au moine Comasius qui avoit esté reteur, de ce qu' il
amassoit avec trop de soin une bibliotéque, qui n' estoit
composée que de livres de payens.
Il faut donc voir si l' étude des belles lettres doit
être absolument interdite aux solitaires, ou si l' on
peut apporter à cette étude quelque temperament, qui
soit compatible avec la profession monastique. Je
suppose que ceux qui sont entrez en religion, ont déja
les principes de la grammaire et des humanitez, et
qu' ils n' ont besoin tout au plus que d' une legere
revûe pour s' en rafraîchir les idées, afin de se
disposer aux sciences superieures. La question est,
1 comment et en quel tems se doit faire cette revûë,
et quels auteurs on doit lire pour cela. 2 si hors ce
cas, il y a quelque autre raison
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d' accorder à quelques religieux la liberté de lire les
livres des payens : 3 enfin s' ils peuvent les lire
tous indifferemment.
1 ceux qui sont entrez en religion n' ayant pas assez
l' usage du latin, peuvent estre exercez quelque tems
avant la philosophie dans cette langue, afin de pouvoir
s' expliquer plus correctement et plus facilement. Il
suffit qu' ils lisent pour cela ceux d' entre les
ouvrages de Ciceron qui sont les plus faciles, ses
oraisons, ses epîtres familieres, ses offices ; les
lettres de S Jerôme, les colloques d' Erasme purgez
par Mr Mercier de la troisiéme édition, et quelques
autres semblables. Ils pourroient lire aussi quelques
historiens, comme la petite histoire de Sulpice
Severe, avec la traduction de Mr Giry ; comme aussi
Saluste, Tite-Live, Justin, Quint-Curse : mais
il n' est pas necessaire qu' ils lisent les poëtes,
excepté le Phedre, quelque chose de Virgile, et de
Seneque le tragique. Ils pourront lire, au lieu des
autres, les vers de Prudence, de S Paulin, de
Sedulius, et ceux de Bucanan sur les pseaumes ; comme
aussi le Job du Pere Vavassor, les vers du P Rapin,
du P Commire, du P De La Ruë, ceux de Mr De
Santeüil, du Pere Beverini, etc.
2 quant à ceux qui auroient plus de disposition aux
sciences, et que l' on destineroit à enseigner les
autres, ou à travailler pour le public, il seroit plus
à propos de differer cette étude des belles lettres
aprés la theologie. Ils pourroient voir pour lors tous
les bons auteurs, tels que sont entre les ecclesiastiques,
Lactance, S Cyprien, qu' Erasme estime le plus
éloquent de tous les peres, les epîtres de S Jerôme,
et la pluspart des auteurs profanes des premiers tems,
exceptez les endroits où il y a des saletez, que des