Sous Auguste et sous Tibère, l'empire entretenait vingt-cinq légions [Sed praecipuum robur
Rhenum juxta, commune in Germanos Gallosque subsidium, octo legiones erant. Hispaniae,
recens perdomitae, tribus habebantur. Mauros Juba rex acceperat donum populi Romani.
Caetera Africae per duas legiones : parique numero Aegyptus. Dehinc initio ab Syria usque
ad flumen Euphratem, quantum ingenti terrarum fines ambitur, quatuor legionibus coercita :
accolis Ibero Albanoque et aliis regibus, qui magnitudine nostra proteguntur adversum
externa imperia. Et Thraciam Rhoemetalces ac liberi Cotyis ; ripamque Danubii legionum in
Pannonia, ducere in Moesia attinebant : totidem apud Dalmatiam locatis, quae positu regionis
a tergo illis, ac, si repentinum auxilium Italia posceret, haud procul accirentur. (Tac., Ann .,
lib. IV, cap. V ; Suet., Hist. Rom ., vol. III, p. 185.)
Alebantur eo tempore legiones civium Romanorum XXIII, aut, quem alii numerum ponunt,
XXV. (Dion., lib. LV- cap. XXIII. Stamburgi, 1752, in-fol., p. 794. - N.d.A.)] ; elles furent
portées à trente sous le règne d'Adrien [Arguentibus amicis quod (Favonius) male cederet
Hadriano, de verbo quod idonei auctores usurpassent, risum jucundissimum movit. Ait enim :
" Non recte suadetis, familiares, qui non patimini me illum doctiorem omnibus credere, qui
habet trigenta legiones. " (Spart., in Hadrian ., cap. XV ; Suet., Hist. Rom ., vol. II, p. 281.)
Sub Augusto et Tiberio viginti quinque legiones fuerunt, ex Dione et Tacito ; quin postea
tamen auxerint, vix dubito, et sub Trajano atque Hadriano certum fuisse triginta, aut et supra.
(Lips., De Magnit. Rom ., lib. I, cap. IV ; Antuerpiae, 1637, in-fol. ; tom. III, p. 379. - N.d.A.)] .
Le nombre de soldats qui composaient la légion ne fut pas toujours le même ; en le fixant à
douze mille cinq cents hommes, on trouvera qu'un si vaste Etat n'était gardé du temps des
premiers empereurs que par trois cent vingt-deux mille cinq cents, et ensuite par trois cent
soixante-quinze mille hommes. Six mille huit cent trente-et-un Romains proprement dits et
cinq mille six cent soixante-neuf alliés ou étrangers formaient le complet de la légion : sous la
tyrannie, ce n'était plus Rome, c'étaient les provinces qui fournissaient les Romains. Les
Celtibériens furent les premières troupes salariées introduites dans les légions [Id modo ejus
anni in Hispania ad memoriam insigne est, quod mercenarium militem in castris neminem
ante quam tum Celtiberos Romari habuerunt. (Tit. Liv., lib. XXIV, cap. XLIX ; Lugduni
Batavorum et Amstelodami, 1740, 4
o
; tom. III, p. 934. - N.d.A.)] . Rome avait combattu elle-
même pour sa liberté ; elle confia à des mercenaires le soin de défendre son esclavage.
Seize légions bordaient le Rhin et le Danube [NOTE 03] ; deux étaient cantonnées dans la
Dacie, trois dans la Mésie, quatre dans la Pannonie, une dans la Norique, une dans la
Rhétie, trois dans la haute et deux dans la basse Germanie ; la Bretagne était occupée par
trois légions ; huit légions, dont six séjournaient en Syrie et deux en Cappadoce, suffisaient à
la tranquillité de l'Orient. L'Egypte, l'Afrique et l'Espagne se maintenaient en paix, chacune
sous la police d'une légion. Seize mille hommes de cohortes de la ville et des gardes
prétoriennes [NOTE 04] protégeaient en Italie le double monument de la liberté et de la
servitude, le Capitole et le palais des Césars.
Trois flottes, la première à Ravenne, la seconde à Misène, la troisième à Fréjus, veillaient à
la sûreté de la Méditerranée orientale et occidentale [Ex militaribus copiis legiones etauxilia
provinciatim distribuit : classem Miseni, et alteram Ravennae, ad tutelam superi et inferi
maris, collocavit. (Suet., Aug ., cap. XLIX ; Suet., Hist. Rom ., vol. III, p. 30.)
Italiam utroque mari duae classes, Misenum apud et Ravennam, proximumque Galliae littus
rostratae naves praesidebant, quas Actiaca victoria captas Augustus in oppidum Forojuliense
miserat, valido cum remige. (Tac., Ann ., IV, cap. V ; Suet., Hist. Rom ., vol. III, p. 185.)
Apud Misenum ergo et Ravennam singulae legiones cum classibus stabant, ne longius a
tutela urbis abscederent ; et cum ratio postulasset, sine mora, sine circuitu ad omnes mundi