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Ce document est extrait de la base de données
textuelles Frantextalisée par l'Institut National de
la Langue Fraaise (INaLF)
Satire XII sur l'équivoque [Document électronique] / Nicolas Boileau-
Despreaux
p208
Satire xii sur l' équivoque.
Du langage françois bizarre hermaphrodite,
de quel genre te faire, équivoque maudite ?
Ou maudit : car sans peine, aux rimeurs hazardeux
l' usage encor, je croi, laisse le choix des deux.
Tu ne me répons rien. Sors d' ici, fourbe insigne,
le aussi dangereux que femelle maligne,
qui crois rendre innocens les discours imposteurs ;
tourment des écrivains, juste effroi des lecteurs ;
par qui de mots confus sans cesse embarrassée,
ma plume, en écrivant, cherche en vain ma pensée.
Laisse-moi, va charmer de tes vains agrémens
les yeux faux et gâtez de tes louches amans,
et ne viens point ici de ton ombre grossière
enveloper mon stile ami de la lumre.
Tu sais bien que jamais chez toi, dans mes discours
je n' ai d' un faux brillant emprunté le secours.
Fui donc. Mais non, demeure ; un démon qui m' inspire
veut qu' encore une utile et dernière satire,
de ce pas en mon livre, exprimant tes noirceurs,
se vienne, en nombre pair, joindre à ses onze soeurs
p209
et je sens que ta vûë échauffe mon audace.
Viens, aproche : voïons, malgré l' âge et sa glace,
si ma muse aujourd' hui sortant de sa langueur,
pourra trouver encore un reste de vigueur.
Mais où tend, dira-t-on, ce projet fantastique ?
Ne vaudroit-il pas mieux dans mes vers, moins caustique,
pandre de tes jeux le seljouïssant,
que d' aller contre toi sur ce ton menaçant
pousser jusqu' à l' excès ma critique boutade ?
Je ferois mieux, j' entens, d' imiter Benserade.
C' est par lui qu' autrefois, mise en ton plus beau jour,
tu sus, trompant les yeux du peuple et de la cour,
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leur faire à la faveur de tes bluettes folles,
p210
goûter comme bons mots tes quolibets frivoles.
Mais ce n' est plus le tems. Le public détrom,
d' un pareil enjoûment ne se sent plus frappé.
Tes bons mots autrefois délices des ruëlles,
aprouvez chez les grans, applaudis chez les belles,
hors de mode aujourd' hui chez nos plus froids badins,
sont des collets-montez et des vertugadins.
Le lecteur ne sait plus admirer dans Voiture
de ton froid jeu de mots l' insipide figure.
C' est à regret qu' on voit cet auteur si charmant,
et pour mille beaux traits vanté si justement,
chez toi toujours cherchant quelque finesse aiguë,
présenter au lecteur sa pensée ambiguë,
et souvent, du faux sens d' un proverbe affecté,
faire de son discours la piquante beauté.
p211
Mais, laissons là le tort qu' à ces brillans ouvrages
fit le plat agrément de tes vains badinages.
Parlons des maux sans fin que ton sens de travers,
source de toute erreur, sema dans l' univers :
et pour les contempler jusques dans leur naissance,
dès le temps nouveau-né, quand la toute-puissance
d' un mot forma le ciel, l' air, la terre et les flots,
n' est-ce pas toi, voiant le monde à peine éclos,
qui par l' éclat trompeur d' une funeste pomme,
et tes mots ambigus, fis croire au premier homme
qu' il alloit en goûtant de ce morceau fatal,
comblé de tout savoir, à Dieu se rendre égal ?
Il en fit sur le champ la folle experience.
Mais tout ce qu' il aquit de nouvelle science
fut que triste et honteux de voir sa nudité,
il sut qu' il n' étoit plus, grace à sa vanité,
qu' un chétif animal pêtri d' un peu de terre,
à qui la faim, la soif, par-tout faisoient la guerre,
et qui courant toûjours de malheur en malheur,
à la mort arrivoit enfin par la douleur.
p212
Oui, de tes noirs complots et de ta triste rage
le genre humain perdu fut le premier ouvrage.
Et bien que l' homme alors parût si rabaissé,
par toi contre le ciel un orgueil insensé,
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armant de ses neveux la gigantesque engeance,
Dieu résolut enfin, terrible en sa vengeance,
d' abîmer sous les eaux tous ces audacieux.
Mais avant qu' il lâchât les écluses des cieux,
par un fils de Noé fatalement sauvée,
tu fus, comme serpent, dans l' arche conservée,
et d' abord poursuivant tes projets suspendus
chez les mortels restans, encor tout éperdus,
de nouveau tu semas tes captieux mensonges,
et remplis leurs esprits de fables et de songes.
Tes voiles offusquant leurs yeux de toutes parts,
Dieu disparut lui-même à leurs troubles regards.
Alors tout ne fut plus que stupide ignorance,
qu' impiété sans borne en son extravagance.
Puis de cent dogmes faux la superstition
pandant l' idolâtre et folle illusion,
p213
sur la terre en tout lieu disposée à les suivre,
l' art se tailla des dieux d' or, d' argent et de cuivre,
et l' artisan lui-même humblement proster
aux pieds du vain métal par sa main façonné,
lui demanda les biens, la santé, la sagesse :
le monde fut rempli de dieux de toute espèce.
On vit le peuple fou, qui du Nil boit les eaux,
adorer les serpens, les poissons, les oiseaux,
aux chiens, aux chats, aux boucs offrir des sacrifices,
conjurer l' ail, l' oignon, d' être à ses voeux propices,
et croire follement maîtres de ses destins
ces dieux nez du fumier porté dans ses jardins.
Bien-tôt te signalant par mille faux miracles,
ce fut toi qui par tout fis parler les oracles.
C' est par ton double sens, dans leur discours jetté
qu' ils surent en mentant dire la vérité,
et sans crainte rendant leurs réponses normandes,
des peuples et des rois engloutir les offrandes.
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Ainsi loin du vrai jour par toi toûjours conduit,
l' homme ne sortit plus de son épaisse nuit.
Pour mieux tromper ses yeux, ton adroit artifice
fit à chaque vertu prendre le nom d' un vice :
et par toi de splendeur faussement revêtu
chaque vice emprunta le nom d' une vertu.
Par toi l' humilité devint une bassesse ;
la candeur se nomma grossièreté, rudesse.
Au contraire, l' aveugle et folle ambition
s' appela des grands coeurs la belle passion :
du nom de fierté noble on orna l' impudence,
et la fourbe passa pour exquise prudence :
l' audace brilla seule aux yeux de l' univers ;
et pour vraiment heros, chez les hommes pervers,
on ne reconnut plus qu' usurpateurs iniques,
que tyranniques rois censez grands politiques,
qu' infames scélérats à la gloire aspirans,
et voleurs revêtus du nom de conquerans.
Mais à quoi s' attacha ta savante malice,
ce fut surtout à faire ignorer la justice :
dans les plus claires loix ton ambiguïté
pandant son adroite et fine obscurité,
aux yeux embarrassez des juges les plus sages,
tout sens devint douteux, tout mot eut deux visages ;
plus on crut pénetrer, moins on fut éclairci ;
le texte fut souvent par la glose obscurci :
et pour comble de maux, à tes raisons frivoles
l' éloquence prétant l' ornement des paroles,
tous les jours accablé sous leur commun effort,
le vrai passa pour faux, et le bon droit eut tort.
p215
Voilà comment déchu de sa grandeur première,
concluons, l' homme enfin perdit toute lumière,
et par tes yeux trompeurs se figurant tout voir,
ne vit, ne sut plus rien, ne put plus rien savoir.
De la raison pourtant, par le vrai Dieu guidée,
il resta quelque trace encor dans la Judée.
Chez les hommes ailleurs sous ton joug gémissans,
vainement on chercha la vertu, le droit sens ;
car, qu' est-ce loin de Dieu que l' humaine sagesse ;
et Socrate, l' honneur de la profane Grèce,
qu' était-il en effet, de près examiné,
qu' un mortel, par lui-même au seul mal entraîné,
et malgré la vertu dont il faisoit parade,
très équivoque ami du jeune Alcibiade ?
Oui, j' ose hardiment l' affirmer contre toi,
dans le monde idolâtre, asservi sous ta loi,
par l' humaine raison de clarté dépourë,
l' humble et vraie équité fut à peine entrevuë ;
et par un sage altier, au seul faste attaché,
le bien même accompli souvent fut un péché.
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Pour tirer l' homme enfin de ce desordre extrême,
il fallut qu' ici-bas Dieu, fait homme lui-même,
vînt du sein lumineux de l' éternel séjour
de tes dogmes trompeurs dissiper le faux jour.
à l' aspect de ce dieu les démons disparurent,
dans Delphe, dans Delos, tes oracles serent :
tout marqua, tout sentit sa venuë en ces lieux,
l' estropié marcha, l' aveugle ouvrit les yeux.
Mais bien-tôt, contre lui, ton audace rebelle,
chez la nation même à son culte fidèle,
p217
de toustez arma tes nombreux sectateurs,
prêtres, pharisiens, rois, pontifes, docteurs :
c' est par eux que l' on vit larité suprême
de mensonge et d' erreur accusée elle-même ;
au tribunal humain le dieu du ciel traîné,
et l' auteur de la vie à mourir condam.
Ta fureur toutefois à ce coup fut çûë,
et pour toi ton audace eut une triste issuë.
Dans la nuit du tombeau ce dieu précipité
se releva soudain tout brillant de clarté ;
et partout sa doctrine en peu de temps portée
fut du Gange et du Nil et du Tage écoutée.
Des superbes autels, à leur gloire dressez,
tes ridicules dieux tombèrent renversez.
On vit en mille endroits leurs honteuses statuës
pour le plus bas usage utilement fonduës,
et gémir vainement Mars, Jupiter, Venus,
urnes, vases, trépiés, vils meubles devenus.
Sans succomber pourtant tu soûtins cet orage ;
et sur l' idolatrie enfin perdant courage,
pour embarasser l' homme en des noeuds plus subtils,
tu courus chez Satan brouiller de nouveaux fils.
Alors, pour seconder ta triste frénésie,
arriva de l' enfer ta fille l'résie.
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Ce monstre, dès l' enfance à ton école instruit,
de tes leçons bien-tôt te fit gter le fruit.
Par lui l' erreur, toujours finement apprêtée,
sortant pleine d' attraits de sa bouche empestée,
de son mortel poison tout courut s' abreuver,
et l' église elle-même eut peine à s' en sauver.
Elle-même deux fois presque toute Arienne,
sentit chez soi trembler la vérité chrétienne ;
lorsqu' attaquant le verbe et sa divinité,
d' une sillabe impie un saint mot augmenté
remplit tous les esprits d' aigreurs si meurtrières,
et fit de sang chrétien couler tant de rivières.
Le fidèle au milieu de ces troubles confus
quelque temps égaré, ne se reconnut plus ;
et dans plus d' un aveugle et ténébreux concile
le mensonge parut vainqueur de l' évangile.
p219
Mais à quoi bon ici du profond des enfers,
nouvel historien de tant de maux soufferts,
rappeler Arius, Valentin et lage,
et tous ces fiers démons que toûjours d' âge en âge,
Dieu, pour faire éclaircir à fond ses veritez,
a permis qu' aux chrétiens l' enfer ait suscités ?
Laissons heurler là-bas tous ces damnez antiques,
et bornons nos regards aux troubles fanatiques,
que ton horrible fille ici sut émouvoir,
quand (...) et (...) remplis de ton savoir,
et soi disant choisis pour réformer l' église,
vinrent du célibat affranchir la prêtrise ;
et des voeux les plus saints blâmant l' austerité,
aux moines las du joug rendre la liberté.
Alors, n' admettant plus d' autôrité visible,
chacun fut de la loi censé juinfaillible,
et sans être approuvé par le clergé romain,
tout (...) fut pape, une bible à la main.
De cette erreur dans peu nâquirent plus de sectes
qu' en automne on ne voit de bourdonnans insectes
p220
fondre sur les raisins nouvellement meuris ;
ou qu' en toutes saisons sur les murs à Paris,
on ne voit affichez de recueils d' amourettes,
de vers, de contes-bleus, de frivoles sornettes,
souvent peu recherchez du public nonchalant,
mais vantez à coup sûr du mercure galant .
Ce ne fut plus partout que fous anabaptistes,
qu' orgueilleux puritains, qu' éxécrables déïstes ;
le plus vil artisan eut ses dogmes à soi,
et chaque chrétien fut de différente loi.
La discorde, au milieu de ces sectes altières,
en tous lieux cependantploïa ses bannières ;
et ta fille, au secours des vains raisonnemens
appelant le ravage et les embrasemens,
fit en plus d' un païs, aux villes désolées,
sous l' herbe en vain chercher leurs églises brûlées.
L' Europe fut un champ de massacre et d' horreur :
et l' orthodoxeme, aveugle en sa fureur,
de tes dogmes trompeurs nourrissant son idée,
oublia la douceur aux chrétiens commandée ;
p221
et crut, pour vanger Dieu de ses fiers ennemis,
tout ce que Dieu défend, légitime et permis.
Au signal tout à coup donné pour le carnage,
dans les villes, par-tout, théâtres de leur rage,
cent mille faux zélez, le fer en main courans,
allèrent attaquer leurs amis, leurs parens,
et, sans distinction, dans tout sein hérétique,
pleins de joie, enfoncer un poignard catholique.
Car quel lion, quel tigre égale en cruauté
une injuste fureur qu' arme la pieté ?
Ces fureurs, jusqu' ici du vain peuple admirées,
étoient pourtant toûjours de l' église abhorrées ;
et dans ton grand crédit pour te bien conserver,
il falloit que le ciel parût les approuver.
Ce chef-d' oeuvre devoit couronner ton adresse.
Pour y parvenir donc, ton active souplesse,
dans l' école abusant tes grossiers écrivains,
fit croire à leurs esprits ridiculement vains
qu' un sentiment impie, injuste, abominable
par deux ou trois d' entre eux réputé soûtenable,
prenoit chez eux un sceau de probabilité,
qui même contre Dieu lui donnoit sûreté ;
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et qu' un chrétien pouvoit, rempli de confiance,
me en le condamnant, le suivre en conscience.
C' est sur ce beau principe, admis si follement,
qu' aussi-tôt tu posas l' énorme fondement
de la plus dangereuse et terrible morale
que Lucifer, assis dans la chaire infernale,
vomissant contre Dieu ses monstrueux sermons,
ait jamais enseigné aux novices démons.
Soudain, au grand honneur de l' église paienne,
on entendit prêcher dans l' école chrétienne,
que sous le joug du vice un pécheur abbatu
pouvoit sans aimer Dieu, ni même la vertu,
par la seule fraieur au sacrement unie,
admis au ciel jor de la gloire infinie ;
et que les clefs en main, sur ce seul passeport,
saint Pierre à tous venans devoit ouvrir d' abord.
Ainsi pour éviter l' éternelle misère,
le vrai zèle au chrétien n' étant plus nécessaire,
tu sus, dirigeant bien en eux l' intention,
de tout crime laver la coupable action.
Bientôt se parjurer cessa d' être un parjure.
L' argent à tout denier se prêta sans usure.
Sans simonie, on put contre un bien temporel,
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hardiment échanger un bien spirituel.
Du soin d' aider le pauvre on dispensa l' avare ;
et même chez les rois le superflu fut rare.
C' est alors qu' on trouva, pour sortir d' embarras,
l' art de mentir tout haut en disant vrai tout bas.
C' est alors qu' on aprit qu' avec un peu d' adresse,
sans crime un ptre peut vendre trois fois sa messe ;
pourvû que, laissant là son salut à l' écart,
lui-même en la disant n' y prenne aucune part.
C' est alors que l' on sut qu' on peut pour une pomme,
sans blesser la justice, assassiner un homme :
assassiner ! Ah ! Non, je parle improprement ;
mais que prêt à la perdre, on peut innocemment,
sur-tout ne la pouvant sauver d' une autre sorte,
massacrer le voleur, qui fuit et qui l' emporte.
Enfin ce fut alors que, sans se corriger,
toutcheur... mais où vai-je aujourd' hui m' engager ?
Veux-je d' un pape illustre, armé contre tes crimes,
à tes yeux mettre ici toute la bulle en rimes ;
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exprimer tes tours burlesquement pieux,
pour disculper l' impur, le gourmand, l' envieux ;
tes subtils faux-fuïans, pour sauver la mollesse,
le larcin, le duel, le luxe, la paresse ;
en un mot, faire voir à fondveloppez
tous ces dogmes affreux d' anathème frappez,
que, sans peur débitant tes distinctions folles,
l' erreur encor pourtant maintient dans tes écoles ?
Mais, sur ce seul projet, soudain puis-je ignorer
à quels nombreux combats il faut me préparer ?
J' entends jà d' ici tes docteurs frénétiques
hautement me compter au rang des hérétiques ;
m' appeler scélérat, traître, fourbe, imposteur,
froid plaisant, faux bouffon, vrai calomniateur,
de Pascal, de Wendrock copiste miserable,
et, pour tout dire enfin, janséniste exécrable.
J' aurai beau condamner, en tous sens expliquez,
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les cinq dogmes fameux par ta main fabriquez ;
blâmer de tes docteurs la morale risible :
c' est, selon eux, prêcher un calvinisme horrible ;
c' est nier qu' ici-bas, par l' amour appelé,
Dieu pour tous les humains voulut être immolé.
Prévenons tout ce bruit : trop tard dans le naufrage,
confus on se repent d' avoir bravé l' orage.
Alte-là donc, ma plume. Et toi, sors de ces lieux,
monstre, à qui, par un trait des plus capricieux
aujourd' hui terminant ma course satirique,
j' ai prêté dans mes vers une ame allégorique.
Fui, va chercher ailleurs tes patrons bien-aimez,
dans ces païs par toi rendus si renommez,
l' Orne épand ses eaux, et que la Sarthe arrose,
ou, si plus rement, tu veux gagner ta cause,
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porte-la dans (...), à ce beau tribunal,
de nouveaux Midas un sénat monacal,
tous les mois, apuïé de ta soeur l' ignorance,
pour juger Apollon tient, dit-on, sa séance.
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