DENIS DIDEROT: A FORMULAÇÃO DE UMA CRÍTICA DE ARTE
PARA ALÉM DO ILUMINISMO
Elder João Teixeira Mourão
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coloração de suas cores! Vão ao campo, voltem seus
olhares para o firmamento dos céus, observem bem os
fenômenos do instante, jurarão que cortamos um pedaço
da grande tela luminosa que o sol clareia, para o
transportar e colocá-lo sobre o cavalete do artista; ou
fechem suas mãos e façam um tubo que só deixe
perceber um espaço limitado da grande tela, e jurarão
que é um quadro de Vernet que pegamos sobre seu
cavalete e o transportamos para o céu. (...) É impossível
reproduzir suas composições, é necessário vê-las. Suas
noites são tão tocantes quanto seus dias são belos; seus
Portos são tão belos quanto esses pedaços de imaginação
são excitantes. Igualmente maravilhoso, seja seu pincel
cativo submetendo-se a uma natureza dada, seja sua
musa desimpedida de entraves seja livre e abandonada a
ela mesma; incompreensível, seja que ele empregue o
astro do dia ou aquele da noite, a luz natural ou as luzes
artificiais para iluminar seus quadros; sempre
harmonioso, vigoroso e sensato, tal qual os grandes
poetas, os homens raros nos quais o julgamento equilibra
tão perfeitamente a verve que eles nunca são nem
exagerados nem indiferentes; seus coretos, edifícios,
vestimentas, ações, homens, animais, tudo é verdadeiro.
(Diderot, 1996, p. 355, 356)
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(...) “La mer mugit, les vents sifflent, le tonnerre gronde, la lueur sombre et pâle des éclairs perce la
nue, montre et dérobe la scène. On entend le bruit des flancs d’un vaisseau qui s’entrouve, ses mâts
sont inclinés, ses voiles déchirées; les uns sur le pont ont les bras levés vers le ciel, d’autres se sont
élancés dans les eaux, ils sont portés par les flots contre des rochers voisins où leur sang se mêle à
l’écume qui les blanchit; j’en vois qui flottent, j’en vois qui sont prêts à disparaître dans le gouffre,
j’en vois qui se hâtent d’atteindre le rivage contre lequel ils seront brisés. La même variété de
caractères, d’actions et d’expressions règne sur les spectateurs: les uns frissonnent et détournent la
vue, d’autres secourent, d’autres immobiles regardent; il y en a qui ont allumé du feu sous une roche;
ils s’occupent à ranimer une femme expirante, et j’espère qu’ils y réussiront. Tournez vos yeux sur
une autre mer, et vous verrez le calme avec tous ses charmes; les eaux tranquilles, aplanies et riantes
s’étendent, en perdant insensiblement de leur transparence et s’éclairant insensiblement à leur surface,
depuis le rivage jusqu’où l’horizon confine avec le ciel; les vaisseaux sont immobiles, les matelots, les
passagers sont à tous les amusements qui peuvent tromper leur impatience. Si c’est le matin, quelles
vapeurs légères s’élèvent! comme ces vapeurs éparses sur les objets de la nature les ont rafraîchis et
vivifiés! Si c’est le soir, comme la cime de ces montagnes se dore! De quelle nuances les cieux sont
colorés! Comme les nuages marchent, se meuvent et viennent déposer dans les eaux la teinte de leurs
couleurs! Allez à la campagne, tournez vos regards vers la voûte des cieux, observez bien les