'aspect de
ce qui ne leur ressemble point et de plaisir à l'aspect de tout ce qui leur
ressemble. Les premiers hommes pâlissaient sans doute comme nous devant
un tigre, une panthère, mais réunis, d'abord par familles, par peuplades
ensuite, enfin par nations, nul ne fuyait devant son vêtement et sa langue.
Hobbes demande pourquoi, si les hommes ne sont pas naturellement dans
un état de guerre, ils sont ars et pourquoi ils ont des clefs pour fermer
leurs maisons. Montesquieu répond à cela. Hobbes ne [voit] sait point
qu'il attribue aux hommes avant l'établissement des sociétés ce qui ne peut
leur arriver qu'aps cet établissement, qui leur fait trouver des motifs pour
s'attaquer et se défendre.
En effet, Hobbes représente l'homme devenu sauvage, et Montesquieu, si
près de la vérité, ne l'a point sentie lui-me. Il parle encore comme d'une
loi naturelle du désir de vivre en société, la société pcéda donc les
conventions politiques, les hommes dans cet état ntaient donc ni stupides,
ni sauvages; le rapport, le plaisir les unissaient donc, ils ne se faisaient
donc pas trembler et fuir.
L'homme social est un être simple, ami de son semblable, l'homme
sauvage ou politique est un animal cruel. La force de la loi lenature, et
l'arrache à soi-même; par exemple dans la plupart des contrées, le noble
n'a d'entrailles que pour l'aîné de ses enfants, il retranche les autres comme
des rejetons indignes de partager sa sève. Tout ps de lui, l'homme agreste
est moins sauvage que lui, qui laboure ses champs, nourrit du me amour,
du même pain, desmes larmes, tous ses enfants.
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LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE IV DE L'ORIGINE DE L'ETAT
SAUVAGE
De l'origine de l'état sauvage
Les hommes n'abandonnèrent point spontament l'état social. La vie
sauvage arriva à la longue et par une altération insensible, si les hommes
s'unirent soudain pour se conserver, comment s'étaient-ils consers jusqu
ce qu'ils s'unissent; l'acte de vouloir s'unir n'eût jamais pu naître que d'un
accord parfait, il fallait qu'ils parlassent, qu'ils s'entendissent; s'ils parlaient,
s'ils s'entendaient, ils avaient nécessairement communiqué.
La vie sauvage survint ainsi: au commencement, les peuples étaient sans
gouvernement, ils avaient seulement des chefs. Les anciens Francs, les
anciens Germains très voisins de nous, n'avaient point de magistrat, le
peuple était prince et souverain. Mais, quand les peuples perdirent le goût
des assembes pour négocier, pour cultiver la terre ou conqrir, le prince
se para du souverain, ici finit la vie sociale et commence la vie politique
ou la convention.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE V DE LA PREMIERE CONVENTION
De la première convention
L'état social se trouvant changé en un état [civil] politique, il se fit
une double convention, des citoyens entre eux, et entre les citoyens et le
prince quel qu'il fût, sénat ou roi. Par la première tous s'engagèrent l'un
contre l'autre, par la seconde, tous s'engagèrent à obéir, en sorte que celui
qui fit obéir fut à la place de tous.
Le prince, pour fortifier son usurpation, mit entre lui et chacun les
rapports que tous avaient entre eux. Comme il devint le principe et
le mobile de toutes les relations civiles, sa volonté fit le droit.
On a dit avant moi que la loi politique n'est point un contrat du peuple
au prince, mais des citoyens entre eux. Mais pourquoi ce contrat? car il
est évident qu'il n'eut point objet de former ni de conserver la société, mais
de l'assujettir. La difficulté est de savoir comment les peuples devaient se
gouverner sans séparer le magistrat du souverain. Car le pacte naturel exclut
toute force particulière qui est une inpendance du souverain. Je traiterai
cette question dans le cours de cet ouvrage [mais] et je dois [observer]
seulement observer ici que toute convention qui divise le peuple et le prince
fut illégitime par la raison seule que ce fut une convention. Ou du moins,
cette convention, étant personnelle, ne pouvait avoir ni effet rétroactif, ni
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effet ultraactif, mais un effet psent qui n'engageât personne qu'autant
qu'il lui plairait. Mais cette convention même dont je parle ne pouvait
subsister qu'entre tous, car si le prince est sépa, le contrat est toujours
du peuple à ses chefs, non point immédiatement mais par un mandat
nécessaire.
Rousseau tourne sans cesse les yeux vers la nature, il cherche une
société indépendante, mais cela ne se concilie point avec le gouvernement
vigoureux qu'il imagine; il étouffe la liberté de ses propres mains et plus il
établit des ressorts contre l'esclavage, plus il forge d'armes à la tyrannie.
On dira peut-être: Comment un peuple subsistera-t-il sans contrat?
Je demanderai quel peuple en a un? Les nations n'ont ni contrat ni pacte,
c'est partout la force qui les gouverne.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE VI DU PRINCIPE DE LA LEGISLATION
Du principe de la législation
Minos avait senti quel inconnient c'était que le peuplet sépadu
prince. Mais comme il [crut] connut tout le danger d'une mocratie
absolue, il fit une loi qui prima également et le peuple et le magistrat.
Le secondprimait le premier et quand celui-ci craignait pour sa liberté, il
[pouvait] devait courir aux armes, et chasser le magistrat.
Je m'assure qu'on saura distinguer de lamocratie, où le peuple est
assujetti par soi-même, l'état social, l'on peut dire plutôt qu'il n'est point
du tout de prince que dire que le peuple l'est.
Je ne fais point de différence entre toutes les formes de législation, dans
l'une le peuple est assujetti à un seul, dans l'autre à plusieurs, dans celle-là
à soi-même.
[Chaque chose] On doit prendre les choses dans leur sens le plus
intime et le plus rique et puisque j'ai prouvé que les premières sociétés
n'étaient point soutenues, mais furent détruites par la force, je dois
conclure que toutes les législations, étant organies par la force, portaient
un germe d'oppression et devaient périr.
Plus les législateurs furent vertueux, plus ils s'éloignèrent de la nature,
parce que la croyant féroce ils firent tout pour la polir; plus les lois eurent
de sagacité, plus l'espèce humaine fut travestie, ainsi l'arbre que l'on ente
avec le plus d'adresse porte d'autres fruits dont la saveur fait dédaigner
d'autant plus la saine amertume du tronc.
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LIVRE PREMIER DE LETAT SOCIAL, CHAPITRE VII DE LA LOI NATURELLE E
COMMENT ELLE SE PERDIT>
De la loi naturelle et comment elle se perdit
Quelques rapports que le commerce, l'agriculture et [la navigation]
l'industrie aient établis parmi les hommes, il n'en faut pas conclure qu'ils
ne puissent être gouvernés naturellement. La première loi est la loi sociale,
toutes les autres se doivent [dériver de sa nature] plier à elle, car si vous
fondez votre société sur des lois de force, tous ses rapports exigeront des
moyens coactifs. Si vous la fondez sur la nature, les rapports naîtront l'un
de l'autre et le commerce, l'industrie trouveront encore des lois dans la
nature.
Mais au lieu que les lois civiles soient dérivées du droit social, le droit
social lui-même s'est [confondu avec] réglé par les rapports spéculatifs
du commerce civil. Ainsi s'est perdue la loi naturelle qui rapportait l'état
civil de l'homme à son état social. La loi civile mit l'homme dans le
commerce, il trafiqua de soi-même même et le prix de l'homme fut déterminé
par le prix des choses.
Or comme il est très certain que chaque chose est inégale [selon] par
sa valeur, l'homme et la chose étant confondus dans l'opinion civile,
l'homme et l'homme furent inégaux comme la chose et la chose furent
inégales.
[Il ne resta rien de la nature] Tout fut entraîné par le principe.
De me, que l'homme et la chose devaient être séparés, deme l'homme
et la religion devaient être indépendants. La loi civile mit l'homme, les
choses et la divinité dans l'état. La loi sociale portait l'homme à chérir son
auteur, la loi civile le lui fit craindre. La conservation avait été le prétexte
de l'état de force, la divinité fut un prétexte d'obéissance.
LIVRE PREMIER DE LETAT SOCIAL, CHAPITRE VIII SUITE
En effet, la loi religieuse effaça la loi naturelle, et fut le droit. Le dieu de
paix fut le dieu des ares, tout fut plein de divinités, et [l'homme] on
offensa partout la nature par l'effroi de leur psence et de leur volonté.
L'homme adora ses vertus, ses tyrans, ses crimes et bien plus, [l'homme]
il en vint au point de détester ou de [priser] fuir la nature qu'il crut
[cause et] la mère de sa faiblesse et révéra d'autant plus la vie sauvage
comme la re de ses vertus farouches.
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J'ose prédire que l'homme doit tôt ou tard fouler aux pieds ses idoles.
Quel peuple n'a pas fini par priser ses lois et ses dieux; pourquoi cela?
c'est que corrompu par eux et éclairé par sa corruption, celle-ci le ramenait
à la nature. Quand Rome finit, Rome était stoïcienne, quand la Grèce finit,
elle était philosophe, et dans l'une et l'autre on riait des lois du magistrat
et des dieux.
Outre que les lois corrompent les hommes, il faut à chaque instant
corrompre les lois pour conserver les hommes. N'est-on point saisi d'effroi
lorsqu'on voit à quel prix [Moïse] on disciplina le peuple hébreu,
[comment il l'épouvanta pour le conduire, il en fait des monstres pour les
policer, et le traîna par de telles épouvantes, pour les conduire, traîner]
et comment, parmi le long ennui des serts [en fait de pieux impies à
force, les trompa indignement] il en fait des monstres pour les policer.
[La loi naturelle n'est point autre chose que la loi sociale même.
D'après l'histoire, il n'est partout qu'un pas du pris des lois et des
dieux à une révolution et de la volution à la justice.]
Les pires législateurs de tous ont été les prophètes. Il semble [au premier
coup d'oeil] que l'homme soit [dans la dépendance] sous le joug, au
lieu d'être simplement sous le rapport de [son auteur, l'être suprême]
son auteur.
[Sans examiner si] Mais la divinité partage-t-elle avec [les tyrans] les
rois le sentiment [et l'envie] de la domination, [je sais bien que l'homme
doit chérir son souverain] a-t-elle fait l'homme pour l'opprimer, et qui pis
est, pour l'opprimer par un [autre homme] prêtre? à quels signes se
peut-on assurer que cet être supme tient dans les cieux un sceptre de fer?
L'empire de tout ce qu'il a fait avec l'homme est doux à l'homme. Lui
seul, il est intolérant ce prêtre, ce prophète qui fait dire à dieu ce qu'il dit
lui-même et ce qu'il faut croire sans le sentir au fond de son coeur.
[Le législateur] Je remarque que les prophètes ont donné à l'espèce
humaine l'origine qui convenait au droit qu'ils voulaient instituer. Mse
fait la fable des démons et la fable d'Eden pour épouvanter son peuple par
le châtiment de la désobéissance. Aussi, ce peuple naturé n'est-il jamais
revenu de son fanatisme. Moïse avait pris soin de l'éterniser par des
maximes d'obéissance sous le joug et par l'espoir d'un lirateur. Idée
épouvantable qui semble éterniser avec le mensonge l'oubli de la nature
humaine. Rien ne devait détruire une telle impression, et le fer même qui
moissonne tout devait se rompre contre un préjugé si religieux. Je ne crains
point de le dire, Mse fut le plus profond et le plus habile de tous les
hommes, en me temps qu'il fut le plus chant. Il trouva le secret d'une
législation éternelle. Car si son peuple est malheureux, il patiente, et son
orgueil attend un libérateur qui lui soumette toute la Terre.
Mahomet eut [d'autres] de semblables idées, il frappa son peuple de
l'épouvante des enfers, par là il mit de la vertu dans l'état civil. Il annonça
p932
[que le peuple] à son peuple qu'il serait un jour conquis par les chtiens
pour le punir de ses crimes. Par là il pvint la corruption, rallia le peuple
autour de ses dogmes, et pvint encore le pris de son culte si le fer
parvenait à le détruire.
L'homme n'a plus rien de la nature, l'amour si légitime et si doux pour
son auteur est une loi terrible qui ne lui psente que des supplices [et des
tortures, le tyran et] la force a ligué contre lui les tyrans, les dieux et
lui-même, au lieu de suivre le rapport naturel qui l'unit à tout, il dépend de
tout. La loi politique l'environne de pièges, le rend partout criminel et la
loi divine ne lui présente que des tortures.
[La loi politique]
Sans doute, il dépend de l'être suprême et bon qui l'a créé, cela
est [bien] une vérité, mais il s'agit de connaître la règle de cette
dépendance. Je vois l'homme partout opprimé par le prêtre et par les
dogmes, mais ni les dogmes ni le prêtre ne sont la divinité; [le droit divin
est dans le coeur]. Je reconnais la probité de Minos, [de Jésus-Christ]
de Solon, du Christ, dans la nature de leurs institutions; Moïse et
Mahomet sont des impies, ils ne s'étayent que de leur propre fait.
Le législateur qui pche la morale, la vie sociale et la paix, n'a pas besoin
de miracles pour prouver sa mission; les miracles ne sont que la preuve de
[l'habileté d'un fripon] son habileté et ne prouvent rien autre chose.
Voilà la différence du philosophe et du prophète, la science de l'un est de
fait la raison de l'autre est de droit.
La religion, dit Montesquieu, a sa racine dans le ciel, il se trompe, cette
racine est sur la terre, il n'est point d'autorité légitime intermédiaire entre
[l'homme et dieu] le ciel et l'homme, [l'homme] celui-ci peut
s'appliquer la maxime des rois qui prétendent ne tenir que de dieu.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE IX DES PRINCIPES DE LA VIE
SOCIALE
Des principes de la vie sociale
[Je ne connais de ritable probité que dans la loi naturelle: là tout est
sa place dans le coeur de l'homme, là une borne exacte est posée entre la
loi sociale / civile, religieuse / et la loi civile / et politique /. Il n'y a
point là de puissance pour assujettir, point de prestige au fanatisme, point
de loi personnelle oppressive, point de maître, enfin, qui vende l'état.
Le peuple est uni par les rapports de l'homme comme être social, comme
créature il est uni à son auteur par conservation, comme être civil par la
possession, par la propriété comme être politique [ou souverain] collectif.
La possession s'entend des rapports de l'état civil, la propriété s'entend du
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domaine réel ou l'empire. Ces idées renferment le principe de la conservation.
L'état se conserve sous tous ces rapports, parce que sous tous ces
rapports il est uni.]
Si ce fut pour conserver l'homme qu'on l'assujettit, si ce fut pour assurer
la possession, si [c'est] ce fut pour conserver le domaine réel, la solution
de chacune de ces propositions est dans les deux autres, car si les hommes
sont naturellement unis dans la vie sociale, ils ne tendent point à separer
[s'il faut défendre le domaine ou la propriété, et prennent la défense de la
possession qui est le [un mot illisible] partiel du domaine] pour la défense
du domaine et de la possession, et s'ils sont unis par le domaine et
la possession, ils ne tendent point à se parer du corps social.
Si vous substituez à cet ordre moral et naturel un ordre de convention,
alors le souverain est armé contre le magistrat, le magistrat contre les
membres du souverain, et tout est dissous par l'aspiration et la respiration
de la force. Je ne suis pas inconquent: s'il est vrai que la conservation
soit dans la vie sociale, la destruction entre de toutes parts dans la vie
politique. La force en use [tous] bientôt tous les ressorts.
La conservation est donc dans l'indépendance ou l'intégrité des droits
respectifs. Si, dans l'état sauvage, l'homme est oppri, s'il est corrompu
par le magistrat, dans la vie sociale qui ne souffre point de magistrat,
l'homme n'en est ni opprimé ni corrompu.
Si l'usurpation intérieure ne sort jamais que du magistrat, un peuple qui
n'a point de magistrat ne peut être usurpé.
Si le peuple n'a point de magistrat, il est indépendant et, si non seulement
il se conserve sans lui, mais encore ne peut se conserver par lui, ni avec lui,
le principe de la vie sociale est dans l'indépendance, et sa durée dans la
mesure de cette inpendance.
Il n'en est pas moins vrai que le peuple comme souverain [collectif]
politique doit avoir son mouvement, ses ressorts et ses lois, pour liguer la
force commune, et contre les entreprises du dehors et contre les attentats
du dedans, mais tout cela n'est pas le prince, parce que l'essence du prince
est de [protéger] conserver par la force et que la sûreté est dans
la possession.
Je parlerai au quatrième livre de la forme que [peut] doit recevoir le
[prince par rapport au droit extérieur] gouvernement.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE X DU DROIT
Du droit
Le droit de l'homme à l'homme est la nature ou l'inpendance;
p934
de citoyen à citoyen, la possession; de peuple à peuple il est la force. [Si
tous les peuples vivaient dans l'état social, les rapports politiques cesseraient
entre eux, il n'y aurait plus de souverains, mais n'étant point unis par la
possession, ils ont entre eux des rapports politiques ou de conservation qu'ils
ne peuvent avoir avec eux-mêmes. Ainsi la loi politique de l'état ne
regarde que les peuples voisins, au-dedans l'inpendance de tous les
membres de la cité ôtant toute force de la cité assure l'indépendance de ces
membres.] On trouve dans les corrélations de ces choses l'unité du corps
social, sous tous ces rapports il se conserve parce que sous ces rapports il
est uni. Le droit d'un peuple est aussi la possession, [car avant la
conquête] mais, comme il n'est point de loi contre la force que la force
me, elle est le droit à l'égard des peuples. Ce droit érige un peuple en
souverain, mais il n'est souverain que dans ses rapports extérieurs parce
que la nécessité desister à la force ligue la force. On voit parque le
peuple [est], comme être collectif, dépend de la loi politique qui
constitue sa souveraineté, mais qu'au-dedans les membres qui n'ont pas
besoin de résister à eux-mêmes sont unis par leur inpendance, [respective,
naturelle et respective] cette indépendance ôtant toute force de la
cité assure l'indépendance de tous les membres de la cité.
On ne m'entendrait plus si l'on se représentait l'état d'inpendance
comme l'état d'anarchie quelquefois les républiques sont plongées par
la confusion et l'abus des pouvoirs. La difficulté même est la solution du
principe, car si l'anarchie naît de la confusion des pouvoirs, il n'y
aura point de pouvoirs, il n'y aura point d'anarchie.
Ce qui produit l'anarchie est l'inquiétude de la liberté, on n'est point
inquiet de sa liberté là où l'on est indépendant et souverain.
LIVRE PREMIER DE L'ETAT SOCIAL, CHAPITRE XI DE LA SOUVERAINETE
De la souveraine
La souveraineté du peuple est indivisible, incommunicable, inaliénable:
elle est la force par laquelle il résiste [à la conquête] à l'oppression. Il est
une autre souveraineté qui n'est pas moins indivisible, incommunicable,
inaliénable, c'est la souveraineté particulière de tous les hommes, [elle
intéresse leur indépendance, et le libre usage de leurs possessions] par
laquelle [ils [un mot illisible]] la propriété, la possession, [la sûreté]
est maintenue, cette souveraineté est ce qu'on a appelé indépendance.
C'est dans le même esprit qu'un peuple est souverain, il l'est pour maintenir
sa propriété, [sa sûreté] et sa possession.
p935
[La souveraineté du peuple à son égard serait illusion, il n'a pas besoin
de force contre lui-même.]
Je dois maintenant établir les règles de [l'indépendance et de la possession]
la propriété et de la possession dans l'état civil.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE PREMIER IDE
DE CE LIVRE>
Idée de ce livre
L'homme est né pour la vie [sociale] civile. Parce que l'homme est né
pour posséder. Le commerce de sa possession est ce qui constitue l'état civil.
Comme être mortel, il est dans sa nature qu'il se reproduise et [comme
être faible et sujet à mille vicissitudes] se nourrisse; sous ces deux
rapports, il posde et il est possédé: mais il conserva cependant toute son
indépendance parce qu'il n'aliéna point sa propriété mais seulement sa
possession.
[La loi civile peut déterminer les règles de cette possession, mais elle ne
peut ni l'altérer ni l'aliéner. Par exemple, on peut faire des lois sur
les mariages parce qu'ils sont fondés sur la possession, mais on ne peut
rendre le mariage éternel parce qu'alors la propriété est aliénée.
Dans le même sens, un peuple peut élire un chef pour le gouverner, mais
il ne peut se donner à lui.
Il faut parler de l'inpendance.]
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE II DE L'INDEPENDANCE
De l'inpendance
L'homme dans l'état civil trafique de ses besoins, [il est injuste de
croire] dans le cercle [et dans l'exercice] de ces besoins, il est soumis à
la règle civile; hors du cercle, il est indépendant. Mais la loi civile ne peut
elle-même lui tracer d'autre loi que celle de son inpendance et faire en
sorte que tout le monde étant indépendant personne ne soit le plus fort et
ne puisse entreprendre sur les droits de la cité.
p936
On a dit une grande absurdité lorsqu'on a appelé le gouvernement un
pouvoir [politique] social: on voulait dire que le gouvernement était le
noeud social, mais j'ai prouvé que non dans le premier livre; le pouvoir
politique est un joug qui ravit à l'homme sa propriété sace et sa possession,
et sous ptexte de les lui conserver, et substitue aux liens sociaux
[que rien ne peut rompre par, rien n'a faculté de rompre des liens de fer
qui] des liens [de fer qui] violents qui se rompent par leur propre
tension.
Je ne parle ici que des rapports [entre eux et civils] civils, [je dirai
comment] je parlerai de la punition des crimes [qui], cela regarde le
droit des gens, car quiconque qui a violé la loi est sorti de la cité.
[Le pouvoir politique est tyrannique, il faut chercher quel sera le
principe de lagle civile; je diraiellement sur quelles bases doit être le
gouvernement. Il en faut un. Je n'ai qu'une chose à remarquer ici, c'est que
la règle civile n'a point son principe dans la loi politique mais dans la loi
sociale.
La loi sociale n'est autre chose que la propriété, la loi civile est la
possession. L'une rive naturellement de l'autre.
Si dans la loi sociale, l'homme est propriétaire et indépendant, la loi
civile doit régler l'usage de la possession sans altérer la propriété et régler
le contrat sans altérer l'indépendance.]
[Ainsi] Pour que la règle civile soit légitime, il ne faut point qu'elle
émane [du droit social et] de la loi politique, car alors le système de la
domination fait le droit. Alors les relations civiles ne sont plus des contrats
par essence ou par leur propre fait, mais des obligations résultantes d'une
volonté étrangère.
On définit vulgairement l'état civil le rapport des citoyens entre eux. Cela
n'est point vrai dans l'hypothèse où l'on parle, l'état civil dans ce sens est
le rapport qutablit la loi politique entre les citoyens.
L'état civil dans le sens le plus exact est non point le rapport de citoyens
entre eux, cela est l'état social, mais le rapport de leurs besoins.
L'homme et ses besoins étant inséparables, et la gle de ses besoins étant
mixte parce qu'elle l'embrasse lui-même, la règle civile dans tous les
engagements doit être calquée sur la règle sociale. L'une et l'autre [c'est
par] étant confondues, le noeud social en est plus resserré et la société qui
subsiste d'elle-même, comme je l'ai dit, par un principe naturel, est liée
dans toutes ses parties par la règle civile.
Aps avoir fondé l'état social sur l'inpendance, il me paraît sensible
que l'état civil, pour que la socté ne dégénère pas en tyrannie, soit fondé
sur l'égalité.
p937
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE II
DE L'éGALITé CIVILE>
De l'égalité civile
Le corps social ressemble au corps humain, tous ses ressorts concourent
à une harmonie. Que si la propriété n'est point respectée dans l'état social,
la possession ne sera point respectée dans l'état civil; on n'y connaîtra point
l'égalité, et l'état deviendra tout à coup politique ou sauvage.
Tout tient à la nature et repose sur elle comme la mer contre ses rivages,
hors de la nature tout est stérile et triste comme ces déserts [tout] la
vie est morte.
Les hommes dans l'état naturel ne sont point inégaux ou bien il
faut supposer qu'ils vivent épars comme des monstres sans génération.
Tous sont égaux dans la nature parce que tous ont un coeur sorti des mes
entrailles. Et c'est dans l'attrait de son pareil que chaque être trouve
la garantie de son égalité.
Ce n'est plus la même chose dans la loi politique, les mots de faible et
de fort renferment tous les crimes; un être politique [ne trouve point son
pareil] cherche en vain son pareil, [chaque être est] chaque homme est
isolé dans la mesure de sa puissance, [ceux qui sont] remarquez [tous
ceux qui sont gouvernés sont égaux] bien que l'esclave tout a fait nulle
et avait seule l'égalité et que l'inégalité n'existe que par [le fait, l'effet]
la modification du pouvoir [illégitime]. Là la faiblesse est le plus grand
des maux parce que tout l'abandonne, la force est le plus grand des
biens parce que tout l'assouvit, les sentiments de la nature y sont étouffés
et dans cette vallée de larmes le sauvage est la proie d'un autre sauvage.
Les richesses ne produisent point d'inégalité, l'égalité ne consiste point dans
la qualité, mais dans la sécurité de la propriété et de la possession;
le peuple romain ne fit point une loi dgalité quand il partagea les champs
[par la loi agraire], il fit une loi contre nature, il viola le droit de
la charrue [et le droit de (un mot illisible)] ou de la possession et ce fut
une loi de conqte qui cassa le lien social.
Cicéron parlant des lois agraires dit très bien que la cité n'était établie
que pour proger la possession.
Il est inutile que je te que le pouvoir est la mort du corps social,
mais je dois prévenir l'objection qu'on ferait ici qu'il faut des pouvoirs pour
le conserver. Cela est bon pour nos sociétés qui sont contre nature et ne
reposent au-dedans que sur la force.
L'attrait qui unit les hommes [en corps social], la propriété du sol et
les rapports qui naissent de la possession, voilà ce qui conserve le corps
social. L'égalité vient ensuite qui, rompant la loi politique, ferme l'entrée à
l'esclavage et à l'usurpation.
p938
Les hommes stipulant en liberté dans l'état civil pour l'usage de la
possession ne peuvent abuser de cette liberté et l'abus même qu'ils en
feraient [loin detruire le corps social] n'étant que l'abus d'une faculté
et non d'un pouvoir ne porterait pas atteinte au corps social puisqu'il serait
impassible.
[Je ne parle ici du corps social que dans ses rapports avec lui-même,
je parlerai ailleurs de sa conservation externe.]
Mon dessein n'est pas de [chercher seulement le droit, je veux
démontrer] faire un songe [spéculatif, je n'écrirais point si je n'étais]
et de souhaiter que nous soyons meilleurs pour être dignes de la nature,
je prouverai au contraire que nos sociétés n'ont été fragiles que plus elles
se sont éloignées de la nature, et qu'au lieu qu'elle n't été maintenue, elles
n'ont été détruites et déchirées que par la puissance.
La due du corps social consiste dans l'atténuation de tout pouvoir,
essentiel.
N'entend-on point tous les jours parler de la nature, elle est partout
l'objet de nos recherches, de nos voluptés, de nos vertus, et cependant nos
législations n'ont rien, je ne dirai pas qui lui ressemble, mais qui ne
l'épouvante, pourquoi cette contradiction? c'est que la force a fait le droit
et que partout ce droit est en contradiction avec la nature. Nous ne
la connaissons que dans le petit nombre de rapports que la loi politique n'a
point infecté, mais elle a mis toutes choses sous le joug. Les lois civiles
qu'elle a faites sont des codes de sauvages, les lois dure sont l'arme du
tyran contre le fils, du fils contre le père, de l'époux contre l'épouse, des
morts contre les vivants.
[Tout est pression et pression. / Toute / l'idée de justice est renversée,
elle n'est point le droit des hommes fonsur leur égalité, mais le droit du
plus fort qui intervient entre eux et les identifie à sa volonté. Dans les
publiquesmes la force est le droit.]
La liberté était à Sparte un droit de la constitution; à Sparte, l'ilotie était
aussi un droit de la constitution. Il en est de me de nos métropoles et des
gens de couleur, ô hommes, le droit par lequel vous êtes libres est leme
que celui par lequel vous opprimez.
En effet ce qui fait que par la loi politique tout le peuple est assujetti,
fait aussi que dans l'état civil une partie du peuple est esclave de l'autre.
Telles furent l'ilotie et la féodalité, et dans certains pays [l'habitude]
l'usage de se vendre soi-me. Mes ies se suivent, plus le pacte social
est éloigné de l'indépendance, plus l'état civil sloigne de l'égalité jusqu'à
ce que par l'ordre des choses extrêmes l'égalité civile se retrouve là la
dépendance est absolue.
Mais, dans les gouvernements tempérés, une force moyenne, mais plus
active, ntant qu'une portion de l'inpendance et de l'égalité, l'état se
partage en ordres qui dépendent l'un de l'autre, mais dont les membres sont
p939
égaux et inpendants entre eux, à moins que chaque ordre de même venant
à se corrompre, les membres de cet ordre ne deviennent par rapport à lui
ce que tous les ordres sont par rapport à l'état. On voit que celui qui tient
le timon d'un pareil état accable toutes les forces l'une par l'autre, à mesure
que chaque ordre ou chaque membre est plus opprimé, il opprime
davantage, c'est la vitesse augmentant par le poids.
Cependant l'égalité n'est plus, l'esclavage prend dans cet état une forme
quelconque et la compression se fait sentir dans tous les liens du corps
politique.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE IV REFLEXIONS
Réflexions
Dans un état bien gouverou très corrompu [(un mot illisible)]
peuvent survenir] cette compression sera peu sensible pour les particuliers
ou, pour mieux dire, comme on n'a point d'idée d'une meilleure condition
et que dans celle-ci [la corruption] les passions trouvent leur compte, tout
marche mal mais tout marche, la confusion de toutes choses maintient toutes
choses.
Les philosophes ont troprement pris leur parti sur les désordres des
affaires humaines, que et Montaigne et tant d'autres démontrent avec
beaucoup d'esprit que tout va mal, mais le rede? Je n'aime pas
les decins qui parlent, j'aime ceux qui guérissent.
Il ne faut pas s'effrayer des changements, leril n'est que dans la
manière de les orer, toutes les révolutions du monde sont parties de la
politique, voilà pourquoi elles ont été pleines de [sang] crimes et
de catastrophes; les révolutions qui naissent des bonnes lois et qui sont
maniées par d'habiles mains changeraient la face du monde sans l'ébranler.
Je ne composerai point avec l'orgueil, ni avec les pjus. Si je trouve
le moyen dtablir, [et] de conserver [sans tout cela] et de rendre
heureuse une société sans tout cela, je demanderai ce que les rois et
le pouvoir ont fait de plus.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE V DES LOI
CIVILES PAR RAPPORT à LA LOI SOCIALE>
Des lois civiles par rapport à la loi sociale
J'ai dit que l'homme se conservait par la force de la loi sociale, si la loi
p940
civile choque la loi sociale, on enlève à l'arbre ses racines nourricières et
tout s'affaiblit.
Le prince ne manque pas de ptexte pour violer la nature, d'abord on
la repsente comme un état sauvage, les crimes qui se commettent, au lieu
de passer pour des effets de la loi politique, sont un vice de la nature que
les lois politiques doivent dompter, c'est l'homme empoisonné à qui l'on
fait boire un autre poison pour le guérir.
[Je ne parlerai plus de la loi politique puisque je l'ai retranchée
de l'état, ceci po, cherchons ailleurs le principe de la loi civile.]
Le prince qui veut que l'on recoure sans cesse à ses tribunaux, à
ses ministres, doit partout jeter des semences de division, de crimes
d'intérêt; la loi sociale qui ne souffre l'élévation ni l'abaissement de
personne trouve en soi-même le principe de son harmonie; je ne parlerai
plus de la loi politique, je l'ai retranchée de l'état, ceci posé, cherchons une
règle invariable et solide de l'état civil.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE VI DE L
PROPRIéTé ET DE LA POSSESSION>
De la propriété et de la possession
Cette règle est la propriété et possession. La loi sociale n'est autre chose
que la propriété, la loi civile est la possession, l'une dérive naturellement de
l'autre; si dans la loi sociale l'homme est propriétaire de soi-même et [de
son industrie] possesseur de son champ, la loi civile doit régler l'usage de
sa propriété et de sa possession sans les altérer [la propriété].
[La meilleure loi civile serait qu'il n'y en ait point du tout, que chacun
stipule sa volonté, mais pour l'intérêt [conservation] de la loi sociale,
il convient.
Il se pourrait qu'il n'y eut point de lois civiles positives et que chacun
stipulant sa volonté, la loi se fit simplement exécuter mais il faut sagement
considérer que parmi le désordre des sociétés psentes l'homme enfreindrait
à tous moments ses propres droits, ensuite nos sociétés sont trop
nombreuses, les intérêts trop multiples, les rapports civils trop étendus, en
sorte que les conventions particulières manquent de liaisons et de règles,
le souverain perdrait beaucoup de sa force et de son unité collective.
La cité écrira donc ses lois pour que chacun suivant la règle de tous soit
lié à tous. Ces lois auront la possession pour principe et non le prince afin
que les citoyens ne soient point liés à l'état mais que liés entre eux ils
forment l'état.]
Il n'est point de propriété dans l'état civil, tout y est possession, en voici
la raison, c'est que la propriété est inaltérable et ne peut entrer dans
p941
le commerce. Il est deux sortes de propriétés, celle de soi-même et celle de
l'empire ou du territoire, l'une et l'autre est indépendante et demeure dans
l'état social. Mais l'homme dispose dans l'état civil de la possession de
soi-même et de celle de son champ qui est une fraction de la propr
souveraine.
L'empire est donc une propriété formée de toutes les possessions particulières,
on l'appelle propriété parce qu'elle est occupée et maintenue par la
force contre la force. La possession, au contraire, est maintenue par la loi
civile parce qu'elle est de droit social et suit la gle de l'indépendance du
possesseur. Comme ce possesseur meurt et peut engager sa possession, et
que le souverain ne meurt jamais et ne peut engager l'empire soit à un roi
soit autrement, il suit de là que la propriété civile n'est qu'une possession
et que le domaine réel est une propriété.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE VII DE
[CONVENTIONS CIVILES] LOIS>
Des [conventions civiles] lois
[Alors] Les lois [seront] sont les rapports naturels des choses et
non point des rapports relatifs ou l'effet de la volonté générale. Rousseau
parlant des lois dit qu'elles ne peuvent exprimer que la volonté nérale et
finit par convenir de la nécessité d'un législateur. Or ungislateur peut
exprimer la nature et ne peut exprimer la volonté générale. D'ailleurs cette
volonté peut errer et le corps social ne doit pas être plut opprimé par
lui-même que par autrui.
La nature est le premier de tous les droits, elle est de tous les temps, au
lieu que les conventionsnérales ne sont légitimes qu'un seul jour. C'est
pourquoi la loi ne doit point étendre ses vues au-delà des conventions
possibles, légitimes, mais la loi étant précise et équitable, les conventions ne
doivent pas non plus s'étendre au-delà de la loi. Elle tient la place de la
nature [il faut vouloir alors] et parle pour elle et pour tous. Celui qui
aura tenté de la corrompre ou de la violer sera chassé de l'état [parce qu'il
en sera sorti et sera dès lors l'ennemi du souverain, parce qu'à l'instant
me il sera sorti de l'état et aura fait la guerre au souverain, parce qu'il
aura ainsi, l'on voit, violé la nature], ainsi l'on voit qu'on ne peut
[légitimement] raisonnablement punir l'infraction aux lois, que où
les lois sont [justes] naturelles, et que, pour que la révolte contre le pacte
soit [criminelle] coupable, il faut que le pacte soit [équitable et que la
loi, autrement on n'offense pas la loi mais le crime ou une convention
étrangère]gitime.
[Comme tout ce qui porte atteinte aux lois attaque le souverain, lui
p942
seul en doit connaître, il est le seul pouvoir de l'état et lui seul peut
employer la force, soit au-dehors, soit au-dedans. Tout autre pouvoir est
tyrannique, c'est pourquoi. Les Romains l'avaient senti lorsqu'ils faisaient
juger les crimes par des questeurs nommés dans les assemblées, et dont la
juridiction cessait avec le pros].
rité terrible qui ferait pâlir tous les rois et tous les magistrats, mais
[ceci n'en est pas moins une vérité] vérité d'autant plus grande qu'elle
les ferait pâlir.
Je dirai en parlant de la cité comment doit être organisée la force
publique pour la [poursuite] punition des attentats, sans qu'il y ait pour
cela de puissance dans [l'état] la cité, [car ce n'est point par là qu'un
état se conserve].
Il se pourrait qu'il n'y t point de lois civiles positives et que chacun
stipulant sa volonté, la loi la fît simplement exécuter, mais il faut sagement
prévenir que parmi le désordre de nos sociétés présentes l'homme enfreindrait
à tous moments ses propres droits; ensuite nos sociétés sont trop
nombreuses, les intérêts trop multipliés, les rapports civils trop étendus, en
sorte que, les conventions particulières manquant de règle et de liaison, le
souverain perdrait beaucoup de sa force et de son unité collective.
La cité écrira donc ses lois pour que chacun suivant la règle de tous soit
lié à tous, et afin que les citoyens ne soient point liés à l'état; mais que
liés [à l'état, ils forment le prince] entre eux, ils forment l'état, les lois
auront la possession pour principe et non pas le prince ou la convention.
LIVRE II DE LETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE VIII DES LOIS
NUPTIALES
Des lois nuptiales
Le législateur, qui rendrait un peuple à la nature en lui donnant des lois
simples, rendrait aussi ce peuple à la vertu. [L'unique] Le moyen
d'arrêter les crimes, c'est d'ôter les supplices, [l'unique] le moyen de
mettre des moeurs dans le mariage est de les rendre libres.
Ceci n'est pas [seulement] une maxime de législation [positive]
politique, sans doute, c'est une vérité de la nature, le crime est né de la
force. Il n'est point dans le coeur de l'homme de faire le mal, mais il est dans
le coeur de l'esclave de secouer ses fers et de se pervertir.
Quiconque ose dire qu'un sexe est sujet de l'autre ment à son propre
coeur, si tu le dis à ton épouse bien aimée, oseras-tu le dire à la re qui
t'a nourri?
Dans l'état social, l'homme et la femme sont également souverains et
indépendants, dans l'état civil, certaines considérations peuvent bien donner
p943
à l'un et à l'autre une règle particulière par rapport à la possession, mais
une règle qui ne touche point à la propriété sociale.
Parce qu'un sexe est différent de l'autre n'est point à dire que l'un soit
dans la dépendance de l'autre, parce qu'un sexe est plus faible n'est point
à dire qu'il doive obéir, aussi bien l'orgueil de l'homme se dément, partout
il obéit à sa propre faiblesse.
Le principe de nos sociétés étant la force, elle devait se glisser dans toutes
les ramifications de l'état civil.
L'homme peut enfreindre sa convention, la loi ne menace que le sein
délicat de son épouse vendue par la loi. Malheureux que nous sommes, nous
ressemblons à ces architectes sans génie qui, méconnaissant l'art des
proportions, ne soutiennent leur ouvrage que par le fer. La nature avait
pourvu par les affections aux différents liens de la société, et n'avait pas
besoin de tant de crimes pour nous unir.
Une femme ne peut s'unir à ce qu'elle aime sans se donner un maître,
c'est là le moindre de ses maux, mais si on l'unit à ce qu'elle n'aime point,
ou si elle n'aime plus ce qu'elle ne doit plus aimer, et si dans cet
esclavage une main tendre essuie ses larmes, cette femme est coupable, elle
est adultère, mais la loi l'est plus qu'elle, de quel droit a-t-elle dispode sa
propriété?
Le contrat par lequel une femme est done ne viole point seulement la
nature, elle viole sa pudeur et son repos. Une vierge innocente entend
parler de ses enfants, de sa mort même, la loi se rendmoin de ses
faveurs, de ses caresses et lui marque son tombeau.
Un passager fit naufrage sur les côtes du nouveau monde, il [marche
dans] se sauve dans les forêts et après quelques jours pass sans
nourriture et sans espérance, une fille sauvage le rencontre et le conduit par
la main à sa cabane, elle partage avec lui sa couche et son malheur;
à quelques temps de là, ils découvrent un navire, le malheureux vendit sa
bienfaitrice, et comme elle lui criait [en pleurant], fondant en larmes,
qu'il [épargnât] prît pitié de son enfant, il dit au capitaine: "l'entendez-vous,
elle est grosse, tant de plus."
La loi politique, plus cruelle, vend la femme et son fruit qui n'est pas
elle, la vend sans retour, la première pouvait inspirer de la compassion.
Nous sommes tous malheureux, nous nous plaignons tous de notre sort,
mais nous [voulons conserver] ne voulons rien perdre de notre empire,
et c'est cet empire qui nous rend malheureux.
Nul ne doit commander sur la terre, toute puissance est illégitime, aucun
sexe ne doit être au-dessus de l'autre; dans l'île Formose, l'homme prend
le nom de sa femme et entre dans sa famille, ailleurs c'est le contraire, au
Japon et à la Chine, la femme légitime est celle que donne l'empereur, celle
que choisit l'amour est une esclave et ses enfants ne connaissent pour mère
que la première. Certains peuples de l'antiquité, au rapport de Pomponius
p944
Mela, terminaient les mariages par la ressemblance, en Europe, le mariage
est une affaire des moeurs, ce qui est étranger à mon sujet, mais chacun des
époux contracte avec la loi et engage sa propriété.
La nature du mariage est que l'homme et la femme s'unissent librement,
et engagent leur possession, à la même condition et tant qu'il leur plaira.
Une difficulté se psente, c'est le sort des enfants, [mais ils n'engagent
que les biens des] tout va se ployer de soi-même au principe.
Je ne brise pas les liens de la société, mais la société a bri tous ceux de
la nature, je ne cherche point à établir des nouveautés, mais à détruire les
nouveautés elles-mêmes, je n'en veux point à la vérité mais à l'erreur.
J'ai dit que les deux sexes avaient une règle particulière mais inpendante,
cette règle n'est point le rapport des [deux sexes] époux entre eux,
mais les rapports des époux avec les enfants, ou la succession.
Dans les sociétés où le mariage est indissoluble, la femme doit nécessairement
tomber dans la pendance de son époux, parce que sa liberté ferait
partager à l'adultère la possession qui n'est point [pour] à lui.
Je ne veux point parler du pouvoir paternel et de la dépendance filiale
par rapport à l'état domestique, je dois seulement expliquer comment la
possession des auteurs devient celle de l'enfant.
Comme l'enfant succède, la possession du re et de la mère est
la sienne à l'instant où elle cessera d'être la leur.
Celui qui vend sa possession et la mange ne ravit point à ses enfants leur
possession. Il en dispose pour lui-même, elle est la sienne avant dtre la
leur; s'il en dispose au profit d'autrui, il a aliéné celle de ses enfants.
On voit par là que l'hérédité est de droit et que la science des testaments
est contre nature, sinon pour celui qui n'a point d'héritier possesseur.
Les contrats qui lient les liens en faveur des enfants sont dans la nature
me de la succession, mais il n'est pas besoin pour que les enfants
succèdent que les époux soient liés eux-mêmes.
Le re a un autre rapport avec ses enfants, c'est que leur possession ne
soit point partagée par un adultère, ainsi tant que les époux n'ont point
rompu leur société civile, la femme pend de sa promesse, l'adultère est
un crime, crime d'autant plus affreux qu'il est permis de se quitter.
à l'instant où les époux se quittent, leur possession entre sous l'empire
de la loi, pour être [partagée] un jour livrée par portions égales à leurs
enfants [qu'ils ont eu, si dans la suite ils], ils doivent les élever en
commun et s'ils ont par la suite d'autres enfants, ils partagent la possession
respective mais non point la possession commune.
De ce que j'ai dit il résulte que la polygamie n'est point naturelle, car,
outre qu'un coeur qui se partage [à deux tyrans] ne peut aimer ni être
aimé, la femme ne peut avoir enme temps qu'un époux et l'époux ne
peut [s'engager à ne prendre qu'un] partager son engagement sans le
violer.
p945
[Je n'ai qu'un mot à ajouter, si les mariages étaient libres, il y aurait
peu de parations.]
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE IX CONSIDERATIONS
Considérations
Dans les sociétés que nous connaissons il est des classes de citoyens, [de
citoyens tout à fait] si misérables, que la dissolution des mariages
[y ferait] y rendrait les enfants extrêmement infortunés; [mais la
misère, dans une cité sagement gouvere le mot misère est inconnu. La loi
doit d'ailleurs] mais un pareil inconvénient [ayant] a son remède dans
la sagesse du gouvernement de la cité où le mot misère doit être inconnu,
et d'ailleurs la loi [civile] peut, sans blesser la nature, restreindre
la liberté civile de ces sortes de mariages. La premre loi de l'état est [sa
population] de veiller sur ses moeurs et sa population; les animaux ne se
parent que quand leurs petits vivent seuls.
Je n'ai qu'un mot à ajouter, si les mariages étaient libres il y aurait peu
de parations.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE X QUE L
RITé DES MARIAGES EST L'EFFET DE LA CORRUPTION>
Que la sévérité des mariages est l'effet de la corruption
La plupart de nos vertus sont des vices licats. Plus les moeurs sont
[atroces] dépravées, plus les lois sont [vertueuses] atroces.
Les Romains, qui furent le peuple le plus [(un mot illisible)]
corrompu de l'univers, furent les plus grands promoteurs de la rigidité des
mariages, par deux raisons que je vais dire. La guerre peuplait leur pays
et les dépouilles du monde y introduisaient [les délices] la paresse et le
libat. Ce double principe de population fit ces lois prodigieuses que
nous voyons sur les mariages.
[La France, qui renonce aux conquêtes et qui par la nature de ses lois
a proscrit la mollesse, a nécessairement rétablir l'indépendance des
époux.
Ce torrent de délices où Rome fut noyée vers la fin de la conqte y fit
naître le dégt du mariage avec [le mépris] celui de l'innocence].
On est tout surpris d'entendre Numidicus dire au peuple: "S'il était
possible de n'avoir point de femmes, nous nouslivrerions de ce mal, mais
p946
comme la nature a établi qu'on ne peut guère vivre heureux avec elles, ni
subsister sans elles, il faut avoir plus dgard à notre conservation qudes
satisfactions passagères."
En vain chercherait-on un trait plus frappant du désordre de cette
société fameuse. Rassasiée de sa fortune, il fallut des lois terribles
pour emcher qu'elle ne s'aantît elle-même après avoir tout détruit.
On peut voir dans Ulpien et dans Aulu-Gelle par quelles lois on fléchit
le célibat. Les censeurs et les lois avaient beau crier, le vice était dans
le coeur de la cité, Auguste fit [la loi papia poppaea en faveur, du nom des
consuls], en faveur des mariages, la loi papia poppaea du nom des consuls;
Papius et Poppaeus n'étaient point mariés.
Ces lois violentes pour empêcher la dépopulation totale de l'empire
mirent dans l'état une sorte de servitude politique inconnue auparavant.
Il fallut flatter les époux par des avantages nuptiaux et ensuite les assujettir
pour qu'ils ne s'abandonnassent point. Le sexe le plus faible fut aussi le
plus opprimé, tout fut mis en usage pour irriter les dédaigneux appétits de
l'homme.
Une autre cause de la corruption des mariages fut l'hypocrisie religieuse.
Les empereurs chtiens abrogèrent les lois nuptiales de la république,
l'empire ébranlé par sa dépopulation fut exterminé par les barbares et le
libat religieux.
Les lois papiennes étant abolies ou deshonorées, les Romains païens ne
se marièrent plus, les Romains convertis ne se marièrent point.
La guerre et le christianisme ne furent pas autant fatals au monde par le
sang qu'ils firent couler que par l'altération de la loi sociale.
Un peuple sensé fera de [l'art] la guerre et [du respect de la divinité
une partie] de la morale le principe de son éducation, mais je lui
conseille de [ne point aimer] n'aimer ni les conqtes ni les prêtres.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE XI DE L'INCESTE
De l'inceste
Quand le mal est dans le préjugé sacré, celui qui le combat semble
l'apologiste du [crime] mal. [La plume me tombe des mains mais il est
une voix secrète dans l'âme en courroux, ô homme révolté, moi sans
passion, je vais entrer dans ton coeur.] Je ne prétends point justifier
l'inceste, il est un crime chez celui qui s'y livre par impiété [mais non chez
celui], voilà l'inceste; il est vertu chez celui qui s'y livre par innocence et
n'est plus inceste.
L'amour est l'attrait de la pudeur, la familiarité dure et de la fille, de
p947
la mère et du fils, du fre et de la soeur, inspire de la tendresse sans pudeur
et conquemment sans amour. La loi qui défend ces sortes d'unions n'est
point dans la nature, elle est dans la délicatesse de l'esprit. Ce principe est
très étendu, [l'amour naît et finit avec la pudeur].
Observez les moeurs, lisez les lois des différents peuples, les plus
corrompus avaient aussi le plus d'horreur pour l'inceste, les peuples
innocents n'en avaient point d'idée.
Les moeurs faisaient que la pudeur ne s'y familiarisait point.
Les égyptiens, les Perses, les Assyriens, les Scythes épousaient leur soeur,
leur fille, ces peuples devaient avoir des moeurs bien pures. Chez les peuples
modernes, on épouse une étranre, hors de sa famille, presque toujours
hors de sa patrie, la pudeur se fait sentir à peine parmi des inconnus.
Je prie qu'on observe que dans les pays les femmes vivent cachées
comme aux Indes, l'inceste y [est moins souvent] répugne moins que
dans nos contrées où les femmes sont plus libres et moins modestes.
La nature n'est point dans les moeurs et trop souvent il nous arrive de
l'accuser duglement que nous sentons au-dedans de nous-mêmes.
Pour prouver que l'inceste est dans la nature, on cite l'exemple des
Maldives et des Arabes. L'éloignement et l'orgueil du continent fait que
nous regardons ces peuples comme plus simples et moins policés que nous,
mais la nature de leur gouvernement, et l'horreur me qu'ils ont pour
l'inceste, prouve qu'ils sont aussi corrompus que nous.
Tant nous abandonnons la nature aux sauvages, tantôt nous l'admettons
pour règle de notre probité, elle, la sauvegarde de toutes nos erreurs.
Montesquieu dit: "Il est des peuples chez lesquels les cousins germains
sont regardés comme fres parce qu'ils habitent dans la même maison. Il y
en a où l'on ne connaît gre cet usage. Chez ces peuples, le mariage entre
cousins germains est regardé comme contre nature, chez les autres non."
Il serait difficile de rien trouver qui fût plus conforme à ce principe
[que j'ai établi] que la familiarité seule empêche ces mariages et non point
la nature. Mais ce qu'il y a de remarquable c'est que chaque législation a
son idée particulière de la nature. Elle est chez un peuple ce qu'elle n'est
point chez un autre. Cela est une marque de la dépravation des [rites] lois.
On est tout surpris en lisant Phèdre de ne la point trouver coupable et
de s'intéresser à son malheur, je le crois bien, la loi était incestueuse, Phèdre
était innocente.
Avant de faire le procès aux hommes, il faut le faire aux lois.
Attila sortant d'un pays peuplé par les moeurs et épousant sa fille, cela me
paraît plus estimable que Henri %IV quittant son dieu pour sa fortune,
prisant sa femme, et npousant point son amie. [Les Romains prêtaient
leurs femmes]
p948
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE XII DE L'ADULTERE
De l'adultère
Les Romains prêtaient leur femme et punissaient l'adultère. Caton pta
la sienne à Hortensius. Rien là-dedans n'est contraire à la nature, l'homme
dispose de sa possession, je ne dis point qu'il dispose de sa femme, mais de
son ritier.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE XIII DE L'HEREDITE
De l'hérédi
Il y a cette différence entre la succession et l'hérédité que la premre est
de droit naturel ou social et la seconde un droit [de l'homme] civil.
Il n'est point d'autre successeur naturel [que l'enfant, c'est la nature] du
père et de lare que leur enfant, ni d'autre successeur naturel de l'enfant
que le père et la mère, à l'exclusion me du frère et de la soeur. Je crois
pouvoir en donner la raison.
La possession suit l'être et non l'affinité, elle retourne à l'être et non
point à l'affinité.
La possession n'est point pour les collatéraux un droit naturel, elle est
pour eux un droit politique ou d'économie.
Suivant ce rapport identique de l'être à l'être, les [pères] auteurs et
les enfants sucdent seuls l'un à l'autre par droit de possession, voilà la
théorie des propres.
Les époux, s'ils ont des enfants, ne peuvent se succéder en rien. Une mère
ne tient point ses gains de survie de son époux, elle les tient de la
reconnaissance de ses enfants car la possession du re les saisit au moment
qu'il n'est plus.
Les époux sans enfants se succèdent. Si quelqu'un m'en demande la
preuve, je lui dirai de la demander à son coeur. Il faut observer qu'après
avoir admis la liberté dans les mariages l'hérédité des époux est une suite de
leur affection.
Celui qui n'a point de femme et n'a point d'enfants est seul sur la terre,
ses collatéraux ne sont rien, il n'y a plus identité. Celui-là peut tester si
toutefois l'infamie de son célibat ne mérite point que sa possession retourne
à la cité.
La manière dont les collatéraux recueillent les successions prouve assez
que la nation n'est pas [accueillie] dans leur sein. [Il est aussi des fils
ingrats.] Plus on contredira ces maximes, plus elles paraîtront évidentes.
p949
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE XIV DES LOIS
AGRAIRES
Des lois agraires
J'ai dit comment la possession personnelle était un noeud de l'état civil,
voyons maintenant comment la possession réelle, ou du domaine, devient
un autre noeud de l'état civil.
Le droit du premier possesseur d'un champ fut sa charrue, le droit de ses
enfants fut sa possession.
Dans un état vraiment social, le souverain lui-même ne pourrait envahir
le champ possédé par un particulier, ou ce particulier subirait la loi
du plus fort.
Si la nécessité publique exigeait le sacrifice de sa possession, elle ne lui
serait point ravie, mais elle serait changée contre le signe.
Celui qui aurait moins ne pourrait exiger de celui qui a plus, parce que
la possession est inviolable, parce qu'il faudrait partager tous les ans et que
ces vicissitudes du partage des terres feraient périr leur fécondité.
Seulement le maximum de la possession territoriale serait déterminé pour
l'intérêt de la population, [le surplus] l'excédent de ce maximum serait
échancontre le signe, on ne pourrait refuser de le vendre à celui qui se
présenterait pour l'acquérir afin que chaque particulier t être possesseur
et eût une patrie.
La profession de laboureur et de commerçant serait la premre parce
qu'elle est le noeud qui attache au domaine réel qui forme l'empire et
ramasse le souverain.
La possession d'un champ étant un [droit] lien de la cité, le [champ]
minimum de la possession ne pourrait être vendu ni par le créancier, ni par
le possesseur, les dettes malheureuses seraient payées par la cité, quant aux
dettes dépraes, elles seraient payées des fruits du champ ou si elles
excédaient sa valeur, le créancier serait puni.
Rome fit des lois contre les débiteurs, elle en devait faire contre ceux qui
prêtaient, l'argent que l'on pte est ordinairement un poison dans l'état.
à Rome, il corrompit les suffrages et conquemment la constitution.
Il fallait faire en sorte que le travail et les moeurs rassasiassent les besoins.
Dans l'état dont je parle, comme la conservation reposerait sur la
possession, on en serait chassé si l'on ne possédait un champ dont le
minimum serait fixé, ou si l'on ne se mariait point. Car tout membre de
[l'état] la cité doit être à [l'état] la cité.
Celui qui ne possède rien ne craint pas la conquête, mais celui qui possède
sait que si la propriété ou l'empire est conquis, sa possession est perdue.
Le commerce a introduit dans [le monde] l'univers une troisième
p950
espèce de possession [par laquelle on semble n'avoir] qui par sa nature
n'a de patrie que les comptoirs du monde et les navires, mais que la loi
[civile] doit identifier [au domaine] à la fortune publique par des
règles particulières sans pour cela les confondre.
LIVRE II DE L'ETAT CIVIL OU DE LA POSSESSION, CHAPITRE XV DU COMMERCE
Du commerce
[Le meilleur sysme de commerce d'un peuple est celui qui rend
la fortune d'un peuple inpendante des autres peuples, et au-dedans
la fortune des particuliers inpendante de l'état ou du magistrat. L'état
est dans la cité ce qu'est le gouvernail dans un navire, il la dirige et ne la
commande point.]
Peu m'importe qu'il existe sur la Terre un homme qui m'insulte et qui
m'outrage, jefie qu'on m'opprime.
Si la société peut s'obliger.
LIVRE III DE LA CITE, CHAPITRE PREMIER CE QUE C'EST QUE LA CITE
Ce que c'est que la cité
La cité est le corps social, [sous ce rapport, elle n'a point d'autres lois
que celles de la nature] formé du législateur, du roi et du souverain,
conséquemment elle est indivisible, car une socté qui se divise cesse d'être
une société.
Tous les membres de la cité sont égaux et au moment qu'ils cessent de
l'être la société n'est plus par la raison que l'inégalité est la même chose que
la force et qu'une société fondée sur la force n'est rien qu'une agrégation de
sauvages.
Puisqu'il n'est point de société si elle n'est point fondée sur la nature,
la cité ne peut reconnaître d'autres lois que celles de la nature, [l'égalité]
p951
ces lois sont l'inpendance et la conservation. La loi n'est donc pas
l'expression de la volonté mais celle de la nature.
Il faut donc que la législation assure à l'homme l'inpendance et
la conservation, de manière que l'indépendance de chacun et la conservation
de chacun assurent celle de tous.
La cité est en même temps [le souverain, comme cité, elle est fore de
membres respectant mutuellement leurs droits et leur inpendance] roi
et souverain et législateur; comme gislateur elle établit ses rapports,
comme roi elle se gouverne et comme souverain elle [est le peuple en corps
protégeant les droits de chacun] résiste à l'oppression. Ilsulte de tout
cela que la cité quoiqu'indivisible forme trois modifications qui concourent
à son unité, unité qui n'existe plus sitôt qu'elle n'est plus divisée parce
qu'alors elle doit aussi se confondre.
Ce n'est point à dire pour cela que le corps social forme en effet trois
corps parés, mais [le corps social a lié] est en même temps chacun de
ces corps.
En effet, la division ne consiste pas en ce que le peuple quelquefois
revête de ses attributs des repsentants particuliers, car [comme] ces
représentants qui sont en effet parés représentent un corps qui ne l'est
pas, [ils sentent éminemment que chaque corps de représentants agit
parément, le corps] et d'ailleurs [est mieux de dire que] ils ne
représentent point le corps qui est indivisible, mais ses attributs qui
se divisent.
J'ai dit que la loi était l'expression de la nature et non point de
la volonté, je dois expliquer ceci.
LIVRE III DE LA CITE, CHAPITRE II DE LA VOLONTE
[De la volonté
à proprement parler la loi est positive mais non hors cependant la
volonté de tous, car la volonté de tous n'a d'autre but, n'a point d'autre but
que l'inpendance et la conservation, mais cela est dans la nature des
choses avant dtre une volonté, positivement une volonté.]
p953
DE LA NATURE, CHAPITRE PREMIER DE LA NATURE
De la nature
[Dieu est le principe nécessaire de toutes choses.] Dieu a tout créé.
Je ne cherche point quelle est sa nature, [doit être suprême parce qu'il n'en
a point] il n'en a point. [Je veux chercher quel fut son principe] c'est
son principe que je veux chercher.
[Comme quelques-uns par la nature et principe entendent la substance
et commencement d'une chose, il est vrai, je dois observer que j'entends par
la nature d'une chose sa substance, celle de dieu est l'esprit, pour principe
de la divinité, la gle qu'elle s'est tenue à elle-même, done à elle-même
dans sa création et par nature.]
[Comme quelques-uns] Par la nature et le principe d'une chose
[entendent] on entend sa substance et son commencement: j'ai dit que
dieu [n'en avait point] n'avait point de nature. [Quant à] Par son
principe j'entends la règle qu'il s'est faite à lui-même [dans la création]
au commencement des choses. [Ce qui est éternel n'a point de nature,
parce que dieu est éternel, il n'a point de nature.] Tout ce qui est éternel
n'a point de nature, parce qu'il ne serait pas indestructible, tout ce qui est
p954
créé a son principe [sans lequel il ne se conserve] par lequel il se
conserve tant qu'il conserve ce principe.
[Cette règle que dieu s'est faite à lui-même] Ce principe qui fut la règle
de dieu forme les rapports de tous les êtres avec eux et avec lui, ces rapports
sont [donc] la morale [ou] la nature ou l'harmonie.
ô être suprême, reçois dans ton sein une âme innue qui vient de toi
[et retourne à toi] et s'élève à toi.
DE LA NATURE, CHAPITRE II DU PRINCIPE DE LA DIVINITE
Du principe de la divinité
Je prie qu'on me juge à loisir. Historien du mensonge et de la vérité, je
parlerai de tous les peuples, [de tous les hommes] de toutes les religions,
[comme si j'étais inpendant moi-me] de toutes les lois, comme si je
ne tenais moi-me à aucun peuple, à aucune religion, à aucune loi; [si je
ne me détachais de tout pour m'attacher à tout, j'aurais des préjugés et je
perdrais le chemin que je veux suivre]. Je me détache de tout pour
m'attacher à tout.
Chaque nation a [prêté] don un principe différent à la divinité selon
la nature de son contrat social, [et il suffit de jeter les yeux sur la diversité
des institutions, atteste que toutes] le contrat est le rapport que la raison
établit entre les hommes pour se conserver après qu'ils ont connu leurs
rapports naturels [ou leur principe, ces sortes de conventions, ou après
qu'ils ont perdu l'inpendance, et leur indépendance] ou leur principe.
Il suit de là que les contrats des peuples ne sont point [comme
ils le prétendent] dans la nature comme ils le prétendent, [et la liberté ou
le bonheur ne sont plus que des principes de raison] c'est vainement aussi
qu'ils y cherchent les principes du bonheur et de la liberté [et voudraient],
le bonheur social est [une idée] une altération du bonheur originel qui fut
l'innocence, la liberté sociale est une altération de l'inpendance naturelle
qui fut [la vertu] l'amour. Ainsi le principe de la divinité fut l'innocence
et l'amour.
[Je sais bien que tout ceci n'est qu'un songe, mais un songe est toujours
le sentiment d'une vérité qu'on a perdue, qui n'est plus.]
p955
DE LA NATURE, [CHAPITRE III CONTINUATION]
[Continuation]
Parce que l'innocence fut [d'abord la félicité, la vie sociale, j'ai dit] le
bonheur, la vertu est le principe du bonheur dans la vie sociale; parce que
l'amour [fut le principe de] fit l'indépendance, le droit des gens dans la
vie sociale est le principe de la liberté.
Dans la nature les hommes sont bons; dans la vie sociale, ils sont
raisonnables; les hommes [sont innocents dans la] s'aiment dans la
nature; dans la vie sociale, ils se ménagent.
DE LA NATURE, CHAPITRE III DE LA VIE SOCIALE
De la vie sociale
[J'ai dit, appelé que l'homme vivait selon les rapports de la raison.]
J'ai appelé vie sociale celle des hommes unis par un contrat écrit, autrement
on ne m'aurait pas entendu, mais ce que nous appelons contrat social
n'est à bien examiner qu'un contrat politique. Le contrat social est le
rapport naturel [de tous les hommes entre eux] de l'homme à l'homme;
le contrat politique est le rapport [naturel de tous les hommes entre eux]
raisonnable d'un à tous, de tous à un. Les hommes dans l'état de nature
menaient la vie sociale [en suivant], leur principe était l'amour; dans la
vie politique, les hommes mènent la vie sauvage, leur principe est la force.
Il faut que je prévienne une objection qu'on pourrait [me] faire, on me
demandera pourquoi [les hommes] le genre humain altéré, [en perdant]
substituant la vie politique à la vie sociale, a consersa raison dans l'état
sauvage. Voici ma réponse: cette raison qui a fait [l'ordre] le régime qui
conduit aujourd'hui l'univers, n'est point naturelle à l'homme, elle est une
altération de sa première intelligence, comme le vertige est une altération
de la raison même. La raison n'est point naturelle à l'homme puisqu'elle
varie selon les organes, nous ne l'appliquons qu contraindre la nature, au
contraire, cette intelligence dont je parle est naturelle à tous: tous naissent
[innocents et bons également] innocents et bons, voilà l'égalité qu'on ne
peut plus fixer dans la vie sauvage que nous appelons sociale.
p956
DE LA NATURE, CHAPITRE IV DE LA PREMIERE SOCIETE
De la première société
La vie sociale s'est corrompue par l'abus [de cette] d'une intelligence
qui ntait point animale. Elle était le rapport que la divinité avait
mis entre elle et l'homme afin qu'il fût reconnaissant et généreux; sans cette
intelligence, l'homme n'eût suivi que des rapportscaniques comme
les bêtes.
Montesquieu finit les lois en général, les rapports cessaires quirivent
de la nature des choses, cela ne me paraît point exact, il n'y a
de rapports nécessaires que dans les lois physiques, les lois qui dérivent de
la nature de l'homme sont des rapports intelligents. Montesquieu parlait,
il est vrai, des rapports politiques, mais alors ce sont moins des rapports que
des conséquences nécessaires.
L'homme fortuné mena la vie sociale dans les bois, ceci doit paraître
étrange, mais c'est ce préjugé qui est étrange, qui appelle vie sociale celle
d'hommes qui se redoutent, s'envient ou se hssent. Hobbes a raison, son
système n'est mauvais que dans l'application, il prend l'homme pcisément
là où il a fini, [c'est-à-dire au commencement de la vie sauvage,] il croit
peindre l'homme [dans la vie] naturel, il peint l'homme devenu sauvage.
C'est pourquoi il s'enchetre et fait de l'homme avec beaucoup de candeur
un portrait affreux.
Rousseau [qui] a vu l'homme comme Hobbes, [cherche la théorie de
[un mot illisible] mais il le rappelle à la nature, mais il a senti la nature et
le rappelle à elle au plust] établit avec beaucoup de sagesse les principes
[de la société qu'il imagine] de l'état sauvage et ramène l'homme à
la raison dont il s'était écarté aussi bien que de la nature; ce grand
[homme n'a point cru] philosophe a pensé que l'homme avait commencé
par être sauvage, [point] mais il a fini par. [Cumberland n'a vu que
son siècle.] Les arts et les lumières, les sciences que l'on vante, n'ont de
prix que pour des malheureux condamnés à se conserver par artifice, mais
tout a dû couler de cette idée que les premiers hommes étaient sauvages et
que nous étions polis.
Si les arts n'étaient point le signe que les hommes deviennent sauvages,
pourquoi seraient-ils plus cruels et plus méchants à mesure qu'ils [sont]
se croient policés [et qu'ils avancent dans les arts, s'éclairent]. La plupart
de nos connaissances sont relatives à notre corruption. Imaginez des êtres
[vertueux] innocents, ils ont besoin de peu de lumières.
[Les peuples libres de l'antiquité avaient] Les premiers Romains
[avaient peu de lois et savaient peu de choses, les derniers Romains]
p957
savaient peu de lois et ils étaient juges, ils étaient fortunés; les derniers
Romains en savaient beaucoup, ils étaient iniques, et malheureux.
Il faut que je développe peu à peu mes idées, si ce que j'ai dit est vrai,
personne que je sache ne s'est douté de la nature, et cependant nous
en parlons [tous les jours à tous propos, mais toujours c'est un sac
ineffaçable qui nous est resté] ainsi l'on revoit avec joie les débris de Rome
antique, et l'image de la beauté qui n'est plus.
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