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textuelles Frantextalisée par l'Institut National de la
Langue Française (InaLF)
Roland [Document électronique] : tragédie en musique, représentée devant S.
M., à Versailles, le huitième janvier 1685 / [paroles de Quinault, musique de
Lulli]
PROLOGUE
p111
Le theatre represente le palais de Demogorgon.
Demogorgon est sur son thrône, accompagd' une
troupe de genies, et d' une troupe de fées.
Demogorgon.
Le ciel qui m' a fait vostre roy,
dans vostre destin m' interesse.
Je vous assemble icy pour calmer vostre effroy ;
il est temps que les jeux chassent vostre tristesse.
La paix fuyoit au bruit des terribles combats,
mais la voix du vainqueur la rapelle icy bas.
La guerre impitoyable, et ses fureurs affreuses,
ne ravageront point vos retraites heureuses.
p1V
Tout cede au plus grand des heros,
en vain l' envie et la rage s' assemblent,
il ne punit ses ennemis qui tremblent,
qu' en les condamnant au repos.
Demogorgon, La Principalee, Et Les Choeurs
Des Genies Et Des Fées
on n' entend plus le bruit des armes.
Doux plaisirs, reprenez vos charmes.
Jeux innocents, venez vous rassembler.
Rien ne vous peut troubler.
Leses témoignent leur joye en dansant et en
chantant.
Le Choeur Des Fées
que la guerre est effroyable !
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Quel bien est plus doux que la paix ?
Peut-on trop cherir ses attraits ?
Que son regne est aimable !
Qu' il dure à jamais.
Nous n' aurons que de beaux jours.
Que de jeux vont paraistre !
Que nous verrons naistre
de tendres amours !
Tout rit, tout enchante.
Chantons la paix charmante,
chantons le sort heureux
qui va combler nos voeux.
pV
Chantons tous la paix charmante
chantons le sort heureux
qui va combler nos voeux.
La Principale Fée
au milieu d' une paix profonde,
offrons des jeux nouveaux au heros glorieux
qui prend soin du bonheur du monde.
Allons nous transformer pour paroistre à ses yeux.
Demogorgon
du celebre Roland renouvellons l' histoire.
La France luy donna le jour.
Montrons les erreurs où l' amour
peut engager un coeur qui neglige la gloire.
Demogorgon Et La Principalee
allons faire entendre nos voix
sur les bords heureux de la Seine,
allons faire entendre nos voix
au vainqueur dont tout suit les loix.
Demogorgon
il avoit mis aux fers la discorde inhumaine ;
en vain elle a rompu sa chaîne,
il l' enchaîne encore une fois.
Demogorgon La Principale Fée Et Les Choeurs
allons faire entendre nos voix
sur les bords heureux de la Seine,
allons faire entendre nos voix
au vainqueur dont tout suit les loix.
pV1
Les genies et les es font un essay des danses et
des chansons qu' ils veulent preparer.
Une fée chante, et les choeurs des genies et des
fées luy respondent.
ads:
C' est l' amour qui nous menace ;
que de coeurs sont en danger !
Quelques maux que l' amour fasse,
on ne peut s' en dégager.
Il revient quand on le chasse,
il se plaist à se vanger.
C' est l' amour qui nous menace ;
que de coeurs sont en danger !
Demogorgon, la principale fée, et les choeurs des
genies et des fées, chantent ensemble.
Le vainqueur a contraint la guerre
d' esteindre son flambeau.
Il rend le repos à la terre,
quel triomphe est plus beau !
ACTE 1 SCENE 1
p1
Le theatre represente un hameau.
Angelique
ah ! Que mon coeur est agitté !
L' amour y combat la fierté,
je ne sçay qui des deux l' emporte ;
quelquefois la fierté demeure la plus forte,
quelquefois l' amour est vainqueur ;
p2
de moment en moment une guerre mortelle
dans mon ame se renouvelle.
Quel trouble ! Helas ! Quelle rigueur !
Funeste amour, fierté cruelle,
ne cesserez-vous point de deschirer mon coeur ?
ACTE 1 SCENE 2
Angelique Temire
Temire
vous avez peu d' impatience
de voir le riche don qu' on va vous presenter.
C' est un prix que Roland vous a fait apporter
des rivages lointains le jour prend naissance.
Pour vous par mille exploits il a sçeu l' achepter,
serez-vous sans reconnoissance ?
Faut-t' il que tant d' amour ne puisse meriter
qu' une éternelle indifference ?
Angelique.
L' invincible Roland n' a que trop fait pour moy,
fay-moy resouvenir de ce que je luy doy.
Temire
pourriez-vous oublier l' ardeur dont il vous aime ?
Angelique
je songe, autant que je le puis,
à sa rare valeur, à son amour extréme :
p3
mais malgré tous mes soins dans le trouble je suis
je crains de m' oublier moy-mesme.
Je crains que ma fierté ne succombe en ce jour.
Temire
aimez Roland à vostre tour,
il n' est point de climats où sa gloire ne vole.
Du moins, la fierté se console
quand la gloire l' oblige à ceder à l' amour.
Roland reverse tout par l' effort de ses armes
son bras sçait affermir un trosne chancelant...
Angelique
helas ! Helas ! Que Medor a de charmes !
Ah ! Que n' a-t' il la gloire de Roland !
Temire
Medor !
Angelique
ma foiblesse t' estonne.
Ne me déguise rien, parle, je te l' ordonne,
represente à mon coeur la honte de son choix.
Temire
Medor d' un sang obscur a receu la lumiere.
Pourroit-il estre aimé d' une reyne si fiere ?
D' une reyne qui sous ses loix
ne voit qu' avec mespris les heros et les roys ?
Angelique
mon coeur estoit tranquille, et croyoit toûjours
l' estre,
quand je trouvay Medor, blessé, prés de mourir.
p4
La pitié dans ce lieu champestre
m' arresta pour le secourir.
Le prix de mon secours est le mal que j' endure ;
la pitié pour Medor a sçeu trop m' attendrir.
Ma funeste langueur s' augmentoit à mesure
qu' il guerissoit de sa blessure,
ei je suis en danger de ne jamais guerir.
Temire
esloignez de vos yeux ce qui peut trop vous plaire.
Angelique
ma gloire le demande, il faut la satisfaire :
il faut bannir Medor... bannir Medor ? Helas !
C' est me condamner au trépas.
Il n' importe, il le faut, qu' il parte, qu' il me
quitte.
Elle aperçoit Medor.
Il resve, il tourne icy ses pas.
Que je suis interdite !
Ne m' abandonne pas.
Angelique et Temire se retirent.
ACTE 1 SCENE 3
Medor
ah ! Quel tourment
de garder en aimant
un éternel silence !
Ah quel tourment
d' aimer sans esperance !
p5
J' aime une reyne, helas ! Par quel enchantement
ay-je oublié son rang et ma naissance,
et combien entre nous le sort met de distance ?
Malheureux que je suis, j' aime un objet charmant
que tant de roys ont aimé vainement !
Je doy cacher un amour qui l' offence ;
il faut me faire à tout moment
une cruelle violence.
Ah ! Quel tourment
de garder en aimant
un éternel silence !
Ah quel tourment
d' aimer sans esperance !
ACTE 1 SCENE 4
Medor, Angelique, Temire
Medor
de la part de Roland, on vient jusqu' en ces
lieux
vous offrir un don precieux.
Il vous aime, il vous sert, son amour peut paraistre,
et tout absent qu' il est, il vous le fait connaistre :
ses travaux quels qu' ils soient sont trop
recompensez,
ô trop heureux Roland !
p6
Angelique
Roland sera peut-estre
moins heureux que vous ne pensez.
Plus son amour éclate, et plus il m' importune,
j' ay honte de luy trop devoir.
Non, n' enviez point sa fortune.
Medor
il est vray qu' il n' a pas le plaisir de vous voir.
Angelique
je le fuis, et sans luy desormais je n' aspire
qu' à retourner dans mon empire.
Enfin, Medor, enfin, je veux sçavoir
si j' ay sur vous un absolu pouvoir.
Medor
vous estes de mon sort maistresse souveraine.
Je servois un grand roy, javois suivy ses pas
des rivages du nil jusqu' aux bords de la seine.
Il est mort en cherchant la gloire et les combats ;
sans vous j' allois le suivre au delà du trépas.
Vous servir est ma seule envie,
j' en fais mon espoir le plus doux ;
vous m' avez conservé la vie,
heureux si je la pers pour vous !
Angelique
Medor, vous avez lieu de croire
que je m' interesse en vos jours :
p7
j' en ay pris soin, le ciel a beny mon secours,
à la fin il est temps d' avoir soin de ma gloire.
Par pitié, prés de vous, j' ay voulu demeurer,
tandis que mon secours vous estoit necessaire :
ma pitié n' a plus rien à faire,
il est temps de nous separer.
Partez Medor.
Medor
ô ciel !
Angelique
partez sans differer.
Medor
helas ! Ay-je pû vous déplaire ?
Angelique
non, non, je n' ay point de colere...
laissons des discours superflus.
Partez.
Medor
je ne vous verray plus !
Angelique
choisissez ou vous voulez vivre,
je prendray soin de vostre sort.
Medor
vous me deffendez de vous suivre,
je ne veux chercher que la mort.
Angelique
vivez, conservez mon ouvrage,
songez que c' est me faire outrage
de voir vos jours avec mespris,
apres le soin que j' en ay pris.
p8
Medor
vous voulez que je vive, et vostre arrest me chasse,
mes jours à vous servir ne sont pas reservez.
Eh que voulez-vous que je fasse
de ces jours malheureux que vous m' avez sauvez ?
Angelique
puissiez-vous loin de moy joüir d' un sort paisible.
Medor
loin de vous ! Ciel ! Est-t' il possible ?
Ah ! Falloit-t' il me secourir ?
Que ne me laissiez-vous mourir ?
Angelique
terminons des regrets qui pourroient trop s' étendre :
ne me dites plus rien, je ne veux rien entendre.
Il est temps de nous separer ;
partez Medor.
Medor
ô ciel !
Angelique
partez sans differer.
ACTE 1 SCENE 5
p9
Angelique, Temire
Angelique
je ne verray plus ce que j' aime.
Conçois-tu bien l' effort extréme
que pour bannir Medor je me fais aujourd' huy ?
Il part desesperé, tu voisje l' expose :
il va mourir, j' en suis la cause,
je mourray bientost apres luy.
Non, un trop tendre amour dans ses jours m' interesse.
Non, qu' il ne parte point, allons le rappeller...
infortunée ! Où veux-je aller ?
Je vais trahir ma gloire, et montrer ma foiblesse.
Ciel ! Quel est mon malheur !
S' il faut que l' amour me surmonte,
je doy mourir de honte ;
s' il faut l' arracher de mon coeur,
je mourray de douleur.
Temire
le secours de l' absence
est un puissant secours.
C' est l' unique esperance
des coeurs qui veulent fr les funestes amours.
p10
Angelique
le secours de l' absence
est un cruel secours.
Ah ! Quelle violence
de fuïr incessamment ce qui charme tousjours.
Temire et Angelique.
Le secours de l' absence
Temire
est un puissant, cruel secours.
Angelique
est un puissant, cruel secours.
Angelique
quoy ! Medor pour jamais d' avec moy se separe !
Devois-tu m' inspirer un dessein si barbare ?
Temire, j' ay suivy tes conseils rigoureux.
Fay revenir Medor ; que rien ne te retienne,
va, cours... mais s' il revient... n' importe, qu' il
revienne...
atten... je veux... helas ! Sçai-je ce que je veux ?
Temire
voyez ces estrangers, contraignez-vous pour eux.
Angelique
ne puis-je en liberté soupirer et me plaindre ?
Faudra-t' il tousjours me contraindre ?
Sans Medor, tout me semble affreux.
Va le voir, et du moins console un malheureux.
ACTE 1 SCENE 6
p11
Ziliante. Troupe d' insulaires orientaux.
Ziliante presentant un brasselet à Angelique.
Au genereux Roland je doy ma delivrance ;
d' un charme affreux sa valeur m' a sauvé ;
il n' a voulu de ma reconnoissance
que ce present qu' il vous a reservé.
Je viens, pour vous l' offrir, du rivage où l' aurore
ouvre la barriere du jour.
Vous embrasez Roland d' un feu qui le devore,
mais qui peut voir la beauté qu' il adore
voit sans estonnement l' excez de son amour.
Triomphez, charmante reyne,
triomphez des plus grands coeurs.
Ce n' est qu' aux plus fameux vainqueurs
qu' il est permis de porter vostre chaîne.
Triomphez, charmante reyne,
triomphez des plus grands coeurs.
Le choeur des insulaires chante ces derniers vers
dans le temps que Ziliante presente le brasselet à
Angelique, et les autres insulaires dansent à la
maniere de leur païs.
Le Choeur des insulaires.
Triomphez, charmante reyne,
triomphez des plus grands coeurs.
p12
Ce n' est qu' aux plus fameux vainqueurs
qu' il est permis de porter vostre chaîne.
Triomphez, charmante reyne,
triomphez des plus grands coeurs
deux insulaires.
Dans nos climats
sans chagrin on spire,
l' amour dont nous suivons l' empire
n' a que des appas.
Fuyons les belles
cruelles,
craignons leur pouvoir,
que sert-t' il de les voir ?
Ah ! Gardons-nous d' un amour sans espoir.
Quelle peine !
Quel tourment !
D' estre amant
d' une inhumaine !
Si nous devenons amoureux
aimons pour estre heureux.
Sans les amours
on s' ennuiroit de vivre,
mais nous devons cesser de suivre
qui nous fuït tousjours.
Fuyons les belles
cruelles, etc.
ACTE 2 SCENE 1
p13
Le theatre change, et represente la
fontaine enchantée de l' amour, au milieu
d' une forest.
Angelique, Temire, suite d' Angelique.
Temire
un charme dangereux dans ces bois vous attire,
il faut en détourner vos pas
l' amour regne en ces lieux, évitez ses appas,
heureux qui peut fuïr son empire !
Angelique
je porte au fond du coeur mon funeste martire.
Helas ! Où puis-je aller ? puis-je fuïr ? Helas !
l' amour ne me suive pas ?
p14
Ah ! J' ay banny Medor, ma tristesse est mortelle,
que ne le pressois-tu de me desobeïr ?
Temire
je devois vous estre fidelle.
Angelique
pour empescher ma mort n' osois-tu me trahir ?
ô fidelité trop cruelle !
Le trouble de mon coeur ne peut plus se calmer,
non, je n' espere plus de remede à mes peines.
Merlin, dans ces forests enchanta deux fontaines
dont l' une fait haïr, et l' autre fait aimer.
C' est la fontaine de la haine
que je veux chercher en ce jour ;
helas ! Que me sert-t' il de prendre un longtour !
Je m' égare en ces bois, et ma recherche est vaine :
tousjours un sort fatal malgré-moy me rameine
à la fontaine de l' amour.
Temire
vous devez vous guerir du mal qui vous possede,
nayez rien à vous reprocher.
Vous en trouverez le remede
si vous le voulez bien chercher.
Angelique
non, je ne cherche plus la fontaine terrible
qui fait d' un tendre amour une haine inflexible ;
c' est un secours cruel, je n' y puis recourir.
p15
Je hrois Medor ! Non, il n' est pas possible,
par ce remede affreux je ne veux point guerir,
je consens plustost à mourir.
Temire chante avec un suivant et une suivante
d' Angelique.
Non, on ne peut trop plaindre
un coeur qui se laisse enflammer :
ah ! Quel tourment d' aimer !
Que le feu d' amour est à craindre !
Qu' il est aisé de l' allumer !
Qu' il est malaisé de l' esteindre !
Non, on ne peut trop plaindre
un coeur qui se laisse enflammer ;
ah ! Quel tourment d' aimer !
Angelique
quelqu' un vient, c' est Roland.
Temire
ce guerrier invincible
abandonne tout pour vous voir.
Angelique
il se flate d' un vain espoir.
Cét anneau quand je veux peut me rendre invisible
Angelique met dans sa bouche un anneau dont
la puissance magique la rend invisible.
ACTE 2 SCENE 2
p16
Roland, Angelique deveninvisible. Temire.
Suite d' Angelique.
Roland
belle Angelique, enfin, je vous trouve en ces
lieux
ciel ! Quel enchantement vous desrobe à mes yeux !
Angelique, charmante reyne.
Mes cris font vainement retentir ces forests.
Angelique, ingrate, inhumaine.
Quel plaisir trouvez-vous dans mes tristes regrets ?
Angelique, ingrate, inhumaint,
quel barbare plaisir trouvez-vous dans ma peine ?
Roland parle à Temire.
Quelle cruauté ! Quel mespris !
Tuais ce que j' ay fait pour elle,
tu connois mon amour fidelle,
et tu vois quel en est le prix.
Quelle cruauté ! Quel mespris !
Temire
peut-on vous mepriser sans crime ?
La valeur vous a fait un merite esclatant.
Si vous n' aviez jamais voulu que de l' estime,
quel mortel seroit plus content !
p17
Roland
que devient ma vertu ? Ma force est inutile.
Eh ! Que me sert-t' il aujourd' huy
d' avoir les dons du ciel qu' eust autrefois Achille ?
Je laisse mon roy sans appuy.
Il n' a plus desormais que Paris pour azile ;
les cruels affriquains vont triompher de luy.
Je voy le sort affreux de ma triste patrie ;
elle est preste à tomber sous de barbares loix :
j' entends sa gemissante voix :
mais c' est vainement qu' elle crie,
un malheureux amour m' enchante dans ces bois.
Angelique. En vain je l' appelle ;
elle est sans pitié la cruelle,
eh ! Pourquoy tant souffrir ! Pourquoy
n' aurai-je pas pitié de moy ?
C' en est fait, et je veux que l' ingrate leache :
c' en est fait pour jamais, mes liens sont rompus ;
non, je ne la chercheray plus,
c' est vainement qu' elle se cache.
Non, je ne veux plus voir sa fatale beauté,
il ne m' en a que trop cousté.
Le dépit esteint ma flâme :
heureuse la cruauté
qui rend la paix à mon ame !
Heureuse la cruauté
qui me rend la liberté !
p18
Malheureux ! Je me flate, et ma colere est vaine.
Lasche ! Ne puis-je rompre une honteuse chaine ?
Que je sens de troubles secrets !
Mon coeur suit malgré-moy de funestes attraits,
je cede au charme qui m' entraine.
Angelique, ingrate, inhumaine,
quel plaisir trouvez-vous dans mes tristes regrets ?
Angelique, ingrate, inhumaine,
quel barbare plaisir trouvez-vous dans ma peine ?
Angelique voyant Roland esloigné oste son
anneau magique de sa bouche, et se montre à
Temire.
ACTE 2 SCENE 3
Angelique, Temire
Temire
ou dois-je aller ? ... je vous revoy.
Angelique
je ne me cache pas pour toy.
Temire
Roland vous cherche en vain dans ce lieu solitaire
Angelique
mon coeur est engagé, Roland ne peut me plaire,
quel espoir luy pourrois-je offrir ?
Je le fuis par pitié, je ne sçaurois mieux faire
que de l' aider à se guerir.
p19
peut estre Medor ? Le desespoir le presse.
Que ne puis-je le retrouver !
Au moins j' y veux songer sans cesse.
Temire
vostre coeur pour Roland devoit se reserver...
Angelique
parle-moy de Medor, ou laisse-moy resver.
C' est l' amour qui prend soin luy-mesme
d' embellir ces aimables lieux ;
mais je n' y voy pas ce que j' aime,
rien n' y sçauroit plaire à mes yeux.
ACTE 2 SCENE 4
Medor, Angelique, Temire
Medor
agreables retraites,
l' amour qui vous a faites
vous destine aux amants contents.
Je trouble vos douceurs secretes,
mais dans mon desespoir mes plaintes indiscretes
ne vous troubleront pas long-temps.
Angelique
c' est Medor que je viens d' entendre ! Ciel !
Temire voulant arrester Angelique.
Quoy, vous le verrez ?
p20
Angelique
eh ! Puis-je m' en deffendre ?
C' est trop suivre un cruel devoir ;
je retrouve Medor, l' amour veut me le rendre,
je ne puis vivre sans le voir.
Medor
fontaine, qui d' une eau si pure
arrosez ces brillantes fleurs,
en vain, vostre charmant murmure
flate le tourment que j' endure.
Rien ne peut enchanter mes mortelles douleurs.
Ce que j' aime me fuit, et je fuis tout le monde :
pourquoy traisner plus loin ma vie et mes malheurs,
ruisseaux, je vais mesler mon sang avec vostre onde,
c' est trop peu d' y mesler mes pleurs.
Medor tire son ese pour s' en fraper et Angelique
l' arreste.
Angelique
vivez, Medor.
Medor
reyne adorable,
vous avez trop de soin des jours d' un miserable.
Angelique
pourquoy courez-vous au trépas ?
Medor
c' est un suplice insuportable
de vivre et de ne vous voir pas.
p21
Angelique
je croyois que sur vous j' avois plus de puissance.
Medor
helas ! Si vous pouviez sçavoir
jusqu' à quel point je vous offense...
Angelique
rien ne m' offense tant que vostre desespoir.
Medor
je vivray, si c' est vostre envie ;
je vous voy, mon sort est trop doux :
mais s' il faut m' esloigner de vous,
je ne repons pas de ma vie.
Angelique
prenez soin de vos jours, Medor, vous le devez,
il m' en couste assez cher de les avoir sauvez :
ils me sont precieux, je vous l' ay fait connaistre.
Medor
genereuse reyne, achevez,
sans vous puis-je vivre ?
Angelique
vivez
à quelque prix que ce puisse estre.
Medor
ô ciel ! Qu' entend-je !
p22
Angelique
il n' est plus temps
que nous craignions tous deux de nous en trop
aprendre :
nous n' en disons que trop, Medor, je vous entends,
et je vous permets de m' entendre.
Medor
à vos pieds...
levez-vous, j' ay droit de faire un roy.
Je veux unir sous mesme loy
vostre destinée et la mienne.
Medor
ah ! Plus vous oubliez vostre grandeur pour moy,
plus il faut que je m' en souvienne.
Angelique
ma gloire murmure en ce jour,
je voy mon sort trop au dessus du vostre :
mais qui peut empescher l' amour
d' unir deux coeurs qu' il a faits l' un pour l' autre ?
Medor
tesmoins du desespoir dont mon coeur fut pressé,
lieux ou la mort fut mon unique attente,
qui l' auroit dit ! Qui l' eust jamais pen
que vous seriez tesmoins du bonheur qui m' enchante.
ACTE 2 SCENE 5
p23
L' amour, troupe d' amours, troupe de sirenes,
troupe de dieux des eaux, troupe de nymphes
et de silvains, troupe d' amants enchantez, et
d' amantes enchantées.
Choeur Des Amours qui sont autour de
la fontaine.
Aimez, aimez-vous.
Angelique, Medor, et les Choeurs.
Aimons, aimons-nous.
Choeur Des Amours
l' amour vous appelle.
Que sa flame est belle !
L' amour vous appelle tous.
Aimez, aimez-vous.
Angelique, Medor, et les Choeurs.
L' amour nous appelle,
que sa flame est belle !
L' amour nous appelle tous.
Aimons, aimons-nous.
p24
Choeur Des Amours
il punit un coeur rebelle
on n' évite point ses coups.
Angelique, Medor, et les choeurs.
Quel bien est plus doux
qu' un amour fidelle ?
Choeur Des Amours
aimez, aimez-vous.
Angelique, Medor, et les choeurs.
Aimons, aimons-nous :
l' amour nous appelle.
Que sa flame est belle !
L' amour nous appelle tous :
aimons, aimons-nous.
Les amants enchantez, et les amantes enchantées
dansent autour de Medor et d' Angelique.
Deux amantes enchantées.
Qui gouste de ces eaux ne peut plus se deffendre
de suivre d' amoureuses loix :
goustons en, mille et mille fois,
quand on prend de l' amour, on n' en sçauroit trop
prendre.
p25
Le Petit Choeur
que pour jamais un noeud charmant nous lie.
Le Grand Choeur
tendres amours,
enchantez-nous toûjours.
Triste raison nous fuyons ton secours.
Le Petit Choeur
ô douce vie,
digne d' envie !
Le Grand Choeur
ô jours heureux, que l' on vous trouve courts !
Le Petit Choeur
sans rien aimer comment peut-t' on vivre ?
Le Grand Choeur
que de plaisirs, que de jeux vont nous suivre !
Le Petit Choeur
tendres amours,
enchantez-nous toûjours.
Fermons nos coeurs à des flammes nouvelles.
Le Grand Choeur
gardons nous bien d' esteindre un feu si beau.
Le Petit Choeur
vivons heureux dans des chaines si belles.
Le Grand Choeur
portons nos fers jusques dans le tombeau.
p26
Le Petit Choeur
ô douce vie,
digne d' envie !
Le Grand Choeur
tendres amours,
enchantez-nous toûjours.
Les amants enchantez, et les amantes enchantées,
accompagnent en dansant, Medor et Angelique ;
l' amour et les amours volent, et leur servent
de guides.
ACTE 3 SCENE 1
p27
Le theatre change, et represente un
port de mer.
Medor, Temire
Medor
non, je n' entends vos conseils qu' avec
peine,
pour nuire à mon amour, vous avez tout tenté.
Temire
vos jours sont en peril, ils sont chers à ma reyne,
ne doutez point de ma fidelité.
Roland est dans ces lieux, c' est un rival terrible,
et vostre perte est infaillible
si vous vous exposez à son fatal couroux.
Medor
un malheureux doit voir le trépas sans allarmes.
p28
Vostre bonheur fera mille jaloux,
une fiere beauté vous a rendu les armes,
vos deux coeurs sont unis, par les noeuds le plus
doux.
Ah ! Si la vie est sans appas pour vous,
pour qui peut-t' elle avoir des charmes ?
Regardez le glorieux sort
que la reyne avec vous partage.
Ses plus zelez sujets, l' attendoient dans ce port ;
avant que d' en partir, son ordre les engage
à vous rendre un pompeux hommage.
Comme leur souverain, ils vont vous recevoir...
Medor
la reyne ma quitté, Roland est avec elle.
Temire
il la verra fiere, et cruelle.
Medor
n' importe, c' est tousjours la voir,
mon inquietude est mortelle :
eh ! Ne craint-t' elle point, Roland au desespoir ?
Temire
elle le craint pour vous, c' est son unique envie
de mettre en l' éloignant, vos jours en seureté.
Medor
s' il faut que ma felici
par mon rival me soit ravie,
c' est une cruau
d' avoir soin de ma vie.
p29
Temire
de ces sombres chagrins, il faut vous delivrer.
Medor
je n' osois pas esperer
le bien que l' amour me donne ;
un si grand bonheur m' estonne,
et j' ay peine à m' assûrer
qu' il puisse long-temps durer.
Temire
retirons-nous, Roland s' avance.
S' il a de vostre amour la moindre connoissance
rien ne vous pourra secourir.
Medor
je le veux observer, en deussai-je perir.
Medor se tient à l' écart, et écoute Roland et
Angelique.
ACTE 3 SCENE 2
Roland, Angelique
Roland
faut-t' il encor que je vous aime ?
Je doy rougir de ma foiblesse extreme ;
ingrate, vous en abusez :
plus je vous sers, plus vous me mesprisez :
qu' elle honte à mon coeur d' estre encor si fidelle !
Pourquoy vous trouvai-je si belle ?
Non, avec tant d' attraits si charmants et si doux,
vous ne meritez pas, cruelle,
l' amour que j' ay pour vous.
p30
Angelique
je n' ay point perdu la memoire
de ce que je vous doy.
Vous seriez delivré du trouble ou je vous voy
si vous aviez voulu me croire.
Vous leavez, c' est malgré moy
qu' un si grand coeur s' obstine à languir sous ma
loy,
j' ay fait ce que j' ay pû pour le rendre à la gloire.
Roland
ah ! Je ne sçay que trop avec quelle rigueur
vous punissez mon lasche coeur ;
vostre mespris éclate, il n' est plus temps de
feindre,
tous les déguisements sont vains.
Je pardonne au mespris du reste des humains,
je l' ay bien merité, j' aurois tort de m' en plaindre.
J' abandonne ma gloire, et la laisse ternir,
je cheris le trait qui me blesse,
de mon égarement je ne puis revenir ;
mais vous causez ma foiblesse,
est-ce à vous de m' en punir ?
Angelique
helas !
Roland
dans ce soûpir quelle part puis-je prendre ?
Peut-estre un soûpir si tendre
s' adresse à quelqu' autre amant :
p31
me le faites vous entendre
pour redoubler mon tourment ?
Inhumaine ! Ah s' il est possible
qu' au mespris d' un amour qui n' eust jamais
d' esgal
pour un autre que moy vous deveniez sensible,
tremblez pour mon heureux rival.
Dans vos yeux inquiets je lis mon infortune.
Ma presence vous importune ?
Vous ne songez qu' à me quitter ?
Angelique
si je voulois vous fuïr, qui pourroit m' arrester ?
Je vous ay ja fait connaistre
qu' il m' est aisé de disparaistre
aux regards importuns que je veux éviter.
Roland
ah ! Du moins, laissez-moy le seul bien qui me
reste ;
laissez-moy la douceur funeste
de voir de si charmants appas.
C' est sans espoir que je suivray vos pas ;
vous ne serez jamais à mes voeux favorable,
je vous verray toûjours impitoyable,
mais le plus grand des maux est de ne vous voir
pas.
Angelique
que ne puis-je vous fuïr encore ?
Roland
pourquoy craindre qui vous adore ?
p32
Angelique
helas ! Pourquoy m' aimez vous tant ?
Un heros indomptable
n' est que trop redoutable
avec un amour si constant.
Roland
ciel ! ô ciel ! C' est pour moy qu' Angelique
soûpire !
Angelique
vous me contraignez d' en trop dire.
Roland
vous m' aimez !
Angelique
je ne puis l' avoüer qu' a regret.
Vostre constance est triomphante,
n' en faites point un esclat indiscret,
espargnez ma fierté mourante
contentez-vous d' un triomphe secret.
Roland
en des lieux escartez, dans une paix profonde,
allons jor du sort qui va combler nos voeux.
Que deux coeurs unis sont heureux
d' oublier le reste du monde.
Angelique
laissez-moy r' envoyer des peuples empressez
dont nous serions embarassez ;
attendez-moy plus loin, j' iray par tout vous suivre,
c' est pour vous seul que je veux vivre.
ACTE 3 SCENE 3
p33
Angelique, Medor, Temire
Medor
ah ! Je souffre un tourment plus cruel que la
mort !
Temire
voulez-vous aller ? Que pouvez vous pretendre ?
Angelique
laisse-moy calmer son transport,
voy, si Roland ne peut point nous entendre.
Temire va du costé où Roland est passé.
ACTE 3 SCENE 4
Angelique, Medor
Medor
se peut-t' il qu' à ses voeux vous ayez respondu ?
Angelique
voulez-vous m' offencer quand vous devez me
plaindre ?
Pour esbloüir Roland je suis reduite à feindre,
il le faut esloigner, ou vous estes perdu.
p34
Medor
vous le suivrez ? Non, non, que plustost je perisse.
Angelique
helas ! Tout le pouvoir humain
contre luy s' armeroit en vain,
ne nous armons que d' artifice.
Medor, je tremble pour vos jours,
ils sont dans un peril extreme :
à quoy n' a t' on pas recours
pour sauver ce que l' on aime ?
Medor
Roland va m' oster
l' objet que j' adore,
qu' ai-je à redouter
que de vivre encore ?
Angelique
c' est à vous que mon coeur pour jamais s' est donné ;
je ne rendray Roland que trop infortu ;
l' amour luy vendra cher une vaine esperance.
Je puis par t anneau disparaistre à ses yeux ;
bientost, vous me verrez ; bientost, loin de ces
lieux,
nos fidelles amours seront en assûrance,
je veux metre en vos mains ma supréme puissance.
Medor et Angelique
ensemble.
Je ne veux que vostre coeur,
p35
c' est l' unique empire
pour qui je soûpire,
je ne veux que vostre coeur,
c' est assez pour mon bonheur.
Medor
vous me quittez, et je demeure
troublé du chagrin le plus noir :
ma vie est attachée au plaisir de vous voir ;
ne vaut-t' il pas mieux que je meure
par la main de Roland que par mon desespoir.
Angelique
vivez pour moy, qu' il vous souvienne
que vostre destinée est unie à la mienne,
ma mort suivroit vostre trépas :
evitons un destin tragique ;
Medor ne veut-t' il pas
vivre pour Angelique ?
Medor
si je ne vivois pas pour vous,
je ne pourrois souffrir la vie.
Angelique
vivons, l' amour nous y convie,
reservons-nous
pour nous aimer malgré l' envie ;
reservons-nous
pour vivre heureux loin des jaloux.
Je ne pourrois souffrir la vie,
si je ne vivois pas pour vous.
p36
Medor
vivons l' amour nous y convie,
reservons-nous
pour un amour si doux.
Angelique et Medor repetent ensemble ces trois
derniers vers.
Vivons l' amour nous y convie,
reservons-nous
pour un amour si doux.
ACTE 3 SCENE 5
Troupe de peuples de Catay. Sujets d' Angelique,
Angelique, Medor.
Angelique parlant à ses sujets.
Vous qui voulez faire paraistre
le zele ardent que vous avez pour moy,
reconnoissez Medor pour vostre maistre,
rendez hommage à vostre roy.
Angelique va retrouver Roland pour l' esloigner
du port ou elle veut venir s' embarquer avec
Medor.
ACTE 3 SCENE 6
p37
Les peuples de Catay, sujets d' Angelique,
rendent hommage à Medor ; ils l' eslevent sur un
throne, et tesmoignent par leurs chants et
par leurs danses la joye qu' ils ont de le
reconnoistre pour leur souverain.
Le Choeur.
C' est Medor qu' une reyne si belle
a choisy pour regner avec elle.
Plus heureux que luy ?
Un des sujets d' Angelique.
Malgré l' orgüeil du grand nom de reyne,
elle se rend, et l' amour l' enchaîne ;
de mille et mille amants son coeur s' estoit sau,
pour l' aimable Medor il estoit reservé.
Une des suivantes d' Angelique.
Trop heureux un amant qui s' exempte
des chagrins d' une ennuyeuse attente !
Que l' amour pour Medor a fait d' aimables
noeuds !
à peine est-t' il amant qu' il est amant heureux.
p38
Le Choeur
ses rivaux n' ont plus rien à pretendre,
que de plaintes se vont faire entendre !
Au premier bruit d' un choix si doux
que de roys seront jaloux !
Nous venons tous
vous presenter nostre hommage ;
regner sur nous
est vostre moindre avantage.
L' amour donne un bonheur qui vaut mieux mille
fois
que la pompe qui suit les plus superbes roys.
Un des sujets d' Angelique.
Angelique n' est plus insensible,
sa fierté se croyoit invincible :
elle fuyoit l' amour, et le fuiroit encor
sans le charme puissant des regards de Medor.
Le Choeur
heureux Medor ! Quelle gloire
d' avoir rempor
une entiere victoire
sur tant de fierté !
Quel bonheur est plus rare !
Que vos feux sont beaux !
Que l' amour vous prepare
de plaisirs nouveaux !
C' est pour vous que sont faits
les plus doux de ses traits.
p39
Une des suivantes d' Angelique.
Un coeur si fier est à son tour
sensible et tendre :
Medor l' obtient quand son amour
n' osoit l' attendre.
Mais un bonheur qu' on n' attend pas
n' en a que plus d' appas.
Le Choeur
vous portez une riche couronne
un objet plein d' attraits vous la donne.
Un des sujets d' Angelique.
Qu' il est doux d' accorder l' amour et la grandeur !
Quand on peut les unir c' est un parfait bonheur.
Une des suivantes d' Angelique.
Tendres coeurs, puissiez vous aimer tranquillement :
il n' est point de sort plus charmant.
Le Choeur
que l' amour en tous lieux vous enchante.
Qu' à jamais vostre ardeur soit constante.
Oubliez vos grandeurs plustost que vos amours,
vostre bonheur despend de vous aimer tousjours.
Le Choeur
aimez, regnez, en depit de l' envie,
goustez les biens les plus doux de la vie ;
la fortune et l' amour, la gloire et les plaisirs,
puissent t' ils à jamais combler tous vos desirs.
p40
Dans la paix, dans la guerre,
dans tous les climats,
jusqu' au bout de la terre,
nous suivrons vos pas.
Puisse l' heureux Medor estre un des plus grands
roys.
Puisse-t' il rendre heureux ceux qui suivront ses
loix.
ACTE 4 SCENE 1
p41
Le theatre change, et represente une
grotte au milieu d' un boccage.
Roland, Astolfe
Roland
va, ton soin m' importune, Astolfe,
laisse-moy.
Astolfe
quel charme vous retient dans ce lieu solitaire ?
Roland
amy, je n' ay point pour toy
de secret, n' y de mystere.
p42
Angelique ne me fuït plus.
J' estois content de voir sa rigueur adoucie,
quand nous avons trouvé le roy de Circassie,
et le superbe Ferragus.
Tous deux jaloux de mon bonheur extreme,
m' ont abor les armes à la main :
j' allois les en punir, mais la beauté que j' aime
par son anneau magique a disparu soudain.
Mes rivaux l' ont suivie envain.
Elle avoit eû soin de m' aprendre
le chemin qu' elle vouloit prendre.
Nous nous sommes promis d' estre à la fin du jour
à la fontaine de l' amour ;
je suis venu trop-tost my rendre :
je vais au devant d' elle, ennuyé de l' attendre,
je parcours les lieux d' alentour.
L' objet qui m' enchante
ne m' a jamais tant char :
que l' amour s' augmente,
par le plaisir d' estre ai.
Astolfe
t empire en vous seul a mis son esperance :
si vous ne prenez sa deffense,
il tombera dans peu de temps
sous une barbare puissance.
Songez que vous perdez de precieux instants.
Roland
je songe au bonheur que j' attens.
p43
Venez couronner vostre teste
du laurier immortel qui vous est presenté.
Roland
je voy l' amour qui s' apreste
à combler ma felicité ;
je vais joüir de la conqueste
d' un coeur qui m' a tant cousté.
Le grand coeur de Roland n' est fait que pour la
gloire,
peut-t' il languir dans un honteux repos ?
Triomphez de l' amour, il n' est point de victoire
qui montre mieux la vertu d' un heros.
Roland
lorsque des rigueurs inhumaines
ont payé mon amour d' un si cruel tourment,
je n' ay sortir de mes chaînes :
puis-je me desgager d' un lien si charmant,
quand je touche à l' heureux moment
je doy recevoir le prix de tant de peines ?
Va, laisse-moy seul dans ces lieux,
Angelique pour moy sensible,
veut pour tout autre estre invisible ;
va, ne l' empesche point de paraistre à mes yeux.
Astolfe se retire et Roland cherche Angelique.
ACTE 4 SCENE 2
p44
Roland seul.
Ah ! J' attendray long-temps ! La nuit est loin
encore.
Quoy le soleil veut-t' il luire tousjours ?
Jaloux de mon bonheur, il prolonge son cours,
pour retarder la beauté que j' adore.
ô nuit, favorisez mes desirs amoureux.
Pressez l' astre du jour de descendre dans l' onde ;
despliez dans les airs vos voiles tenebreux :
je ne troubleray plus par mes cris douloureux
vostre tranquillité profonde :
le charmant objet de mes voeux
n' attend que vous pour rendre heureux
le plus fidelle amant du monde ;
ô nuit, favorisez mes desirs amoureux.
Que ces gazons sont verts ! Que cette grotte est
belle ?
Roland lit tout bas des vers escrits sur la grotte.
Ce que je lis m' aprend que l' amour a conduit
dans ce boccage, loin du bruit,
deux amants qui brûloient d' un ardeur mutuelle.
J' espere qu' avec moy l' amour bien-tost icy
p45
conduira la beauté que j' aime.
Enchantez d' un bonheur extreme,
sur ces grottes bien-tost nous escrirons aussi ?
Roland repete tout haut ce qu' il a leu tout bas.
Beau lieu, doux azile
de nos heureuses amours,
puissiez-vous estre tousjours
charmant et tranquille.
Voyons tout... qu' est-ce que je voy !
Ces mots semblent tracez de la main d' Angelique...
Roland lit tout bas deux vers qu' Angelique
a escrits.
Ciel c' est pour un autre que moy
que son amour s' explique.
Roland repete tout haut ce qu' il a leu tout bas.
Angelique engage son coeur ?
Medor en est vainqueur !
Elle m' auroit flatté d' une vaine esperance ?
L' ingrate ! ... n' est-ce point un soupçon qui
l' offense ?
Medor en est vainqueur ! Non, je n' ay point encor
entendu parler de Medor.
Mon amour auroit lieu de prendre des allarmes,
si je trouvois icy le nom
de l' intrepide fils d' Aymon,
d' un autre guerrier celebre par les armes.
p46
Angelique n' a pas osé
avoüer de son coeur le veritable maistre,
et je puis aisement connaistre,
qu' elle parle de moy sous un nom supposé.
C' est pour moy seul qu' elle spire,
elle me la trop dit et j' en suis trop certain.
Lisons ces autres mots ; ils sont d' une autre main...
Roland lit deux vers que Medor a escrits.
Q' uai-je leu... ciel... il faut relire...
Roland repete tout haut ce qu' il a leu tout bas.
Que Medor est heureux !
Angelique a comblé ses voeux.
Ce Medor, quel qu' il soit, se donne icy la gloire
d' estre l' heureux vainqueur d' un objet si charmant.
Angelique a comblé les voeux d' un autre amant !
Elle a pû me trahir ! ... non, je ne le puis croire.
Non, non, quelqu' envieux a voulu par ces mots
noircir l' objet que j' aime, et troubler mon repos.
On entend un bruit de musettes et Roland continuë.
J' entends un bruit de musique champestre.
Il faut chercher Angelique en ces lieux.
Au premier regard de ses yeux
mes noirs soupçons vont disparaistre.
Elle s' arrestera, peut-estre,
à voir danser au son des chalumeaux
les bergers des prochains hameaux.
p47
Une troupe de bergers et de bergeres, prend
part à la joye de Coridon et de Belise, qui
doivent estre mariez le lendemain, et s' aproche
de la grotte en dansant et en chantant.
Roland n' aperçoit point Angelique, et va la
chercher dans les lieux d' alentour.
ACTE 4 SCENE 3
Coridon, Belise troupe de bergers et de bergeres.
Quand on vient dans ce boccage,
peut-t' on s' empescher d' aimer ?
Que l' amour sous t ombrage
sçait bientost nous desarmer !
Sans effort il nous engage
dans les noeuds qu' il veut former.
Quand on vient dans ce boccage,
peut-t' on s' empescher d' aimer ?
Que d' oiseaux sur ce feüillage !
Que leur chant nous doit charmer.
Nuit et jour par leur ramage
leur amour veut s' exprimer.
Quand on vient dans ce boccage,
peut-t' on s' empescher d' aimer ?
p48
Un berger et une bergere.
Vivez en paix,
amants, soyez fidelles,
aimez vous à jamais.
Vos ardeurs mutuelles
combleront vos shaits.
C' est un bonheur extreme
d' obtenir ce qu' on aime
sans languir trop long-temps.
Soyez constants,
aimez toûjours de mesme
vivez toûjours contents.
Que les amours sont belles
quand elles sont nouvelles !
Quel bien à plus d' atraits ?
Vivez en paix,
amants, soyez fidelles,
aimez vous à jamais.
Coridon
j' aimeray tousjours ma bergere.
Belise
j' aimeray tousjours mon berger.
Coridon
mon amour est sincere,
j' aimeray tousjours ma bergere.
Belise
mon coeur ne peut changer,
j' aimeray tousjours mon berger.
p49
Coridon et Belise.
Mon amour est sincere,
mon coeur ne peut changer.
Coridon
j' aimeray tousjours ma bergere
Belise
j' aimeray tousjours mon berger.
ACTE 4 SCENE 4
Roland, Coridon, Belise,
troupe de bergers et de bergeres.
Roland n' ayant point trouvé Angelique, revient
pour en demander des nouvelles aux bergers.
Coridon
Angelique est reyne, elle est belle,
mais ses grandeurs n' y ses appas
ne me rendroient point infidelle,
je ne quitterois pas
ma bergere pour elle.
Belise
quand des riches pays arrosez de la Seine
le charmant Medor seroit roy,
quand il pourroit quitter Angelique pour moy,
et me faire une grande reyne,
non, je ne voudrois pas encor
quitter mon berger pour Medor.
p50
Roland
que dites-vous icy de Medor, d' Angelique ?
Coridon
ce sont d' heureux amants dont l' histoire est
publique
dans tous les hameaux d' alentour.
Belise
ils ont avec regret quitté ce beau sejour ;
ces arbres, ces rochers, cette grotte rustique
tout parle icy de leur amour.
Roland
ah ! Je succombe au tourment que j' endure.
Coridon
reposez-vous sur ce lit de verdure.
Vous paraissez chagrin ; escoutez à loisir
de ces heureux amants l' agreable avanture,
vous l' entendrez avec plaisir.
Roland accablé de douleur s' assied sur un gazon,
et escoute avec inquietude ce que Coridon et
Belise luy racontent.
Coridon
en des lieux où Medor mouroit sans assistance
Angelique adressa ses pas.
Elle sçeut se servir d' un art dont la puissance
garentit Medor du trepas.
Belise
d' un grand empire Angelique est maistresse
p51
elle est charmante, elle avoit à son choix
cent des plus riches roys ;
Medor est sans biens, sans noblesse ;
mais Medor est si beau qu' elle la preferé
à cent roys qui pour elle ont en vain soûpiré.
Coridon
on ne peut s' aimer d' avantage,
jamais bonheur ne fût plus doux.
Belise
ils se sont don devant nous
la foy de mariage.
Coridon
quand le festint prest, il fallût les chercher ;
Belise
ils estoient enchantez dans ces belles retraites.
Coridon
ont peine à les arracher
de l' endroit charmant où vous estes.
Roland se levant avec precipitation.
suis-je ? Juste ciel ! Où suis-je malheureux.
Belise
demeurez, et voyez nos danses et nos jeux.
Coridon
on m' a promis cette belle bergere ;
honnorez nostre nopce, on la fera demain.
Roland
vont-t' ils ces amants ?
Belise
ils ont prié mon pere
p52
de les conduire au port le plus prochain.
Le voicy. Demeurez, si vous me voulez croire,
vous aprendrez de luy le reste de l' histoire.
ACTE 4 SCENE 5
Tersandre. Roland, Coridon, Belise, le choeur.
Tersandre
allez, laissez-nous, soins facheux,
esloignez-vous de nos paisibles jeux.
Nous possedons un bien inestimable
qui comblera nos voeux
laissez couler nos jours heureux
dans un loisir doux et durable.
Allez, laissez-nous, soins facheux
esloignez-vous de nos paisibles jeux.
Coridon, Belise, et Le Choeur.
Allez, laissez-nous, soins facheux,
esloignez-vous de nos paisibles jeux.
Tersandre.
J' ay veu partir du port cette reyne si belle...
Roland
Angelique est partie !
Tersandre
et Medor avec elle.
p53
Elle en fait un grand roy, c' est son unique soin.
Roland
ils sont partis ensemble !
Tersandre
ils sont déja bien loin.
Dans les climats les plus heureux du monde
ils vont en paix gouster mille plaisirs.
Jusqu' au vent qui regne sur l' onde
tout favorise leurs desirs.
Roland à part.
Ils se sont desrobez tous deux à ma vengeance !
Tersandre parle à Coridon et à Belise.
Angelique a voulu passer nostre esperance.
Voyez ce brasselet.
Roland regardant le brasselet.
Que vois-je infortu!
J' ay fait mettre en ses mains ce prix de mon
courage ;
de mon fidelle amour c' est un precieux gage.
Tersandre
pour le prix de nos soins elle nous la donné.
Roland
ciel !
Coridon et Belise.
ô ciel !
Tersandre
j' ay reçeu ce don de sa main mesme
nous fumes les tesmoins de son bonheur extreme
elle a voulu nous rendre heureux.
p54
Roland
ciel ! Puis-je estre accablé par un coup plus
affreux !
Tersandre
mais quel est ce guerrier ? Aiment on devine
qu' il sort d' une illustre origine.
Coridon
nous l' avons trouvé dans ces lieux.
Belise
le trouble de son coeur se montre dans ses yeux.
Coridon
il s' agitte.
Belise
il menace.
Coridon
il pâlit.
Belise
il spire.
Tersandre
son coeur souffre peut-estre un amoureux martire
je suis touc de ses douleurs.
Belise
quels terribles regards !
Roland
la perfide !
Tersandre
il murmure.
Coridon
il fremit !
Belise
il respand des pleurs.
p55
Tant de serments ! Ah la parjure !
Tersandre
ne l' abandonnons pas dans un chagrin si noir.
Roland
elle rit de mon desespoir.
Je l' aimois d' une amour si tendre, si fidelle.
Tersandre
ses regards sont plus doux.
Coridon
il est moins agitté.
Roland
j' ay crû vivre heureux avec elle
helas ! Qu' elle felicité !
Tersandre
non, je n' en doute point c' est l' amour qui le blesse.
Belise
l' amour peut-t' il causer cette sombre tristesse ?
On a veu des amants si contents dans ces bois.
Tersandre
qui suit les amoureuses loix
s' expose à des maux redoutables.
Pour deux amants heureux qu' amour fait quelquefois,
il en fait tous les jours plus de cent miserables.
Coridon
son trouble est apaisé.
Tersandre
j' espere qu' à la fin
nous pourrons adoucir son funeste chagrin.
p56
Benissons l' amour d' Angelique,
benissons l' amour de Medor.
Dans le riche sejour d' une cour magnifique,
puissent-t' ils sur un throsne d' or
s' aimer comme ils s' aimoient dans ce sejour
rustique.
Coridon Belise et Le Choeur.
Benissons l' amour d' Angelique
benissons l' amour de Medor.
Roland
taisez-vous, malheureux ; oserez-vous sans cesse
percer mon triste coeur des plus horribles coups ?
Malheureux, taisez-vous.
Rendez grace à vostre bassesse
qui vous desrobe à mon couroux.
Tersandre, Coridon, Angelique et Le Choeur.
Ah ! Fuyons, fuyons tous.
ACTE 4 SCENE 7
p57
Roland seul.
Je suis trahi ! Ciel ! Qui l' auroit croire !
ô ciel ! Je suis trahi par l' ingrate beauté
pour qui l' amour m' a fait trahir ma gloire.
ô doux espoir dont j' estois enchanté,
dans quel abisme affreux m' as-tu precipité !
Tesmoins d' une odieuse flame
vous avez trop blessé mes yeux.
Que tout ressente dans ces lieux
l' horreur qui regne dans mon ame.
Roland brise les inscriptions, et arrache des
branches d' arbres, et des morceaux de rochers.
Ah ! Je suis descendu dans la nuit du tombeau !
Faut-t' il encor que l' amour me poursuive ?
Ce fer n' est plus qu' un vain fardeau
pour une ombre plaintive.
Roland jette ses armes, et se met dans un grand
desordre.
Quel gouffre s' est ouvert ! Qu' estce-que j' aperçoy !
Quelle voix funebre s' escrie !
Les enfers arment contre moy
une impitoyable furie.
p58
Roland croit voir une furie : il luy parle, et
s' imagine qu' elle luy respond.
Barbare ! Ah ! Tu me rends au jour ?
Que pretens-tu ? Parle... ô suplice horrible !
Je doy montrer un exemple terrible
des tourments d' un funeste amour.
ACTE 5 SCENE 1
p59
Le theatre change, et represente le palais
de la sage fée logistille.
Astolfe, Logistille
Astolfe
sage et divine e à qui tout est possible,
vous dont le genereux secours
pour les infortunez se declare tousjours,
au malheur de Roland serez-vous insensible ?
Ce heros que l' amour a rendu furieux
traîne une deplorable vie :
son sort qui fût si glorieux
fait autant de pitié qu' il avoit fait d' envie.
p60
Logistille
vos justes voeux sont prevenus ;
déja par des chemins aux mortels inconnus
j' ay fait passer Roland dans cét heureux azile.
Le charme d' un sommeil tranquille
suspend le mal de ce heros ;
mais il est difficile
de luy rendre un parfait repos.
Astolfe
je sçay vostre pouvoir, il faut que tout luy cede.
Vostre soin m' a sauvé de cent perils affreux.
N' offririez vous qu' un vain remede
au trouble fatal qui possede
le plus grand des heros et le plus malheureux ?
Logistille
je puis des elements interrompre la guerre,
ma voix fait trembler les enfers.
J' impose silence au tonnerre,
et j' esteins le feu des esclairs.
Mais je calme avec moins de peine
les vents eschapez de leur chaîne,
et j' apaise plustost l' ocean irrité
qu' un coeur par l' amour agité.
Astolfe
j' attens tout pour Roland de vos soins salutaires.
Logistille
nos efforts vont se redoubler :
allez, esloignez-vous de nos secrets mysteres,
vos regards pourroient les troubler.
ACTE 5 SCENE 2
p61
Logistille. Roland endormy. Troupe
de feés.
Logistille
par le secours d' une douce harmonie
calmons ce grand coeur pour jamais.
Rendons-luy sa premiere paix,
puisse-t' elle chasser l' amour qui la bannie.
Heureux qui se deffend tousjours
du charme fatal des amours !
Le choeur des feés repete ces deux derniers vers.
Heureux qui se deffend tousjours
du charme fatal des amours !
Les feés dansent autour de Roland, et font des
ceremonies mysterieuses, pour luy rendre la
raison.
Logistille
rendez à ce heros vostre clarté celeste,
divine raison, revenez.
Qu' un coeur est malheureux quand vous l' abandonnez
dans un égarement funeste.
Logistille et le choeur des feés.
Heureux qui se deffend tousjours
du charme fatal des amours !
p62
Les feés continüent leurs danses autour de Roland,
et logistille évoque les ombres des anciens
heros, pour l' aider à faire sortir Roland
de son égarement.
Logistille
ô vous dont le nom plein de gloire
dans la nuit du trepas n' est point ensevely,
vous dont la celebre memoire
triomphe pour jamais du temps et de l' oubly.
Venez, heroiques ombres,
venez seconder nos efforts :
sortez des retraites sombres
du profond empire des morts.
Les ombres des anciens heros paroissent.
ACTE 5 SCENE 3
Logistille. Troupe de feés, troupe d' ombres
de heros.
Logistille
Roland, courez aux armes.
Que la gloire a de charmes !
L' amour de ses divins appas
fait vivre au delà du trepas
Logistille et le choeur des ombres des heros.
Roland, courez aux armes.
Que la gloire a de charmes !
p63
à la voix des heros, Roland sort de son sommeil,
et recommence à se servir de sa raison.
Roland
quel secours vient me desgager
de ma fatale flame ?
Ciel ! Sans horreur puis-je songer
au desordre où l' amour avoit reduit mon ame !
Errant, insensé, furieux,
j' ay fait de ma foiblesse un spectacle odieux ;
quel reproche à jamais ne dois-je point me faire ?
Malheureux ! La raison m' esclaire
pour offrir ma honte à mes yeux !
Que survivre à ma gloire est un suplice extreme !
Infortu Roland, cherche un antre escarté,
va, s' il se peut, te cacher à toy mesme
dans l' eternelle obscurité.
Logistille arrestant Roland.
Moderez la tristesse
qui saisit vostre coeur :
quel heros, quel vainqueur
est exempt de foiblesse ?
Le choeur des ombres des heros.
Sortez pour jamais en ce jour
des liens honteux de l' amour.
Logistille
allez, suivez la gloire.
p64
Roland
allons, courons aux armes.
Que la gloire a de charmes !
Le choeur des feés et le choeur des ombres des heros.
Roland, courez aux armes
que la gloire a de charmes.
Leses, et les ombres des heros, tesmoignent par
des danses, la joye qu' elles ont de la guerison de
Roland, la gloire suivie de la renommée et
precedée de la terreur vient presser Roland
d' aller délivrer son pays.
ACTE 5 SCENE 4
p65
La gloire, la renommée, la terreur, suite de
la gloire, Roland, Logistille, troupe de feés,
troupe d' ombres de heros.
La Gloire
Roland il faut armer vostre invincible
bras.
La terreur se prepare à devancer vos pas
sauvez vostre pays d' une guerre cruelle
ne suivez plus l' amour c' est un guide infidelle
non, n' oubliez jamais
les maux que l' amour vous a faits.
Roland reprend ses armes que les fées et les
heros luy presentent, il tesmoigne l' impatience
qu' il a de partir pour obeïr à la gloire, et la
terreur vole devant luy. Les fées et les heros
dansent pour tesmoigner leur joye ; et
Logistille, le choeur de la suite de la gloire,
les choeurs des fées et des heros chantent
ensemble.
p66
Logistille et Les Choeurs.
La gloire vous appelle,
ne soûpirez plus que pour elle,
non, n' oubliez jamais
les maux que l' amour vous a faits.
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