qui ne sauroit durer toujours. Il faudra nécessairement,
ou que l' état redevienne chrétien, ou qu' il abolisse
le christianisme ; projet insensé autant qu' exécrable,
et dont la seule tentative amèneroit la dissolution
totale et dernière de la société.
Déjà elle chancelle de toutes parts, déjà sa vie
s' affoiblit manifestement, à mesure qu' elle se
sépare davantage de la religion ; et cette effrayante
séparation, qu' on s' efforceroit en vain de ne pas
apercevoir, s' accroît d' année en année. Dans
l' impossibilité actuelle de prononcer son abolition
légale, on combat son influence, on restreint son
action, on la façonne à l' esclavage, pour en faire,
s' il se peut, en la dénaturant, un docile instrument
du pouvoir. On redoute, et l' on a raison de redouter,
une lutte ouverte, où l' église, qu' on ne subjugue
point, puiseroit un nouveau courage et des forces
nouvelles. à la place de la violence, on emploie
contre elle la ruse et la séduction. L' habituer
à la servitude, en la flattant et en l' intimidant
tour à tour, voilà ce qu' on cherche. On voudroit, non
pas former avec elle une alliance sainte pour le
triomphe de l' ordre et de la vérité, mais qu' elle se
fondît peu à peu dans l' état tel qu' il est, en
renonçant à ses croyances, à son propre gouvernement,
à ses propres lois, c' est-à-dire en s' anéantissant
elle-même ; ce qui est arrivé partout où l' unité
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a été rompue. Les révolutionnaires de tout degré
ne dissimulent point à cet égard leurs voeux, et je
les loue de leur franchise, parcequ' au moins l' on
sait clairement à quoi s' en tenir sur leurs desseins.
L' administration tend au même but, en feignant de les
combattre : on l' a déjà vu, et nous n' aurons encore
que trop d' occasions de le prouver. Hypocrite dans
son langage, pour tromper les simples, elle se refuse
obstinément aux améliorations comme aux réformes les
plus nécessaires, à tout ce qui contrediroit le
grand principe de l' athéisme légal, et il n' est pas
un seul de ses actes qui n' ait, sinon pour fin, du
moins pour effet de propager dans les esprits
l' opinion funeste de l' indifférence absolue des
religions, devenue l' une des maximes fondamentales
de notre droit public.
Déjà, dans les chambres, on la défend comme le
principe même de la civilisation moderne, et de je
ne sais quelle fraternité universelle, politique et
religieuse, dont Paris, dit-on, est le centre,
dont les plaisirs sont le lien, et qui, pour le