cette éducation des élus, cette instruction qui avec
des hommes doit former des dieux, ou plutôt
prendre l'homme sur la terre et le faire rentrer en
Dieu par une céleste métempsychose, repose sur
la notion de l'être. L'être, ou l'âme, est éternel
de sa nature. L'être, ou l'âme, est infini de sa
nature. L'être, ou l'âme, est permanent et toujours
le même de sa nature. L'être, ou l'âme, est un de
sa nature. L'être, ou l'âme, est Dieu de sa nature.
Ce qui n'est pas Dieu, ce qui n'est pas un, ce
qui n'est pas permanent et toujours le même, ce qui
n'est pas infini, ce qui n'est pas éternel, c'est
cet être, ou cette âme, uni à la matière, que
Platon appelle l' autre, par opposition avec
l'être lui-même, qu'il appelle, à cause de son
unité, de son identité, et de sa permanence,
le même. Ce qui est mortel, donc, divers,
changeant, fini, et périssable, c'est,
non pas cette âme en elle-même, mais seulement
cette âme en tant qu'unie à la matière, unie à un
corps, et formant ainsi un animal. "Qu'est-ce que
l'animal ? dit Platon ; c'est ce qui résulte de
l'union d'une âme et d'un corps sous une même
forme."
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Mais puisque dans cet animal il y a une âme en
même temps qu'un corps, cet animal, qui est tel
par rapport au corps qui entre dans sa formation,
est en même temps un dieu par rapport à l'âme
qui entre également dans sa formation. Qu'est-ce
donc que l'univers ? un composé d'animaux divers,
si l'on considère le corps ; un composé de dieux,
si l'on considère l'âme. Alors Platon expose une
intuition de l'univers conçu sous cet aspect. Il
construit une sorte d'échelle des êtres considérés
à la fois, à cause de leur double nature, comme
des animaux et comme des dieux. Il prétend que
les astres, qu'il place à un haut degré dans cette
échelle, ne sont pas des êtres inanimés, mais sont
à la fois des animaux et des dieux. La régularité
de leurs mouvements lui paraît une preuve de leur
perfection, et non pas un résultat de leur nullité
comme êtres et de leur inertie : "Les astres et tous
les autres êtres que nous jugeons, par les sens,
avoir été formés avec eux, sont les premiers, les
plus grands, et les plus honorables, parmi les
dieux visibles." Au sommet de cette échelle, ou
plutôt en dehors d'elle, parce qu'il la comprend
tout entière, Platon place le Dieu véritable, le
Dieu un : "Pour ce Dieu qui réunit en soi toute