sempre renovada do Outro e do “eu”. Trata-se de um movimento cíclico que reaparece
em diversos momentos da “autobiografia americana”.
Em abril de 2007, durante um período de pesquisas em Montreal, encontrei
Laferrière para uma entrevista no café “Les Gâteries”, na rua Saint Denis (rua fetiche do
autor), em frente ao carré Saint-Louis, que Vieux (e Laferrière) costumava freqüentar
no início de sua carreira, quando ainda escrevia Paradis du Dragueur Nègre. Durante
esta entrevista tive a oportunidade de conversar um pouco com o autor e expor meu
olhar sobre as estratégias de representação da diferença as quais lança mão em sua
"autobiografia americana”. O autor assentiu sem hesitar e acrescentou:
C’est bien ça, c’est un rêve d’écrivain, au lieu de montrer des gens très
naturels, très simples et qui à la fin on voit que ce sont des clichés ou qui
deviennent des clichés, je préfère montrer des clichés et les rendre de plus en
plus humains, je préfère cela, je montre les clichés d’abord, alors le lecteur dit
« ah oui, ça a l’air facile » et puis après je les laisse plus complexes, et ensuite
les gens deviennent des gens et dans la vie c’est comme ça, tout le monde est
assez différent tout le temps. Mais la différence ce n’est que le regard des
personnes qui voient qu’ils sont différents, dans la réalité ils ont tellement de
fils, des connections qu’on ne voit pas, qu’on ne connaît pas... Et souvent, les
gens qui veulent se connaître apprennent à se connaître très vite, c’est à dire,
apprennent à reconnecter les fils invisibles et laissent les visibles à quelqu’un
qui les regarde de loin, ils voient qu’ils sont un homme ou une femme, un noir
ou un blanc, alors que le rapport, des fois, c’est l’amitié, l’affection, la haine,
le désir, c’est d’autres fils invisibles. Enfin, je les présente comme ça et après
j’essaie de montrer les fils invisibles où, d’abord, les contrastes ne sont pas
négatifs, dans le sens que ce qui les différencie les rapproche, les attires. C’est
pour ça que je déteste, dans les bars branchés, de voir la belle fille avec le
beau garçon, je trouve que c’est la chose la plus banale, c’est même une
vulgarité, quel manque d’imagination ! Pour moi, le sommet de l’ imagination
c’est une femme extraordinairement belle qui sort avec un clochard, parce
qu’elle a remarqué chez ce clochard-là une élégance que les autres n’ont pas
remarqué et quand je dis ça, je dis pour un homme aussi, par exemple, un
homme très connu et qui arrive dans un endroit et qui parle avec la personne